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samedi 15 novembre 2025

FIRST DRAFT – An Instant Before The Promise Of Dawn

 


FIRST DRAFT – An Instant Before The Promise Of Dawn

Vlad Productions

 

First Draft reste, à mes yeux, l’une des révélations scéniques les plus excitantes de ces dernières années. Alors autant dire tout de suite que j’avais beaucoup d’attentes avant la sortie de leur premier album An Instant Before The Promise Of Dawn. Elles sont non seulement comblées, mais c’est à un album rare que je suis confronté.

Car cet album est une réussite totale. Le groupe y applique la même recette que sur ses précédentes productions, mais avec une maturité et une audace qui renforcent encore leur identité. Oui, on pensera à Brutus – comment ne pas faire le lien, quand les deux groupes partagent une batteuse-chanteuse et une énergie post-rock aussi communicative ? Pourtant, First Draft opère en duo basse/batterie, et c’est là que réside la magie : on jurerait entendre un quatuor, voire un quintet, tant leur musique est riche et dense. Sur scène, c’est la même déflagration que sur disque. Une performance tout simplement, difficile à réaliser. Clément, avec ses pédales d’effets et ses delays, tel un magicien, fait sonner sa basse comme une basse mais aussi une guitare. Marine, derrière sa batterie, alterne entre mélodies envoûtantes et cris déchirants, sans jamais sacrifier la précision. Ce qui donne une intensité rare, une émotion à l’état brut.

An Instant Before… est un album profondément ancré dans le post-rock, et chaque morceau est une pépite. Satellites In Your Sway s’élance avec une puissance immédiate, avant de s’élever vers des hauteurs aériennes. A Tyrant’s Heaven, d’une énergie implacable, impose un groove hypnotique. Et puis il y a Agnostalgic : si le titre évoque par moments l’univers de Brutus, First Draft y appose sa griffe avec des riffs de basse envoûtants et une rythmique viscérale, purement addictive. Mais c’est Paralysis Kingdom qui m’a vraiment transpercé – un titre phare où la mélancolie et la douleur du chant de Marine se mêlent à des mélodies d’une puissance folle. Et le plus impressionnant ? En sept morceaux et 38 minutes, pas une seconde de faiblesse. Une homogénéité parfaite, une cohérence qui force l’admiration.

Je ne peux pas parler de cet album sans évoquer son artwork, marqué par un rouge profond (après le bleu de l’EP précédent), signé Lohengrin Papadato. Une continuité visuelle qui épouse à merveille l’univers sonore du groupe. Quant à la production, confiée à Benoît Roux au Studio Drudenhaus, elle est tout simplement irréprochable.

An Instant Before The Promise Of Dawn est bien plus qu’un premier album : c’est une réussite magnifique. Sans fioritures, sans démonstrations techniques inutiles, First Draft y déploie une efficacité brute et une beauté envoûtante. Pour moi, c’est tout simplement l’une des plus belles sorties françaises de cette année, un coup de cœur absolu, une confirmation éclatante que ce duo, au début de sa carrière, a tellement de choses à nous offrir.

 

J. NeWSovski

 

 

https://firstdraft.bandcamp.com/album/an-instant-before-the-promise-of-dawn

https://firstdraftmusic.com/

https://www.facebook.com/wearefirstdraft



mardi 11 novembre 2025

SPLIT – Violence Breeds Violence

 


SPLIT – Violence Breeds Violence

Incisive Records / Dispear Records

 

Mené par Marvin, ex-membre de Structures, SPLIT est un nouveau groupe rouennais qui frappe fort dès son premier album. En sept titres et seulement 18 minutes, le quintet impose un son aussi dense que difficilement classable, mélangeant punk, New York hardcore, crust et riffs trash avec une urgence qui ne laisse personne indifférent. Ici, la basse domine, lourde et oppressante, tandis que les guitares et la batterie tissent un climat où la tension est permanente.

Dès Cowards après une lente montée en tension, on sent beaucoup de puissance puis un déferlement de sons. Et c’est en lisant son interview dans Mowno que je découvre ce qui anime Marvin sur ce morceau et qui explique la violence exprimée. Dès lors, on perçoit un autre angle de vue que ce soit sur Cowards et même tout l’album complet.  Une colère qui ne se contente pas d’être exprimée : elle est structurée, réfléchie, et traverse tout l’album. Good Cop, avec sa rythmique plus rapide, s’attaque directement aux violences policières, tandis que For Fucks Sake joue des changements de tempos pour désorienter et captiver.

SPLIT excelle dans l’art du contraste. World Sucks décharge toute son énergie en 24 secondes, comme un coup de poing, avant que Something Of My Own ne revienne à une lourdeur plus mélodique, mais tout aussi écrasante. Stained Soul, avec sa rythmique mécanique et son refrain fédérateur, est sans doute le morceau le plus accrocheur de l’album – un hymne sombre qui reste en tête bien après l’écoute. Enfin, I Feel Nothing More clôt l’album en douceur trompeuse : les guitares mélodieuses laissent place à un chant hurlé qui emporte tout dans un final aussi intense que désespéré.


Pas si simple d’accès, Violence Breeds Violence est un album qui se refuse à la facilité. Entre dissonances assumées et rythmiques lourdes, SPLIT ne cherche pas à séduire, mais plutôt à régler ses comptes et ce, de manière bruyante. Fortement conseillé donc !

 

J. NeWSovski

https://split-hc.bandcamp.com/album/violence-breeds-violence

https://www.facebook.com/profile.php?id=61566070858055

 

vendredi 7 novembre 2025

THE VROOM VROOMS - Hashtag Machine [EP]

 


THE VROOM VROOMS - Hashtag Machine [EP]

Slowrag Production

 

 

Non, THE VROOM VROOMS n’a pas réalisé la BO du dernier Formula One ou de Need For Speed…Quoique, Hashtag Machine est un EP dont les titres décoiffent dans la globalité. Il s’agit du projet de Frederico, ce virtuose de la guitare dont on peut apprécier le talent et l’inspiration dans pas mal de projets (NOT SCIENTISTS, THE POOKIES, FOREST POOKY QUARTET ou bien encore SLOWRAG).

 

Et ça commence fort avec un “Dance Dance Dance” qui symbolise bien l’esprit de cette production. L’homme aime bien explorer pas mal d’univers musicaux mais sur cet EP on appréciera le mélange d’un petit côté punk avec une grosse dose de pur rock 'n’roll.

 

On peut apprécier également une inspiration punk/pop anglaise sur un morceau comme “This is new” avec des couplets qui pourraient nous faire penser aux TOY DOLLS. Il en est de même pour “Panic Monster” avec son intro à la sonorité d’une ballade irlandaise et son refrain qu’on a envie de chanter à gorge déployée.

 

Puis, comme par hasard… ou pas, sur “Rock 'n’roll Police” apparait un feat avec FOREST POOKY, ce vieux compagnon de route, pour un titre très Elvisien, avec un refrain pop très cool.

Le titre “Hastag Machine”, quant à lui, explore le format d’un rock’n’roll pur et dur avec une réelle efficacité.

 

Après nous avoir tenu en haleine avec 5 morceaux très rythmés, on termine avec “Out Of Love”. Un très joli contre-pied au caractère bluesy et accompagné d’une pointe de sonorités Tremolo/Flanger qui sembleraient nous plonger près d’Albuquerque dans le désert du Nouveau-Mexique.

 

THE VROOM VROOMS nous embarquent dans l’aventure d’un premier EP basé sur des sonorités punk/rock’n’roll édulcorées par des parties de guitares inspirées et des refrains accrocheurs. A souligner aussi, les parties vocales tout aussi soignées avec la variété des tessitures.

On adhère donc à ce premier essai musical réussi et agréable à l’écoute en attendant une suite sur un format plus long.

 

Herr Krombacher

 

 

https://thevroomvrooms.bandcamp.com/album/hashtag-machine

https://www.facebook.com/p/The-Vroom-Vrooms-61564274824430/



dimanche 2 novembre 2025

DEAD IN L.A. – Demolition. Girl.

 


DEAD IN L.A. – Demolition. Girl.

 

C’est grâce à Aleksandra, aussi chanteuse de Wake The Dead, que j’ai découvert Dead In L.A., nouvelle formation où elle assure la basse et les chœurs. Le trio est complété par deux anciens de The Dawn (ex-Inmate pour les plus anciens) : Seb à la guitare et au chant, et Bruno à la batterie. Basé à Marseille, ce premier album de 8 titres (27 minutes) est un vrai coup de poing !

 

L’album respire la chaleur de Marseille, et tout commence par The Heartbreaker, un morceau sulfureux et d’une puissance folle, que les chœurs déchirants d’Aleksandra amplifient encore. Sans temps mort, Friendshit s’engage sur les mêmes bases, avec une rythmique ultra-groovy. Moins direct, le morceau dégage une sensation de puissance rare. Dead In L.A. impose un style bien à lui, qui évoque Unsane ou nos Frenchies de Tantrum, avec des sonorités parfois teintées de stoner. Les chœurs, omniprésents, apportent une touche unique qui fait de ce groupe une pépite à part.

 

On connaissait déjà The Driver, mais il résume à lui seul les influences du trio : une première partie écrasante, pure noise rock années 90 à la Unsane, suivie d’une deuxième partie ronde et groovy, très stoner façon Clutch


L’énergie ne faiblit pas, et on se demande comment le trio tiendra le rythme sur scène :
Reckless, tout aussi intense, offre un refrain qui apporte — fait rare — une pointe de douceur. J’avais diffusé Hell is full of DJ’s and architects dans ma playlist estivale, un morceau hyper énergique où la symbiose entre le chant et les chœurs, omniprésents, est impressionnante. Ce titre représente vraiment l’identité du groupe à mon sens et c’est une belle carte de visite. Avec un côté très punk, Heads On Fire enchaîne à une vitesse folle, avant de basculer brutalement vers une transition post-hardcore, puis de repartir sur un rythme effréné. Le tempo ne faiblit pas jusqu’à la fin, et je retiens surtout Worship, plus lent et posé, mais terriblement lourd, avec ses riffs de basse inquiétants. Une mélodie de piano vient y glisser un rayon de soleil bienvenu.

 

Dans cette fin d’année tellement riche en sorties de qualité, il serait dommage de rater ce trio marseillais. Leur son, lourd et puissant, est d’une efficacité redoutable, et les morceaux, addictifs, apportent un vent de fraîcheur. À découvrir absolument, et à suivre pour leurs prochaines dates !

 

J. NeWSovski

 

 

https://deadinlarock.bandcamp.com/

https://www.instagram.com/deadinlarock


mardi 28 octobre 2025

TOTORRO - Sofa So Good

 


TOTORRO - Sofa So Good

Recreation Center


On commençait à ne plus y croire. Dix ans quasiment après l'étincelant "Come To Mexico" les pétaradants TOTORRO signent enfin leur retour discographique avec "Sofa So Good". Mais ne nous y méprenons pas, les Rennais ne se sont pas pour autant tournés les pouces. Cette longue période leur a permis notamment de se consacrer à d'autres aventures musicales (DO IT LATER, LA BATTUE...) ou plus récemment de sillonner de nouveau les routes ensemble. Dès les premières secondes de "
Bang Bang", qui ouvre ce troisième opus, on retrouve cette signature immédiatement reconnaissable : intro un poil funky, guitares chatoyantes, rythmiques en cascade, énergie contagieuse...TOTORRO revient comme un vieux cousin perdu de vue : à la première note, les souvenirs affluent, et tout redevient familier. Pas de doute, ils restent les maitres en France du rock instrumental nerveux et bondissant. "Matthews Bridge", plus puissant, enfonce le clou. Un titre qui démontre une nouvelle fois que la musique des Rennais, parfois d’une technicité folle, reste malgré tout accueillante et instinctive. "New Music" démarre délicatement avec une ambiance limite caribéenne. Après une incursion indie-rock, le titre prend ensuite une tournure plus post-rock (guitares cristallines et basse saturée à la EXPLOSIONS IN THE SKY). Le morceau se termine en beauté dans un final plus musclé marqué par un riff de guitare addictif.  Avec "Destiny Chives" (TOTORRO est un groupe 100% instrumental qui aime bien jouer avec les mots dans le choix de ses titres) dévoile une facette plus contemplative. Des rythmiques un peu jazzy alternent avec des passages plus rugueux. On notera par ailleurs la production limpide de ce troisième opus enregistré par Boris Saidini, batteur de BIRDS IN ROW et PAIN MACHINE. Le titre éponyme "Sofa So Good" fait office d'interlude, une respiration bienvenue qui donne presque envie de s'assoupir sur le canapé. TOTORRO retrouve son dynamisme sur le sautillant "Sensation IRL". Un titre qui multiplie les breaks, entre accélérations fulgurantes et accalmies, un vrai parcours de montagnes russes. Les sonorités tropicales font leur retour sur l'intro de "Bernard Guez" qui monte ensuite en intensité grâce à un riff super efficace. Avant l'explosion finale, le groupe joue une nouvelle fois sur les contrastes entre tension et moments plus suspendus. Moins enjoué, "Bonnet Free Jazz"  dévoile un visage plus frontal et brutiste. "Smile Paste", chevauchée post-rock de plus de 7 minutes clôture l'album en beauté. Entre entame cinématographique, math-rock énergique, lente montée en pression et final délicat, ce morceau phare montre tout le savoir-faire du quatuor. 

Avec "Sofa So Good", TOTORRO réussit un retour brillant après dix ans d'absence. Les Rennais n'ont rien perdu de leur éclat et confirment leur place incontournable dans le rock instrumental français. 

Mr Caribou

 

Titre préféré :                                 New Music

 

https://totorro.bandcamp.com/album/sofa-so-good

https://www.facebook.com/totorrototorro/#



jeudi 23 octobre 2025

SICK SAD WORLD – Deuil(s)

 


SICK SAD WORLD – Deuil(s)

Atypeek Music

C’est en ouverture d’In Der Welt, dans la cave intimiste et déserte du T’es Rock Coco, que j’ai découvert Sick Sad World. Ce concert atypique, où le public brillait par son absence, a créé une connexion avec leur musique. Une expérience qui prend tout son sens avec l’écoute de Deuil(s).

 

Il s’agit de leur quatrième production. Les nantais ne nous offrent pas simplement un album mais une traversée intime des étapes du deuil. Chaque morceau incarne une phase de ce processus, comme une bande son à une histoire douloureuse puis une lente remontée vers la lumière. Avec seulement 5 titres mais 41 minutes d’immersion, on est vraiment sur un album-concept dont les morceaux prennent le temps de poser les choses.

Denial, le titre d’ouverture déploie sur 9 minutes une atmosphère de post métal lourde, presque étouffante, avec des vagues de guitares hypnotiques qui montent et descendent. Le chant de Julien est crié, comme des plaintes, des cris de douleur. Bargaining (la négociation en français) commence plus doucement, plus facile d’accès avec son chant clair, il monte en puissance tranquillement et atteint un niveau d’intensité impressionnant. Je le vois comme un appel d’espoir face au destin.

Depression est sombre, le tempo est lent et lourd. Les vagues de guitares sont inquiétantes jusqu’à cet interlude déchirant. Puis Anger vient crier sa douleur et sa colère à travers le chant douloureux et la lourdeur des riffs. Sick Sad World me fait ici penser aux parisiens de Memories Of A Dead Man ou même, allons-y directement, à Cult Of Luna.

Acceptance commence fort avec beaucoup d’intensité, le martèlement de la double pédale renforce cette atmosphère. Il se referme sur une note d’espoir, avec des mélodies plus lumineuses.

Le son est énorme, puissant et propre. Il a été enregistré par Christophe Hogommat et David Enique. Deuil(s) s’offre aussi un très beau digipack, sobre et mystérieux dont l’artwork laisse place à l’imagination et l’interprétation. Pour l’instant uniquement disponible en cd et digital il ne devrait pas tarder à être pressé en vinyle.


Deuil(s) est bien plus qu’un album de post-metal : c’est une expérience. En s’inspirant des étapes du deuil, Sick Sad World a créé une œuvre, un concept album qui résonne profondément par sa douleur, sa puissance et son intensité.

J. NeWSovski

 

https://sicksadworldfrance.bandcamp.com/album/deuil-s

https://www.facebook.com/sicksadworldnantes/

http://www.sicksadworldband.fr/



dimanche 19 octobre 2025

PATIENT ZERO – Souvenir Noir [EP]

 


PATIENT ZERO – Souvenir Noir [EP]

Dirty Slap Records

Avec Souvenir Noir, Patient Zéro signe un EP aussi bref (15 minutes) que percutant. Originaires de Tours et nourris à la scène punk depuis plus de deux décennies (avec des ex-Verbal Razors, Daily Mind Distorsion, Sueurs Froides, C.I.D. et Saints And Sinners), les gars distillent ici un son hybride, où l’urgence du punk rock se marie à post-punk très actuel. Le résultat ? C'est un subtil mélange entre énergie, son brut et mélodies envoûtantes, le tout porté par un chant en français à la fois vindicatif et poétique.

Dès Yeux Fermés, le ton est donné : des riffs secs, une rythmique implacable, et une voix qui crache ses mots comme des coups de poing. La production de Jacky (Syndrome 81), enregistrée dans son studio à At The Movie Studio (Brest), y est pour beaucoup : elle conserve l’âpreté et l’énergie du punk tout en y soufflant des nuances. Seul dans la nuit illustre cette alchimie, avec son chant au débit saccadé et ses arpèges nerveux qui rappellent autant Syndrome 81 que certains très vieux morceaux de The Hives.

Mais c’est dans la fusion de ses influences que Patient Zéro se révèle. Souvenir Noir bascule dans un post-punk sombre, où la basse hypnotique et les guitares peuvent évoquer Not Scientists. Pourtant, jamais le groupe ne sacrifie sa puissance mélodique : Sortilège et Offrande prouvent qu’ils maîtrisent l’art du refrain accrocheur, entre désillusion et douceur amère. Cela se ressent aussi à travers les paroles, désabusées mais précises, qui ajoutent une profondeur supplémentaire aux morceaux.

 

Le seul reproche à faire à cet EP est sa brièveté car c’est évidemment trop peu pour nous rassasier tant Patient Zéro est une sacrée découverte. Bien entendu, on attend avec impatience de les voir sur scène et qu’un futur album voit le jour !

J. NeWSovski

 

https://patientzerotours.bandcamp.com/album/souvenir-noir



mercredi 15 octobre 2025

PAIN MAGAZINE – Violent God



PAIN MAGAZINEViolent God

Humus Records

L’année dernière, Birds In Row nous avait fait la surprise d’un split avec les suisses de Coilguns dans lequel les deux groupes fusionnaient leurs univers pour créer un triptyque intense. Pour moi, Birds In Row reste un groupe à part, d’une précision chirurgicale et d’une grande exigence ; toujours intègre, il se montre ainsi ouvert à de nouvelles expériences, des prises de risque. Je trouve tous leurs albums très bons pour ne pas dire tout simplement excellents, je suis heureux et je me sens privilégié de pouvoir les voir régulièrement en concert.

Aussi l’annonce de cette nouvelle collaboration avec Maelstrom et Louisahhh, deux artistes devenus un duo techno/indus, est une jolie surprise. Une association de deux formations aux sonorités éloignées mais aux univers finalement assez proches car ils aiment la noirceur, et la dureté de leur musique la transcrit parfaitement.

La genèse du projet vient de la collaboration de Joris qui officie en tant que batteur lors des tournées de Louisahhh & Maëlstrom. L’idée de faire un morceau ensemble a germée et ce projet a finalement poussé pour s’étoffer et donner 11 titres.

Si l’on évoque une expérimentation, le résultat sonne étrangement abouti car Violent God se révèle d’une cohérence parfaite et d’une harmonie impressionnante, surtout pour un premier album. D’emblée, le titre éponyme, Violent God, plonge vers l’électro gothique sous des vagues de synthés, on perçoit la touche du duo et le chant tout en douleur de Louisahhh, si entêtant sur ce refrain magique : « Do I Believe in A Violent God ? ». Bart prend le relais sur Weak and predatory qui sonne comme un morceau de Gris Klein (le dernier album de BIR) dont la rythmique aurait pris une tournure électronique. Le genre de morceau qui me dit que, finalement, je ne suis pas si fâché que ça avec les sonorités électro. Dead Meat accélère le tempo et c’est ici que la fusion des deux groupes explose vraiment, on sent aussi qu’on s’approche de quelque chose. Le côté electro-punk éclate en plein jour avec Magic, un morceau brutal et dansant. Les chants sont scandés et saccadés, puis la tension retombe clairement avec Nice Guy qui me fait penser à Heartworms avec une ambiance inquiétante et un chant entêtant. L’influence Chelsea Wolfe transpire à travers Like A Storm, balade gothique, un peu trip-hop Bristolienne. De la même manière on peut penser à Björk, période Homogenic, sur A good Hunter. Pain Magazine enchaîne les morceaux sans jamais se répéter tout en maintenant une qualité impressionnante. Alors certes j’ai davantage de difficultés avec un titre comme Choke Points trop électro mais par contre je suis tombé sous le charme de Horse Song, chanté par Quentin Sauvé pour un morceau qui se trouve finalement entre son projet solo et ce que peut faire Louisahhh. Le lourd tempo associé à la voix amène avec lui son lot d’émotions.

Bastion mixe la douceur de ses mélodies avec la rage et le désespoir du chant de Bart tandis que Husk clôture l’album sous des airs de Sierra.

Cette collaboration contre-nature s’avère être une réussite. Car on s’y plonge par curiosité et on en ressort captivé. Pain Magazine réussit à marier l’esprit punk et le côté sombre de Birds In Row à l’électro-indus de Maëlstrom et Louisahhh. Reste à voir désormais comment ce projet de studio prendra vie sur scène.

 

J. NeWSovski

 

https://painmagazine.bandcamp.com/album/violent-god

 


samedi 11 octobre 2025

NOT SCIENTISTS - Voices

 


NOT SCIENTISTS - Voices

Kicking Records / Kidnap Music / Rookie Records

 

Après un changement d’effectif au moment de la sortie de son dernier album “Staring At The Sun” en Février 2023, les NOT SCIENTISTS reviennent sur le devant de la scène avec un nouvel opus “Voices”.

Un dénominateur commun avec leurs 3 derniers albums, l’équipe de scientifiques, composée d’Ed, Bazile, Tatane et Frederico, est repartie faire un tour en Catalogne pour enregistrer et mixer chez le producteur Santi GARCIA, dans son Ultramarinos Costa Brava Studio, et avec qui ils travaillent depuis leur album « Golden Staples » en 2018.

Le savoir-faire de ce dernier n’est certainement pas un hasard dans l’évolution musicale du quartet et surtout le rendu de « Voices ». Peut-on éventuellement parler de 5ème membre du groupe ?

Le groupe nous avait donné un premier aperçu de la tendance de ce qu’allait donner leur nouvel album avec quelques échantillons et la sortie de 3 singles « Caught in a web », « Hurricane », et « Endgame ». Le groupe a trouvé sa sonorité New Wave depuis quelque temps tout en gardant un côté punk ou pop et des refrains accrocheurs qui font d’avantage leurs retours sur ce « Voices ».

Cet album se singularise encore plus par son intensité en jouant sur les BPM, les jeux de guitares, qu’ils soient arpégés ou saturés, des patterns de basse plus présents, et toujours un métronome doué d’une technicité hors pair aux fûts. Mais surtout un art du songwriting d’une grande efficacité. Le tout est sublimé par une production de qualité et cherchant l’originalité.

On retrouve tout le savoir-faire du groupe tout au long de cet album. Un coté pop avec des morceaux comme « Voices » et « I remember ». Une atmosphère plutôt dark avec « Cul de Sac » ou « Phone ». Et une ligne directrice post punk avec « Maze », « City Calls » ou bien encore « Hurricane »

 

Mes coups de cœur se portent sur 3 morceaux : « Ball And Chains » qui montre le coté progressif que peut mettre le groupe dans ses morceaux (un peu comme ils l’ont fait auparavant sur des morceaux comme « Leave Stickers On Our Graves » ou « Emergency Break ».

Mais aussi, « Burnout », le morceau « rentre dedans » de l’album. Tout y est, vitesse, saturation et avec un petit coup de génie que cet effet de ralentissement de rythme d’une seconde dans le refrain.

Et l’aérien « The Architect », qui conclut l’album, sonne comme l’apothéose d’un album qui nous tient à bout de souffle pendant 42’18.

 

Depuis ses débuts, il y a plus de 10 ans, NOT SCIENTISTS n’a pas cessé d’innover, de chercher à se renouveler. Là, ils nous montrent encore qu’ils peuvent surprendre avec leur travail d’expérimentation sonore. C’est ce qu’on aime chez les artistes qui osent sortir de leur zone de confort. Mais jusqu’où iront-ils ?

Voices”, qui devrait encore faire passer un cap au groupe, est un album solide, intense, mélodique aux refrains accrocheurs taillées pour la scène. Et devrait certainement être un des albums majeurs de l’année.

Foncez les voir en concert (vu dernièrement à Nantes au Ferrailleur) pour apprécier l’intensité des morceaux. En plus, pour couronner le tout vous rencontrerez 4 garçons charmants. Quoi de plus ?

 

Herr Krombacher

 

https://notscientists.bandcamp.com/album/voices



 

BONUS

 

« Caught in a web » : https://youtu.be/syz_zkLqQQY?si=eZ0YKvx53X0-2x-S

« Hurricane » : https://youtu.be/j4xfbyGhh70?si=8enwSznTuJ0dClRt

« Endgame » : https://youtu.be/T0u0uVRCuXw?si=Em4NTNfcELxTiVB_

mardi 7 octobre 2025

PLUIE CESSERA – We’ve been alone [EP]

 


PLUIE CESSERA – We’ve been alone [EP]

Spleencore Records / Tout Doux Records

Joli nom, et belle promesse tenue pour ce jeune groupe parisien de screamo/post-hardcore, formé en 2023. We’ve Been Alone, leur premier EP, surprend par sa maturité : pas un instant on n’y devine les balbutiements d’un premier essai. Pluie Cessera puise son inspiration chez des tauliers du genre comme La Dispute ou Touché Amoré, mais s’en détache avec une identité propre, oscillant entre rage et réconfort.

L’EP s’ouvre sur A song for my dead dog, une morceau qui incarne bien cette dualité avec des mélodies très mélancoliques avant qu’une cassure en milieu de morceau ne vienne briser cette douceur naissante pour offrir un final bien plus explosif. Mosh part enchaîne avec des sonorités tout aussi captivantes, mêlant rythmiques entraînantes et mélodies envoûtantes. La formule est réutilisée avec brio sur And Then the Rain Fell dont le début est vraiment très doux avant que le chant ne pousse le curseur de l’intensité pour un beau final.

Montagnes commence doucement, très immersif, il monte en puissance avec l’arrivée du chant avant de s’offrir avec un interlude fait de spoken word qui une dimension plus poétique. J’aime beaucoup le défouloir qu’est Love Is Blind, véritable morceau hardcore screamo où l’influence Touché Amoré se fait vraiment sentir. Il est rapide, énergique et très efficace ! Quant à Amélie, c’est peut -être le morceau le plus abouti, grâce à ses mélodies très subtiles associées à une fureur très fragile. Le chant clair est très joli et au final on se laisse vraiment happer par ce titre.

 

Côté production, le son est bien arrangé et équilibré même si, à mon goût, l’ensemble manque tout de même d’un peu de puissance pour vraiment basculer vers un côté encore plus viscéral et mettre une véritable petite claque.

PLUIE CESSERA est donc un groupe à suivre avec beaucoup d’attention, et avec ce premier EP il révèle une vraie personnalité. Il sera très intéressant de voir son évolution.

J. NeWSovski

 

 

https://pluiecessera.bandcamp.com/album/weve-been-alone

https://www.facebook.com/pluiecessera



vendredi 3 octobre 2025

REST UP – Real Sensations

 


REST UP – Real Sensations

Le Cèpe Records / Exag Records

 

On ne va pas cacher très longtemps que Rest Up est l’une des nouvelles sensations sur la scène indé française. Le jeune groupe Angevin, à peine sorti de l’adolescence, s’est déjà fait remarquer il y a deux ans avec son deuxième EP It Was Summer dont le mixage avait été réalisé par Daniel Fox (Bassiste de Gilla Band). Peu après, le trio intègre l’Équipe Espoir du Chabada (Angers), un tremplin qui lui offre expérience et mentorat - notamment auprès Arnaud Fournier (Hint). Cet ensemble, couplé à leurs performances scéniques, séduit Exag Records, label Belge sur lequel on retrouve notamment La Flemme ou Druugg, et du Cèpe Records, dont on connaît aussi très bien les groupes présents (Clavicule, We Hate You Please Die, Gros Cœur, Servo…). Un double sceau de qualité, qui dans le paysage musical actuel, vaut toutes les recommandations.

 

Avec Real Sensations, Rest Up signe un premier album d’une maturité déconcertante. Onze titres en 38 minutes, une durée classique pour un album qui est loin de l’être. La pochette, signée Marie Lesieur et Ivan Chamaillard, assemble collages et éclats de verre en une mosaïque sobre et intrigante, parfaitement à l’image de l’album : un collage d’influences et d’émotions. L’enregistrement a été confié à Daniel Fox qui venait tout juste de produire l’album explosif des Lambrini Girls et qui offre à ce disque un son chirurgical.

Harmattan débute parfaitement avec une tension et une atmosphère qui montent en puissance, un vrai morceau introductif et immersif vite repris par Too Late To Call qui rappelle l’énergie d’un Lysistrata des débuts avant d’explorer un univers post-rock plus aérien et de finir en défouloir punk. Un morceau vraiment détonnant. Et c’est Accutane qui s’impose comme le tube de l’album, derrière les sons issus de machines qui deviennent vite oppressants, on sent l’urgence, la tension et la fureur qui se dégagent. Le trio Angevin prouve qu’il maîtrise l’art du contraste et sait se faire aussi mélodique comme en témoigne Damage qui démontre une belle maturité et une écriture déjà aboutie

Cette maturité qui permet à Rest Up d’explorer de nombreux paysages ce qui est étonnant pour un premier album, je pense à Hold Me Tight et son univers très marqué, très aérien, très beau. Les vagues de guitare et les synthés appuient fort et leur musique est puissante et touchante.

Là où la plupart des premiers albums se laissent souvent guider par l’instinct, Rest Up ose prendre son temps et poser ses morceaux : ils sont réfléchis et structurés. Le trio puise chez ses références qu’elles s’appellent Blonde Redhead ou Sonic Youth pour proposer des morceaux complexes mais aboutis (Pol’s Guitar) ou Lysistrata pour des défouloirs électriques (Real Sensations). Se dégage aussi de Rest Up une face shoegaze très maîtrisée sur des morceaux comme Weekend Girlfriend, langoureux et poétique ou Stall dangereusement envoûtant.

 

Avec Real Sensations, Rest Up livre un premier album d’une précocité rare et d’une aisance qui force l’admiration. Un jeune groupe qui transforme ses influences et les synthétise en un album remarquable aux multiples. Une vraie réussite.

J. NeWSovski


https://restuplads.bandcamp.com/album/real-sensations-2

https://www.facebook.com/RestUpLads/


dimanche 28 septembre 2025

PAMPLEMOUSSE - Porcelain

 


PAMPLEMOUSSE - Porcelain

A Tant Rêver du Roi


PAMPLEMOUSSE a plus que jamais envie d'en découdre. Deux ans à peine après "Think Of It", le duo (une batterie + une guitare/basse) revient à la charge avec un quatrième album intitulé "Porcelain". "Porcelain", une vieille histoire pour le groupe désormais établi en Lorraine (bye bye la Réunion). C'est tout simplement le nom d'un titre de leur second opus "High Strung", celui avec lequel nous avons fait connaissance avec le combo noise-rock. C'était juste avant la pandémie. Une éternité.

Signé sur l'excellent label palois A Tant Rêver du Roi, "Porcelain" permet à PAMPLEMOUSSE de franchir une nouvelle étape dans son parcours singulier. S'inscrivant dans la continuité de "Think Of It", cette nouvelle production intransigeante affine encore un peu plus le style de PAMPLEMOUSSE. A savoir un mélange de noise-rock tendu et indie-rock musclé, dans une ambiance très nineties. On pense autant à JESUS LIZARD qu'à SLOY ou CHOKEBORE. Dès l’ouverture "More Beautiful Than Madonna", le ton est donné : riff tranchant, rythmique implacable, chant venu du fond du garage. Ce court single, déjà dévoilé avant la sortie, résume bien l’album : urgence et intensité, mais sans sacrifier l’accroche mélodique. Après cette première déflagration, PAMPLEMOUSSE ralentit la cadence et prend son temps sur l'étouffant "Smile The Num". Les lentes et lourdes frappes de batterie de Sarah répondent au riff légèrement bluesy de Nicolas. On pense au son de Chicago et à SHELLAC. Le morceau, pas avare en changements de rythmes, prend ensuite une tournure plus noisy. PAMPLEMOUSSE repart au front sur "The Big Speakers", titre abrasif à la tonalité punk-rock et grunge qui peut évoquer le NIRVANA des débuts.

Plus mélancolique et flottant, "Miami Blue" est une pépite indie-rock/shoegaze. La voix déformée de Nicolas semble lointaine. "Instrumental" qui porte bien son nom, est une respiration bienvenue. Dans sa première moitié en tout cas car la tension est palpable à mesure que le morceau avance. L'équilibre entre vacarme et mélodie fait également mouche sur le brumeux "Snowball". On y retrouve à travers ce morceau la force émotionnelle d'un CHOKEBORE. Pour citer d'autres références plus récentes, on pense aux Américains de NO AGE sur "Bad Penny", autre duo guitare/batterie adepte des expérimentations noise-rock et garage. "Every Story Has A End", titre punk-rock au refrain irrésistible est taillée pour rester dans la tête tout en brûlant les tympans. Nous ne sommes pas au bout de nos surprises avec nos deux compères qui proposent pour clôturer l’album un long format étonnant. Les huit minutes de "Brick Head" commencent d'abord comme du PAMPLEMOUSSE pur jus. Puis s'aventurent sur un terrain beaucoup plus expérimental et hypnotique digne de SONIC YOUTH ou GODSPEED YOU! BLACK EMPEROR. Une tempête sonore bourrée de larsens et bizarreries sonores. Puissant !

 

Avec "Porcelain", quatrième jalon d'une discographie déjà solide, PAMPLEMOUSSE nous livre son album le plus abouti. Dense et exigeant, il conserve la puissance et la rugosité des débuts tout en explorant davantage les nuances et les contrastes. Une réussite !

Mr Caribou

 

Titre préféré :                    Miami Blue

 

 

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