vendredi 15 avril 2022

Interview : BURNING HEADS

Avec la sortie de son 14ème album, il convenait de discuter un peu avec les Burning Heads pour en parler mais pour faire aussi le point sur les récents changements de line-up. Entretien avec Tomoi, batteur légendaire et fondateur du groupe.





Qu’est-ce qui vous a donné envie de poursuivre l’aventure suite au départ de Pierre ?

Lorsque Pierre a décidé de quitter le groupe, nous n’avons pas réfléchi très longtemps. A aucun moment, nous avons pensé que l’aventure Burning Heads allait s’arrêter.

Nous sommes dans ce groupe depuis tellement longtemps :-) nous nous apprécions mutuellement et nous aimons beaucoup jouer de la musique ensemble. Ça aurait été dommage de ne pas continuer.

 

Est-ce que l’idée de changer le nom du groupe est apparue pour faire une rupture ?

 

Nous n’avons pas pensé à changer de nom pour marquer une certaine rupture (Pierre est un frontman solide et il a participé à l’identité du groupe et pour certaines personnes les Burning Heads c’est Pierre). Nous avons cherché des exemples de groupes qui avaient eu des changements de chanteurs et qui avaient pu continuer à faire de la bonne musique. On a trouvé aussi des expériences moins réussies mais on n’en a pas tenu compte. Les black flag, les bad brains, dag nasty, descendents avaient réussi, pourquoi pas nous ?



Dans la même direction est-ce que l’idée d’un chant en français est arrivée pour trancher avec le passé ?

L’idée d’un chant en français ? Non à aucun moment on y a pensé et puis même si on savait qu’on voulait continuer le groupe, à ce moment-là on n’avait pas encore remplacé Pierre. Mais dans nos envies d’un nouveau chanteur on voulait un mec qui chante en anglais. On ne voulait pas trancher avec le passé (enfin pas de cette façon-là)




Comment s’est passée l’intégration de Fra et la « réintégration » de Phil ?

Fra est arrivé dans le groupe car il a gagné le concours, :-) c’est de l’humour, nous n’aimons pas trop la compétition et les concours…  Par contre le mec a la classe et on le connait depuis un moment. On a toujours aimé ses projets musicaux. Il a une voix qui se rapproche un peu de celle de Pierre et pour moi qui faisait des chœurs souvent pour accompagner c’est super confortable.

Il a aussi sublimé la reprise de la chanson d’Adhesive "uphill struggle" sur notre disque hommage au punk rock "under their influence" qui était un casting déguisé (humour toujours) donc il a passé toutes les sélections haut la main. Il faisait partie des gars à qui on avait pensé lorsqu’ on a commencé à réfléchir à remplacer Pierre. Et on a eu de la chance qu’il accepte !

Pour ce qui est de Phil, JIB l’a appelé pour lui proposer de revenir, je crois que ça s’est passé comme ça. Il est venu au local, on a discuté, on a parlé du futur, pas trop du passé et on a commencé à répéter. Une réintégration facile, évidente et en souplesse.

 

J’ai un peu perdu la trace de Phil ces dernières années, jouait-il dans d’autres groupes ?

Après son départ du groupe Phil a joué avec JetSex un groupe punk rock parisien et puis après il a surtout fait de la musique seul ou avec un pote et avec Suzanne sa copine. Mais pas trop de punk rock.

Vous avez sorti Fear Is A liar quelques semaines / mois avant Torches of freedom, trois morceaux bien différents dont le premier plus reggae, pourquoi la sortie de cet EP et ne pas les avoir directement intégrés à l’album ?

Fear is a liar est une partie de la session d’enregistrement de torches of freedom. On voulait mettre une douzaine de titres sur le disque et nous avions 15 chansons qui nous plaisaient donc on a fait ce 45t avec trois ambiances différentes mais toutes fidèles à l’esprit Burning Heads pour faire patienter les gens.

 




Comment a été composé Torches of freedom ? Est-ce que le processus de création des morceaux a changé ?

La composition de torches of freedom s’est faite après l’arrivée de Fra. Phil avait un sac rempli de riffs d’enfer, Fra a lui aussi apporté des trucs super. On a beaucoup répété et on a aussi beaucoup travaillé à distance car Fra habite à Caen et ce n’est pas la porte à côté donc on a un peu modifié notre façon de travailler. On a ouvert un dropbox ou on pouvait poser des idées, faire avancer des structures, tenir compte des impressions et envoyer à Fra toutes les infos des répètes auxquelles il n'avait pas assisté. C’est un peu nouveau pour nous autres vieux rockers préhistoriques.

La création ne s’est pas faite dans la douleur, j’ai vraiment apprécié toutes les étapes et je crois que mes partenaires ont eu aussi du plaisir.




Comment s’est passé l’enregistrement au Sawn Sound Studio avec Guillaume Doussaud ?

L’enregistrement de l’album a été très cool. Très bonne ambiance, pas trop de prises de gueule ni de stress et de frustrations.

Le swan sound studio est un bel endroit au milieu du bocage normand. Tu y vas pour enregistrer, pas pour te toucher la rondelle. Il y a de quoi coucher, cuisiner, ce qui permet de rester, sur place, concentré, de ne pas perdre de temps en logistiques annexes. Bref, un super endroit avec un super gars qui connait la musique, qui connait son studio et son matos par cœur. Et on est très content du travail qu’il a fait. Merci monsieur Sucre !






L’artwork a été réalisé par Fra, quelle est l’idée derrière les deux têtes (code barre et circuit imprimé) ?

L’artwork a été réalisé par Fra à partir d’idées de Phil. Ça évoque les techniques de ce monde moderne pour façonner, modeler, manipuler les individus. Nous sommes tous les jours en contact avec des tonnes d’informations, plus ou moins vraies et qui, sournoisement, peuvent nous faire changer d’avis, nous faire admettre l'inadmissible, nous faire accepter l'inacceptable.

Le livret est accompagné d’un long texte provenant de « The Great Manipulator », peux-tu m’en dire plus ?

Ce texte dans le livret parle justement de ces techniques et des gens très intelligents qui les utilisent.

Je n’ai pas encore fini de lire Hey You ! mais c’est un formidable ouvrage, très riche, quel est votre regard dessus ?

Hey you est un livre qui m’a permis de réaliser que j’avais passé plus de la moitié de ma vie avec les Burning Heads. C’est aussi très cool de découvrir le point de vue de mes copains qui ont vécu les mêmes choses que moi mais avec certaines fois des impressions et des ressentis différents. C’est toujours intéressant, certaines fois flatteur de réaliser que tu as apporté des émotions a des gens et c’est rassurant et très cool d'apprendre que tu n’as pas trop été un connard.

 

Je trouve que c’est une superbe idée de remercier Guillaume Gwardeath et Nasty Samy en leur écrivant une chanson…

 

Pour ce qui est de la chanson Gwardeath and Nasty, c’était pour nous très important de remercier Guillaume et Sam qui ont depuis toujours été fervents supporters du groupe. On aurait pu juste mettre leurs noms au dos de la pochette, mais Fra a écrit un super texte qui nous a permis de faire une chanson ; c’est encore mieux.

Ce sont de vrais amis, très doués, très cools avec des supers idées (Sam est à l’origine du projet under their influence,) ils écrivent super bien et ils ont beaucoup d’humour. Je passe de très bons moments avec eux et j’ai été très heureux de leur raconter mes souvenirs lors de la conception de "HEY YOU ".

 


Est-ce qu’une tournée se dessine suite à l’album ?

On va bien sur faire des concerts pour pouvoir présenter nos nouvelles chansons en live, pour montrer aux gens que les Burning Heads ressemblent encore à quelque chose après toutes ces années et tous ces changements. La raison qui nous pousse à faire des disques ; c’est parce que grâce à un nouveau disque, on va pouvoir faire des concerts.


https://www.facebook.com/burningheads

https://burningheads.bandcamp.com/

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