Quentin est le chanteur de Fire At Will, l'un des groupes de hardcore punk les plus excitant de la scène française, il a aussi monté il y a quelques années Eternalis Records label hardcore au sens large. Il y a quelques semaines Life Goes On, le deuxième album du groupe est sorti. L'occasion de se pencher sur ses goûts
J’ai reçu ce split
des copains Messins de Recidive et
leurs cousins canadiens de Cloaca il
y a de nombreuses semaines, mais son écoute à volume élevé aurait pu me valoir
un arrêt de travail pour une perforation des tympans. Il s’agit ici de la
rencontre entre deux groupes qui débordent d’énergie ça se sent sur ce split et
ça doit éclater aussi sur scène.
Je n’ai pas tout
le bagage et la culture du crust et du hardcore rapide mais il n’est pas dur de
constater que Recidive ne fait
toujours pas dans la dentelle ni la finesse. Ça joue donc très très vite avec
un son de garage et un chant bien gueulé (Graouly)
mais de façon assez surprenante le groupe sait aussi poser le rythme (Grolet on Fire) et surprendre avec Migraine un titre qui doit mettre le
batteur sur les rotules. Et même si l’écoute est intense ces 4 titres sont une
bonne surprise.
Cloaca quant à lui est un groupe
canadien de Montréal qui envoie du
gros et du très lourd à grands coups de murs de guitares. Le chant et puissant
et fait mal. Le déluge sonore doit vraiment être intense sur scène. Je suis un
peu moins fan mais le groupe fait quand même bien le boulot.
Un split court (12 minutes pour 7 titres)
mais qui est une vraie barre d’énergie et un défouloir sonore. On peut dire
sobrement que ça envoie du gros. Amateur de hardcore, trash et crust ce split sera
parfait pour vous.
A l'occasion d'un deuxième album au
nom énigmatique mais non dénué d'humour "Tired of tomorrow",
les Américains de NOTHING font bonne
impression. Si le groupe originaire de Philadelphie avait sorti en 2014 un
album relativement quelconque, il passe la vitesse supérieure sur ce second
essai. La force du groupe de Dominic
Palermo, ce sont avant tout des mélodies solides, accrocheuses, immédiates,
entre mélancolie et plénitude. Les arrangements sont soignés, les harmonies
vocales mises en avant, sur une musique lente qui repose sur un mur de guitares
très shoegaze.
La power pop de NOTHING fait notamment mouche sur l'excellent single "Vertigo flowers" qui rappelle le
meilleur de FOO FIGHTERS ou de the POSIES. Les Américains alternent avec
brio les morceaux très noisy et d'autres plus délicats portés par la douce voix
tout en réverb' de Palermo. Le groupe se laisse parfois aller à quelques
facilités, comme ce solo dispensable sur un titre pourtant marquant et tout en
finesse "The dead are dumb".
Attachante
de bout en bout, cette deuxième production de the NOTHING oscille entre sourire
et mélancolie, un groupe à suivre de près...
Je me souviens des
toutes premières productions du groupe marseillais. Cet aspect prometteur dans
un secteur pas mal emprunté. Avec un nom issu du deuxième et merveilleux album
de Comeback Kid, les références étaient
annoncées de façon directe, sans virage avec risques et périls.
En 6 ans le groupe
n’a pas chômé avec plus de 260 concerts dans 30 pays différents, on peut même
dire qu’il s’est vraiment rôdé sur scène.
Avec ce Under The Mask, Wake The Dead a
clairement franchi une étape en devenant bien plus intense et immersif (cold thing) prenant l’auditeur dans ses
filets et malgré des compos parfois longues on ne peut s’en échapper. Les marseillais
imposent aussi une richesse assez rare en intronisant notamment du piano en
clôture de morceaux comme sur Black Cat
ou en maîtrisant la bête qui sommeille en eux comme sur Loyal
Angels avec un parfait contrôle d’une puissance qui transpire.
Avec son joli sens
de la composition, Wake The Dead est
définitivement un groupe possédé par sa musique qui lui sert de délivrance et
quand on se prend dedans c’est joli et fort (ForgetThe Heroes). Le tout est porté par un son impeccable
et puissant ainsi qu’une belle maîtrise technique. Un sans-faute !
Wake The Dead fait partie de ce cercle
de groupes comme The Prestige ou Birds In Row évoluant dans un hardcore
moderne, la France possède un joli vivier de groupes talentueux jouant un style
intense et possédé qui n’hésitent pas à s’exporter.
Pas toujours facile d’accès pour un non
initié, Under The Mask n’en demeure pas moins une sacré belle surprise et un
grand album qui s’avère indispensable à tout fan du style.
Tukatukas est pourvu d'une énergie
débordante. Chaque titre de l'album est mis en tension par une dynamique aux
influences multiples. On y relève des coups de basses toniques à la Rage (Amèreindienne) et des accompagnements cuivrés
doux et joyeux teintés d'une certaine mélancolie évoquant une musique
klejmer ancestrale au pouvoir hypnotique pourtant si éloignée de l'océan indien
(Redblood ;
Zombies). Certains morceaux sont pourvus
de bons relents de ska (deadfish ; 7ème
continent) et les lignes mélodiques de titres comme Back to sleep présentent des similitudes
avec le parti pris pêchu et vaguement inquiétant de Banane Metalik.
L'album s'intitule Red blood, une œuvre rouge, chargée de passion, de fièvre et
de l'haleine chaude de l'hémisphère sud propre à des instigateurs de pogo
réunionnais. A découvrir d'urgence. Moins fade que les mangues !
C’est en 2014 que Rottweiler Rodeo a sorti son premier EP
from
rooster to donkey, mélange de punk et ska. Une petite prod plutôt
sympathique portée par un grand dynamisme.
Les parisiens
reviennent cette année avec un nouvel EP de 8 titres dont la couverture est,
encore une fois, superbe, et dont le son a été enregistré, à nouveau, chez
l’ami Fab à Treillières au Chipolata
Framboise Studio. On ne change pas une combinaison gagnante.
Je trouve l’ensemble
plus punk que le précédent, le coté ska s’étant quelque peu dissipé (quoique
sur SalmaHayek ça
envoie quand même) ou dilué dans les chansons (Illuminati).
J’aime bien le côté décalé des morceaux sur leurs thèmes ou leurs textes ce qui
montre très rapidement que le groupe aime la déconne et le second degré. C’est
le cas sur lagalette,
un morceau rapide et entraînant poussé par un texte hors norme… Et le groupe
balance aussi une belle reprise de Camille
de Jean Yanne, je ne connaissais pas… Mais ça m’a permis de me pencher dessus. J’adore
Al’ancienne à
Valencienne, déjà par son titre puis par le chant totalement
déjanté et la grosse débauche d’énergie. Sur scène ça va donner !
Je vais peut-être et certainement me
répéter mais Rottweiler Rodeo, à travers ce nouvel EP, vient de tailler des titres
pour enflammer une salle. Sur disque ça se laisse écouter mais l’ensemble doit
prendre une dimension encore bien plus intéressante sur scène.