On ne va pas
cacher très longtemps que Rest Up est l’une des nouvelles sensations sur
la scène indé française. Le jeune groupe Angevin, à peine sorti de l’adolescence,
s’est déjà fait remarquer il y a deux ans avec son deuxième EP It Was
Summer dont le mixage avait été réalisé par Daniel Fox
(Bassiste de Gilla Band). Peu après, le trio intègre l’Équipe Espoir du
Chabada (Angers), un tremplin qui lui offre expérience et mentorat - notamment
auprès Arnaud Fournier (Hint). Cet ensemble, couplé à leurs
performances scéniques, séduit Exag Records, label Belge sur lequel on
retrouve notamment La Flemme ou Druugg, et du Cèpe Records,
dont on connaît aussi très bien les groupes présents (Clavicule, WeHateYouPleaseDie, GrosCœur, Servo…).
Un double sceau de qualité, qui dans le paysage musical actuel, vaut toutes les
recommandations.
Avec Real
Sensations, Rest Up signe un premier album d’une maturité
déconcertante. Onze titres en 38 minutes, une durée classique pour un album qui
est loin de l’être. La pochette, signée Marie Lesieur et Ivan
Chamaillard, assemble collages et éclats de verre en une mosaïque sobre et
intrigante, parfaitement à l’image de l’album : un collage d’influences et d’émotions.
L’enregistrement a été confié à Daniel Fox qui venait tout juste de
produire l’album explosif des Lambrini Girls et qui offre à ce disque un
son chirurgical.
Harmattan débute parfaitement avec une tension et une atmosphère qui
montent en puissance, un vrai morceau introductif et immersif vite repris par Too Late To Call qui rappelle l’énergie d’un
Lysistrata des débuts avant d’explorer un univers post-rock plus aérien
et de finir en défouloir punk. Un morceau vraiment détonnant. Et c’est Accutane qui s’impose comme le tube de l’album,
derrière les sons issus de machines qui deviennent vite oppressants, on sent l’urgence,
la tension et la fureur qui se dégagent. Le trio Angevin prouve qu’il maîtrise
l’art du contraste et sait se faire aussi mélodique comme en témoigne Damage qui démontre une belle maturité et
une écriture déjà aboutie
Cette
maturité qui permet à Rest Up d’explorer de nombreux paysages ce qui est
étonnant pour un premier album, je pense à Hold
Me Tight et son univers très marqué, très aérien, très beau. Les
vagues de guitare et les synthés appuient fort et leur musique est puissante et
touchante.
Là où la
plupart des premiers albums se laissent souvent guider par l’instinct, Rest
Up ose prendre son temps et poser ses morceaux : ils sont réfléchis et
structurés. Le trio puise chez ses références qu’elles s’appellent Blonde
Redhead ou Sonic Youth pour proposer des morceaux complexes mais aboutis
(Pol’s Guitar) ou Lysistrata
pour des défouloirs électriques (Real
Sensations). Se dégage aussi de Rest Up une face shoegaze
très maîtrisée sur des morceaux comme WeekendGirlfriend, langoureux et poétique
ou Stall dangereusement
envoûtant.
Avec
Real Sensations, Rest Up livre un premier album d’une précocité rare et d’une
aisance qui force l’admiration. Un jeune groupe qui transforme ses influences
et les synthétise en un album remarquable aux multiples. Une vraie réussite.
Le premier
album du « super-groupe » angevin avait eu le malheur de sortir juste
avant le confinement bloquant toute possibilité de tournée. Quand enfin l’idée
de relancer le projet germe, Maxime (SanCarol,
BigWool, Sandwich…) étant trop
occupé c’est Florent (Tiny Voices), ami de longue date,
qui prend le relais au micro, et derrière on retrouve toujours Elliot (Bermud)
et Stw (San Carol, Eagles Gift) aux guitares et Hugo (Eagles
Gift)à la batterie.
Sobrement
intitulé II, ce nouvel album de LIMBOY démarre très fort avec un son acéré
dès les premières notes de Lifting Weights,
shifting Right,
on prend une belle décharge d’énergie avec un morceau dans la veine Dischord
des années 90, je pense notamment à Fugazi. Le son de guitare est
incisif tandis que la voix de Flo, si particulière fait son effet avec
son petit côté éraillé. Véritables défouloirs, des titres comme Arrested Development et Poison amènent une grosse sensation de
puissance tout en proposant des riffs simples. On pourrait s’étonner de l’absence
de basse, mais l’équilibre est finement pensé : la guitare baritone d’Elliot
est accordée très bas ce qui donne ce son dense et compact.
Puis les
Angevins cassent les codes et s’aventurent dans le post-punk voire même le cold-wave
sur Nightman ou Black Block Trail Series sans jamais perdre d’intensité et de
tension. Le groupe ne cherche pas à plaire mais juste se faire plaisir et
explorer. Et c’est plaisant. Ainsi on peut retrouver un morceau comme WI,
qui allie mélodies rythmiques aux frontières de l’électro et une puissance tout
juste contenue. C’est puissant et fort.
Enregistré à
La Cuve, leur propre studio, par leur soin, le son est puissant et c’est
aussi impressionnant que mérité de retrouver cet album directement dans le
catalogue de Stolen Body Records, label anglais de Bristol réputé dans
la scène noise/psyché/garage.
Avec II,
LIMBOY creuse ses racines hardcore punk tout en injectant des textures noise et
post-punk. C’est direct et sincère. Un véritable défouloir pour les quatre
garçons issus de formations différentes. Dix titres pour trente minutes de
tension, d’urgence où l’énergie prime avant tout.
BERMUD
a créé la sensation le mois dernier en sortant son premier album, Oceans On The
Moon, petit bijou dans un style hybride oscillant entre grunge et shoegaze. Le
groupe s'est offert une super release party au Joker's Pub en première partie
de We Hate You Please Die. Rencontre avec Elliot, aussi sympa
qu'intéressant, pour en apprendre davantage sur l'album et le groupe.
Peux-tu
revenir sur la création de Bermud, cela s’est fait suite à la fin de Jumaï je
crois ?
Je me suis
lancé sur BERMUD suite à la fin de Jumaï en effet, ce projet
s'est arrêté un peu de façon naturelle et j'avais pas mal de morceaux en
chantier. Au début je me suis juste dit qu'il fallait que j'enregistre quelques
morceaux et les sortir et puis ça s'est transformé en album qu'on a enregistré
à quatre et que j'ai sorti avec Reverse Tapes (ndlr : label de
Tours).
D’ailleurs
pourquoi as-tu choisi le nom de Bermud ?
BERMUD est un nom qui évoque quelque chose
à n'importe qui. Ça fait écho à la science-fiction, à un lieu qui résonne dans
l'imaginaire de chacun, tout le monde peut associer ce nom à une référence de
l'imaginaire collectif. Et comme m'a dit un pote : ça fait voyager et ça
raccourcit les pantalons.
Toujours
en termes de noms, que signifie Oceans On The Moon, ou plutôt que représente ce
titre ?
C'est en
écrivant les paroles du dernier morceau Ghost
Cryque cette image m'est
venue. Les océans sur la lune existent d'une certaine façon puisque c'est comme
ça que l'on nomme les régions lunaires. J'ai pensé que cette image d'un lieu à
la fois lointain et imaginaire mais aussi bien réel (puisqu'on peut les
apercevoir toutes les nuits) et que l'on pourrait fantasmer comme un refuge ou
en tous cas un lieu vers lequel on pourrait s'échapper correspondait bien
l'album.
Sur Oceans
On The Moon est-ce toi qui a tout composé ? La musique, les lignes de tous
les instrus, les textes ?
J'ai composé
la majeure partie des morceaux de l'album seul, à part un (Wherever it's Brightest) et quelques
lignes qui se sont composées en jouant les morceaux en groupe en vue
d'enregistrer les pré-prods. La compo de cet album a commencé quasi un an avant
l'enregistrement et a continué jusqu'à pendant celui-ci pour le dernier titre (Ghost Cry). C'est ce que je trouve hyper
intéressant avec le fait d'avoir son propre studio (La Cuve), ça offre
la liberté de pouvoir être dans un processus de composition pendant toute les
phases de créations d'un album (même presque jusqu'au mix ....).
D’ailleurs
comment composes-tu un morceau ? Commences-tu par la musique, le texte, en
acoustique…
Daria signe son retour fin 2024 avec Fall Not, cinquième album aussi brillant que ses prédécesseurs. Dans une scène Angevine plus active que jamais (Fragile, Do Not Machine, Limboy, Bermud, Tiny Voices, San Carol...) il est temps de prendre des nouvelles du groupe fondé au début des années 2000.
L’actualité
de Daria c’est votre retour huit ans après avec un nouvel album, Fall Not. Qu’est
ce qui a entraîné cette longue pause ?
La pause est
survenue assez simplement. Après la tournée 2016-2017 pour défendre Impossible
Colours (sorti en 2016), nous ne sommes pas retournés au local de
façon fréquente pour composer de nouvelles chansons… Sans doute que nos vies et
nos obligations à cette période nous ont éloigné de la musique de Daria
et assez simplement, sans le verbaliser, que nous nous sommes mis en pause… Ce
qui a permis à chacun de faire pleins d’autres choses :)
Il y a
eu des changements de line-up entre Impossible Colours et Fall
Not. Le tout premier concerne la batterie, Matgaz n’a fait qu’enregistrer
le précédent album je crois ? Comment s’est fait le retour d’Arnaud ?
Oui c’est
ça. Matgaz avait enregistré Impossible Colours et
fait les premiers concerts qui ont suivi. Puis par manque de temps (il joue
notamment dans Mars Red Sky), il a cédé sa place à Charly
(batteur originaire de Limoges, dans les Bushmen entre autres…) pour
toutes les autres dates. Puis la pause est survenue.
Et le retour
d’Arnaud s’est fait en 2021/2022. D’abord sur le mode « eh les
gars, est ce qu’on n’irait pas jouer quelques morceaux au local ? » puis
de fil en aiguille l’idée a fait son chemin que l’on pourrait jouer de nouveaux
trucs…
Pour
la basse, le changement avec l’arrivée de Pierre-Yves s’est fait durant l’enregistrement ?
J’ai lu que Germain était crédité de 4 morceaux… ?
Oui c’est
ça. Germain avait repris avec nous lors des sollicitations d’Arnaud.
Puis l’aventure a cessé durant l’enregistrement. Nous avons enregistré l’album
en 3 sessions de 3 jours durant 2023 : février, avril et octobre. Germain a
joué sur celles de février et avril. Et par la suite, la vie perso et pro a
fait que cela n’était plus possible pour lui de poursuivre. PY est
arrivé dans la foulée à l’issue de la session d’octobre (c’est Cam qui
s’est chargé, en plus, des basses lors de cette session).
L’artwork
contraste vraiment avec le précédent avec un côté sombre, était-ce volontaire
ce contraste ?
Effectivement,
c’est plus NB que full color comme le précédent. Non ce n’était pas du tout
prémédité. On fonctionne au coup de cœur sur des visuels. Et nous avons tout de
suite flashé sur ce visuel. La peinture de la pochette est le travail d’un
artiste qui s’appelle Kieran Antill.
L’enregistrement
s’est fait par vos soins, Camille notamment, qu’est-ce que cela
change par rapport aux enregistrements précédents en studio ?
Comme on le
disait précédemment, nous avons fait en 3 sessions, mais c’était bien des
sessions en studio. Pour le groupe ce qui était différent c’est que cela
offrait le temps (court quand même) d’une réflexion sur certains sons, certains
arrangements. Pour Cam, ça multipliait les casquettes. Chapeau (sic!) à
lui de l’avoir fait ainsi !
Est-ce
que s’enregistrer n’amène pas une pression supplémentaire par rapport à un
enregistrement avec un producteur du calibre de J. Robbins
Oui dans le
sens où l’on veut être sûr de fournir à celui qui va mixer des pistes
correctes, avec des choix de sons cohérents par rapport à la fois à
l’esthétique de celui qui mixe mais aussi avec ce que l’on va attendre de lui. Cam
n’en est plus à son coup d’essai et nos collaborations avec J. Robbins nous
renforce aussi sur ce terrain-là.
Comment
se passe la création d’un titre chez Daria? Par exemple pouvez-vous expliquer
comment est née une chanson comme Cognac ? Le texte, la musique ?
Assez
classiquement je crois. D’une part, on démarre sur une idée que l’on fait
tourner au local, qu’on étoffe, qu’on travaille. Et si tout se passe bien et
que cela commence à ressembler à un morceau alors Cam commence à
travailler une mélodie de voix. Ou d’autre part, il arrive que certaines idées
soient bien abouties, que le titre soit entièrement composé par l’un de nous.
Par exemple, Cam a écrit Cognac
puis l’a enregistré en mode démo sur son ordi. Tous séduits, on a plus qu’à
apprendre à le jouer au local. Evidemment dans tous les cas, ça laisse la place
aux discussions pour faire évoluer les choses à des moments. Une démo VS
l’énergie/le volume du groupe en vrai ça change parfois les perceptions et fait
évoluer les choses.
L’écriture
d’un morceau varie-t-elle suivant que vous êtes
dans Daria, Lane ou Do Not Machine ? Par exemple si un
riff de guitare vous vient en tête avec quel groupe l’associez-vous ?
Oui
forcément car de loin c’est du rock mais de près ce sont 3 groupes différents
:)
Et de façon
très pratique, Machine utilise un accordage guitare très spécifique donc
y’a pas de question à se poser. Et LANE a existé alors que Daria
ne jouait plus donc finalement pas de question non plus.
Quel
regard portez-vous sur l’évolution de Daria depuis Silencer ?
C’est une
question compliquée car ce n’est jamais simple de regarder dans le rétro. Je
crois que la principale évolution tient dans la manière qu’on a de faire passer
les émotions. Depuis le début la sincérité des émotions est là mais elle ne
s’exprime plus pareille aujourd’hui. À l’époque de Silencer,
c’était beaucoup « tout dans le rouge », à fond les instrus et la
voix. Aujourd’hui, on cherche beaucoup plus la dynamique au sein d’un morceau
ou d’un disque, et ce dans la musique mais aussi dans le chant pour transmettre
ces émotions.
Je ne
vous ai jamais posé la question mais d’où vient le nom Daria à l’origine ?
C’est un
prénom d’origine slave que l’on a toujours beaucoup aimé. Et à l’époque de la
naissance du groupe naissait aussi le dessin animé du même nom que l’on
appréciait.
Petite
question de curiosité pour Camille et Etienne, on vous croise toujours dans les
mêmes groupes, avez-vous et jouez-vous dans d’autres formations, séparés l’un
de l’autre ?
Effectivement
! Par le passé, Cam a joué dans Ride The Arch sans Etienne.
Et Etienne a joué dans Hatebonz sans Cam… mais avec Arnaud
:)
Y’a-t-il
beaucoup de dates de prévues pour soutenir l’album ?
Oui nous
allons essayer de défendre au maximum Fall Not par la
scène. Nous avons annoncé d’ores et déjà une vingtaine de dates jusqu’à l’été…
En France mais aussi en Espagne :)
Merci à Herr Krombacher pour les photos et les vidéos.
J’ai
découvert Bermud sur scène, il y a 3 ans au Héron
Carré à Angers, le groupe faisait la première partie de Tiny Voices et No
Trigger. Et dans l’explosion d’énergie et de saturations punk de la soirée
la jeune formation est venue amener une fraîcheur estivale très poétique.
Quelques mois après sortait son premier album/EP, Chetter Humin
et j’ai vraiment été sensible et réceptif à son grunge shoegaze très planant. BERMUD c’est le projet d’Elliot, jadis dans Jumaï, bien connu
sur Angers, qui écrit et compose tout et pour ce projet il s’est bien entouré
avec d’anciens Wild Fox.
L’année
dernière, on avait eu le droit à un léger aperçu des nouveaux titres lors de la
session unplugged du groupe, un exercice compliqué mais totalement réussi.
J’espère d’ailleurs que cet enregistrement live sortira un jour.
Oceans
on the moon
annonce une série de virages. Tout d’abord Elliot a créé son propre
label We’re not alone music pour pouvoir diffuser sa musique et ça,
c’est un sacré pas en avant (Chetter Hummin était sorti sur le
label tourangeau Reverse Tape). Ensuite, le second est que le son de Bermud a évolué vers quelque chose de plus
complexe et brut malgré le fait que certains morceaux étaient déjà écrits à
l’époque de Chetter Humin.La douceur introductive de Lullaby
semble d’ailleurs un lien entre les deux productions, puis la chanson monte en
puissance avec de gros riffs de guitares et c’est quelque chose d’assez nouveau
je trouve chez le groupe angevin. 6 Miles
rappelle cette délicatesse déjà présente aussi sur le premier opus, le morceau
étire ses mélodies aériennes bien aidé par la très jolie voix d’Elliot.
Et dans le registre des très beaux morceaux Fallen
Moon est certainement le tube de cet album. D’abord par sa rythmique,
puis ses mélodies et ensuite l’appui des chœurs d’Océane qui forment une
belle harmonie. Le refrain est superbe et plein de sensibilité. Les sonorités
et effets amènent une belle atmosphère. J’aime aussi beaucoup Call Out, envoutante et pleine de
vibrations intéressantes. On ne peut qu’être pris aussi dans le tourbillon de Ghost Cry, plus nerveux avec une basse qui
dirige le morceau, des guitares très aériennes et à nouveau ce rapport à la
lune (Stuck in the
darkness of a bad dream like oceans on the moon) après Fallen Moon. Wherever
it’s brightest est à nouveau un morceau très mélodique dont les chœurs
viennent apporter une belle sensibilité.
Striken se révèle le titre le plus énervé, bien plus grunge dans son traitement
avec un défouloir noise sur sa fin rappelant Dinosaur Jr. Il marque
aussi la différence avec le premier opus. Ignorance
mélange encore douceur pop, passages aériens et saturations de guitares, je
suis moins fan de ce morceau ainsi que de Anyway
qui enchaîne, peut-être parce que la recette est très proche mais il pose tout
de même un refrain bien accrocheur.
BERMUD
évolue donc apportant davantage de saturation et d’énergie dans ses nouveaux
morceaux. Mais le côté mélodique, mélancolique même, est toujours très présent
avec un chant d’une belle douceur et d’une belle sensibilité. Une deuxième
production très réussie !
Angevin d’adoption depuis plus de quinze ans, j’ai du mal à percevoir l’aura et la notoriété de Daria en dehors de l’Anjou. Pour les avoir découverts à la sortie de leur premier album Silencer(2006) j’ai pu apprécier leur évolution et leur montée en puissance jusqu’à Impossible Colours dix années plus tard. C’est pour moi un excellent album bien trop méconnu. Le groupe s’est ensuite mis en pause et ses membres se sont consacrés à leur projets annexes : L.A.N.E. et Do Not Machine.
C’est en décembre 2023 que Daria annonce son retour avec un morceau : Water & Sound. Un changement de line-up aussi, Matgaz (MarsRedSky, Epiq, Headcases…) n’est resté que le temps de l’enregistrement d’Impossible Colours et est remplacé par Arnaud qui fait son grand retour. 2024, Daria écrit son cinquième album, Germain à la basse enregistre quatre morceaux puis est remplacé par Pierre-Yves (LesThugs, L.A.N.E.).
Fall Not s’offre dans un très joli écrin, sobre et sombre, en opposition à son prédécesseur très lumineux. L’album a été enregistré directement par le groupe, par Camille précisément, qui s’était déjà chargé des albums de The Flicker, L.A.N.E. et Do Not Machine. Le mixage a été réalisé par J.Robbins (Clutch, Aïna, Jets To Brazil Jawbox…), présent à la production sur les précédents albums.
Et force est de constater que Daria est toujours en forme, Citrus Paradisi nous le prouve assez rapidement avec une rythmique entêtante et des parties mélodiques bien léchées. Le refrain est entraînant comme il faut et on notera la participation de J.Robbins au chant, juste la grande classe ! Keep My Head calme un peu le jeu avec un tempo plus lent mais une intensité plus grande qui prend de l’ampleur tout au long du morceau. Il regorge de passages délicieux comme lorsque Camille répète « We somehow begin, We somehow begin to reflect our paradoxes ».
The Coral wounds impose un refrain accrocheur avec une belle puissance tandis que Cognac se démarque de l’album avec une basse omniprésente, une atmosphère inquiétante créée par ces vagues de guitares, le chant de Camille est posé et ciselé. On pourrait penser à Jesus Lizard, dont le dernier album résonne encore, toujours est-il que ce morceau ne pourra laisser indifférent et se révèle après des dizaines d’écoutes comme CELUI qui ressort de Fall Not.
Mais Daria sait toujours jouer aussi vite comme dans ses jeunes années comme c’est le cas sur A smile an oasis et retrouve ses gammes sur Water & Sand qui aurait pu être présent sur un ancien album.
Minor Majority et the invisible Wandering posent une atmosphère plus lourde et grave, en mid-tempo tandis que Second to none est un morceau qui se révèle d’une grande ampleur que je trouve aussi chargé en émotion sur sa partie centrale. Fictions, si j’ai bien compris n’apparaîtra que sur le cd, un titre emmené par la basse de Pierre Yves, qui sonne à perfection.
De retour après une longue pause Daria nous offre un album riche et intense, enregistré par leurs soins c’est une nouvelle belle démonstration de leur talent. Je parlais d’aura en début de chronique, j’espère qu’elle explosera encore plus tant cet album et ce groupe mérite une grosse reconnaissance.
Petite vidéo de MODEL qui vient clôturer l'histoire du premier EP de FRAGILE. La session live a été tournée au Vélodrome d'Angers, le même que sur la pochette et là-même où a été tournée le premier clip.
Après douze années d'attente arrive enfin ce 21ème numéro des Rêveries. Je ne peux qu'être admiratif des confrères qui arrivent à sortir régulièrement des zines. Le travail est long et parfois fastidieux mais amène du plaisir à son final.
J'espère qu'à travers ce nouveau numéro vous pourrez découvrir des artistes qui m'ont marqué et influencé cette année.
La version papier est en cours d'impression et devrait arriver début septembre, limitée à une cinquantaine d'exemplaires, les trente premiers seront accompagnés de la compilation
.
Il sera disponible sur Angers gratuitement (ou contre une bière) et mise dans des points relais (Jokers Pub, Exit Music, Homewax, Le chabada...).
Disponible par correspondance moyennant frais de port (autour de 5€) en m'envoyant un mail à :
Après deux
EP prometteurs, PENICHE, le pêchu trio basé sur Angers, se lance dans la grande aventure du LP
avec le bien nommé "Triplé". Toujours fidèle à sa
formule 100% instrumentale, PENICHE mélange à merveille math-rock, post-rock ou encore envolées noise.
Embarquer avec PENICHE ce n'est clairement pas s'adonner au slow tourisme fluvial. Bien au
contraire, les trois compères foncent souvent à la vitesse d'un hors-bord et
livrent une musique tonique à l'énergie communicative, comme en atteste la
petite bombe qui ouvre l'album "Treize à
la Douzaine". Batterie infatigable, riffs bien tranchants,
changements de rythme en pagaille, ce titre constitue une entrée en matière
tonitruante. "Nono168" calme un peu le jeu avec sa
délicieuse intro à la basse. Avec ses guitares mélodieuses et sa structure
complexe, ce morceau évoque le math-rock lumineux de TOTORRO. PENICHE remet un coup d'accélérateur sur
l'entame saturée de "CoolossCooloss". Un titre
d'obédience post-rock flirtant avec les 5 minutes qui voit alterner avec
réussite des sonorités plus noisy et des passages plus délicats dominés par la
basse musclée de Léa.
"K10" laisse chaque
instrument prendre progressivement sa place : des percussions inspirées aux
guitares harmonieuses en passant par la basse. Puis, la tension se fait sentir
jusqu'au puissant final qui monte clairement dans les décibels. L'absence de chant
ne lasse jamais et ce n'est pas "Grotsunami"
qui prouvera le contraire. Assez dansant avec sa basse groovy et sa batterie
infernale, ce titre jalonné de saccades soniques évoque notamment les
excellents LAJUNGLE. Après une telle débauche d'énergie, PENICHE calme le jeu et offre une
respiration avec "QLF"
qui s'inscrit dans une veine post-rock sans les longueurs inhérentes au style.
Le trio brouille ensuite les pistes avec le schizophrène "GuérandeBZH",
morceau aux changements de tempo aussi inattendus qu'efficaces. Une sorte de
titre "2 en 1",
alternant passages dynamiques et moments plus contemplatifs. Après la
presqu'Ile guérandaise, cap sur le Choletais avec "Ribou". Porté par une rythmique très
post-punk, ce titre se fait progressivement plus tendu grâce notamment à la
guitare incisive de Lucas.
Après l'expéditif "LaPéniche", le voyage avec PENICHE touche à sa fin sur "LaVareuse",
imparable pépite post-rock de 6 minutes aux ambiances contrastées.
Avec
"Triplé "PENICHE passe haut la main le cap du premier album et prouve
que le rock instrumental a encore de beaux jours devant lui. A découvrir
d'urgence sur scène !
Heart
Beat Nation,
premier album de Do Not Machine, était sorti dans l’anonymat du COVID, simple sortie
physique avec peu ou pas de concerts pour l’appuyer. Pourtant derrière ce
groupe il y a des musiciens chevronnés, fine fleur de la scène angevine : Alex à la basse (Zenzile, Glass), Ben à la guitare et au chant (Last Time Vodoo), les frères Etienne et Camille à la guitare et batterie (Daria, L.A.N.E.). Sorte de super groupe local qui
sort son deuxième album dans un timing bien choisi juste après l’arrêt de Lane et juste avant le prochain album de DARIA.
Do Not Machine pourrait se définir par un son lourd, saturé, avec un mur de
guitares fuzz et une basse omniprésente, d’ailleurs le morceau qui ouvre Celebrations
of the end, Feather,
appuie fort sur cet aspect avec un joli sens des mélodies. Mais les angevins
savent aussi accélérer le rythme notamment sur The
Second Take, morceau dévoilé quelques semaines avant la sortie
de l’album sous forme de vidéo. Il se veut résolument très 90’s alternant
énergie et passages plus aériens. Vient ensuite Insomnia
qui marque une sorte de passage dans ces 9 titres. Il amène une atmosphère
justement plus aérienne, avec un son toujours aussi lourd mais des mélodies
plus posées, le tout rythmé par une basse, une nouvelle fois omniprésente. Dès
lors, Do
Not Machine
développe son style sur le très beau Constellation,
qui se révèle une très belle synthèse de l’album, puis sur l’instrumental Portrait.
On ressent
des sonorités rappelant ici RivalSchools ou Quicksand (Glass
Kingdom) voire même certains morceaux très aériens des Deftones (A New
Love Ends ou A shelter)
tout en conservant sa patte mélodique et son fuzz caractéristique.
On notera
que CelebrationsOfTheEnd, comme son prédécesseur, a été enregistré par Camille Belin, le batteur, puis mixé par J.Robbins de Jawbox. Cet album est aussi sorti par Twenty Something, sous-division de NineteenSomething, label de FranckFrejnik (Rock Sound, SlowDeath…), EricSourice (Les Thugs, Lane) et SilvèreVincent (Les tambours du Bronx, Abus
dangereux..).
Ici on
espère que cet album permettra au groupe de tourner enfin et d’avoir la
renommée qu’il mérite. C’est en tout cas un superbe album et l’une des sorties
marquantes de ce début 2024.
PeteByrd est un artiste angevin qui sort du
registre habituel des Rêveries. Ici, pas de guitares saturées ni de chant hurlé
et encore moins de rythme effréné à la batterie. Be est son premier album après
avoir sorti en 2021 un EP intitulé See You Smile. PeteByrd jouait auparavant dans AngryBeards et Appleblossom, il est accompagné par trois musiciens sur scène.
Pour le
rapprocher d’artistes qui me sont plus familiers je dirais que sur Be, le premier morceau, on retrouve un peu
le style de GregGraffin sur son dernier album solo à savoir
une folk fortement colorée par la culture américaine avec notamment des
sonorités country et dès lors on peut parler du style americana. Il apporte
aussi un joli côté mélodique et l’atmosphère rappelle aussi le film Into The Wild de Sean Penn avec la superbe
BO d’Eddie
Vedder. Sur DarkTimes l’apparition d’un banjo accentue ce
côté country voire même cajun comme si la Loire avait troqué sa douceur pour la
grandeur du Mississipi. PeteByrd s’échappe aussi vers des choses plus
pop comme sur Toolong
qui propose des belles mélodies sur son refrain. J’aime beaucoup la douce Good Friends avec un superbe chant très
bien accompagné par des chœurs qui créent une belle harmonie. D’ailleurs la
voix du bassiste, très basse, est juste superbe sur Deep
ThroughThe Woods.
Il y a aussi
un côté très intimiste qui se dégage d’un morceau comme cheeky
birds et qui se révèle
être une belle introduction au diptyque final. Dans un premier temps Hummingbirds, se révèle être une chanson douce
qui fait une belle démonstration de chant mais qui monte en intensité tout du
long pour se terminer de façon magnifique accompagnée par une trompette. Dans
un second temps il y a une grande mélancolie qui ressort de The Man You Loved, qui conclut l’album
juste en chant et guitare, un titre dédié à sa chère et tendre. Ces deux
morceaux alignés forment un superbe final pour ce premier album.
Be est donc un très bon album de folk
et Pete Byrd est très bon artiste qui mériterait d’être davantage médiatisé. Peut-être
lui manque-t-il un background rock ? Toujours est-il que je vous conseille
l’écoute de son premier album.
La douceur angevine semble propice à l’inspiration musicale,
ces derniers mois les sorties d’albums s’y sont succédées (Fragile, Tiny
Voices, Bermud, Lane, Beastly…). C’est aujourd’hui le tour de Do Not Machine de
nous présenter son deuxième opus qui sort cette-fois-ci dans un contexte bien
meilleur avec une belle release partie au Chabada.
On s’était rencontrés à la sortie de Heart
beat nation, en 2020 en plein COVID, avez-vous réussi tout de même à
défendre l’album sur scène ?
C’est exact. Le premier album est
sorti en nov. 2020 pendant le second confinement. L’année 2021 a ensuite été
marquée par nos doutes, comment défendre ce premier disque et comment rebondir.
Du coup, on a peu joué pour ce premier disque au profit de temps passé à
composer notre second disque.
Pour celui-ci, il commence à y avoir quelques dates et
notamment une à Paris avec La Faiblesse, est-ce important pour vous de
retrouver la scène ?
Evidemment. C’est par la scène qu’une musique comme celle que l’on joue
prend une part importante de son sens. Les concerts, les rencontres, les heures
de camion, etc… ça fait aussi parti du délire et ça nous fait du bien de faire
cela avec Do not machine.
Quel a été votre processus de composition pour ce
deuxième album ? êtes-vous partis dans la continuité du précédent ou
avez-vous composé différemment ?
La réponse ne sera pas très originale :) Comme beaucoup de groupes, chacun
arrive au local avec une idée, un riff, une mélodie de chant, et ensemble on
fait tourner, on construit, on étoffe jusqu’à être tous satisfaits du rendu. On
avait fait comme ça pour le premier, on a fait comme ça pour ce second disque…
Et l’on fait comme ça avec tous nos autres projets aussi:)
Sur les premières écoutes j’ai l’impression que,
notamment sur sa deuxième partie, Celebrations of the end sonne
davantage aérien et post-punk que Heart beat nation, est-ce juste
une sensation ?
Tout à fait d’accord avec toi. Sans que cela soit quelque chose que l’on se
soit imposé, on a sans doute inconsciemment écouté nos envies lors de la
composition, et ça tendait parfois vers des parties plus aériennes, plus
ambiantes comme tu le décris.
Vous êtes partis sur le même principe d’enregistrement
que pour le précédent, à savoir enregistré par Camille et mixé
ensuite par J.Robbins. D’ailleurs où et comment l’avez-vous
enregistré ?
C’est ça. On l’a fait en plusieurs sessions. D’abord le basse-batterie en
studio. Puis quelques temps plus tard, en plusieurs fois encore, les guitares
dans le local de répétition. Et enfin les voix, là aussi dans le local. Le tout
piloté par Cam avant qu’on envoie à J. Robbins, à qui l’on fait
confiance depuis longtemps maintenant pour mixer une musique comme la nôtre.
Pouvez-vous nous éclairer sur le nom de ce nouvel
album ?
C’est une ligne d’un des morceaux, sur « a
new love ends». A la
réflexion, ça faisait écho à la période que l’on avait vécu avec tout ce bazar
covid… Et la sensation d’un renouveau.
Qu’abordez-vous comme sujets dans vos textes ?
Les messages sont divers et variés : constat mélancolique du monde mais
aussi des échos ou des réflexions sur des choses vues ou vécues.
Comment s’est fait le choix de l’artwork ?
Avec des gens de confiance… Les mêmes artistes (Julie Cice et Pascal
Darosa) que pour le visuel du premier. On y voit même un lien assez direct,
dans la continuité.
Avec deux albums au compteur désormais, comment se
fait votre choix des titres pour les concerts ? Y a-t-il des morceaux que
vous écartez très rapidement car plus difficiles à jouer ?
On choisit surtout ceux qui nous plaisent, sans trop réfléchir. Ensuite on
voit si on s’en sort pour les interpréter. Et si ça colle, alors on les inscrit
sur la setlist :)
Qu’en est-il de vos groupes respectifs ? Last Time
Vodoo ? Zenzile ? Il me semble que le nouvel album de Daria ne
devrait pas tarder ?
Zenzile s’apprête à fêter ses 30 ans en
2025… Ça va être énorme !! Et Daria s’apprête à sortir son 5ème album à
la rentrée 2024.