dimanche 23 novembre 2025

Interview - SPLIT


 Avec Violence Breeds Violence, SPLIT s’immisce dans le paysage hardcore français en fracturant la porte d’entrée grâce à un son et une approche très brutale. Le groupe Rouennais mené par Marvin Borges Soares (ex- Structures) répond à nos questions aux côtés de son bassiste, Lucas.

 

SPLIT est un nouveau groupe qui émerge sur la scène hardcore avec un univers très sombre et engagé. Pouvez-vous vous présenter (membres, parcours, formation du groupe) et nous expliquer ce qui vous a poussé à créer SPLIT ?

Marvin : Nous sommes 5 dans le groupe : Lucas à la basse, Jeremy à la batterie, Romain et Raphaël tous deux guitaristes et moi au chant. J’ai créé le groupe en avril ou mai 2024 puis on a enregistré l’album dans la foulée, les titres étaient pour la plupart prêts, je les ai écrits dans les 6-8 mois précédent le studio sur garage band que j’apprenais à utiliser (je suis toujours mauvais d’ailleurs). Ce qui m’a poussé à créer le groupe c’est tout d’abord l’envie de m’émanciper et l’urgence de faire quelque chose en accord avec moi-même et le monde qui nous entoure, ça me tenait réellement à cœur, l’envie d’y mettre tout ce que j’avais en moi à ce moment-là et surtout un engagement, pas juste faire de la musique pour faire de la musique, ça ne m’intéresse plus, je n’y vois plus aucun intérêt aujourd'hui.  

Lucas : Quand Marvin m'a fait écouter ses démos, je bossais dans un studio d'enregistrement (One Two Pass It à Bagnolet). Je lui ai directement proposé mes services pour l'aider à enregistrer et produire cet album. Par la suite, il m'a rapidement proposé de prendre la basse dans le groupe, étant donné que je connaissais les morceaux par cœur ! Dès les premières répétitions, on a tissé une relation assez fusionnelle avec Jeremy, notre batteur. On a un peu tâtonné pour trouver les guitaristes, mais à présent Romain et Raph, qui ont rejoint le groupe en Juin dernier sont vraiment au top, on est très heureux de ce line-up. 

 

Violence Breeds Violence s’annonce comme un manifeste sonore sombre et brut. Quelles sont les influences qui l’ont façonné ? Y a-t-il des œuvres, des artistes ou des événements qui ont particulièrement inspiré les thèmes abordés (violences sociales, dépression, addiction) ?

Marvin : Oui, c’est un album sombre et brut d’autant plus qu’il a été fait dans l’urgence et sans concessions, j’y ai mis tout ce que j’avais en moi à ce moment-là, sans revenir dessus pendant des plombes. D’un point de vue purement musical, Le New York Hardcore m’a pas mal inspiré, car je suis allé à New York entre les prises de l’album, tout comme les groupes que j’écoutais à l'époque et que j’écoute toujours aujourd'hui (Gulch, Scalp, Total Abuse, Nails, Extortion, Cell Rot, Regional Justice Center, Sex prisoner, World Peace, Xiao, Hoax) pas mal de powerviolence, de crust, du Punk Hardcore au sens large jusqu’au sludge comme Thou, Primitive Man, le dernier Uniform, parfois de l’indus avec Godflesh en passant par des groupes plus noise comme Ken Mode ou Couch Slut. Le Punk Hardcore était pour moi la meilleure manière de retranscrire ce que je ressentais car c’est avant tout une musique d’urgence, de combats, de rage et contestataire. 

Il n’y a pas forcément d’œuvres qui m’ont inspiré car mon inspiration est venue tout simplement du vécu, des phénomènes sociétaux, des répercussions de la politique et du climat global sur ma santé mentale, de l’anxiété, d’états dépressifs, d’injustices, d’addictions, d’une profonde rage qui ne demandait qu’à être extériorisée, tout ça dicté par la seule envie de faire quelque chose qui avait enfin du sens pour moi, ce que je n’avais jamais réellement fait avant. 

 

Vous avez travaillé avec des personnes comme Marc Lebreuilly (Unschooling) pour l’enregistrement, et des réalisateurs comme Basile Marion et Rémy Barbe pour les clips. Comment ces collaborations ont-elles influencé le rendu final de l’album ?

Marvin : Pour nous il était important de s’entourer de personnes issues du même univers, avec les mêmes convictions, comme s’ils étaient l’extension du groupe. J’ai toujours accordé une grande importance à chaque support, art, qui permet de rendre hommage à la musique et la sublimer d’une quelconque manière, il aurait été impossible qu’un clip ou une collaboration artistique ne se fasse sans cet état d’esprit. Nous avons fait les bons choix et avons travaillé avec des personnes talentueuses et formidables et continuerons à suivre cette ligne directrice. 

 

Les paroles de l’album abordent des sujets forts : violences policières, précarité, addiction. Pourquoi avoir choisi de traiter ces thèmes ?

Marvin : Comme je l’ai dit précédemment, pour moi il était vital et urgent d’aborder ces thèmes, nous vivons dans un monde violent où l'art est souvent trop lisse, ou du moins ce que certaines personnes décident de mettre en avant dans les médias ou sur les radios. Il n’a jamais été question avec SPLIT de faire de la musique juste pour faire de la musique et il n’en sera jamais question. Nous avons une forte conviction de traiter de sujets qui nous tiennent à cœur et nous continuerons à le faire. 

Lucas : Le thème de la violence est intéressant parce qu'on est dans un moment où beaucoup de violences nous sont opposées : violence d'état, violences policières, violence sociale (précarité), crimes de guerre, l'actualité est chaque jour plus violente j'ai l'impression. Aborder ces thèmes et jouer une musique violente est donc pour nous une manière de tester et de canaliser une certaine violence qu'on a tous intériorisée au fur et à mesure que ces attaques des pouvoirs ont pris de l'ampleur. On est au moment parfait pour jouer cette musique et la vivre pleinement.

 




Comment percevez-vous la place de SPLIT dans la scène hardcore française actuelle ? Quels sont les groupes avec lesquels vous partagez des affinités ? 

Marvin : SPLIT est un groupe récent, il est difficile quand vous êtes le petit nouveau de la classe de se faire une place, là c’est pareil. On n’a fait peu de concerts pour le moment et avons hâte de rencontrer des gens sur la route. On ne cherche pas forcément à faire partie d’une scène même si on trouve ça essentiel car nous ne trainons tout simplement pas qu'avec des gens qui font du hardcore, quand nous partageons la scène avec d’autres groupes on créé des liens, on s’entraide, c’est pour moi le plus important et ce qui caractérise aussi "une scène" tout comme on l’a fait avec Insurgent pour parler Hardcore, ca viendra avec d’autres et pas forcément qu’avec des groupes Normands, du nord de la France ou de Paris. On se sent aussi proche de la scène "rock" : We Hate You Please Die, Servo, School, Rendez-Vous, You Said Strange, Hoorsees ou des Bryan’s Magic Tears que des groupes qui font partie du même univers musical que nous. En France depuis quelques temps il y a de plus en plus de groupes qui font du hardcore ou des musiques "extrêmes" surtout à Paris ou des groupes comme Sorcerer, Headbussa, Cavalerie ou Calcine, s’exportent plutôt pas mal sur la scène hardcore européenne. Moi je suis née à Amiens et réside à Rouen donc je peux te parler plus facilement de L’idylle, Pilori, Benef ou de Detresse qui sont tous des groupes que j’apprécie et supporte. 

 

Après ce premier ALBUM, quels sont les projets à venir pour SPLIT ? J’ai vu que vous jouiez bientôt avec Coilguns et MSS FRNCE …

Marvin: Un deuxième disque, le plus de concerts possible, des collaborations, des rencontres, d’autres thèmes importants pour nous à aborder. Oui nous allons partager la scène avec quelques groupes cet automne et avons hate de partager ces moments avec eux et les rencontrer. 

 

Si vous deviez résumer Violence Breeds Violence en une phrase à destination de vos auditeurs et de nos lecteurs, quel serait-il ?

Marvin : Violence Breeds Violence est un album violent, crade, sombre, brut et engagé, qui aborde des thèmes qui peuvent parler à chacun de nous. 

Lucas : Y’a plein de disto dedans... 

 

Un mot sur la pochette de l’album et son symbolisme ? 

Marvin : un geste simple du quotidien qui peut être selon le contexte et les protagonistes d’une violence inouïe.

Lucas : Oui, ces vieilles mains blanches et ridées là.

 




Interview réalisée en septembre 2025             Photos : Remy Barbe

 

J. NeWSovski

https://split-hc.bandcamp.com/album/violence-breeds-violence

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