Kulture(s)
Punk / Zone Onze Records / Le Keupon Voyageur
Originaire
de Lille, Astroïd regroupe pas mal de
têtes connues, Ripoll qui joue avec
les Burning Lady, a joué aussi avec JodieFaster et Lion’s
Law ; Kal a joué de la basse
avec ToxicWaste ; Tom
dans TheHydroids, Loran
le chanteur/ guitariste était dans ToxicWaste et PKRK, il
a aussi joué avec Didier Super et sadiscomobile. Le groupe a
déjà sorti un album en 2022 (Mi Amor Mi Destroy)
Voici donc
dans les bacs depuis quelques mois L’as des astres volume 1, on aime la
référence au légendaire Bébel, l’album s’immisce dans le paysage punkrock avec
des airs de ToxicWaste justement mais aussi des Sheriff.
Rapide, puissant les dix titres font aussi la part belle aux textes engagés
mais non dénués d’humour.
Mais j’aime
aussi quand Astroïd baisse le rythme comme sur lesAllumettes,
les mélodies y sont belles et l’ajout des chœurs sur le refrain façon Bad
Religion, sont bien posés. Calmez-vous
voit l’arrivée en featuring de Spid’OTH à l’harmonica mais aussi
sur les chœurs.
J’aime bien tous
les interludes qui apportent des coupures et limitent l’effet monocorde.
Pas
vraiment le style de punkrock que j’affectionne, Astroïd n’en demeure pas moins
un groupe efficace sur album qui attire la curiosité. Ceux qui apprécient le
punkrock aux influences françaises des années 80-90 devront apprécier pleinement.
TARDIS – For a while they lived together in a treehouse
Specific Recordings
En tant que fanzine, il est des groupes avec lesquels on tisse des liens d'amitié, non seulement parce que leur musique nous captive, mais aussi parce que les échanges, qu'ils soient virtuels ou en fin de concert, révèlent des personnalités passionnées avec qui partager devient un plaisir. TARDIS est de ceux-là.
Né en 2016 des cendres encore fumantes de SLIVER, Ben (chant, guitare) fonde TARDIS, un projet riche en références (le nom est un clin d'œil à Doctor Who) tout en conservant des textes engagés.
Dès les premières notes de How to blow up a timeline, TARDIS impose son style reconnaissable. Ce troisième album démarre avec une énergie brute, soutenue par des mélodies accrocheuses et des chœurs impeccablement placés par Julie. Your Princess is in another castle se distingue par une ligne de basse omniprésente, tandis que les voix de Ben et Julie s'entrelacent avec une complémentarité remarquable. Le morceau alterne riffs lourds et passages mélo, créant une dynamique captivante. J’aime vraiment beaucoup. Kill All The Bees apporte une fraîcheur pop, avec un guiro évoquant le bourdonnement des insectes, avant de s’échapper dans un déluge de distorsions. Puis Tardis joue sur la douceur et la mélancolie et c’est aussi cette autre facette qui fait son identité. Pour se convaincre il suffit de se pencher sur des morceaux comme Cut Here,Band-aids and broken legs,The dangerous lives of altarboys.
Mention spéciale pour Badland qui monte en intensité à l’image de ce que pouvaient faire les groupes grunges des années 90 (Smashing Pumpkins ou Alice In Chains). C’est pour moi le titre le plus fort de l’album.
Au-delà de cet univers on croise une basse très jazzy sur le (trop ?) scolaire Dead or Alive, de l’énergie punk sur Update Profile Picture et sa rythmique très rapide façon Buzzcocks et de la légèreté sur Crocodile qui se démarque du reste de l’album, je ne suis d’ailleurs pas trop fan. Skyfire Club se démarque par l’emploi d’instruments atypiques dans ce style de musique. Et puis le groupe pousse le curseur encore plus loin dans le mélange mélodie et intensité avec ce dernier titre en terme de conclusion, The menagerie of broken time, qui se révèle très beau et profond.
Ce troisième opus de TARDIS s'inscrit dans la continuité de leur parcours et confirme leur talent. Entre énergie punk, mélodies accrocheuses et, le groupe nous offre un album varié, porté par des voix complémentaires et.
Ce troisième album de TARDIS s’inscrit dans la continuité et confirme le talent de TARDIS. Entre énergie punk, mélodies accrocheuses et moments de mélancolie, le groupe nous offre un bel album varié, emmené par des voix complémentaires et un sens aigu de l'écriture.
Le dernier
et excellent album Full Speed Ahead à peine digéré, Dirty Fonzy remet sa tournée avec un EP
enregistré lors de la session du dit album. C’est à une période charnière pour
le groupe qui a pas mal évolué et est, selon moi, à son apogée, en ce moment,
en proposant un punkrock mélodique hyper attachant.
Classic
Stories, Best Memories s’inscrit alors parfaitement dans la continuité de Full
Speed Ahead mais l’originalité tient dans le fait que les quatre
premiers morceaux sont liés et forment une seule et même pièce.
Life Journey commence doucement entre guitare acoustique et chœurs en
parfaite harmonie avant de dérouler un punkrock rapide et bien saccadé. On peut
sentir un petit riff à la NoFX en plein milieu. Along the way fait figure de transition
dans le morceau, la longue montée en pression est intéressante avant que No Flowers No Crown ne reparte sur une
lignée plus agressive et énergique. To The
Unknown (au passage c’est le deuxième titre qui rappelle la
carrière de Bad Religion après Along the way), touche la corde
sensible pour finir la pièce. Une partie très mélodique voire mélancolique sur
son introduction qui reprend, sur ses chœurs, le titre de full speed ahead. Une
fois combinés ces quatre morceaux forment une superbe chanson. Et c’est
intéressant d’avoir tenté ce concept.
Waiting for a call est alors forcément plus classique, c’est un long morceau
punkrock plein de mélodies accrocheuses qui me laisse penser à l’époque Uncommonmenfrommars.
Ready to go, qui termine, a
aussi des accents de NOFX et fonctionne parfaitement.
A noter
aussi la pochette dans la même veine que Full Speed Ahead qui
lui fait un joli clin d’œil.
Dirty
Fonzy, dans la continuité de Full Speed Ahead innove en proposant un EP
six titres dont quatre sont liés et forment une seule chanson. Cette démarche
est originale et mérite d’être soulignée. Musicalement c’est aussi super efficace.
Solace, réconfort en français, est le
quatrième album du groupe nantais. C’est un album charnière car il marque
plusieurs évolutions.
La première
c’est qu’il s’agit ici du premier enregistrement depuis le changement de
line-up avec l’arrivée de deux nouveaux guitaristes (Clément et Enzo)
et un nouveau bassiste (Maxime). Ne reste donc plus que Paul, déjà
batteur des Stinky Bollocks et Clair au chant qui a marqué la
création et les débuts de Stinky. Trois membres sur cinq, c’est donc un
sacré changement.
La seconde
c’est que le son de Stinky a évolué. Le spectre musical des Nantais
s’est élargi. Et cela surprend pas mal, mettant un peu le hardcore des débuts
de côté pour prendre un virage vers une musique plus métal qui tend vers le
hardcore moderne et toujours mélodique.
Down In The Dumps démarre fort, c’est le morceau que Stinky m’a laissé
pour mettre sur ma dernière compilation (Tales From The Pit -
septembre 2024). Le morceau est intéressant, alternant un chant clair et
mélodique ce qui est nouveau pour le groupe et défouloir hurlé façon hardcore.
Silent bird est un morceau un peu à part, avec une introduction chantée
puis il part dans un déluge d’énergie, de chants hurlés, de voix multiples, de
breaks incisifs puis vient un passage aérien en plein milieu du plus bel effet
pour se terminer comme il a commencé juste avec les chants entremêlés.
Parmi les
dix titres on retrouve deux morceaux dans lesquels on retrouve des featurings.
Et pas n’importe lesquels puisqu’il s’agit de Lou Koller et Andrew
Neufeld. Le leader de Sick Of It All pose sa voix sur GrassSnakes
et c’est rare de le voir avec d’autres groupes, encore plus avec un français,
mais il m’est arrivé plusieurs fois de voir les deux groupes jouer sur la même
scène, des liens d’amitié ont dû se créer. Et GrassSnakes est un sacré morceau
avec une façon de chanter légèrement différente de ce que l’on a l’habitude de
la part de Lou Koller. Il alterne, lui aussi fureur et chant clair et
mélodique. C’est sur Under Care
qu’intervient Andrew Neufeld de Comeback Kid, un titre qui
alterne les passages très puissants et très mélodiques avec le chant de Clair
qui n’a jamais été aussi léché. J’ai toujours comparé Stinky à CBK
et c’est un joli clin d’œil de voir les deux groupes fusionner sur ce titre.
Mourning Flowers est le dernier morceau à avoir été annoncé avant la sortie
de Solace. C’est un morceau qui se démarque aussi et ne pourra
laisser indifférent, dans une veine hardcore moderne avec des sonorités
finalement très pop. C’est lui qui fait vraiment le virage avec les anciennes
productions de Stinky.
Et parmi
tous les autres morceaux on retrouve quelques brûlots comme Alignment avec ses gros riffs assassins et
son lot de breakdowns. Les textes, principalement sur ce titre, touchent des
sujets forts, Clair aborde les sujets qui le touchent particulièrement
sur la transidentité, son parcours transgenre, la santé mentale. Moonbow est aussi une belle petite bombe
qui faire la part belle à des breaks affutés et des moshparts, sa touche
mélodique au milieu est un bon prétexte pour terminer vers quelque chose de
plus punkrock.
Le son est
puissant, un peu trop propre peut-être, c’est Fabien Guilloteau qui a
produit l’album au Nomad Audio en Vendée.
L’artwork
est sobre, la couronne de ronces a été réalisée par une proche du groupe, Leslie
Marqué, qui est céramiste mais aussi photographe. Il est marqué et me
rappelle un peu From Dead End Street avec cette forme
circulaire et son centre magnétique.
STINKY
est un groupe intéressant qui sait évoluer et il n’est pas facile de le faire
sans froisser son public. Les Nantais ont pris un virage qui les emmène vers un
hardcore moderne qui fait la part belle aux parties chantées et mélodiques mais
c’est vraiment bien exécuté en gardant ses racines punkrock et hardcore
classique. Un très bel album.
BERMUD
a créé la sensation le mois dernier en sortant son premier album, Oceans On The
Moon, petit bijou dans un style hybride oscillant entre grunge et shoegaze. Le
groupe s'est offert une super release party au Joker's Pub en première partie
de We Hate You Please Die. Rencontre avec Elliot, aussi sympa
qu'intéressant, pour en apprendre davantage sur l'album et le groupe.
Peux-tu
revenir sur la création de Bermud, cela s’est fait suite à la fin de Jumaï je
crois ?
Je me suis
lancé sur BERMUD suite à la fin de Jumaï en effet, ce projet
s'est arrêté un peu de façon naturelle et j'avais pas mal de morceaux en
chantier. Au début je me suis juste dit qu'il fallait que j'enregistre quelques
morceaux et les sortir et puis ça s'est transformé en album qu'on a enregistré
à quatre et que j'ai sorti avec Reverse Tapes (ndlr : label de
Tours).
D’ailleurs
pourquoi as-tu choisi le nom de Bermud ?
BERMUD est un nom qui évoque quelque chose
à n'importe qui. Ça fait écho à la science-fiction, à un lieu qui résonne dans
l'imaginaire de chacun, tout le monde peut associer ce nom à une référence de
l'imaginaire collectif. Et comme m'a dit un pote : ça fait voyager et ça
raccourcit les pantalons.
Toujours
en termes de noms, que signifie Oceans On The Moon, ou plutôt que représente ce
titre ?
C'est en
écrivant les paroles du dernier morceau Ghost
Cryque cette image m'est
venue. Les océans sur la lune existent d'une certaine façon puisque c'est comme
ça que l'on nomme les régions lunaires. J'ai pensé que cette image d'un lieu à
la fois lointain et imaginaire mais aussi bien réel (puisqu'on peut les
apercevoir toutes les nuits) et que l'on pourrait fantasmer comme un refuge ou
en tous cas un lieu vers lequel on pourrait s'échapper correspondait bien
l'album.
Sur Oceans
On The Moon est-ce toi qui a tout composé ? La musique, les lignes de tous
les instrus, les textes ?
J'ai composé
la majeure partie des morceaux de l'album seul, à part un (Wherever it's Brightest) et quelques
lignes qui se sont composées en jouant les morceaux en groupe en vue
d'enregistrer les pré-prods. La compo de cet album a commencé quasi un an avant
l'enregistrement et a continué jusqu'à pendant celui-ci pour le dernier titre (Ghost Cry). C'est ce que je trouve hyper
intéressant avec le fait d'avoir son propre studio (La Cuve), ça offre
la liberté de pouvoir être dans un processus de composition pendant toute les
phases de créations d'un album (même presque jusqu'au mix ....).
D’ailleurs
comment composes-tu un morceau ? Commences-tu par la musique, le texte, en
acoustique…
Et encore un
projet enthousiasmant et surprenant venu du Québec ! Aucune fixette sur ce
territoire mais force est de constater que la scène locale regorge de pépites,
dans des genres bien différents : de POPULATION II à CHOU en
passant par FUUDGE et bien d'autres encore... Leur point commun : sortir
le plus souvent des sentiers battus et ne pas opter pour l'anglais. COFFRET DE BIJOUX va encore plus loin dans le
grand écart musical. Alice Simard, la
one-woman-band à la tête de cet étrange projet, réussit le pari de mélanger
agressivité et indie-pop. Le plus souvent, au sein d'un même morceau. Le plus
incroyable, c'est que ce mariage schizophrène entre agressivité et mélodie
fonctionne très bien.
L'artiste québécoise, très prolifique, a donc sorti un EP
de 4 titres nommé "Intablej'u'ana" (est-ce du québécois
?). "Nielpa u mel rei' alsona"
commence d'abord comme un bon vieux morceau shoegaze avec un son de basse très
indie 90's. Puis, une voix d'outre-tombe typée black métal fait son apparition.
Première surprise. Arrivent ensuite un synthé cheap et des harmonies vocales
presque enfantines. Puis une enfilade de blast-beats pour un final de black
métal atmosphérique. Avec toujours en arrière-plan cette boucle synthétique qui
aura d'ailleurs le dernier mot sur ce morceau d'ouverture. Plus speed, "Floranam" mélange noisy pop et black
métal, le courant musical dominant sur la première partie du titre. Le chant
hurlé et la batterie au tempo élevé sont au diapason. Jalonné de nombreux
breaks, "Floranam"
prend progressivement une tournure plus pop grâce à ses synthés mélancoliques.
Changement d'ambiance sur le planant "Yaj
uiqplaine hill cuete gens bahajade". Après une longue intro
très ambient (les nappes de synthé filent le bourdon immédiatement), une boucle
synthétique lance les hostilités : chant guttural et choeurs juvéniles
alternent parfaitement. La guitare, très indie-rock, n'apparait qu'en milieu de
piste relayée ensuite par des blast-beats assez discrets et un gimmick de
synthé vintage. Un savant mélange d'influences bien diverses pour un résultat
assez fluide. "Wy usten alss lasett fay
hens jarakelees baha" plus rythmé conclut cet EP ovni en
conviant à la fête DARKTHRONE (celui des débuts) et the RENTALS.
COFFRET
DE BIJOUX alias Alice Simard est vraiment une artiste inclassable qui se moque
des étiquettes. Elle prouve en tout cas que musiques extrêmes, shoegaze et
indie-pop peuvent faire bon ménage. Une réussite !
BABYLONPRESSION fête cette année ses 25 ans et pour
l’occasion le groupe sort une compile de 25 titres réinterprétés et pour
certains réarrangés. Les morceaux ont été choisis parmi leurs six albums et EPs
et l’ensemble sort sur un triple vinyle blanc, trop classe.
On retrouve
la crème de la crème des morceaux avec en plus quelques invités pour l’occasion
comme sur Classé X dans lequel
intervient Kheopsd’IAM, Sandwich à la
merde avec Befad’OneyedJack, Champagne
avec NickPeq de MotoCuir et Nicolas de Los
Disidents del Sucio Motel sur Tellement de connards, si peu de
cartouches.
J’adore les
textes de ce groupe, totalement irrévérencieux et décalés mais tellement
jouissifs. Qu’on adhère ou pas ce groupe ne peut laisser indifférent. Babylon
Pression est un groupe tellement singulier. Quelle énergie, quelle
puissance ! Au total 1 heure 40 de punchlines qui ne peuvent qu’à nous
pousser à aller voir le groupe sur les trop rares concerts qu’il donne.
Le visuel a
été confié à Oh Riane Schneider, une illustratrice marseillaise. Tout en noir et blanc l’objet
claque vraiment.
Le son a été
enregistré au Studio Onde Source par OlivierReyre à Marseille et mixé par GaëlHallier au petit Village Studio. La
version numérique que j’ai reçue a un son étouffé et c’est fort dommage mais la
version vinyle s’annonce comme énorme, on croise les doigts.
Aussi
soudaine qu’inattendue cette collaboration entre ForestPooky et Cooper est une sacrée surprise et une magnifique promesse.
Cooper
fait partie de cette génération de groupes hollandais talentueux mais passés
sous les radars dans les années 90 alors que le punk mélodique avait pourtant
le vent en poupe. Je les ai découverts pour la première fois lors de leur split
avec ShaggyHound puis en première partie d’UndeclinableAmbuscade
au début des années 2000. Leur carrière s’est relancée il y a quelques années
grâce à KickingRecords qui leur a donné une belle
exposition en France.
ForestPooky n’a plus vraiment besoin d’être
présenté, le chanteur à la voix de velours possède une très grosse carrière que
ce soit en solo ou avec une multitude de groupes (Sons Of Buddha, ThePookies, Supermunk, NapoleonSolo, AnnitaBabyfaceand the tasty poneys, The Black Zombie Procession, Maladroit…).
L’association
des deux ne se fait pas sous forme d’un split comme ça pu être le cas avec Kepi
Ghoulie, Peter Black ou Panic Monster mais en mixant le
groupe néerlandais au chanteur ardéchois. Sorte de groupe hybride. Le résultat
se veut plus qu’emballant puisque ça groove à mort et dès les premiers accords
de Pricks in disguise on
comprend vite que les voix de Forest et René
s’accordent parfaitement, le batave se chargeant des chœurs sur le refrain ce
qui créé de belles harmonies. On retrouve la patte Cooper sur Dive
et They’re taking over tout en
douceur alors que What You Gonna Do ?
se présente comme le tube de cet album grâce une accroche hyper efficace. La
rythmique est le point fort de Discussing the
Matter, qui est clairement mon morceau préféré. Je suis moins
fan du côté cabotin de It’s time notamment
sur la façon dont Forest
pose son chant mais la fin avec René est d’une efficacité incroyable. L’album regorge de bonnes
idées comme ce mode crooner de Forest sur Love living in misery.
Cet
album de The Cooper and Forest Pooky Experience est une excellente idée qui
débouche sur un punkrock fortement teinté des qualités mélodiques des deux
prétendants, experts en la matière.
Parmi les
nombreux jeunes groupes prometteurs, les Strasbourgeois de PALES avaient déjà retenu toute notre
attention à l'occasion de leur premier EP "In Our Hands"
sorti en 2022. Leur post-punk énergique fort bien troussé démontrait déjà qu'on
avait affaire à un groupe au gros potentiel. Trois ans plus tard, les jeunes
Alsaciens reviennent avec un nouvel EP qui s'éloigne un peu de la ligne
musicale de leurs débuts. Plus bruitiste et audacieux, PALES intègre sur ces 5 nouveaux titres
des sonorités plus noise et industrielles sans jamais perdre son côté pop. Un
savant cocktail particulièrement addictif que l'introductif "PieceofMeat" met en exergue.
D'abord dominé par le spoken word de CéliaSouarit dont les intonations rappellent, dans des styles bien différents, Laurie
Anderson ou la québécoise Marie Davidson, le titre voit s'installer
une tension grandissante au fil des minutes. La guitare devient plus noisy
alors que la batterie et le chant gagnent en intensité. Ce morceau crescendo
est une réussite qui donne parfaitement le ton. Plus tendu dès son entame,
"Uppercut" porte son
nom à merveille. Les riffs percutants tranchent d'abord avec le chant assez
doux. Puis les déflagrations sonores se font plus nombreuses si bien que cet
"Uppercut", qui met
tout le monde à terre, se termine dans une sorte de transe noise portée par une
basse martiale. Changement d'ambiance ensuite avec l'intro assez catchy de
"Superstar". Le
calme avant la tempête. Car le titre prend ensuite une tournure nettement moins
pop. Les guitares deviennent de plus en plus dissonantes avant que le mur du
son laisse place à une fin plus dansante et synthétique dans un final évoquant
les expérimentations des PSYCHOTIC MONKS. "1518" renoue avec un son plus
post-punk et un chant plus affirmé encore de Célia Souarit. Le titre se
termine magnifiquement sur un rythme technoïde et dans une ambiance plus indus.
Mené sans répit en 25 minutes chrono, le nouvel EP de PALES arrive déjà à son terme avec la
pièce la plus longue "DangerousDance". Un titre fleuve
qui débute tranquillement avec un son de guitare minimaliste. La batterie
puissante et la basse font corps ensuite pour lancer la machine PALES. Ce morceau de conclusion est sans
doute celui qui met le plus en avant les qualités vocales de Célia Souarit,
du chuchotement aux cris. Très expérimental, "Dangerous Dance" alterne les passages
très bruyants et les accalmies. C'est d'ailleurs dans la douceur et
l'apaisement que se termine ce superbe morceau.
Avec
ce nouvel EP, PALES a clairement franchi un cap en étoffant son post-punk
originel de sonorités plus rugueuses et aventureuses. Leur musique est encore
plus passionnante. On attend l'album avec impatience.
LOREM
IPSUM – Même quand ta main quittera la mienne [EP]
Voice of
the unheard
J’ai reçu ce
court EP il y a quelques semaines avec l’intitulé screamo acoustique, qui
attise énormément ma curiosité. Avec en tête l’idée d’un chant hurlé sur un
fond de guitare acoustique…
A l’origine Lorem Ipsum est un trio Lillois sans batterie
qui a sorti 2 albums (2017 et 2021). Ce nouvel Ep est le moyen d’annoncer la
venue de Bastien (de TANG) à la batterie. Pour information,
le lorem Ipsum, pour ceux qui utilisent des logiciels de mise en page, est une
suite de mots sans signification qui sert à combler des zones de textes
Tes Yeux clos démarre et c’est sur une musique assez éloignée de ce que
l’on pourrait attendre du screamo, avec ce duo piano – batterie vite rejoint
par un violon joyeux. Le morceau semble raconter une histoire avec plusieurs
parties bien distinctes et notamment un début joyeux. Il faut attendre la
moitié du morceau pour voir l’atmosphère évoluer et entendre la voix, le
morceau prend alors une belle dimension avec ce violon emballant.
Le chant façon
slam ou spoken word sur tes jours sans moi
est plein d’intensité et la montée en puissance s’accompagne d’une mutation en
chant hurlé soutenu par un violon amplificateur d’émotions. Un très beau morceau dont les textes résonnent
particulièrement en moi en ce moment.
L’énergie
est présente dès le début de Et le mal
avec une grosse intensité, le violon associé à la guitare fonctionne
parfaitement. Le morceau est court (moins de deux minutes) et montre le côté post-rock
du groupe.
L’EP est
disponible sur un vinyle simple face avec la face B sérigraphiée d’un visuel zootrope
qui a été créé par Vincent Hocquet. Le visuel est aussi très réussi.
LOREM
IPSUM est un groupe rare qui joue une musique atypique, mélange de classique et
de post-rock moderne. Une belle découverte.
Je lis
beaucoup de biographies musicales ces derniers temps, j’ai dévoré celles des Burning
Heads, Nofx, Vulgaires Machins, Dave Grohl, Therapy,
les Sheriff, Black & Noir… Aussi, pour Noël, quand mon frère
adoré m’offre celle de BadReligion, je ne peux être qu’aux anges. A la
base j’aime beaucoup la bande de GregGraffin que j’ai découvert au début des années 90 mais je ne connais finalement
que peu de choses à part les grandes lignes.
A travers ce
livre écrit par un journaliste (JimRulland) qui est aussi un grand fan du groupe (c’est important de le signaler) mais
aussi par quatre des membres (GregGraffin, BrettGurewitz, JayBentley et BrianBaker) on repasse en détail l’histoire du groupe depuis sa
naissance jusqu’au dernier album Age Of Unreason sorti en
2019.
Premièrement,
j’ai trouvé l’histoire passionnante. J’ai beaucoup aimé les tout débuts du
groupe, depuis sa création en 1980, le choix du nom, l’idée du logo
emblématique, les premiers concerts, le premier EP… Puis la sortie de How
could hell be any worse ? en 1982 et ses répercussions sur la
scène de Los Angeles. J’ai beaucoup aimé l’histoire de « l’accident »
Into the unknown , essai prog rock, dont
j’ai découvert l’existence à travers ces lignes. Cet album raté sera un
détonateur pour la suite, il entraînera aussi l’arrivée de Greg Hetson des Circle Jerks en deuxième
guitariste. En 1988 sort l’album qui change tout : Suffer.
Culte et influence majeure de la plupart des groupes punkrock qui ont explosé
dans les années 90.
A partir de
ce point le livre s’attarde sur la vie de chaque membre, sur les changements de
line-up (6 batteurs au total !), les tournées et sur l’écriture de chaque
album. On peut peut-être trouver ça pénible mais j’ai beaucoup apprécié que Graffin
ou Gurewitz s’attardent sur la genèse de certains morceaux expliquant
les textes ou la musique. Je trouve ça très intéressant et ça permet d’avoir
une écoute différente de certains titres. En tout cas un éclairage réellement pertinent.
Bien sûr Brett
Gurewitz revient sur son rôle de producteur, sur Epitaph et
l’explosion d’Offspring et Rancid qui va mettre le label au
premier plan. La conséquence sera aussi la signature de Bad Religion sur
Atlantic records avec des conditions énormes : Andy Wallace
produit l’album alors qu’il s’est chargé de Nevermind et
le premier Rage Against The Machine juste avant. C’est un autre moment
clé dans l’histoire du groupe car il marque le départ, à nouveau, de Gurewitz
mais aussi une fracture avec une partie des fans. Et le discours du groupe sur
ce point est très intéressant à lire.
Cependant,
le côté fanboy de Jim Rulland l’amène à répéter à chaque chapitre que le
groupe est le plus intelligent de la scène. Que tu l’entendes une fois suffit
je pense, que la prose et le verbe de Graffin soient hors normes on le
comprend vite et ces répétitions sont vite lourdes. Quelques passages sont un
peu longs aussi et je suis surpris de ne pas croiser des noms emblématiques de
la scène comme The Descendents ou Dead Kennedys pourtant de la même
époque.
Do
What You Want est une belle biographie d’un groupe qui aura influencé et
orienté la scène punkrock. Une lecture indispensable pour tous ceux qui ont été
bercés par la génération Epitaph.
Daria signe son retour fin 2024 avec Fall Not, cinquième album aussi brillant que ses prédécesseurs. Dans une scène Angevine plus active que jamais (Fragile, Do Not Machine, Limboy, Bermud, Tiny Voices, San Carol...) il est temps de prendre des nouvelles du groupe fondé au début des années 2000.
L’actualité
de Daria c’est votre retour huit ans après avec un nouvel album, Fall Not. Qu’est
ce qui a entraîné cette longue pause ?
La pause est
survenue assez simplement. Après la tournée 2016-2017 pour défendre Impossible
Colours (sorti en 2016), nous ne sommes pas retournés au local de
façon fréquente pour composer de nouvelles chansons… Sans doute que nos vies et
nos obligations à cette période nous ont éloigné de la musique de Daria
et assez simplement, sans le verbaliser, que nous nous sommes mis en pause… Ce
qui a permis à chacun de faire pleins d’autres choses :)
Il y a
eu des changements de line-up entre Impossible Colours et Fall
Not. Le tout premier concerne la batterie, Matgaz n’a fait qu’enregistrer
le précédent album je crois ? Comment s’est fait le retour d’Arnaud ?
Oui c’est
ça. Matgaz avait enregistré Impossible Colours et
fait les premiers concerts qui ont suivi. Puis par manque de temps (il joue
notamment dans Mars Red Sky), il a cédé sa place à Charly
(batteur originaire de Limoges, dans les Bushmen entre autres…) pour
toutes les autres dates. Puis la pause est survenue.
Et le retour
d’Arnaud s’est fait en 2021/2022. D’abord sur le mode « eh les
gars, est ce qu’on n’irait pas jouer quelques morceaux au local ? » puis
de fil en aiguille l’idée a fait son chemin que l’on pourrait jouer de nouveaux
trucs…
Pour
la basse, le changement avec l’arrivée de Pierre-Yves s’est fait durant l’enregistrement ?
J’ai lu que Germain était crédité de 4 morceaux… ?
Oui c’est
ça. Germain avait repris avec nous lors des sollicitations d’Arnaud.
Puis l’aventure a cessé durant l’enregistrement. Nous avons enregistré l’album
en 3 sessions de 3 jours durant 2023 : février, avril et octobre. Germain a
joué sur celles de février et avril. Et par la suite, la vie perso et pro a
fait que cela n’était plus possible pour lui de poursuivre. PY est
arrivé dans la foulée à l’issue de la session d’octobre (c’est Cam qui
s’est chargé, en plus, des basses lors de cette session).
L’artwork
contraste vraiment avec le précédent avec un côté sombre, était-ce volontaire
ce contraste ?
Effectivement,
c’est plus NB que full color comme le précédent. Non ce n’était pas du tout
prémédité. On fonctionne au coup de cœur sur des visuels. Et nous avons tout de
suite flashé sur ce visuel. La peinture de la pochette est le travail d’un
artiste qui s’appelle Kieran Antill.
L’enregistrement
s’est fait par vos soins, Camille notamment, qu’est-ce que cela
change par rapport aux enregistrements précédents en studio ?
Comme on le
disait précédemment, nous avons fait en 3 sessions, mais c’était bien des
sessions en studio. Pour le groupe ce qui était différent c’est que cela
offrait le temps (court quand même) d’une réflexion sur certains sons, certains
arrangements. Pour Cam, ça multipliait les casquettes. Chapeau (sic!) à
lui de l’avoir fait ainsi !
Est-ce
que s’enregistrer n’amène pas une pression supplémentaire par rapport à un
enregistrement avec un producteur du calibre de J. Robbins
Oui dans le
sens où l’on veut être sûr de fournir à celui qui va mixer des pistes
correctes, avec des choix de sons cohérents par rapport à la fois à
l’esthétique de celui qui mixe mais aussi avec ce que l’on va attendre de lui. Cam
n’en est plus à son coup d’essai et nos collaborations avec J. Robbins nous
renforce aussi sur ce terrain-là.
Comment
se passe la création d’un titre chez Daria? Par exemple pouvez-vous expliquer
comment est née une chanson comme Cognac ? Le texte, la musique ?
Assez
classiquement je crois. D’une part, on démarre sur une idée que l’on fait
tourner au local, qu’on étoffe, qu’on travaille. Et si tout se passe bien et
que cela commence à ressembler à un morceau alors Cam commence à
travailler une mélodie de voix. Ou d’autre part, il arrive que certaines idées
soient bien abouties, que le titre soit entièrement composé par l’un de nous.
Par exemple, Cam a écrit Cognac
puis l’a enregistré en mode démo sur son ordi. Tous séduits, on a plus qu’à
apprendre à le jouer au local. Evidemment dans tous les cas, ça laisse la place
aux discussions pour faire évoluer les choses à des moments. Une démo VS
l’énergie/le volume du groupe en vrai ça change parfois les perceptions et fait
évoluer les choses.
L’écriture
d’un morceau varie-t-elle suivant que vous êtes
dans Daria, Lane ou Do Not Machine ? Par exemple si un
riff de guitare vous vient en tête avec quel groupe l’associez-vous ?
Oui
forcément car de loin c’est du rock mais de près ce sont 3 groupes différents
:)
Et de façon
très pratique, Machine utilise un accordage guitare très spécifique donc
y’a pas de question à se poser. Et LANE a existé alors que Daria
ne jouait plus donc finalement pas de question non plus.
Quel
regard portez-vous sur l’évolution de Daria depuis Silencer ?
C’est une
question compliquée car ce n’est jamais simple de regarder dans le rétro. Je
crois que la principale évolution tient dans la manière qu’on a de faire passer
les émotions. Depuis le début la sincérité des émotions est là mais elle ne
s’exprime plus pareille aujourd’hui. À l’époque de Silencer,
c’était beaucoup « tout dans le rouge », à fond les instrus et la
voix. Aujourd’hui, on cherche beaucoup plus la dynamique au sein d’un morceau
ou d’un disque, et ce dans la musique mais aussi dans le chant pour transmettre
ces émotions.
Je ne
vous ai jamais posé la question mais d’où vient le nom Daria à l’origine ?
C’est un
prénom d’origine slave que l’on a toujours beaucoup aimé. Et à l’époque de la
naissance du groupe naissait aussi le dessin animé du même nom que l’on
appréciait.
Petite
question de curiosité pour Camille et Etienne, on vous croise toujours dans les
mêmes groupes, avez-vous et jouez-vous dans d’autres formations, séparés l’un
de l’autre ?
Effectivement
! Par le passé, Cam a joué dans Ride The Arch sans Etienne.
Et Etienne a joué dans Hatebonz sans Cam… mais avec Arnaud
:)
Y’a-t-il
beaucoup de dates de prévues pour soutenir l’album ?
Oui nous
allons essayer de défendre au maximum Fall Not par la
scène. Nous avons annoncé d’ores et déjà une vingtaine de dates jusqu’à l’été…
En France mais aussi en Espagne :)
Merci à Herr Krombacher pour les photos et les vidéos.