dimanche 16 mars 2025

COFFRET DE BIJOUX - Intablej'U'Ana [EP]

 


COFFRET DE BIJOUX - Intablej'U'Ana [EP]

Et encore un projet enthousiasmant et surprenant venu du Québec ! Aucune fixette sur ce territoire mais force est de constater que la scène locale regorge de pépites, dans des genres bien différents : de POPULATION II à CHOU en passant par FUUDGE et bien d'autres encore... Leur point commun : sortir le plus souvent des sentiers battus et ne pas opter pour l'anglais. COFFRET DE BIJOUX va encore plus loin dans le grand écart musical. Alice Simard, la one-woman-band à la tête de cet étrange projet, réussit le pari de mélanger agressivité et indie-pop. Le plus souvent, au sein d'un même morceau. Le plus incroyable, c'est que ce mariage schizophrène entre agressivité et mélodie fonctionne très bien. 

L'artiste québécoise, très prolifique, a donc sorti un EP de 4 titres nommé "Intablej'u'ana" (est-ce du québécois ?). "Nielpa u mel rei' alsona" commence d'abord comme un bon vieux morceau shoegaze avec un son de basse très indie 90's. Puis, une voix d'outre-tombe typée black métal fait son apparition. Première surprise. Arrivent ensuite un synthé cheap et des harmonies vocales presque enfantines. Puis une enfilade de blast-beats pour un final de black métal atmosphérique. Avec toujours en arrière-plan cette boucle synthétique qui aura d'ailleurs le dernier mot sur ce morceau d'ouverture. Plus speed, "Floranam" mélange noisy pop et black métal, le courant musical dominant sur la première partie du titre. Le chant hurlé et la batterie au tempo élevé sont au diapason. Jalonné de nombreux breaks, "Floranam" prend progressivement une tournure plus pop grâce à ses synthés mélancoliques. Changement d'ambiance sur le planant "Yaj uiqplaine hill cuete gens bahajade". Après une longue intro très ambient (les nappes de synthé filent le bourdon immédiatement), une boucle synthétique lance les hostilités : chant guttural et choeurs juvéniles alternent parfaitement. La guitare, très indie-rock, n'apparait qu'en milieu de piste relayée ensuite par des blast-beats assez discrets et un gimmick de synthé vintage. Un savant mélange d'influences bien diverses pour un résultat assez fluide. "Wy usten alss lasett fay hens jarakelees baha" plus rythmé conclut cet EP ovni en conviant à la fête DARKTHRONE (celui des débuts) et the RENTALS.

COFFRET DE BIJOUX alias Alice Simard est vraiment une artiste inclassable qui se moque des étiquettes. Elle prouve en tout cas que musiques extrêmes, shoegaze et indie-pop peuvent faire bon ménage. Une réussite !

Mr Caribou

 Titre préféré :                                           Niepa u mel rei’alsona

 

 

https://coffretdebijoux.bandcamp.com/album/intablej-u-ana



mercredi 12 mars 2025

BABYLON PRESSION – Actif / Agressif

 


BABYLON PRESSION – Actif / Agressif

Babylon Mouvement

BABYLON PRESSION fête cette année ses 25 ans et pour l’occasion le groupe sort une compile de 25 titres réinterprétés et pour certains réarrangés. Les morceaux ont été choisis parmi leurs six albums et EPs et l’ensemble sort sur un triple vinyle blanc, trop classe.

On retrouve la crème de la crème des morceaux avec en plus quelques invités pour l’occasion comme sur Classé X dans lequel intervient Kheops d’IAM, Sandwich à la merde avec Befa d’Oneyed Jack, Champagne avec Nick Peq de MotoCuir et Nicolas de Los Disidents del Sucio Motel sur Tellement de connards, si peu de cartouches.

J’adore les textes de ce groupe, totalement irrévérencieux et décalés mais tellement jouissifs. Qu’on adhère ou pas ce groupe ne peut laisser indifférent. Babylon Pression est un groupe tellement singulier. Quelle énergie, quelle puissance ! Au total 1 heure 40 de punchlines qui ne peuvent qu’à nous pousser à aller voir le groupe sur les trop rares concerts qu’il donne.

 

Le visuel a été confié à Oh Riane Schneider, une illustratrice marseillaise. Tout en noir et blanc l’objet claque vraiment.

Le son a été enregistré au Studio Onde Source par Olivier Reyre à Marseille et mixé par Gaël Hallier au petit Village Studio. La version numérique que j’ai reçue a un son étouffé et c’est fort dommage mais la version vinyle s’annonce comme énorme, on croise les doigts.

 

J. NeWSovski



https://babylon-pression.com/

https://www.facebook.com/babylonpression


samedi 8 mars 2025

THE COOPER AND FOREST POOKY EXPERIENCE

 


THE COOPER AND FOREST POOKY EXPERIENCE

Kicking Records

Aussi soudaine qu’inattendue cette collaboration entre Forest Pooky et Cooper est une sacrée surprise et une magnifique promesse.

Cooper fait partie de cette génération de groupes hollandais talentueux mais passés sous les radars dans les années 90 alors que le punk mélodique avait pourtant le vent en poupe. Je les ai découverts pour la première fois lors de leur split avec Shaggy Hound puis en première partie d’Undeclinable Ambuscade au début des années 2000. Leur carrière s’est relancée il y a quelques années grâce à Kicking Records qui leur a donné une belle exposition en France.

Forest Pooky n’a plus vraiment besoin d’être présenté, le chanteur à la voix de velours possède une très grosse carrière que ce soit en solo ou avec une multitude de groupes (Sons Of Buddha, The Pookies, Supermunk, Napoleon Solo, Annita Babyface and the tasty poneys, The Black Zombie Procession, Maladroit…).

L’association des deux ne se fait pas sous forme d’un split comme ça pu être le cas avec Kepi Ghoulie, Peter Black ou Panic Monster mais en mixant le groupe néerlandais au chanteur ardéchois. Sorte de groupe hybride. Le résultat se veut plus qu’emballant puisque ça groove à mort et dès les premiers accords de Pricks in disguise on comprend vite que les voix de Forest et René s’accordent parfaitement, le batave se chargeant des chœurs sur le refrain ce qui créé de belles harmonies. On retrouve la patte Cooper sur Dive et They’re taking over tout en douceur alors que What You Gonna Do ? se présente comme le tube de cet album grâce une accroche hyper efficace. La rythmique est le point fort de Discussing the Matter, qui est clairement mon morceau préféré. Je suis moins fan du côté cabotin de It’s time notamment sur la façon dont Forest pose son chant mais la fin avec René est d’une efficacité incroyable. L’album regorge de bonnes idées comme ce mode crooner de Forest sur Love living in misery.

 

Cet album de The Cooper and Forest Pooky Experience est une excellente idée qui débouche sur un punkrock fortement teinté des qualités mélodiques des deux prétendants, experts en la matière.

 

J. NeWSovski

 

 

https://forestpooky.bandcamp.com/album/the-cooper-and-forest-pooky-experience

https://www.facebook.com/forestpooky



mardi 4 mars 2025

PALES - Crush

 



PALES - Crush [EP]

 Autoproduit


Parmi les nombreux jeunes groupes prometteurs, les Strasbourgeois de PALES avaient déjà retenu toute notre attention à l'occasion de leur premier EP "In Our Hands" sorti en 2022. Leur post-punk énergique fort bien troussé démontrait déjà qu'on avait affaire à un groupe au gros potentiel. Trois ans plus tard, les jeunes Alsaciens reviennent avec un nouvel EP qui s'éloigne un peu de la ligne musicale de leurs débuts. Plus bruitiste et audacieux, PALES intègre sur ces 5 nouveaux titres des sonorités plus noise et industrielles sans jamais perdre son côté pop. Un savant cocktail particulièrement addictif que l'introductif "Piece of Meat" met en exergue. D'abord dominé par le spoken word de Célia Souarit dont les intonations rappellent, dans des styles bien différents, Laurie Anderson ou la québécoise Marie Davidson, le titre voit s'installer une tension grandissante au fil des minutes. La guitare devient plus noisy alors que la batterie et le chant gagnent en intensité. Ce morceau crescendo est une réussite qui donne parfaitement le ton. Plus tendu dès son entame, "Uppercut" porte son nom à merveille. Les riffs percutants tranchent d'abord avec le chant assez doux. Puis les déflagrations sonores se font plus nombreuses si bien que cet "Uppercut", qui met tout le monde à terre, se termine dans une sorte de transe noise portée par une basse martiale. Changement d'ambiance ensuite avec l'intro assez catchy de "Superstar". Le calme avant la tempête. Car le titre prend ensuite une tournure nettement moins pop. Les guitares deviennent de plus en plus dissonantes avant que le mur du son laisse place à une fin plus dansante et synthétique dans un final évoquant les expérimentations des PSYCHOTIC MONKS. "1518" renoue avec un son plus post-punk et un chant plus affirmé encore de Célia Souarit. Le titre se termine magnifiquement sur un rythme technoïde et dans une ambiance plus indus. Mené sans répit en 25 minutes chrono, le nouvel EP de PALES arrive déjà à son terme avec la pièce la plus longue "Dangerous Dance". Un titre fleuve qui débute tranquillement avec un son de guitare minimaliste. La batterie puissante et la basse font corps ensuite pour lancer la machine PALES. Ce morceau de conclusion est sans doute celui qui met le plus en avant les qualités vocales de Célia Souarit, du chuchotement aux cris. Très expérimental, "Dangerous Dance" alterne les passages très bruyants et les accalmies. C'est d'ailleurs dans la douceur et l'apaisement que se termine ce superbe morceau. 

 

Avec ce nouvel EP, PALES a clairement franchi un cap en étoffant son post-punk originel de sonorités plus rugueuses et aventureuses. Leur musique est encore plus passionnante. On attend l'album avec impatience. 


Mr Caribou


 Titre préféré :                                           Uppercut

 

 

https://pales-band.bandcamp.com/album/crush

https://www.facebook.com/pales.band.pales



samedi 1 mars 2025

video - Tardis

Tardis sort dans quelques semaines son troisième album. Voici la vidéo du premier extrait How To Blow Up A Timeline

vendredi 28 février 2025

LOREM IPSUM – Même quand ta main quittera la mienne [EP]

 


LOREM IPSUM – Même quand ta main quittera la mienne [EP]

Voice of the unheard

 

J’ai reçu ce court EP il y a quelques semaines avec l’intitulé screamo acoustique, qui attise énormément ma curiosité. Avec en tête l’idée d’un chant hurlé sur un fond de guitare acoustique…

 

A l’origine Lorem Ipsum est un trio Lillois sans batterie qui a sorti 2 albums (2017 et 2021). Ce nouvel Ep est le moyen d’annoncer la venue de Bastien (de TANG) à la batterie. Pour information, le lorem Ipsum, pour ceux qui utilisent des logiciels de mise en page, est une suite de mots sans signification qui sert à combler des zones de textes

 

Tes Yeux clos démarre et c’est sur une musique assez éloignée de ce que l’on pourrait attendre du screamo, avec ce duo piano – batterie vite rejoint par un violon joyeux. Le morceau semble raconter une histoire avec plusieurs parties bien distinctes et notamment un début joyeux. Il faut attendre la moitié du morceau pour voir l’atmosphère évoluer et entendre la voix, le morceau prend alors une belle dimension avec ce violon emballant.

Le chant façon slam ou spoken word sur tes jours sans moi est plein d’intensité et la montée en puissance s’accompagne d’une mutation en chant hurlé soutenu par un violon amplificateur d’émotions. Un très beau morceau dont les textes résonnent particulièrement en moi en ce moment.

L’énergie est présente dès le début de Et le mal avec une grosse intensité, le violon associé à la guitare fonctionne parfaitement. Le morceau est court (moins de deux minutes) et montre le côté post-rock du groupe.


L’EP est disponible sur un vinyle simple face avec la face B sérigraphiée d’un visuel zootrope qui a été créé par Vincent Hocquet. Le visuel est aussi très réussi.


LOREM IPSUM est un groupe rare qui joue une musique atypique, mélange de classique et de post-rock moderne. Une belle découverte.

 

J. NeWSovski

 

 

https://voiceoftheunheard.bandcamp.com/album/votu078-m-me-quand-ta-main-quittera-la-mienne

https://www.facebook.com/voturecords



lundi 24 février 2025

DO WHAT YOU WANT – l’histoire de Bad Religion




DO WHAT YOU WANT – l’histoire de Bad Religion

Par Jim Rulland

Kicking Records

Je lis beaucoup de biographies musicales ces derniers temps, j’ai dévoré celles des Burning Heads, Nofx, Vulgaires Machins, Dave Grohl, Therapy, les Sheriff, Black & Noir… Aussi, pour Noël, quand mon frère adoré m’offre celle de Bad Religion, je ne peux être qu’aux anges. A la base j’aime beaucoup la bande de Greg Graffin que j’ai découvert au début des années 90 mais je ne connais finalement que peu de choses à part les grandes lignes.

A travers ce livre écrit par un journaliste (Jim Rulland) qui est aussi un grand fan du groupe (c’est important de le signaler) mais aussi par quatre des membres (Greg Graffin, Brett Gurewitz, Jay Bentley et Brian Baker) on repasse en détail l’histoire du groupe depuis sa naissance jusqu’au dernier album Age Of Unreason sorti en 2019.

Premièrement, j’ai trouvé l’histoire passionnante. J’ai beaucoup aimé les tout débuts du groupe, depuis sa création en 1980, le choix du nom, l’idée du logo emblématique, les premiers concerts, le premier EP… Puis la sortie de How could hell be any worse ? en 1982 et ses répercussions sur la scène de Los Angeles. J’ai beaucoup aimé l’histoire de « l’accident »  Into the unknown , essai prog rock, dont j’ai découvert l’existence à travers ces lignes. Cet album raté sera un détonateur pour la suite, il entraînera aussi l’arrivée de Greg Hetson des Circle Jerks en deuxième guitariste. En 1988 sort l’album qui change tout : Suffer. Culte et influence majeure de la plupart des groupes punkrock qui ont explosé dans les années 90.

A partir de ce point le livre s’attarde sur la vie de chaque membre, sur les changements de line-up (6 batteurs au total !), les tournées et sur l’écriture de chaque album. On peut peut-être trouver ça pénible mais j’ai beaucoup apprécié que Graffin ou Gurewitz s’attardent sur la genèse de certains morceaux expliquant les textes ou la musique. Je trouve ça très intéressant et ça permet d’avoir une écoute différente de certains titres. En tout cas un éclairage réellement pertinent.

Bien sûr Brett Gurewitz revient sur son rôle de producteur, sur Epitaph et l’explosion d’Offspring et Rancid qui va mettre le label au premier plan. La conséquence sera aussi la signature de Bad Religion sur Atlantic records avec des conditions énormes : Andy Wallace produit l’album alors qu’il s’est chargé de Nevermind et le premier Rage Against The Machine juste avant. C’est un autre moment clé dans l’histoire du groupe car il marque le départ, à nouveau, de Gurewitz mais aussi une fracture avec une partie des fans. Et le discours du groupe sur ce point est très intéressant à lire.

Cependant, le côté fanboy de Jim Rulland l’amène à répéter à chaque chapitre que le groupe est le plus intelligent de la scène. Que tu l’entendes une fois suffit je pense, que la prose et le verbe de Graffin soient hors normes on le comprend vite et ces répétitions sont vite lourdes. Quelques passages sont un peu longs aussi et je suis surpris de ne pas croiser des noms emblématiques de la scène comme The Descendents ou Dead Kennedys pourtant de la même époque.

 

Do What You Want est une belle biographie d’un groupe qui aura influencé et orienté la scène punkrock. Une lecture indispensable pour tous ceux qui ont été bercés par la génération Epitaph.

 

J. NeWSovski