vendredi 15 mars 2024

FROM GREY – To Dust


 

FROM GREY – To Dust

Autoproduit

 

Il y a quelques semaines nous chroniquions Pete Byrd d’Angers et son folk americana très plaisant et voici qu’arrive, un peu plus loin sur la Loire, From Grey. Comme si le fleuve se voulait des airs de Mississipi, ses groupes y trouvent des accents américains. From Grey vient de donc de Nantes et est un trio articulé autour de Ronan, à la guitare et au chant, accompagné par Stéven à la guitare puis rejoint récemment par Nicolas aux percussions. Le groupe a déjà sorti un EP en 2015 puis un premier album en 2018 sous le nom Ronan K, à l’époque encore en duo.

From Grey fait preuve d’une qualité impressionnante dans son écriture, aussi il est surprenant de voir que cet album est en autoproduction. Il a même été financé par une campagne de crowfunding. On notera le single Billie qui dégage une belle énergie et bonne humeur. Alors que Salem City et Marauder nous emmènent dans le grand ouest américain, musiques parfaites pour s’imaginer des images de déserts à perte de vue, de grands canyons mais aussi de saloons où coule le bourbon et se déclenchent des bagarres aux tables de poker. La guitare électrique sur Pictures of you et son riff à la Noir Désir amorce un morceau rythmé et terriblement accrocheur, elle apporte aussi de la variété avec son banjo et son harmonica. Plus tard on se rapproche de l’esprit Neil Young sur To Dust, superbe titre en deux parties plein de gravité et de mélancolie. Je pourrais parler aussi de la tristesse qui émane de This Life Is Not For Me dont le texte est touchant, et sur ce morceau, From Grey porte décidemment bien son nom. You Hate Me poursuit dans une ambiance très sombre que Nick Cave apprécierait certainement. Les nantais ferment l’album avec le très beau Dead For Halloween lent mais puissant à l’atmosphère sombre et inquiétante. Encore une fois le groupe arrive à nous emporter et nous mettre des images en tête.

 

On félicitera aussi le très beau travail de l’artiste Billy Petrozzani sur l’artwork réalisé en linogravure.

To Dust est une véritable petite pépite de folk et americana qui sait alterner les ambiances et nous emmener dans son univers. On pense à beaucoup de très grandes références d’outre-Atlantique et on ne peut que lui prédire un superbe avenir.

 

J. NeWSovski

 

https://fromgreymusic.bandcamp.com/album/to-dust

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dimanche 10 mars 2024

DROID FANTOM – Emptiness Takes Time

 


DROID FANTOM – Emptiness Takes Time

Krod Records

Il y a actuellement des sorties en quantité astronomique chaque semaine, il devient donc difficile de suivre parfaitement l’actualité musicale sans passer à côté d’albums que l’on ne devrait pourtant pas rater. Et Droïd Fantom fait partie de ceux-là. Emptiness Takes Time est sorti fin 2023, dans une période de l’année où les sorties sont intenses et, malgré l’appui de Krod Records, j’ai mis du temps avant de me rappeler cet album et me lancer à son écoute.

Il est difficile de parler de groupe pour Droïd Fantom car à la base il s’agit du projet solo de Mickaël, chanteur et guitariste de Flèche. Depuis la pause du groupe (2019 et l’album Do Not Return Fire) les idées se sont accumulées et il a décidé de composer seul. Pour donner plus de puissance à l’album il a appelé son ami Loïc, batteur de Flèche, pour tenir la batterie en studio.

 

Droïd Fantom rappelle un bon nombre de groupes de la fin des années 90 et des années 2000. Je pense rapidement à Sensefield quand le duo part dans de longues mélodies chaloupées sur Strong ou balance des refrains chargés en fuzz mais tout de même très aériens (The Plan). On peut penser aussi au Foo Fighters notamment sur Denial et sa structure en ruptures. J’aime le côté aérien qui peut se dégager de certains morceaux comme Far and Fast qui possède en lui une touche shoegaze à la Elliott de la même manière on peut penser aux Get Up Kids sur Silence Is Not Patience.


Mickaël sait créer des mélodies et son chant, différent que dans Flèche, accentue ce côté mélodique, il me rappelle un peu Ben de Do Not Machine. Droïd Fantom se veut être plus posé et calme que son ancien groupe, il n’empêche que lorsqu’il s’agit de faire du bruit les automatismes sont toujours là (Gelled Water).


Beaucoup de références pour le projet du parisien qui s’inscrit parfaitement dans la lignée de son groupe précédent tout en possédant une identité propre basée sur des mélodies plus calmes et une atmosphère davantage shoegaze.



Il aurait été dommage de ne pas revenir sur 2023 et écouter ce superbe premier album de Droïd Fantom qui a aussi le pouvoir de nous faire revenir au début des années 2000 en pleine vague émo.

 

J. NeWSovski

 

https://droidfantom.bandcamp.com/album/emptiness-takes-time

 


mercredi 6 mars 2024

JOHNNY MAFIA – 2024 : année du Dragon

 


JOHNNY MAFIA –  2024 : année du Dragon 

NMAS – Howlin Banana Records


Pas encore trentenaires, les quatre joyeux drilles de JOHNNY MAFIA feraient presque office de vétérans sur la scène française. Près de 15 ans d’existence, plusieurs centaines de concerts au compteur, les Bourguignons n’ont pour autant rien perdu de leur fraicheur et de l’enthousiasme communicatif. Au contraire, leur excellent quatrième album « 2024 : année du Dragon » montre à quel point JOHNNY MAFIA, sous leurs airs de mecs à la cool un peu je-m’en-foutiste, reste le roi de la power-pop et du punk-rock mélodique en France.


 Alors que « Sentimental » avait déjà bien marqué les esprits il y a trois ans, JOHNNY MAFIA (quel impayable patronyme !) enchaine encore les tubes sur cette quatrième production. Dès l’ouverture « Green Eve », le groupe de Sens prouve qu’il marie toujours aussi bien énergie rock et un sens de la mélodie hors du commun. Il se permet même un petit solo façon guitar hero en plein milieu de morceau. Comme le faisait le WEEZER de la belle époque, JOHNNY MAFIA combine à merveille les gros riffs de guitares et les refrains fédérateurs à siffler sous la douche. L’explosif « Vomit Candy » montre tout le savoir-faire de JOHNNY MAFIA. Le quator a le chic pour nous faire rentrer ses refrains dans nos crânes dès la première écoute. Progressivement, JOHNNY MAFIA s’est finalement un peu éloigné du son garage qui les caractérisait à leurs débuts. La production est un peu plus musclée sur « 2024 : année du dragon » comme l’atteste le grungy « Gimme Some News ». Théo, le chanteur-guitariste, monte un plus dans les aigus sur cette pépite se terminant par une petite ritournelle acoustique. Les très power-pop « Sting » et « Summer » sont également de belles réussites. « Keep an Eye On Me » se démarque par sa structure. S’il brille tout d’abord par sa ligne de basse et son refrain accrocheur, le morceau prend ensuite une tournure plus douce et instrumentale. JOHNNY MAFIA remet les gaz sur le pétaradant « Cyanide ». Plus tranquille « I’m Bound » voit surgir les synthés, la réverb’ et le chant plus criard de Théo. Après le tendu « Rules Bulls Bells » et son intro à la FRANK BLACK, le disque se conclut par « Hammer » plus apaisé, délicat et mélodique. Un ultime morceau qui élargit la palette musicale du groupe de Sens, définitivement notre Johnny français préféré.


En cette fin d’hiver, « 2024 : année du Dragon » est le meilleur des antidépresseurs. On a hâte de retrouver cette power-pop/punk explosive sur scène, le terrain de jeu préféré de JOHNNY MAFIA.  

 

Mr Caribou

 

Titre préféré :                    Vomit Candy

 

 https://johnnymafia.bandcamp.com/album/2024-ann-e-du-dragon

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samedi 2 mars 2024

IMMATURES – Demain tout ira bien

  


IMMATURES – Demain tout ira bien

Guerilla Asso / Le collectif du bruit / Diskrete Music / Sounds Like Cats / PCT Musique

 

Autodestruction, le précédent album d’Immatures, remonte à 2019. 5 ans c’est long, surtout durant une période marquée par le COVID. Et c’est donc avec plaisir que l’on retrouve enfin le groupe de Saint Germain La Poterie, petit village près de Beauvais.

Durant cette période le groupe a tourné et pas que sur la route car le line-up a évolué pour enfin se stabiliser autour de Tom au chant et à la guitare, Ianis à la batterie et Nathan à la basse.

Et pour ceux qui ne connaissent pas Immatures il faut imaginer la rencontre improbable entre Miossec et Justin(e), soit du punkrock efficace avec une belle plume mise en avant par un chant vraiment singulier.

Pour débuter l’écoute, je ne peux que conseiller le superbe morceau Jardincourt (Gardincourt), le morceau est un hymne au Nord, au RC Lens, aux ouvriers, aux mineurs, bref aux gens d’en bas. Cela amène aussi le texte sur les terres de Saint Etienne, qui se pose un peu comme une ville miroir à Lens : ouvrière et proche d’une grande ville bourgeoise. Et au-delà du très beau texte, le morceau pose une superbe mélodie pleine de douceur. La voix de Tom est puissante et éraillée et se démarque clairement de ce que l’on peut entendre habituellement, elle me rappelle celle de Kevin de feu The Decline!. Les morceaux dédiés au foot sont rares et ceux réussis encore plus et je ne pourrai passer sous silence le merveilleux Jean Claude Suaudeau de Justin(e).

 

Tu ne m’entends pas démarre doucement et apporte cette touche mélancolique déjà très présente dans les précédentes productions du groupe. Alors qu’à ta place renoue avec certains morceaux d’Autodestruction pour un côté plus rock que punk faisant justement le lien avec Miossec dont je parlais précédemment. On pense aussi au Brestois sur Paris puis sur le morceau final Une dernière danse où l’on prend la mesure du côté sombre de la musique du groupe.

Immatures fait preuve d’énergie sur Vive Le Feu avec notamment un partage du chant avec Nathan qui amène un dynamisme intéressant. Celui-ci récidive avec des chœurs incisifs sur Martyre pour à nouveau un très bon morceau.

Christelle Redouté de La Faiblesse vient prêter sa voix sur L’éclair, un très beau morceau qui se distingue par ses très belles harmonies vocales.

 

Un troisième album réussi pour un groupe qui se démarque du paysage punkrock actuel en proposant une musique sombre et habitée.

J. NeWSovski

 

 

https://guerillaasso.bandcamp.com/album/demain-tout-ira-bien

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mardi 27 février 2024

DO NOT MACHINE – Celebrations of the end

 


DO NOT MACHINE – Celebrations of the end

Twenty Something

 

Heart Beat Nation, premier album de Do Not Machine, était sorti dans l’anonymat du COVID, simple sortie physique avec peu ou pas de concerts pour l’appuyer. Pourtant derrière ce groupe il y a des musiciens chevronnés, fine fleur de la scène angevine : Alex à la basse (Zenzile, Glass), Ben à la guitare et au chant (Last Time Vodoo), les frères Etienne et Camille à la guitare et batterie (Daria, L.A.N.E.). Sorte de super groupe local qui sort son deuxième album dans un timing bien choisi juste après l’arrêt de Lane et juste avant le prochain album de DARIA.

 

Do Not Machine pourrait se définir par un son lourd, saturé, avec un mur de guitares fuzz et une basse omniprésente, d’ailleurs le morceau qui ouvre Celebrations of the end, Feather, appuie fort sur cet aspect avec un joli sens des mélodies. Mais les angevins savent aussi accélérer le rythme notamment sur The Second Take, morceau dévoilé quelques semaines avant la sortie de l’album sous forme de vidéo. Il se veut résolument très 90’s alternant énergie et passages plus aériens. Vient ensuite Insomnia qui marque une sorte de passage dans ces 9 titres. Il amène une atmosphère justement plus aérienne, avec un son toujours aussi lourd mais des mélodies plus posées, le tout rythmé par une basse, une nouvelle fois omniprésente. Dès lors, Do Not Machine développe son style sur le très beau Constellation, qui se révèle une très belle synthèse de l’album, puis sur l’instrumental Portrait.

On ressent des sonorités rappelant ici Rival Schools ou Quicksand (Glass Kingdom) voire même certains morceaux très aériens des Deftones (A New Love Ends ou A shelter) tout en conservant sa patte mélodique et son fuzz caractéristique.

 

On notera que Celebrations Of The End, comme son prédécesseur, a été enregistré par Camille Belin, le batteur, puis mixé par J.Robbins de Jawbox. Cet album est aussi sorti par Twenty Something, sous-division de Nineteen Something, label de Franck Frejnik (Rock Sound, SlowDeath…), Eric Sourice (Les Thugs, Lane) et Silvère Vincent (Les tambours du Bronx, Abus dangereux..).

 

Ici on espère que cet album permettra au groupe de tourner enfin et d’avoir la renommée qu’il mérite. C’est en tout cas un superbe album et l’une des sorties marquantes de ce début 2024.

 

J. NeWSovski

 

 

https://nineteensomething.bandcamp.com/album/do-not-machine-celebrations-of-the-end-lp

 

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vendredi 23 février 2024

PETE BYRD – Be

 


PETE BYRD – Be

Autoproduction

 

Pete Byrd est un artiste angevin qui sort du registre habituel des Rêveries. Ici, pas de guitares saturées ni de chant hurlé et encore moins de rythme effréné à la batterie.  Be est son premier album après avoir sorti en 2021 un EP intitulé See You Smile. Pete Byrd jouait auparavant dans Angry Beards et Apple blossom, il est accompagné par trois musiciens sur scène.

 

Pour le rapprocher d’artistes qui me sont plus familiers je dirais que sur Be, le premier morceau, on retrouve un peu le style de Greg Graffin sur son dernier album solo à savoir une folk fortement colorée par la culture américaine avec notamment des sonorités country et dès lors on peut parler du style americana. Il apporte aussi un joli côté mélodique et l’atmosphère rappelle aussi le film Into The Wild de Sean Penn avec la superbe BO d’Eddie Vedder.  Sur Dark Times l’apparition d’un banjo accentue ce côté country voire même cajun comme si la Loire avait troqué sa douceur pour la grandeur du Mississipi. Pete Byrd s’échappe aussi vers des choses plus pop comme sur Too long qui propose des belles mélodies sur son refrain. J’aime beaucoup la douce Good Friends avec un superbe chant très bien accompagné par des chœurs qui créent une belle harmonie. D’ailleurs la voix du bassiste, très basse, est juste superbe sur Deep Through  The Woods.

 

Il y a aussi un côté très intimiste qui se dégage d’un morceau comme cheeky  birds et qui se révèle être une belle introduction au diptyque final. Dans un premier temps Hummingbirds, se révèle être une chanson douce qui fait une belle démonstration de chant mais qui monte en intensité tout du long pour se terminer de façon magnifique accompagnée par une trompette. Dans un second temps il y a une grande mélancolie qui ressort de The Man You Loved, qui conclut l’album juste en chant et guitare, un titre dédié à sa chère et tendre. Ces deux morceaux alignés forment un superbe final pour ce premier album.

 

Be est donc un très bon album de folk et Pete Byrd est très bon artiste qui mériterait d’être davantage médiatisé. Peut-être lui manque-t-il un background rock ? Toujours est-il que je vous conseille l’écoute de son premier album.

 

J. NeWSovski

 

 

 

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lundi 19 février 2024

BIB – Biblical [EP]

 


BIB –  Biblical [EP]

Quality Control HQ

Il y a quatre ans, nous faisions connaissance avec les furieux BIB. L’album expéditif « Delux » nous avait fait l’effet d’un uppercut. Quelques années plus tard, le punk hardcore du combo d’Omaha demeure toujours le meilleur des exutoires. Leur nouvel EP 5 titres « Biblical », sorti sur le label anglais Quality Control HQ, en est la meilleure preuve. La recette reste finalement la même. L’envie de pogoter et de tout envoyer valdinguer sont toujours au rendez-vous. Toujours aussi sauvage, « The Circle » démarre pied au plancher. Nathan Ma, le frontman, hurle toujours aussi sauvagement. Au bout de 45 secondes, le quator baisse légèrement le rythme pour offrir un riff bien heavy. Les mots postillonnés sont toujours peu audibles mais qu’importe, c’est l’énergie qui prime. « Two - Faced Planet » reprend ce rythme effréné avec une batterie hyper speed. Le morceau est cependant jalonné de petits breaks bien sentis. En l’espace de 20 secondes, on passe de guitares noisy-rock à une ambiance très thrash métal. BIB ne baisse pas la garde sur « Bitter Mind » qui voit apparaitre, pour la première fois, une voix plus claire et mélodieuse. Une accalmie très brève, le chant agressif de Nathan Ma revenant très vite au premier plan. L’alternance entre ambiance punk et riff métal au tempo ralenti fait encore mouche sur « That’s It For The Other One ». L’association entre les cris angoissants de Nathan Ma et la section rythmique puissante du quatuor est terriblement efficace. Les Américains prennent le temps de faire durer un peu plus le plaisir sur « 32 Bellow », unique morceau à atteindre les 3 minutes. Plus linéaire et répétitif, il se termine par un dernier beuglement réverbé de Nathan Ma. En dix minutes chrono, la tornade BIB a fait beaucoup de dégâts.

 Si BIB n’a pas bouleversé la formule de son punk hardcore primaire, leur musique dégage toujours une énergie folle.

 

Mr Caribou

 

Titre préféré :                    Bitter Mind

 

 

https://qualitycontrolhq.bandcamp.com/album/biblical

https://bibhc.bandcamp.com/album/biblical

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