dimanche 30 avril 2023

QUENTIN SAUVÉ – Enjoy The View

 


QUENTIN SAUVÉ – Enjoy The View

Hummus Records / Luik / Bright colors

 

Alors même que le dernier opus de Birds In Row (Gris Klein) chauffe encore toutes les platines et que les concerts s’enchaînent, Quentin Sauvé, bassiste du trio Lavallois, sort son second album avec donc une actualité brûlante.

 

Ici, on change complètement de style au point de dérouter ceux qui s’attendent à de la distorsion à fusion, car Quentin poursuit sur la lignée de Whatever it takes, son premier album solo. On parle ici de folk sobre et raffinée que j’aime bien appeler Folk pour Coreux (expression empruntée au Forsaken Shadow). C’est d’ailleurs marrant de voir qu’il joue souvent en première partie de groupes qui tabassent que ce soit Birds In Row mais aussi Brutus pour qui il a ouvert sur toute la tournée ou encore Tiny Voices dont il a fait la release party à Angers.

 

Sur des mélodies très mélancoliques s’ouvre Reflections, le morceau se veut intimiste et, de la même manière, Enjoy The View prend le temps d’amener son univers emplein de nostalgie. Un sentiment qui ressort de façon probante de ce deuxième album. Les textes et les morceaux font preuve d’une grande sincérité et l’émotion transpire à travers les mots. Je trouve que See you soon amène de l’espoir malgré un thème triste (le décès de sa grand-mère). Le texte est très beau et très touchant, il est bien appuyé par des vagues entêtantes. De la même manière Horizon aborde la façon dont Quentin a vécu le confinement le tout appuyé par une petite rythmique omniprésente.

 

Autre texte intimiste avec Punches dont le chant et les mélodies me rappellent un peu l’univers de Mohawk. La douceur s’empare de Nostalgia, un titre joué au piano avec une voix d’une justesse terrible dessus, mon seul regret est qu’il soit trop court.

Alors que l’ensemble de l’album semble porté par une sorte de gravité mélancolique, Tunnel affiche davantage de lumière et de clarté à l’album. Puis tout se termine de manière magistrale avec Random Streets, un morceau sur le dilemme des musiciens de ne jamais être chez soi quand ils tournent et de vouloir être sur la route quand ils sont chez eux. 7 minutes 30 d’une intensité prenante.

 

L’album a été enregistré en dehors du studio Apiary et plus exactement au Black Box Studio par Etienne Clauzel et son frère, Amaury Sauvé, sur bande, à l’ancienne si l’on puit dire. Cela amène une atmosphère plus chaleureuse au son.

 

 

 

Enjoy The View est donc un superbe album d’un artiste accompli qui maîtrise totalement et sa voix et sait faire passer ses émotions.

Posé et triste, Quentin s’y exprime comme il ne le fait avec Birds In Row. Un grand artiste.

J. NeWSovski

 

 

 

https://quentinsauve.bandcamp.com/album/enjoy-the-view

https://quentinsauve.com/



mercredi 26 avril 2023

EVIL DROP – S/t

 


EVIL DROP – S/t

Autoproduction

 

Niort est une ville souvent charriée et, pour y avoir vécu quelques années étudiantes il y a un paquet d’années, je dois avouer que les lieux pour jouer étaient rares et l’engouement pour le rock peu développé. Mais les années passent, les groupes se forment, les lieux apparaissent. Et parmi ces groupes il y a Evil Drop, découvert l’année dernière à travers leur premier EP. Ce duo sympathique et surtout atypique évolue en formation Basse / Batterie. Le groupe a pas mal tourné et est même passé à La Muette (clin d’œil à Vinzcore) et peut-être qui sait une Evil Drop Triple IPA verra peut-être le jour, quelque chose d’un peu lourd qui accroche bien à l’image de leur musique.

 

Ce premier album est composé de 8 titres avec la particularité d’avoir quelques morceaux chantés en français comme Viens Ici ou Crève que l’on a pu voir en avance sous forme de clip vidéo, et globalement ça passe plutôt bien. Mais la formule de l’année dernière reste globalement la même avec une grosse basse avec distorsion et un chant lourd, derrière la batterie tape fort, cela donne des sonorités parfois proches du stoner (Stoned) ou davantage punkrock (crève).

Le groupe dégage une belle énergie comme sur Corporate et sait créer des morceaux entêtants comme Come With Us qui fera son petit effet en concert. J’aime aussi beaucoup I Swear, plus lent mais qui dégage une belle intensité et monte en pression tout du long.

 

Je reprocherais cependant le côté un peu répétitif dû au son de la basse et le chant qui malgré le changement de langue reste assez linéaire d’un morceau à l’autre. Le son est globalement un poil faiblard mais il est important de rappeler que le duo a tout fait lui-même.

 

Evil Drop Confirme donc son potentiel avec ce premier album, un groupe atypique qui mérite qu’on le suive de près.

 

 

 

J. NeWSovski

 

 

 

 

https://evildrop.bandcamp.com/album/evil-drop

https://www.facebook.com/evildrop/




dimanche 23 avril 2023

NO WATER PLEASE – Ska goes Brass

 


NO WATER PLEASE – Ska goes Brass

No Watt / NDE

 

J’avoue que l’on sort du registre des Rêveries en chroniquant cet album parce que No Water Please est une fanfare de sept zikos bien déjantés.

 

En fouillant un peu, je suis tombé sur le précédent opus (Punk goes Brass) qui reprenait des classiques punk (Clash, Ramones, Sex Pistols, Dead Kennedys, Ruts…) en version fanfare ; ce nouvel LP suit la même trajectoire en reprenant de la même manière quelques classiques Ska voire même reggae (The harder they come de Jimmy Cliff).

 

Mon engouement pour les brass bands s’est arrêté à Mardi Gras BB, superbe groupe, très bon en concert, mais je dois avouer qu’il me titillait d’entendre ce que ça pouvait donner. Et il y a des morceaux qui sonnent plutôt bien avec cette accumulation de cuivres, je pense notamment au morceau A message to you Rudy joué à l’origine par Dandy Livingstone mais que les Specials ont bien mis en avant. Guns Of Navarone ressort aussi du lot, un morceau joué à l’origine par les Skatalites et bien sûr l’ambiance monte d’un ton avec LE morceau de Madness : Our House. Le chant qui intervient sur certains morceaux, notamment Rat Race (des Specials), amène un peu de variété bienvenue à l’ensemble…

 

Au passage No Water Please est un groupe de Paris qui tourne depuis plus de 15 ans, qui a sorti 7 albums en comptant celui-ci et semble animé par une bonne humeur communicative et un esprit bien fun.

 

Si sur album l’écoute entière de l’album est un peu longue pour moi je pense qu’en concert avec un bon jeu de scène le groupe doit être intéressant à voir.

 

 

J. NeWSovski

 

 

https://nowaterplease.bandcamp.com/album/ska-goes-brass

http://www.nowaterplease.fr/

https://www.facebook.com/nowaterplease



mardi 18 avril 2023

BURNING BIRDS – Where we belong

 


BURNING BIRDS – Where we belong

Black Mountains records

 

C’est de Strasbourg qu’arrive le premier album de Burning Birds. Le trio alsacien a déjà sorti un EP en 2020 (Take a ride) et voulait que ce premier opus soit réalisé sur ses terres, c’est donc au studio Kawati qu’ils ont enregistré, dans le lieu où ils répètent. Le mastering, lui, a été fait par Stephen Marcussen, qui a déjà bossé par le passé avec les Foo Fighters et Queen Of The Stone Age.

Burning Birds joue du gros rock qui s’approche autant du stoner que du grunge, d’ailleurs Dirty Town, après une intro façon Audioslave, se mute pour trouver des faux airs du groupe de Josh Homme, que ce soit sur les sons de guitare ou certains passages chantés. Certes l’originalité n’est pas vraiment de mise mais c’est plutôt bien fait. L’influence se ressent aussi sur Brother même si le filtre sur la voix amène une singularité intéressante. Le chant aborde une touche plus personnelle sur It flows in my vein avec des variations intéressantes.

 

Already Done sonne comme une balade grunge avant que I walk with the devil enflamme la fin de l’album avec un rock’n’roll déchaîné et racé sur près de 8 minutes.

 

Difficile d’être original surtout sur un premier album, Burning Birds fait le boulot proprement avec un premier album de bonne facture.

 

 

J. NeWSovski

 

https://burningbirds.bandcamp.com/album/where-we-belong

https://www.facebook.com/BurningBirdsMusic

 


vendredi 14 avril 2023

THE BOUNCING SOULS – Ten Stories High

 


THE BOUNCING SOULS – Ten Stories High

Pure Noise Records

 

Quelle belle carrière pour le groupe du New Jersey formé en 1989 qui sort ici son 12ème album. Un groupe qui dure, qui a très peu changé de line-up et qui reste fidèle à sa ligne de conduite.

 

Ce nouvel album est un peu spécial car il a été écrit à l’issu du confinement et en lien direct avec les fans à travers une plateforme numérique. Ces derniers ont pu leur proposer des sujets à aborder ou bien leur raconter leurs expériences avec le groupe.

Aussi on retrouve des morceaux assez émouvants comme Vin and Casey qui raconte l’histoire d’un fan qui a emmené deux amis à un concert de Bouncing Souls qu’ils ont découvert ainsi, peu de temps après ils sont décédés, et depuis leur pote retourne chaque année voir le groupe pour garder la connexion avec eux. Kevin Second apparaît sur le morceau en featuring, cela faisait d’ailleurs longtemps qu’on n’avait pas entendu parler de lui.

 

 

Ten stories high qui ouvre l’album et lui offre son nom, illustre parfaitement le style Bouncing Souls avec beaucoup de mélodies, un rythme rapide et le chant vraiment singulier de Greg Attonito qui monte haut. Même si le groupe a ralenti le rythme depuis quelques années il est toujours capable d’envoyer des morceaux rythmés comme Back to better au refrain diaboliquement accrocheur. La nostalgie touche Attonito sur True Believers Radio où il revient sur ses jeunes années et son envie d’appartenir à un groupe.

To Be Human pourrait être le titre fort de l’album avec des faux airs des Ramones, le morceau pose de superbes mélodies, qui sont le point fort du groupe. La démonstration se poursuit sur Andy and Jackie un morceau très pop.

 

 

Ce nouvel album de Bouncing Souls n’est pas leur meilleur, il n’approche pas ce que le groupe a pu jouer à la fin des années 90 mais il possède son charme tout de même avec des morceaux souvent très mélodiques faits directement pour les fans. Je lui reproche juste l’absence d’un pou deux titres forts et de davantage d’énergie, mais bon…

 

J. NeWSovski

 

 

 

https://www.bouncingsouls.com/

https://www.facebook.com/bouncingsouls/

 https://thebouncingsouls.bandcamp.com/album/ten-stories-high



lundi 10 avril 2023

tRuckks - Funambule Carnage

 


tRuckks - "Funambule Carnage"


 La sortie d'un nouvel album du furieux quatuor tRuckks devrait nous mettre en joie tant leur mélange de noise rock / métal / math-rock / post-rock a fait des prouesses depuis leur début en 2015. Hélas, cette édition, uniquement au format numérique, marque la fin de l'aventure pour le groupe de Vesoul. Après 8 années riches en expériences et un dernier concert donné sur leurs terres, tRuckks a décidé de se séparer et se consacrer à d'autres projets. Et nous laisse en guise d'au revoir un magnifique dernier album nommé poétiquement "Funambule Carnage". tRuckks symbolisera la fulgurance et la précocité. Pour rappel, les quatre fougueux n'étaient que des adolescents de 14 ans quand ils ont monté ce groupe de noise-rock chanté en français. Car le choix de jouer une musique inspirée par des groupes anglo-saxons dans la langue de Molière a fait toute la singularité du groupe. Sans parler de la palette vocale de Leny dont la voix grave et changeante a impressionné dès les débuts. 


On retrouve d'emblée ce chant guttural sur l'inaugural "Brûler" décrivant une ambiance de fin de monde. La puissance de feu de tRuckks est intacte dès ce premier titre truffé de changements de rythme. Le quatuor accélère encore la cadence sur "Poli", véritable petite bombe punk à l'énergie débordante. Un titre expéditif (1min30) au refrain accrocheur, à siffler sous la douche. tRuckks renoue avec des structures plus complexes sur le morceau éponyme "Funambule Carnage". Soutenu par une basse bondissante, "Funambule Carnage" commence presque gentiment. Mais rapidement, les riffs se font plus lourds et le chant plus agressif. Après un pont faisant la part belle aux sons dissonants et aux ambiance tribales, le titre renoue avec un son plus lourd et énergique. Au passage, notons que cet album a le chic pour faire écho à l'actualité brulante. Peut-être n'était-ce pas le but mais on ne peut s'empêcher de penser au chaos urbain des dernières semaines (ça détonne, ça klaxonne", "les ordures qui s'entassent") ou encore à notre président monarque ("Regardez-moi, je suis là-haut, et malgré moi, je suis le roi"). Plus post-rock "Ne plus croire aux arbres" peut faire penser à TOTORRO. L'intensité y est grandissante et se clôture finalement, et c'est l'art du contre-pied de tRuckks, sur un gros riff tranchant. tRuckks renoue avec l'urgence sur "Banzai" sans perdre pour autant son goût pour les saccades. "Mystère" et ses 6 minutes montre un autre versant du quatuor. Un titre très expérimental et sonique marqué par les questions existentielles de Leny dont le chant plaintif et flippant nous scotche. Difficile d'embrayer après un morceau si riche et intense, mais tRuckks a de la ressource. Et montre sur "Encore la même" sa capacité à changer de direction passant du punk-rock au métal en passant par le krautrock en moins de 4 minutes. Après une telle débauche d'énergie, il fallait bien une petite respiration acoustique "Crépuscule" histoire de recharger les batteries et repartir pied au plancher. "Magnifique Journée" mélange avec réussite breaks et lourdeur. Et manie également l'ironie car si le ciel est dégagé, les vautours rodent. Du 100% tRuckks dans le texte et le son. Cet ultime album se conclut par une longue pièce de 7 minutes "Delirium" qui met en exergue toute la palette musicale du groupe de Vesoul. Après un début à la JEAN JEAN, une première rupture noisy s'opère. Après un bref retour au calme, "Delirium" monte de nouveau en puissance, se faisant plus bruyant. Mais le quatuor nous réserve une dernière surprise. Le déluge sonore et les larsens laissent finalement place à Gilles Deleuze et ses questionnements sur l'acte de création. Un final remarquable pour un album qu'il l'est de bout en bout.

 

 "Funambule Carnage", qui aurait mérité une distribution physique, restera une référence de noise-rock en français. Même s'il est regrettable en tout cas que le groupe n'ait pas bénéficier d'un plus grand soutien populaire, tRuckks aura marqué les esprits. Et si leurs performances scéniques nous manqueront, nous nous consolerons à l'écoute de leurs deux albums et de leur premier EP. 

 

Mr Caribou

 

Meilleur titre :                   Mystère

 

https://truckks1.bandcamp.com/album/funambule-carnage



mercredi 5 avril 2023

FANZINAT de Laure Bessi, Guillaume Gwardeath et Philippe Putaud

 


FANZINAT  de Laure Bessi, Guillaume Gwardeath et Philippe Putaud

Metro Beach

 

Guillaume Gwardeath est un personnage incontournable de notre scène punkrock nationale, on l’a entendu en tant que musicien (Déjà Mort, Donald Washington) mais c’est surtout en tant que rédacteur et chroniqueur qu’on le connait, ouvrez vos vieux Kerozene, Abus Dangereux, Rock Sound, ce serait surprenant de ne pas y croiser sa plume. On lui doit aussi très récemment la biographie des Burning Heads en collaboration avec Nasty Samy.

 

Il vient tout juste de réaliser Fanzinat (avec Laure Bessi et Philippe Putaud), un reportage sur la culture des fanzines. J’ai eu la chance de le visionner et il est loin de m’avoir laissé indifférent. Les Rêveries étant à l’origine un fanzine (20 numéros, le 21ème arrivera un jour, oh oui un jour !) ce documentaire m’a replongé dans l’époque où je passais moi aussi beaucoup de temps entre word et la photocopieuse du lycée.

 

Tout d’abord Fanzinat ne s’attache pas qu’aux fanzines musicaux, bien au contraire il vient aborder ceux liés au cinéma, à l’art, aux bds, graffzine, tatouages, foot... C’est une très bonne chose car il met en avant toute la scène underground au sens large et le mouvement DIY.

 

On parle donc d’une culture alternative, de la façon dont sont écrits les zines puis photocopiés et diffusés. Le tout est ponctué d’une foule d’invités et de témoignages et on peut citer Frank Frejnik, Pakito Bolino, Thomas VDB, Violette (eau de Javel), Gwardeath, Delphine Bucher, Bursty 2 Brazza

Il se dégage un vrai côté nostalgique, le genre qui te donne directement envie de ressortir tes feuilles A4, tes stylos, tes ciseaux…

 

A travers le reportage on sent l’esprit fanzine et cette liberté de ton, cette liberté d’esprit si caractéristique.

 

Un joli reportage, bien fait, bien documenté et donc vivement conseillé !

 

 

J. NeWSovski

 

Disponible en VOD ou en DVD

 

https://fanzinat.fr/