PUNK PARADOX de Greg Graffin
Kicking Records
Bad Religion est l’un des groupes les plus influents dans
l’histoire du punk-rock. Sortie il y a quelques années, leur biographie,
intitulée Do What You Want, permettait de connaître la
création du groupe, ses hauts et ses bas, et de comprendre dans quel contexte
chaque album a été créé. Un superbe ouvrage, très riche et bien documenté.
Cette année Kicking Records a encore eu
l’excellente idée de traduire l’autobiographie de Greg Graffin, chanteur
et leader du groupe américain.
Graffin n’est pas un personnage simple car le récit oscille
entre sa vie de famille, son groupe et ses études universitaires. C’est le
point important du livre, de comprendre la dualité entre le musicien et le
scientifique. Il est important de rappeler qu’il est titulaire d’un doctorat en
zoologie et paléontologie de l’évolution et qu’il a aussi fait une thèse sur la
religion et l’évolution. Dans Punk Paradox il a à cœur de
développer certains concepts et d’expliquer comment il pu mener de front ses
deux passions devenues au fur et à mesure des années, ses activités. Il fait de
nombreux parallèles entre ses deux carrières, parlant régulièrement de la Graffin
University, un nom pour représenter l’école de la vie, qui lui a permis
d’être autodidacte dans son groupe et de l’autre côté être épaulé par ses
formateurs en sciences.
Mais ce livre est surtout une nouvelle plongée
fascinante dans l’évolution du punk-rock de puis le début des années 80 jusqu’à
maintenant. J’avais tout de même quelques craintes de répétitions mais les deux
livres se complètent parfaitement. Graffin comble de nombreuses zones
d’ombre sur la carrière de Bad Religion. Notamment un point très
important et crucial dans la carrière du groupe : le passage sur Atlantic
Records en 1994. En pleine montée de la seconde vague punk, alors que Brett
Gurewitz explose avec son label Epitaph, le groupe signe sur une
major. Considéré comme une trahison par les fans le groupe sortira quatre
albums dont Stranger Than Fiction qui verra Mr Brett
quitter le groupe après son enregistrement. Il aborde aussi la nouvelle
génération de groupes, le côté léger et superficiel des paroles, loin de
l’esprit punk des débuts. J’aime son regard sur la première vague punk du début
des années 80 et son déclin. J’aime ses détails comme le fait d’évaluer le côté
sain de la scène à la présence rare des filles qui met en avant le côté fermé
et violent de certains groupes et fans. J’aime les anecdotes sur les autres
groupes, évidemment il revient inlassablement vers Circle Jerks mais je
suis encore très surpris de ne voir aucune mention vers les Descendents
et Milo Aukerman, californien aussi, actif entre 78 et 84 et aussi
titulaire d’un doctorat en sciences.
Greg Graffin aborde aussi des sujets douloureux comme le
divorce de ses parents, son déménagement à Los Angeles puis plus tard la
difficulté de la vie de famille alors qu’il passe des mois sur la route puis
son divorce.
Un livre à lire, à dévorer même, bien aidé par une
traduction précise de Révérend Seb d’Hateful Monday. Ceux qui ont été
adolescents dans les années 80-90 se sentiront évidemment très concernés mais
il est tout important et passionnant de comprendre la complexité de la vie et
l’explosion médiatique et commerciale du groupe.
« On peut dire qu’aucun d’entre nous ne savait ce
qu’était le punk, même à l’époque où nous étions si sûrs de l’incarner »
« La vie m’a appris son caractère
inéluctable ; il faut accepter certaines réalités âpres et sévères, et
utiliser son intelligence pour s’adapter et continuer d’apprendre. »
J. NeWSovski
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