Plus d'infos sur les groupes :
SCOWL - Are We All Angels
Dead
Oceans
Après un premier album brut de décoffrage
How Flowers Grow aux sonorités très hardcore sorti
en 2021, SCOWL, le quintet de Santa Cruz, revient sur le front avec Are
We All Angels ?.
Sans devenir des anges pour autant,
ils ont fait en sorte de faire évoluer leur sonorité de manière franchement
très agréable.
Are We All Angels ? nous
propose des formats de chansons plus longues que son prédécesseur mais surtout
une production plus propre (trop propre diront certains). Kat MOSS, la
frontwoman, a su élargir son panel de textures vocales de façon intelligente en
alternant les parties scream avec des tessitures plus sucrées.
D’entrée, cet album enchaine avec une
enfilade de 4 morceaux « Special »
qui donne le ton de la nouvelle orientation musicale du groupe, « B.A.B.E. » qui
laisse une part belle au chant hardcore, « Fantasy »
(On croirait entendre VERUCA SALT qui sort en album de nos jours) et
« Not Hell, Not Heaven ». Avec ces sonorités 90’s, on dirait des tubes
programmés pour les radios universitaires. Mais ça marche bien.
Le premier tournant intervient avec
« Tonight (I’m Afraid) » bon
morceau progressif qui part sur des sonorités pop pour s’accélérer comme il
faut. « Suffer The Fool (How High Are You ?) »
nous fait une remonté dans le temps période ’91-’93 avec ce format très marqué
grunge.
Mais ils savent revenir à leurs
origines avec des morceaux plus incisifs comme « Cellophane » ou « Are We All Angels ? »
qui joue sur les tempos.
Perso, j’ai un petit faible pour
« Let You Down » qui est un bon équilibre entre pop et punk.
Si vous êtes à la
recherche d’efficacité, entremêlant pop, hardcore et un son un peu grungy et
bien SCOWL
est fait pour vous. Certains diront que le groupe s’est vendu en délaissant le hardcore
pur et dur d’origine, d’autres apprécierons la diversité des influences. En
tout cas, « Are We All
Angels ? » est un
album percutant et avec l’ouverture d’esprit dans les compos, il semble être un
pari assez facile à gagner de dire que le groupe va faire des ravages et gagner
en popularité.
Herr Krombacher
https://scowl831.bandcamp.com/album/are-we-all-angels
BONUS
"Special" : https://youtu.be/CGzyxGSqaE4?si=MDREFhmhdLNbcdab
"B.A.B.E." : https://youtu.be/u_mZbGUJRC4?si=nS0BxTYnTkaBuA3T
« Fantasy » : https://youtu.be/VEro4qn5RcE?si=StfxVXzP4mKFtFgy
BANK MYNA – Eimuria
Medication Time Records / Araki Records / Stellar frequencies
records
Il y a des disques qui ne se livrent pas tout de
suite. Des disques qui réclament qu’on les déguste, qui réclament du silence
autour, une pièce à soi, et une écoute feutrée. Eimuria,
deuxième album de Bank Myna, fait
partie de ceux-là. Un disque à la croisée du post-rock, du doom et de
l’ambient, qui nous entraîne lentement dans un monde à la beauté vertigineuse
et inquiétante.
Ce qui frappe d'abord, c’est l’atmosphère. Elle est dense
et brumeuse. Je pense à Chelsea Wolfe pour le goût des tensions et les
montées en puissance, à Anna Von Hausswolff pour le côté mystique, ou
encore à Emma Ruth Rundle et Julie Christmas pour la
capacité à faire frissonner. Mais Bank Myna
a vraiment son propre style.
Seulement cinq titres mais près de cinquante minutes,
les morceaux sont donc longs, patiemment construits. Chacun est un voyage, une
embardée, No Ocean of
Thoughts ouvre dans une lente dérive, et prend son temps pour
s’installer, puis The Shadowed Body s’étale sur près de treize
minutes avec une belle basse et des guitares inquiétantes. Le point culminant
se situe sur Burn All the Edges, vraiment
mystique, aux touches ethniques dans les sonorités mais aussi le chant de Maud qui devient tour à tour aérien puis incantatoire,
il est le fil conducteur de ce voyage sonore. Sa voix n’habite pas seulement la
musique : elle la hante.
J’avais déjà beaucoup aimé Volaverunt
(leur premier album) qui explorait déjà ce côté sombre, Eimuria
s’y enfonce encore plus profondément. C’est un album encore plus dense et plus
riche. Chaque écoute devient un voyage, jamais exactement le même.
On sort de Eimuria un peu transformé, comme vidé puis
rempli différemment. C’est un disque qui transporte, fait voyager. Un disque
comme de grands artistes peuvent produire. Bank Myna est un groupe français, de
Paris et il est tout aussi grand !
J. NeWSovski
https://bankmyna.bandcamp.com/album/eimuria
https://www.facebook.com/bankmyna/
PROPAGANDHI – At
Peace
Epitaph
Voici certainement l’album le plus clivant de l’année,
il ne peut laisser indifférent dans un sens comme dans l’autre. Et je dois
avouer que je suis passé par plusieurs états d’esprit à son écoute.
Lors des premières, ça a vraiment été une déception.
J’adore les morceaux d’ouverture des Canadiens « Mate Ka Moris » sur Today’s
Empires, Tomorrow’s Ashes ou « A speculative fiction » sur Potemkin
Limits pour n’en citer que deux et, ici, At Peace
démarre avec Guiding Lights
qui amène de l’intensité et une belle tension mais n’explose jamais, il faut
donc attendre At Peace pour que Propagandhi
renoue avec ce que j’aime : ce côté agressif, explosif et une belle
énergie. Cat Guy s’en sort aussi pas mal avec des riffs
abrasifs mais la suite se révèle mièvre et finalement peu emballante. Ces
premières sessions se sont donc révélées décevantes.
Je dirais que Propagandhi
n’est pas un groupe qui a l’habitude de décevoir et de rater un album. Certes
le précédent (victory lap) était un ton en dessous mais il
reste, pour moi, un bon album. Alors on remet le disque encore et encore, et puis
il y a un petit déclic et il me ramène indéniablement vers lui.
Et sur cette deuxième salve d’écoutes à haute dose il
y a énormément de choses qui ressortent. Tout d’abord la première moitié de l’album
est vraiment très bonne si on accepte le fait que les canadiens ne fassent pas
ce qu’ils ont déjà joué par le passé. Le riff sur Guiding Lights
est extraordinaire, At peace est aussi un morceau superbe, peut-être,
et même certainement, dans le top 10 du groupe tandis que Cat Guy
et son intro très martiale fait preuve de mélodies très pointues, ce même côté
mélodique est énormément présent sur No
Longer Young, moins bon peut-être mais non dénué
de charme. Rented P.A. est peut-être moins intéressant mais
la guitare révèle un côté métal super sympa, et puis son pont en plein milieu
est juste magique. Autre point important on trouve des accords, des riffs très techniques
qu’on n’entend pas habituellement dans ce registre de groupes.
Et puis à force d’écoutes je dois avouer que mon jugement s’est affiné. Son
principal défaut est certainement sa longueur car avec 48 minutes et de
nombreux morceaux moins qualitatifs sur sa deuxième partie (Fire season,
day by day)
il perd énormément en impact. Je pense qu’il aurait mérité ne pas dépasser les
35 minutes pour vraiment être percutant.
Mais on ne peut pas que parler de musique avec Propagandhi, il faut absolument aborder les
textes et les thématiques abordées. Et le groupe semble désillusionné voire
même résigné, Le thème des états autoritaires et fachistes est mis en avant sur
Benito’s earlier Work qui tire
son nom de Benito Andrea Mussolini. C’est un peu la même idée sur
Vampires are real mais il
parle de la mainmise des puissants sur les Etats. Tandis que no longer young approche le vieillissement
et le déclin de nos sociétés occidentales. Rented
PA aborde la manipulation de l’opinion public à travers les
discours politiques en lien direct avec le gouvernement Trump. Et puis Guiding Lights met la lumière sur cette
recherche de sens que l’on ressent dans une société qui perd tous ses repères.
Avec 35 années de carrière, Propagandhi signe ici son
album le plus atypique. Le groupe a toujours évolué et At Peace se veut le plus
calme et le plus mesuré. Il reflète l’état d’esprit très résigné des canadiens
en apposant une tension à ses morceaux. Le fait d’avoir ralenti le rythme et
délaissé les titres puissants est audacieux et cela ne plaira pas à tout le
monde mais, pour ma part, avec un très grand nombre d’écoutes, je dois avouer
que j’aime beaucoup certains morceaux et notamment la première partie de cet
album.
J. NeWSovski
https://propagandhi.bandcamp.com/album/at-peace
https://www.facebook.com/Propagandhi/
TIEBREAK – Hardcourt [EP]
À tant Rêver Du Roi
C’est près d’Angoulême
qu’est né Tiebreak, groupe passionné
de tennis emmené par Richard Juge, qui fait le chant, la guitare et la basse
tandis que Matgaz s’est chargé de la
batterie en studio. Pour le live Richard s’est entouré d’autres musiciens dont
notamment Manu et Romain de W!ZARD.
Le groupe alterne entre indie rock, noise voire post-rock.
Trop court pour être un
album (17 min), un peu long pour être un EP, Hardcourt est
un format hybride qui se révèle plutôt intéressant. Tiebreak
entame avec panache son match avec The
Court à la guitare abrasive et
aux faux airs de Sparta. Matchpoint
enchaîne et alterne passages mélodiques et sonorités noises. La puissance de TieBreak s’exprime parfaitement dans RAM avec une énergie communicative et son
gimmick à la guitare vraiment irrésistible. Richard
amène de la lourdeur avec Pigs,
très noise qui me fait un penser, sur son intro, à Unsane.
Enregistré à La Nef et
mixé par Oli Simpson, Hardcourt bénéficie d'une
production très propre.
TIEBREAK signe donc
un premier opus très intéressant qui se révèle assez facile d’accès tout en
gardant un côté indie underground plaisant. Affaire à suivre !
J. NeWSovski
https://www.facebook.com/tiebreaktheband/
https://tiebreakband.bandcamp.com/album/hardcourt
HATEFUL MONDAY - The Great Nothing
Kicking
Records
Allez c’est parti pour un petit tour en Suisse avec les
punkers d’HATEFUL MONDAY, qui sortent
d’un conclave d’un peu moins de 4 ans depuis leur 2 titres « The
Freak Parade » qui permettait de présenter aussi leur nouveau
line-up. Reverend Seb et son équipe
nous reviennent avec un nouvel album « The Great Nothing ».
Avec un réel savoir-faire et plus de 25 ans d’expérience. On
avait déjà eu le droit à un petit aperçu en Juin de l’année dernière avec la
sortie du titre « Midlife
Crisis Social Club »
qui figure également sur cet opus et qui montre que le groupe a gardé un vrai
goût pour les mélodies, la vitesse et l’efficacité.
On rentre vite dans le vif du sujet dès l’ouverture de cet
album avec du pur HATEFUL MONDAY dans le style et l’enchainement des morceaux
au rythme bien soutenu « Pure State of
the Quantum System », « The
Sum of our Parts », « The
Great Filter ».
Puis arrive un morceau comme « The Things That Could & Should Have Been »
qui laisse la part encore un peu plus aux mélodies.
Petits coups de cœur pour « We Are All The Sons & Daughters of Lamarck &
Schopenhauer » avec son intro et son orchestration ajoutée d’orgue,
« The voice of Opposition »
avec ses voix féminines pour le refrain et « Tofu Fighters (Learn
to Fry) » pour le titre
fun et surtout son riff très accrocheur aux sonorités plus hardcore.
Cette messe
se termine par un petit prêche acoustique « Antitheist »
pour quitter l’église en douceur.
Ce
dernier album de 14 titres s’écoute avec énormément de plaisir et rentre vite
dans la tête. On ne peut pas dire qu’HATEFUL MONDAY révolutionne le style avec
ce nouvel EP. En revanche, il est certain qu’ils le font très très bien comme
de véritables artisans du skatepunk de la scène européenne.
Herr
Krombacher
https://hatefulmonday.bandcamp.com/album/the-great-nothing
https://www.facebook.com/hatefulmonday/
BONUS
LOGGERHEADS – Enjoy [EP]
Autoproduction
Loggerheads (« en opposition » ou « têtus »
en français) est un groupe de Rodez dans l’Aveyron dont on avait déjà
entendu parler au moment de son split avec Enloc mais qui a aussi à son
actif un album et deux autres EPs. Cela fait une dizaine d’années qu’il tourne
et vous l’avez peut-être déjà croisé en première partie de groupes comme Uncommonmenfrommars,
Heavy Heart, Dirty Fonzy ou No Guts No Glory.
Dès les premières notes de
Here We Are, on est happé par
une urgence communicative, morceau est rythmé et les riffs sont tranchants. As Long
enfonce le clou avec des paroles qui résonnent comme un manifeste : "as long as it is possible, we will continue to shout
loud". Il sonne un peu à la Dirty
Fonzy avec des passages bien bondissants. How
Can We Get There? aborde des thématiques plus sombres,
questionnant notre rapport à l'environnement et à la société de consommation,
le tout avec une basse qui mène bien la danse. Mais c'est avec Youthfulness que le groupe nous offre un
clin d'œil plein d'autodérision, évoquant leurs débuts et cette envie
irrépressible de monter sur scène, encore et toujours. Enjoy pose le dernier clou avec un
punkrock rapide et toujours aussi frais.
Les cinq titres ont été
enregistrés chez Flantier records à Ricaud par Etienne Soulier.
Le son est correct mais sans plus, il manque d’un peu de tonus et de puissance
je trouve.
Loggerheads est donc
une découverte sympa avec un punkrock frais qui ne révolutionnera certes pas le
style mais qui pose les choses proprement avec des mélodies accrocheuses.
J. NeWSovski
https://loggerheads.bandcamp.com/
https://www.facebook.com/profile.php?id=100048194231978#