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jeudi 18 décembre 2025

CARNAGE PIKNIK – Love Loving [EP]

 


CARNAGE PIKNIK – Love Loving [EP]

Reverse Tapes

Cela fait du bien d’entendre émerger de nouveaux groupes du Mans. Après Powell, No Time To Lose et Turbo Panda, la barre était haute, et depuis mon départ de la Sarthe il y a près de 20 ans, j’avoue avoir un peu perdu de vue la scène mancelle. Alors quand Carnage Piknik débarque, avec une amitié affichée avec Rest Up, impossible de ne pas ressentir un pincement au cœur et l’envie d’écouter attentivement ce second EP, Love Loving.

Le groupe, encore jeune, apporte une fraîcheur revigorante et une palette sonore variée, comme en témoigne Punk is love, morceau à la fois aérien, ethnique, et osons le mot, chamanique. Un choix audacieux pour un EP de noise-rock, mais qui paie. On retrouve des échos de Rest Up, notamment dans Signing Session et ses sonorités brutes. Le chant d’Eve, bien que lointain, séduit par sa douceur et sa répétition hypnotique, rendant le titre obsédant. 6AM, qui ouvre l’EP, regorge de trouvailles subtiles et évite soigneusement les clichés. « Self/Crowd » reprend une structure similaire, en misant davantage sur les distorsions. Enfin, « Pink Machine » synthétise le tout : une première partie post-rock, aérienne, qui bascule vers une seconde moitié plus rugueuse et nerveuse. Un morceau captivant, dont on imagine aisément la puissance en live. D’ailleurs Angers n’est pas si loin du Mans…

Au-delà de la musique, Carnage Piknik porte un message fort : l’amour comme résistance dans un monde peu enclin à l’optimisme. L’artwork, sobre et épuré, renforce cette identité : minimaliste, mais marqué.

En résumé, Carnage Piknik est un jeune groupe prometteur, au son brut et sans concession. Ils fuient les sentiers battus pour explorer, tâtonner, et c’est précisément ce qui les rend attachants. Certaines maladresses subsistent, mais le talent est indéniable — et l’avenir leur sourit.

J. NeWSovski

https://www.facebook.com/profile.php?id=61550577914352#

https://reversetapes.bandcamp.com/album/love-loving



dimanche 14 décembre 2025

FRAGILE – Big big smile

 


FRAGILE – Big big smile

Le Cèpe Records

Cette année, à nouveau, la scène angevine nous offre de belles pépites. A peine un mois après la sortie de l’excellent Real Sensations, le coup d’éclat des jeunes prodiges de Rest Up, voilà qu’arrive le premier véritable album de FRAGILE. Sur le même label que son cadet, le Cèpe Records. Fragile quitte donc le confort quasi-familial de Nineteen Something pour s’émanciper. Et force est de constater que le jeune groupe angevin n’a pas pris les choses à la légère car tout y est calculé, mesuré et réfléchi. Pour couper court à cette chronique je pourrais tout de suite dire que Big Big Smile est tout simplement l’un des tout meilleurs albums sortis cette année, l’un des plus aboutis. Et ce en toute objectivité.

La présentation sera assez courte, on connait l’histoire, le groupe s’est formé pendant le confinement. Les cinq jouaient dans d’autres groupes : Wild Fox, Scuffles, LANE, Dog for friends. Ils montent le groupe pour se faire plaisir et jouer ensemble. Pour tourner ils enregistrent un mini album qui va se révéler être la surprise de l’année et leur ouvrir toutes les portes des salles de France. Et c’est sur scène, encore plus, que le groupe se forge une belle réputation.

Pour lui donner une suite le groupe angevin s’est attaché les services de Camille Belin, chanteur guitariste de Daria que l’on retrouve aussi derrière les fûts de Do Not Machine et LANE. Ce dernier sortait de la réalisation de Fall Not l’excellent dernier album de Daria et on lui doit aussi le premier album de The Flickers. Amoureux d’Angers, le groupe s’est enfermé dans les studios du Chabada pour enregistrer ses dix titres.

L’artwork a été confié à Éloïse Rabaté dans un style qui rappelle Edward Hopper, c’est joli et feutré. Tout comme la belle et longue introduction (The Lowdown), sorte de nuage vaporeux que l’on traverse pour découvrir l’album avec Santander, mélange de punkrock et d’émo hardcore façon Touché Amoré ou La Dispute. Le quintet amène une vraie touche mélodique, un peu pop, bien sentie. Celebrate est aussi un tube en puissance qui se joue des styles, très dansant, il permet de mettre en avant l’évolution dans le chant de Baptiste qui ne s’arrache plus la voix comme sur about going home, il a su trouver un juste équilibre entre puissance et mélodie. Cela se ressent aussi fortement sur Little Things, l’un des morceaux les plus touchants de l’album. Un autre grand tube de Big Big Smile est A reason Why, subtil jeu entre mélodies pop et sonorités punk-noise. Mais pour moi le meilleur morceau reste Wallflower, déjà joué sur scène depuis dès mois, il révélait une efficacité impressionnante. Avec son intro chanté par Josic, il met en avant la touche Fragile : mélodies imparables, puissance sur le refrain avec des phrases fédératrices. C’est pour moi leur morceau le plus représentatif, peut-être aussi le plus abouti et, sur scène, le plus intense assurément.

On notera aussi Tiny Ghosts and disco lights et afterglow, tous deux très bons et puissants dans l’intensité. Puis l’album se referme sur Wide Awake, douce ballade acoustique, osée mais pertinente.

 

FRAGILE ne fait pas que confirmer ses promesses mais s’impose désormais comme un incontournable. Big Big Smileest un album réfléchi avec une belle petite collection de tubes d’émo-post-hardcore. Un album à écouter en boucle et savourer sur scène.

 

J. NeWSovski

 

https://fragileangers.bandcamp.com/album/big-big-smile

https://www.facebook.com/fragileangers



mercredi 10 décembre 2025

UNTITLED WITH DRUMS – Symbols [EP]

 


UNTITLED WITH DRUMS – Symbols [EP]

Juggernoise / Atypeek Music / Araki Records / MA Saret Records / Stellar Frequencies

Untitled With Drums est enfin de retour après l’album Hollow sorti juste avant le confinement. Cinq longues années durant lesquelles on a tout de même pu croiser le groupe en première partie des Deftones en 2002, puis l’année d’après au DesertFest de Londres. Deux très belles dates.

Ce court EP de 4 titres était seulement destiné à être distribué en version numérique via Juggernoise (leur propre structure) mais quelques labels se sont associés pour nous l’offrir en CD (Araki Records et MA Saret Records) et en cassette (Stellar Frequencies).

 

Candle ouvre le bal avec un mur de guitare qui pourrait faire penser à Watertank. Le chant est très plaisant et le groupe pose de belles mélodies sur son refrain. Malgré la lourdeur des riffs le morceau dégage un aspect aérien intéressant, des restes de leurs précédents productions davantage tournées post-rock. Un côté que Obsolete va entretenir sur son introduction, puis le groupe de Clermont déroule un peu à la manière de Rival Schools balançant quelques passages hyper bien sentis « Now everybody noticed we’re going on repeat » totalement accrocheurs et addictifs. Power est nerveux et direct, il dégage une belle puissance qui cette fois ci me rappelle le dernier album de Jack And The Bearded Fishermen. Far termine l’EP en développant davantage le côté mélodique que ce soit dans la musique mais aussi sur le chant qui monte haut sur son final, ce qui est assez rare dans ce style de musique.

A noter que les quatre titres ont été enregistrés par Alex Hourvari à la Voûte et masterisés par l’inévitable Alan Douches auquel on doit notamment des albums des Deftones et autres Cave-In.

 

Belle surprise que ce nouvel EP d’Untitled With Drums que je croyais en pause. Un peu court mais il laisse la porte ouverte à un futur album qui sera à n’en pas douter tout aussi excellent.

 

J. NeWSovski

 

 

https://untitledwithdrums.bandcamp.com/album/symbols

https://www.facebook.com/untitledwithdrums/



samedi 6 décembre 2025

JACK AND THE BEARDED FISHERMEN – Naked

 


JACK AND THE BEARDED FISHERMEN – Naked

Twenty Something

Vingt ans de carrière, cinq albums, et toujours cette impression que Jack And The Bearded Fishermen n’a pas fini de nous surprendre. Avec Naked, le groupe bisontin signe peut-être son chef-d’œuvre, un équilibre parfait entre puissance noise et délicatesse post-rock. Après le magistral Playful Winds, qui avait marqué son grand retour et qui s’est imposé comme l’un des meilleurs opus de 2022, Naked confirme et le dépasse même : les guitares sont encore plus massives, les mélodies plus envoûtantes, et la production encore plus aboutie.

Memory, qui démarre ce nouvel opus, s’inscrit directement dans la continuité avec un son lourd et des mélodies subtiles. Les guitares arrivent par vagues, telles des murs, elles amènent une pression constante et les deux voix, légèrement en retrait, servent efficacement l’ensemble. La lourdeur est encore plus présente sur This Grey qui me fait curieusement penser à From Mars To Sirius de Gojira. La rythmique, puissante sans être brutale, fonctionne comme un rouleau compresseur, et l’ajout de trois guitares, plutôt que de surcharger le son, en renforce la profondeur et l’impact. Le groupe de Besançon invite les Nantais de Watertank à partager le morceau Melt Into Oddity, ce qui n’est pas une énorme surprise car j’avais pu voir les deux tourner ensemble l’année dernière et leur entente sautait aux yeux. Ce morceau est un petit bijou de post-rock.

On peut parler de l’aspect aérien du groupe notamment sur Drones qui se révèle envoûtant à souhait, il prend son temps pour imprégner ses mélodies. Le quintet fait preuve d’une belle maîtrise du song-writing sur The Cave dont le refrain reste ancré en tête avec et Summit Glow immersif à souhait avec ce refrain très Gojiraiesque une nouvelle fois. Deux interludes (Naked I et Naked II) viennent casser la dynamique, aérer l’album et c’est assez intéressant pour éviter le côté trop linéaire et massif de l’ensemble.

On parle aussi rapidement du très bel artwork, un côté esthétique que le groupe maîtrise bien car toutes leurs productions sont délicates et réussies.

 

Naked est un joli coup de maître car il arrive, selon moi, à faire encore mieux que son prédécesseur. Cette fusion entre riffs lourds et mélodies léchées forme une magnifique alchimie et place clairement Jack ATBF comme l’un des groupes les plus passionnants de la scène actuelle. Clairement l’un des albums de l’année.

 

J. NeWSovski

 

https://www.facebook.com/jackandthebeardedfishermen1/

https://jackandthebeardedfishermen.bandcamp.com/album/naked



mercredi 3 décembre 2025

WAVEPOOL - Crayola [EP]

 


WAVEPOOL - Crayola [EP]

Howlin Banana

 

On ne présente plus le label indie HOWLIN BANANA et son impeccable catalogue : TH DA FREAK, JOHNNIE CARWASH, JOHNNY MAFIA... Dernière pépite en date dégotée par le label francilien, le quintet rouennais WAVEPOOL. Actif depuis 2024, cette joyeuse bande pourrait s'imposer comme l’une des révélations les plus prometteuses de la scène indie hexagonale. Leur premier EP "Crayola" aux accents shoegaze, dream-pop et indie-rock est en tout cas une réussite.

Les Normands déploient tout au long de ces six titres un sens de la mélodie hors pair. Le morceau d'ouverture "Blue Moon" pose le ton. Rythme mid-tempo, harmonies vocales, ligne de basse accrocheuse, alternance de guitares cristallines ou nerveuses, refrain imparable. Bref, la bande-son parfaite pour une virée en voiture, les vitres ouvertes en fin d'été. Ambiance plus automnale et mélancolique sur le délicat "Assumptions". Mention spéciale sur ce titre au chant féminin très classe et à l'utilisation inspirée d'un clavier vintage. Une voix nous invite à la plus grande attention sur "Blurry World", pépite indie-pop dont le gimmick de synthé fait des étincelles. Le chant vaporeux peut faire penser notamment à MELODY'S ECHO CHAMBER. Plus shoegaze, "Tiny Cowboy" évoque lui le meilleur des COCTEAU TWINS. Ce titre, porté par sa rythmique chaloupée, installe une atmosphère presque hypnotique. "Shell" très minimaliste et doux dans sa première moitié monte subitement en pression pour un final plus bruitiste à la SLOWDIVE. L'EP des cinq Normands touche déjà à sa fin avec "In Thrall" qui laisse plus de place en chant masculin. Un titre plus tonique qui introduit une diversité musicale intéressante pour le combo rouennais. 

Bénéficiant d'une production de qualité, "Crayola" est une belle promesse shoegaze / dream-pop. Avec son goût pour la langueur mélancolique et sa maitrise des contrastes entre saturation et douceur WAVEPOOL est promis à un avenir radieux.  

 

Mr Caribou

Titre préféré :                      Tiny Cowboy

 

https://wavepoolfr.bandcamp.com/album/crayola

https://www.instagram.com/wavepool.band



dimanche 30 novembre 2025

VIOLENT SADIE MODE – Incelcore [EP]


 

VIOLENT SADIE MODE – Incelcore [EP]

Howlin Banana Records, Flippin' Freaks Records, Two Goldfishes Music, Kick Your Asso, Burdigala Records


Spoiler alert ! Voici mon EP coup de cœur de cette année. La partie est pliée, désolé. Le groupe ?  Violent Sadie Mode. Sadie, c’est le prénom de la chanteuse de ce combo bordelais complètement déjanté qui sent trop bon le punk hardcore des années 80. J’ai l’impression d’entendre plein de vieux groupes que j’adorais et surtout, je retrouve une énergie incontrôlable, un vrai bonheur à écouter.

Tout commence dans un véritable défouloir punk, son old school, énergie brute, chant dynamique. Avec Stupid Little Rich Fucking Fuck Face, Violent Sadie Mode démarre très très fort, ça joue vite, ça gueule sans retenue et c’est clairement très bon. Twist en milieu de morceau, je pense à la folie de Heb Frueman, la façon d’alterner punkrock direct et phases spoken-word, Heb Frueman c’est ma référence ultime et ça vaut le coup de la citer pour parler de Violent Sadie Mode. Le groupe a un petit côté streetpunk aussi façon Scattergun à mon sens, certainement en raison de leurs multiples influences qui ont aidées à construire le groupe. L’enchaînement avec 1 Condition 0 Conversation est parfait et c’est à Amyl And The Sniffers que je pense aussitôt. Toujours cette grosse énergie mélangée à un grain de folie dans le chant. C’est frais, entraînant et tout simplement parfait. Incelcore, le titre éponyme, joue sur les changements de rythme avec des passages totalement débridés. Demonic Paranoïa va faire des ravages en concert avec ses riffs de métalliques, tandis que Gutter se démarque par le chant de Rémi sur sa première partie. Le ton est plus posé mais aussi plus lourd. Enfin, Mr Bunny clôt ce premier EP de très belle manière : le morceau prend son temps pour décoller, plus expérimental il révèle une autre facette du punk de Sadie.

Côté paroles le groupe est clairement engagé féministe et pose les choses avec fracas et la pochette va aussi dans ce sens. Violent Sadie Mode, à l’instar de Maria Tarey ou Wake The Dead met en avant cette scène punk hardcore portée par des filles et c’est franchement une excellente nouvelle. J’espère qu’elle sera source de motivation pour des nombreuses futures musiciennes.

 

Vous l’aurez compris, cet EP est tout simplement incontournable. Punk hardcore au son des années 80 avec une énergie incroyable et un chant original. Je vais attendre les prochaines dates de concerts avec une grande attention et surtout le faire tourner en boucle pendant encore de très longues sessions. Longue vie à Violent Sadie Mode.

 

J. NeWSovski

 

https://violentsadiemode.bandcamp.com/

https://www.instagram.com/violent.sadie.mode


jeudi 27 novembre 2025

3615 FRANCIS – Playboys [EP]

 



3615 FRANCIS – Playboys [EP]

Autoproduction

3615 Francis c’est le piège parfait : un nom qui fleure bon la nostalgie des années 80, mais une musique qui se joue des codes avec une grande modernité. Derrière ce côté rétro, il déploie une énergie électrique avec un joli sens de l’hybridation. En plus de ses influences 90’s, le quatuor Niçois ose injecter à son punkrock mélodiques des éclats d’électro pour un mélange aussi détonnant que surprenant.

Et c’est justement sur des airs d’électro-punk et le morceau Playboy que 3615 Francis introduit son EP avant que les guitares ne prennent le pas, la rythmique binaire revient sur le refrain alors que le chant rappelle les groupes Fat Wreck des années 90. On connaissait déjà aussi Don’t share your DNA qui était le deuxième single (sorti fin mai, playboy en avril), le morceau était d’ailleurs sur la playlist estivale. Très efficace, un peu déjanté avec des sonorités originales venant du clavier. Le chant amène, une nouvelle fois, une touche de folie bien compensée par le refrain avec la douce voix féminine qui l’accompagne. L’influence Hateful Monday ou peut-être tout simplement la ressemblance est flagrante sur Heart has gone qui reprend les codes du punkrock mélodique : rapide et terriblement accrocheur sur le refrain avec un chant particulièrement intéressant. Le quatuor se lance dans la chanson française avec Je vous emmerde, rapide défouloir de 29 secondes délibérément provocateur. Puis tout se termine avec Scream It louder, qui monte haut et se révèle être très plaisant.

 

Un premier EP qui se révèle original de par ses sonorités électro sur quelques morceaux ainsi que le passage en français sur un titre. C’est efficace et mélodique à souhait. Une bonne découverte.

 

 

J. NeWSovski

https://3615francis.bandcamp.com/track/playboy

https://www.facebook.com/p/3615-Francis-61575084989133/



dimanche 23 novembre 2025

Interview - SPLIT


 Avec Violence Breeds Violence, SPLIT s’immisce dans le paysage hardcore français en fracturant la porte d’entrée grâce à un son et une approche très brutale. Le groupe Rouennais mené par Marvin Borges Soares (ex- Structures) répond à nos questions aux côtés de son bassiste, Lucas.

 

SPLIT est un nouveau groupe qui émerge sur la scène hardcore avec un univers très sombre et engagé. Pouvez-vous vous présenter (membres, parcours, formation du groupe) et nous expliquer ce qui vous a poussé à créer SPLIT ?

Marvin : Nous sommes 5 dans le groupe : Lucas à la basse, Jeremy à la batterie, Romain et Raphaël tous deux guitaristes et moi au chant. J’ai créé le groupe en avril ou mai 2024 puis on a enregistré l’album dans la foulée, les titres étaient pour la plupart prêts, je les ai écrits dans les 6-8 mois précédent le studio sur garage band que j’apprenais à utiliser (je suis toujours mauvais d’ailleurs). Ce qui m’a poussé à créer le groupe c’est tout d’abord l’envie de m’émanciper et l’urgence de faire quelque chose en accord avec moi-même et le monde qui nous entoure, ça me tenait réellement à cœur, l’envie d’y mettre tout ce que j’avais en moi à ce moment-là et surtout un engagement, pas juste faire de la musique pour faire de la musique, ça ne m’intéresse plus, je n’y vois plus aucun intérêt aujourd'hui.  

Lucas : Quand Marvin m'a fait écouter ses démos, je bossais dans un studio d'enregistrement (One Two Pass It à Bagnolet). Je lui ai directement proposé mes services pour l'aider à enregistrer et produire cet album. Par la suite, il m'a rapidement proposé de prendre la basse dans le groupe, étant donné que je connaissais les morceaux par cœur ! Dès les premières répétitions, on a tissé une relation assez fusionnelle avec Jeremy, notre batteur. On a un peu tâtonné pour trouver les guitaristes, mais à présent Romain et Raph, qui ont rejoint le groupe en Juin dernier sont vraiment au top, on est très heureux de ce line-up. 

 

Violence Breeds Violence s’annonce comme un manifeste sonore sombre et brut. Quelles sont les influences qui l’ont façonné ? Y a-t-il des œuvres, des artistes ou des événements qui ont particulièrement inspiré les thèmes abordés (violences sociales, dépression, addiction) ?

Marvin : Oui, c’est un album sombre et brut d’autant plus qu’il a été fait dans l’urgence et sans concessions, j’y ai mis tout ce que j’avais en moi à ce moment-là, sans revenir dessus pendant des plombes. D’un point de vue purement musical, Le New York Hardcore m’a pas mal inspiré, car je suis allé à New York entre les prises de l’album, tout comme les groupes que j’écoutais à l'époque et que j’écoute toujours aujourd'hui (Gulch, Scalp, Total Abuse, Nails, Extortion, Cell Rot, Regional Justice Center, Sex prisoner, World Peace, Xiao, Hoax) pas mal de powerviolence, de crust, du Punk Hardcore au sens large jusqu’au sludge comme Thou, Primitive Man, le dernier Uniform, parfois de l’indus avec Godflesh en passant par des groupes plus noise comme Ken Mode ou Couch Slut. Le Punk Hardcore était pour moi la meilleure manière de retranscrire ce que je ressentais car c’est avant tout une musique d’urgence, de combats, de rage et contestataire. 

Il n’y a pas forcément d’œuvres qui m’ont inspiré car mon inspiration est venue tout simplement du vécu, des phénomènes sociétaux, des répercussions de la politique et du climat global sur ma santé mentale, de l’anxiété, d’états dépressifs, d’injustices, d’addictions, d’une profonde rage qui ne demandait qu’à être extériorisée, tout ça dicté par la seule envie de faire quelque chose qui avait enfin du sens pour moi, ce que je n’avais jamais réellement fait avant. 

 

Vous avez travaillé avec des personnes comme Marc Lebreuilly (Unschooling) pour l’enregistrement, et des réalisateurs comme Basile Marion et Rémy Barbe pour les clips. Comment ces collaborations ont-elles influencé le rendu final de l’album ?

Marvin : Pour nous il était important de s’entourer de personnes issues du même univers, avec les mêmes convictions, comme s’ils étaient l’extension du groupe. J’ai toujours accordé une grande importance à chaque support, art, qui permet de rendre hommage à la musique et la sublimer d’une quelconque manière, il aurait été impossible qu’un clip ou une collaboration artistique ne se fasse sans cet état d’esprit. Nous avons fait les bons choix et avons travaillé avec des personnes talentueuses et formidables et continuerons à suivre cette ligne directrice. 

 

Les paroles de l’album abordent des sujets forts : violences policières, précarité, addiction. Pourquoi avoir choisi de traiter ces thèmes ?

Marvin : Comme je l’ai dit précédemment, pour moi il était vital et urgent d’aborder ces thèmes, nous vivons dans un monde violent où l'art est souvent trop lisse, ou du moins ce que certaines personnes décident de mettre en avant dans les médias ou sur les radios. Il n’a jamais été question avec SPLIT de faire de la musique juste pour faire de la musique et il n’en sera jamais question. Nous avons une forte conviction de traiter de sujets qui nous tiennent à cœur et nous continuerons à le faire. 

Lucas : Le thème de la violence est intéressant parce qu'on est dans un moment où beaucoup de violences nous sont opposées : violence d'état, violences policières, violence sociale (précarité), crimes de guerre, l'actualité est chaque jour plus violente j'ai l'impression. Aborder ces thèmes et jouer une musique violente est donc pour nous une manière de tester et de canaliser une certaine violence qu'on a tous intériorisée au fur et à mesure que ces attaques des pouvoirs ont pris de l'ampleur. On est au moment parfait pour jouer cette musique et la vivre pleinement.

 




Comment percevez-vous la place de SPLIT dans la scène hardcore française actuelle ? Quels sont les groupes avec lesquels vous partagez des affinités ? 

Marvin : SPLIT est un groupe récent, il est difficile quand vous êtes le petit nouveau de la classe de se faire une place, là c’est pareil. On n’a fait peu de concerts pour le moment et avons hâte de rencontrer des gens sur la route. On ne cherche pas forcément à faire partie d’une scène même si on trouve ça essentiel car nous ne trainons tout simplement pas qu'avec des gens qui font du hardcore, quand nous partageons la scène avec d’autres groupes on créé des liens, on s’entraide, c’est pour moi le plus important et ce qui caractérise aussi "une scène" tout comme on l’a fait avec Insurgent pour parler Hardcore, ca viendra avec d’autres et pas forcément qu’avec des groupes Normands, du nord de la France ou de Paris. On se sent aussi proche de la scène "rock" : We Hate You Please Die, Servo, School, Rendez-Vous, You Said Strange, Hoorsees ou des Bryan’s Magic Tears que des groupes qui font partie du même univers musical que nous. En France depuis quelques temps il y a de plus en plus de groupes qui font du hardcore ou des musiques "extrêmes" surtout à Paris ou des groupes comme Sorcerer, Headbussa, Cavalerie ou Calcine, s’exportent plutôt pas mal sur la scène hardcore européenne. Moi je suis née à Amiens et réside à Rouen donc je peux te parler plus facilement de L’idylle, Pilori, Benef ou de Detresse qui sont tous des groupes que j’apprécie et supporte. 

 

Après ce premier ALBUM, quels sont les projets à venir pour SPLIT ? J’ai vu que vous jouiez bientôt avec Coilguns et MSS FRNCE …

Marvin: Un deuxième disque, le plus de concerts possible, des collaborations, des rencontres, d’autres thèmes importants pour nous à aborder. Oui nous allons partager la scène avec quelques groupes cet automne et avons hate de partager ces moments avec eux et les rencontrer. 

 

Si vous deviez résumer Violence Breeds Violence en une phrase à destination de vos auditeurs et de nos lecteurs, quel serait-il ?

Marvin : Violence Breeds Violence est un album violent, crade, sombre, brut et engagé, qui aborde des thèmes qui peuvent parler à chacun de nous. 

Lucas : Y’a plein de disto dedans... 

 

Un mot sur la pochette de l’album et son symbolisme ? 

Marvin : un geste simple du quotidien qui peut être selon le contexte et les protagonistes d’une violence inouïe.

Lucas : Oui, ces vieilles mains blanches et ridées là.

 




Interview réalisée en septembre 2025             Photos : Remy Barbe

 

J. NeWSovski

https://split-hc.bandcamp.com/album/violence-breeds-violence

https://www.facebook.com/profile.php?id=61566070858055

 

mercredi 19 novembre 2025

KARABA F.C. – Symbionts

 


KARABA F.C. – Symbionts

Voice of the unheard / Microfaune Records

 

C’est dans la pointe hostile de la Bretagne, à Brest, là où le vent et la pluie forgent les caractères, que naissent en ce moment des groupes très intéressants. Le dernier arrivé s’appelle KARABA FC, un nom énigmatique pour un jeune quatuor formé en 2021. Breton par adoption mais pas tout à fait car si une partie du groupe a posé ses valises à Brest, l’autre est toujours ancré à Paris, où tout a commencé. Après deux EPs prometteurs, le groupe est retourné en studio, à Angers, à la Cuve plus précisément pour enregistrer sous la houlette de Elliot et StW (de Bermud et Limboy) et voici Symbionts.

 

Karaba FC s’inscrit dans la veine de groupes comme Fragile ou Touché Amoré avec un post hardcore qui marie mélodies envoûtantes et sonorités plus torturées.

Trails amène ce côté mélodique. Le jumelage des deux chants (Émile et Clément) avec deux voix bien distinctes fonctionne à merveille. Le morceau est plus que plaisant il en devient même presque dansant. Celebrate est aussi très efficace alternant douceur et énergie, on ressent sur ce morceau la grosse influence Touché Amoré. Et puis le groupe joue aussi avec les codes de l’indie rock sur Always Aging avant de durcir le ton sur sa deuxième partie pour en faire un morceau presque screamo.

Life amène ses riffs joueurs façon Vantre et j’apprécie aussi beaucoup la fragilité qui se dégage du groupe avec un chant qui me fait parfois penser au groupe Elliott. Une chanson très mélodique dans la veine des groupes Emo du début des années 2000. C’est très beau et très bien exécuté. On frôle le post-rock sur la très douce Happy qui est pleine de mélancolie et de tristesse puis Tides vient clore ce premier album de très belle manière avec un regain d’énergie.

 

Avec Symbionts, Karaba FC signe un premier album abouti, où mélodies, émotions et énergie fusionnent de façon naturelle. Leur capacité à transcender les genres – du post-hardcore à l’emo, en passant par des touches de post-rock – augure d’un avenir radieux. Un groupe à suivre de près, et un disque à écouter sans modération.

 

J. NeWSovski

 

https://karabafc.bandcamp.com/album/symbionts

https://www.facebook.com/KARABAFC/



samedi 15 novembre 2025

FIRST DRAFT – An Instant Before The Promise Of Dawn

 


FIRST DRAFT – An Instant Before The Promise Of Dawn

Vlad Productions

 

First Draft reste, à mes yeux, l’une des révélations scéniques les plus excitantes de ces dernières années. Alors autant dire tout de suite que j’avais beaucoup d’attentes avant la sortie de leur premier album An Instant Before The Promise Of Dawn. Elles sont non seulement comblées, mais c’est à un album rare que je suis confronté.

Car cet album est une réussite totale. Le groupe y applique la même recette que sur ses précédentes productions, mais avec une maturité et une audace qui renforcent encore leur identité. Oui, on pensera à Brutus – comment ne pas faire le lien, quand les deux groupes partagent une batteuse-chanteuse et une énergie post-rock aussi communicative ? Pourtant, First Draft opère en duo basse/batterie, et c’est là que réside la magie : on jurerait entendre un quatuor, voire un quintet, tant leur musique est riche et dense. Sur scène, c’est la même déflagration que sur disque. Une performance tout simplement, difficile à réaliser. Clément, avec ses pédales d’effets et ses delays, tel un magicien, fait sonner sa basse comme une basse mais aussi une guitare. Marine, derrière sa batterie, alterne entre mélodies envoûtantes et cris déchirants, sans jamais sacrifier la précision. Ce qui donne une intensité rare, une émotion à l’état brut.

An Instant Before… est un album profondément ancré dans le post-rock, et chaque morceau est une pépite. Satellites In Your Sway s’élance avec une puissance immédiate, avant de s’élever vers des hauteurs aériennes. A Tyrant’s Heaven, d’une énergie implacable, impose un groove hypnotique. Et puis il y a Agnostalgic : si le titre évoque par moments l’univers de Brutus, First Draft y appose sa griffe avec des riffs de basse envoûtants et une rythmique viscérale, purement addictive. Mais c’est Paralysis Kingdom qui m’a vraiment transpercé – un titre phare où la mélancolie et la douleur du chant de Marine se mêlent à des mélodies d’une puissance folle. Et le plus impressionnant ? En sept morceaux et 38 minutes, pas une seconde de faiblesse. Une homogénéité parfaite, une cohérence qui force l’admiration.

Je ne peux pas parler de cet album sans évoquer son artwork, marqué par un rouge profond (après le bleu de l’EP précédent), signé Lohengrin Papadato. Une continuité visuelle qui épouse à merveille l’univers sonore du groupe. Quant à la production, confiée à Benoît Roux au Studio Drudenhaus, elle est tout simplement irréprochable.

An Instant Before The Promise Of Dawn est bien plus qu’un premier album : c’est une réussite magnifique. Sans fioritures, sans démonstrations techniques inutiles, First Draft y déploie une efficacité brute et une beauté envoûtante. Pour moi, c’est tout simplement l’une des plus belles sorties françaises de cette année, un coup de cœur absolu, une confirmation éclatante que ce duo, au début de sa carrière, a tellement de choses à nous offrir.

 

J. NeWSovski

 

 

https://firstdraft.bandcamp.com/album/an-instant-before-the-promise-of-dawn

https://firstdraftmusic.com/

https://www.facebook.com/wearefirstdraft



mardi 11 novembre 2025

SPLIT – Violence Breeds Violence

 


SPLIT – Violence Breeds Violence

Incisive Records / Dispear Records

 

Mené par Marvin, ex-membre de Structures, SPLIT est un nouveau groupe rouennais qui frappe fort dès son premier album. En sept titres et seulement 18 minutes, le quintet impose un son aussi dense que difficilement classable, mélangeant punk, New York hardcore, crust et riffs trash avec une urgence qui ne laisse personne indifférent. Ici, la basse domine, lourde et oppressante, tandis que les guitares et la batterie tissent un climat où la tension est permanente.

Dès Cowards après une lente montée en tension, on sent beaucoup de puissance puis un déferlement de sons. Et c’est en lisant son interview dans Mowno que je découvre ce qui anime Marvin sur ce morceau et qui explique la violence exprimée. Dès lors, on perçoit un autre angle de vue que ce soit sur Cowards et même tout l’album complet.  Une colère qui ne se contente pas d’être exprimée : elle est structurée, réfléchie, et traverse tout l’album. Good Cop, avec sa rythmique plus rapide, s’attaque directement aux violences policières, tandis que For Fucks Sake joue des changements de tempos pour désorienter et captiver.

SPLIT excelle dans l’art du contraste. World Sucks décharge toute son énergie en 24 secondes, comme un coup de poing, avant que Something Of My Own ne revienne à une lourdeur plus mélodique, mais tout aussi écrasante. Stained Soul, avec sa rythmique mécanique et son refrain fédérateur, est sans doute le morceau le plus accrocheur de l’album – un hymne sombre qui reste en tête bien après l’écoute. Enfin, I Feel Nothing More clôt l’album en douceur trompeuse : les guitares mélodieuses laissent place à un chant hurlé qui emporte tout dans un final aussi intense que désespéré.


Pas si simple d’accès, Violence Breeds Violence est un album qui se refuse à la facilité. Entre dissonances assumées et rythmiques lourdes, SPLIT ne cherche pas à séduire, mais plutôt à régler ses comptes et ce, de manière bruyante. Fortement conseillé donc !

 

J. NeWSovski

https://split-hc.bandcamp.com/album/violence-breeds-violence

https://www.facebook.com/profile.php?id=61566070858055

 

vendredi 7 novembre 2025

THE VROOM VROOMS - Hashtag Machine [EP]

 


THE VROOM VROOMS - Hashtag Machine [EP]

Slowrag Production

 

 

Non, THE VROOM VROOMS n’a pas réalisé la BO du dernier Formula One ou de Need For Speed…Quoique, Hashtag Machine est un EP dont les titres décoiffent dans la globalité. Il s’agit du projet de Frederico, ce virtuose de la guitare dont on peut apprécier le talent et l’inspiration dans pas mal de projets (NOT SCIENTISTS, THE POOKIES, FOREST POOKY QUARTET ou bien encore SLOWRAG).

 

Et ça commence fort avec un “Dance Dance Dance” qui symbolise bien l’esprit de cette production. L’homme aime bien explorer pas mal d’univers musicaux mais sur cet EP on appréciera le mélange d’un petit côté punk avec une grosse dose de pur rock 'n’roll.

 

On peut apprécier également une inspiration punk/pop anglaise sur un morceau comme “This is new” avec des couplets qui pourraient nous faire penser aux TOY DOLLS. Il en est de même pour “Panic Monster” avec son intro à la sonorité d’une ballade irlandaise et son refrain qu’on a envie de chanter à gorge déployée.

 

Puis, comme par hasard… ou pas, sur “Rock 'n’roll Police” apparait un feat avec FOREST POOKY, ce vieux compagnon de route, pour un titre très Elvisien, avec un refrain pop très cool.

Le titre “Hastag Machine”, quant à lui, explore le format d’un rock’n’roll pur et dur avec une réelle efficacité.

 

Après nous avoir tenu en haleine avec 5 morceaux très rythmés, on termine avec “Out Of Love”. Un très joli contre-pied au caractère bluesy et accompagné d’une pointe de sonorités Tremolo/Flanger qui sembleraient nous plonger près d’Albuquerque dans le désert du Nouveau-Mexique.

 

THE VROOM VROOMS nous embarquent dans l’aventure d’un premier EP basé sur des sonorités punk/rock’n’roll édulcorées par des parties de guitares inspirées et des refrains accrocheurs. A souligner aussi, les parties vocales tout aussi soignées avec la variété des tessitures.

On adhère donc à ce premier essai musical réussi et agréable à l’écoute en attendant une suite sur un format plus long.

 

Herr Krombacher

 

 

https://thevroomvrooms.bandcamp.com/album/hashtag-machine

https://www.facebook.com/p/The-Vroom-Vrooms-61564274824430/



dimanche 2 novembre 2025

DEAD IN L.A. – Demolition. Girl.

 


DEAD IN L.A. – Demolition. Girl.

 

C’est grâce à Aleksandra, aussi chanteuse de Wake The Dead, que j’ai découvert Dead In L.A., nouvelle formation où elle assure la basse et les chœurs. Le trio est complété par deux anciens de The Dawn (ex-Inmate pour les plus anciens) : Seb à la guitare et au chant, et Bruno à la batterie. Basé à Marseille, ce premier album de 8 titres (27 minutes) est un vrai coup de poing !

 

L’album respire la chaleur de Marseille, et tout commence par The Heartbreaker, un morceau sulfureux et d’une puissance folle, que les chœurs déchirants d’Aleksandra amplifient encore. Sans temps mort, Friendshit s’engage sur les mêmes bases, avec une rythmique ultra-groovy. Moins direct, le morceau dégage une sensation de puissance rare. Dead In L.A. impose un style bien à lui, qui évoque Unsane ou nos Frenchies de Tantrum, avec des sonorités parfois teintées de stoner. Les chœurs, omniprésents, apportent une touche unique qui fait de ce groupe une pépite à part.

 

On connaissait déjà The Driver, mais il résume à lui seul les influences du trio : une première partie écrasante, pure noise rock années 90 à la Unsane, suivie d’une deuxième partie ronde et groovy, très stoner façon Clutch


L’énergie ne faiblit pas, et on se demande comment le trio tiendra le rythme sur scène :
Reckless, tout aussi intense, offre un refrain qui apporte — fait rare — une pointe de douceur. J’avais diffusé Hell is full of DJ’s and architects dans ma playlist estivale, un morceau hyper énergique où la symbiose entre le chant et les chœurs, omniprésents, est impressionnante. Ce titre représente vraiment l’identité du groupe à mon sens et c’est une belle carte de visite. Avec un côté très punk, Heads On Fire enchaîne à une vitesse folle, avant de basculer brutalement vers une transition post-hardcore, puis de repartir sur un rythme effréné. Le tempo ne faiblit pas jusqu’à la fin, et je retiens surtout Worship, plus lent et posé, mais terriblement lourd, avec ses riffs de basse inquiétants. Une mélodie de piano vient y glisser un rayon de soleil bienvenu.

 

Dans cette fin d’année tellement riche en sorties de qualité, il serait dommage de rater ce trio marseillais. Leur son, lourd et puissant, est d’une efficacité redoutable, et les morceaux, addictifs, apportent un vent de fraîcheur. À découvrir absolument, et à suivre pour leurs prochaines dates !

 

J. NeWSovski

 

 

https://deadinlarock.bandcamp.com/

https://www.instagram.com/deadinlarock


mardi 28 octobre 2025

TOTORRO - Sofa So Good

 


TOTORRO - Sofa So Good

Recreation Center


On commençait à ne plus y croire. Dix ans quasiment après l'étincelant "Come To Mexico" les pétaradants TOTORRO signent enfin leur retour discographique avec "Sofa So Good". Mais ne nous y méprenons pas, les Rennais ne se sont pas pour autant tournés les pouces. Cette longue période leur a permis notamment de se consacrer à d'autres aventures musicales (DO IT LATER, LA BATTUE...) ou plus récemment de sillonner de nouveau les routes ensemble. Dès les premières secondes de "
Bang Bang", qui ouvre ce troisième opus, on retrouve cette signature immédiatement reconnaissable : intro un poil funky, guitares chatoyantes, rythmiques en cascade, énergie contagieuse...TOTORRO revient comme un vieux cousin perdu de vue : à la première note, les souvenirs affluent, et tout redevient familier. Pas de doute, ils restent les maitres en France du rock instrumental nerveux et bondissant. "Matthews Bridge", plus puissant, enfonce le clou. Un titre qui démontre une nouvelle fois que la musique des Rennais, parfois d’une technicité folle, reste malgré tout accueillante et instinctive. "New Music" démarre délicatement avec une ambiance limite caribéenne. Après une incursion indie-rock, le titre prend ensuite une tournure plus post-rock (guitares cristallines et basse saturée à la EXPLOSIONS IN THE SKY). Le morceau se termine en beauté dans un final plus musclé marqué par un riff de guitare addictif.  Avec "Destiny Chives" (TOTORRO est un groupe 100% instrumental qui aime bien jouer avec les mots dans le choix de ses titres) dévoile une facette plus contemplative. Des rythmiques un peu jazzy alternent avec des passages plus rugueux. On notera par ailleurs la production limpide de ce troisième opus enregistré par Boris Saidini, batteur de BIRDS IN ROW et PAIN MACHINE. Le titre éponyme "Sofa So Good" fait office d'interlude, une respiration bienvenue qui donne presque envie de s'assoupir sur le canapé. TOTORRO retrouve son dynamisme sur le sautillant "Sensation IRL". Un titre qui multiplie les breaks, entre accélérations fulgurantes et accalmies, un vrai parcours de montagnes russes. Les sonorités tropicales font leur retour sur l'intro de "Bernard Guez" qui monte ensuite en intensité grâce à un riff super efficace. Avant l'explosion finale, le groupe joue une nouvelle fois sur les contrastes entre tension et moments plus suspendus. Moins enjoué, "Bonnet Free Jazz"  dévoile un visage plus frontal et brutiste. "Smile Paste", chevauchée post-rock de plus de 7 minutes clôture l'album en beauté. Entre entame cinématographique, math-rock énergique, lente montée en pression et final délicat, ce morceau phare montre tout le savoir-faire du quatuor. 

Avec "Sofa So Good", TOTORRO réussit un retour brillant après dix ans d'absence. Les Rennais n'ont rien perdu de leur éclat et confirment leur place incontournable dans le rock instrumental français. 

Mr Caribou

 

Titre préféré :                                 New Music

 

https://totorro.bandcamp.com/album/sofa-so-good

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