jeudi 24 novembre 2011

H2O - Don’t forget your roots



H2O - Don’t forget your roots
Bridge 9
6/10
Bon je vais me répéter mais c’est parce que H2O l’a bien préparé cet album en sortant 3 eps auparavant et dealant ainsi 6 morceaux sur 15 et 3 inédits. Don’t forget your roots est comme vous le savez un album de reprises. H2O tient à son image et tient à faire savoir qu’ils ne viennent pas de nulle part, qu’ils ont une crédibilité et sont potes avec tout le gratin musical qu’il soit HxC ou punk. La tracklist mixe donc un peu toutes les influences des New Yorkais : des Descendents à Sick Of It All, des Clash aux Mighty Mighty Bosstones. A de rares exceptions près H2O joue les titres de la même façon (excepté pour les Mighty justement mais on s’en doutait un peu…), pas de grande réinterprétation donc, on se cale trop souvent sur l’original. Je suis  surpris au passage de ne pas retrouver Bad Religion ou Hatebreed. Reste que les morceaux sont de qualité, mention spéciale au Pride de Madball et Friends like You de Sick Of It All, par contre le Get The Time des Descendents est très loin d’arriver à la cheville de l’original.
D’autres se sont essayés à cet exercice dans quasiment le même registre : Ensign ou Hatebreed. C’est clair que c’est sympa sur les premières écoutes de voir les différences mais pour ma part je m’en lasse vite surtout lorsqu’on a l’impression qu’il n’y a que le chanteur qui change. Je noterai au passage la très jolie pochettes à l’image des 3 autres qui ont précédé, toutes aussi réussies. C’est d’ailleurs de bonne augure parce qu’il faut avouer que l’artwork chez H2O n’a jamais été  percutant. Vivement un véritable album de compos avec encore les potes en featurings pour cette fois-ci s’en prendre vraiment plein la face !

Au passage la tracklist : 
1. Bad Brains – Attitude
2. 7 Seconds – Satyagraha
3. Madball – Pride
4. Descendents – Get The Time
5. Embrace – Said Gun
6. Ramones – I Wanna Live
7. Gorilla Biscuits – Cats and Dogs
8. Mighty Mighty Bosstones – Someday I Suppose
9. Rancid – Journey to the End
10. Dag Nasty – Safe
11. Social Distortion – Sick Boy
12. Sick Of It All – Friends Like You
13. The Clash – Train in Vain
14. Verbal Assault – Scarred
15. Warzone – Don’t Forget The Struggle, Don’t Forget The Streets

et les morceaux inédits sortis sur les EPs
Hard Times des Cro-mags
Beverly Hills de Circle Jerks
Understand de Government Issue

jeudi 17 novembre 2011

Interview - François Bégaudeau


Extrait de l'interview avec François Bégaudeau, ancien chanteur des Zabriskie Point, écrivain de renom, chroniqueur et aussi  acteur. 

François Bégaudeau (je vous dispense du crédit photo...)


Es-tu toujours intéressé par le style de musique que tu pratiquais avec les Zabriskie Point ?
Plus qu’intéressé. C’est définitivement mon port. Les groupes et morceaux que j’aimais il y a quinze ans me font exactement le même effet. Je pense même que je prends toujours mieux la mesure de l’immensité de ce fait esthétique : le rock, le punk-rock.

Être sur scène, le rapport direct avec le public, est-ce quelque-chose qui te manque ?
Le manque est un sentiment que je connais peu. Une chose a lieu et puis elle prend fin, remplacée par d’autres. L’important est de garder un bon niveau d’intensité dans sa vie. Là-dessus ça va à peu près. Maintenant c’est sûr qu’il sera compliqué de retrouver l’intensité des concerts, ou le bonheur plein de finaliser un morceau en studio.

Quel regard portes-tu sur les jeunes groupes qui revendiquent l'influence des Zabriskie ? Je pense aux Guerilla Poubelle, Dolorès Risposte, Justin(e)...
Je suis Justine et les Guerilla avec admiration. Le dernier Justine est énorme.

Il y a un groupe que je trouve proche de ton registre : les Justin(e). Ils sont de Nantes, jouent du punk, sont fans de foot, aiment le FCN et Jean Claude Suaudeau et leurs textes sont plutôt bien pensés et écrits. Les connais-tu et que penses-tu de ce qu'ils font ?
Je connais Alex, qui est venu au punk par les Zab, et qui maintenant n’a plus besoin d’eux (quel charisme). On a évidemment pas mal de points communs, y compris une certaine fibre libertaire.

L'idée de remonter les Zabriskie Point vous est-elle déjà venue ? T'as-t-on proposé de venir faire un featuring sur un album ?
Remonter les Zab, no way. On a une dignité.
Featuring, non, jamais.

François au micro des Zabriskie Point


Qu'écoutes tu actuellement comme groupes ou chanteurs ?

Le dernier Justine… Le dernier Orelsan, même si je n’aime pas son versant pompeux (mais quel chroniqueur..). Depuis que je sais qu’ils se séparent, je réécoute tout Supergrass, et notamment leur chef-d’œuvre, I should Coco. Et puis plein d’autres choses (voir la « playlist » sur le site bégaudeau.info)



Quel regard portes-tu sur les albums des Zabriskie Point

Lucide, je crois. Des choses que je trouve mal branlées, un peu trop rock français, et puis d’autres que je trouve excellentes. Je dis les choses comme je les pense parce que seul le juste m’intéresse : on a écrit au moins deux des vingt meilleures chansons du rock français : Je suis une machine et L’art et le cochon. En matière de punk-rock français, je nous place en position 4 (la place du con, no médaille) derrière les Wampas, les PKRK, les Femmes.



François au micro des Zabriskie Point
J'ai toujours trouvé que la scène punkrock  française était coupée en deux dans les années 90 et 2000. D'un coté les "francophones" avec vous, les wampas, les sales majestés... aux influences que l'on ressentait plus venir de la scène alternative (Shériffs, Bérus...) et de l'autres les "anglophones" avec les Burning Heads, Seven Hate, Dead End, Greedy Guts... avec des influences outre atlantiques et une rythmique plus rapide. Je trouvais donc que cette scène coupée en deux ne se mélangeait pas, tout du moins en concert. ou c'était très rare (j'ai du voir une fois les Sales Majestés avec les Uncommonmenfrommars).  Y avait il un soucis entre vous ?
Tu as une bonne intuition. Je pense que ce sont deux généalogies très différentes. Le truc c'est que nous on ne se sentait pas concernés, vu qu'on ne se sentait pas vraiment proches des deux courants. Notre base arrière à nous c'était le punk anglais originel... Mais tant qu'à choisir, on se serait plutôt reconnu dans la branche "anglophone", celle qu'on appelait aussi "hardcore mélodique". Tous les groupes que tu cites, on les écoutait beaucoup plus qu'on écoutait de l'alternatif (le seul groupe vraiment fondateur pour nous de l'époque alterno c'est
les wampas, mais ils sont tellement à part). Le groupe sur lequel on s'entendait tous c'était NOFX, et puis on était fans de Minor threat aussi. Je pense qu'à partir de Des hommes nouveaux nos chansons portent la trace de ce genre d'influences (voir What is my punk, sur Paul).

Les groupes se mélangeaient plus sur label, par exemple Dialektik faisait se cotoyer les Zabriskie avec Dead End, Nra, PKRK, Condkoi... J'ai l'impression que ça pouvait se faire que le public était quasiment le même mais que les groupes ne s'aimaient pas vraiment. Juste une idée fausse ?
On était très potes avec les Dead End. NRA on n'a juste jamais eu l'occase de les croiser, mais on aurait sympathisé c'est sûr. Les seuls avec qui on avait toujours du mal c'était les groupes "anarcho-punks" très sérieux. Sauf nos potes d'Heyoka.
De toute façon je tiens à dire une chose, c'est que la fraternité inter-groupes on s'en branlait. On a jamais beaucoup aimé la satisfaction du milieu à être dans l'entre-soi. Nous on s'amusait bien déjà à 7, et ceux qui avaient envie de s'amuser avec nous
étaient les bienvenus, et voilà.

Actuellement je trouve que ça a changé avec le meilleur exemple possible les Guerilla Poubelle qui mixent à la perfection leurs influences américaines avec les françaises. En tant que fan de NoFX et personnage important de la scène française, les Guerilla doivent pleinement te combler ?
Oui, tu as tout dit. Mais j'en dirais autant de Justine. Pour ça j'aime beaucoup l'habillage du dernier album : Treillières est mis en avant, évidemment pas par chauvinisme, mais pour rappeler juste ça : qu'on est de là, des ploucs français, et que ça nous constitue. Et que la musique devra ressembler à notre double nationalité franco-américaine.

La suite dans le fanzine dont la sortie est prévue pour janvier 2012.

mercredi 9 novembre 2011

Roger Miret and The Disasters – gotta get up now



Roger Miret and The Disasters – gotta get up now
People Like You records
8.5/10
Légende vivante du hardcore New Yorkais avec Agnostic Front, Roger Miret, en parallèle, se fait aussi plaisir au sein de son deuxième groupe : Roger Miret & the Disasters. Ce groupe n'est pas nouveau et pour les lecteurs assidus on avait pu retrouver une interview dans ces pages il y a près de dix ans. Ce qui est plus surprenant c'est que le groupe tourne toujours et sort toujours des albums, c'est d'ailleurs leur quatrième.
Toujours dans le registre street punk, Roger impose son style vocal très personnel sur des titres percutants et incisifs. « we're gonna find a way » ou « stand up and fight » sont très représentatifs de cet album : courts, rapides mais terriblement efficaces. Le premier cité est d'ailleurs un hit en puissance. Mention spéciale aussi au titre qui donne son nom à l'album : « Gotta Get Up Now », très Clash dans l'esprit, un morceau punkrock qui se mute en reggae efficace comme on l'aime lorsqu'un bon groupe le pratique. On tend à se rapprocher de la Oï notamment sur des morceaux comme sur « city soldiers ».
Bref sur album c'est bon et ça défoule parce que c'est terriblement simple et basique et c'est ce qui fait que c'est bon : on va droit au cœur du style là où c'est le meilleur et un vieux routier comme l'est Roger Miret le maîtrise parfaitement. Sur scène ça doit tout simplement être excellent. Bravo.