vendredi 9 février 2024

Interview - DO NOT MACHINE

 La douceur angevine semble propice à l’inspiration musicale, ces derniers mois les sorties d’albums s’y sont succédées (Fragile, Tiny Voices, Bermud, Lane, Beastly…). C’est aujourd’hui le tour de Do Not Machine de nous présenter son deuxième opus qui sort cette-fois-ci dans un contexte bien meilleur avec une belle release partie au Chabada.





On s’était rencontrés à la sortie de Heart beat nation, en 2020 en plein COVID, avez-vous réussi tout de même à défendre l’album sur scène ?

C’est exact. Le premier album est sorti en nov. 2020 pendant le second confinement. L’année 2021 a ensuite été marquée par nos doutes, comment défendre ce premier disque et comment rebondir. Du coup, on a peu joué pour ce premier disque au profit de temps passé à composer notre second disque. 

 

Pour celui-ci, il commence à y avoir quelques dates et notamment une à Paris avec La Faiblesse, est-ce important pour vous de retrouver la scène ?


Evidemment. C’est par la scène qu’une musique comme celle que l’on joue prend une part importante de son sens. Les concerts, les rencontres, les heures de camion, etc… ça fait aussi parti du délire et ça nous fait du bien de faire cela avec Do not machine


          


Quel a été votre processus de composition pour ce deuxième album ? êtes-vous partis dans la continuité du précédent ou avez-vous composé différemment ?

La réponse ne sera pas très originale :) Comme beaucoup de groupes, chacun arrive au local avec une idée, un riff, une mélodie de chant, et ensemble on fait tourner, on construit, on étoffe jusqu’à être tous satisfaits du rendu. On avait fait comme ça pour le premier, on a fait comme ça pour ce second disque… Et l’on fait comme ça avec tous nos autres projets aussi:)

 

Sur les premières écoutes j’ai l’impression que, notamment sur sa deuxième partie, Celebrations of the end sonne davantage aérien et post-punk que Heart beat nation, est-ce juste une sensation ?

Tout à fait d’accord avec toi. Sans que cela soit quelque chose que l’on se soit imposé, on a sans doute inconsciemment écouté nos envies lors de la composition, et ça tendait parfois vers des parties plus aériennes, plus ambiantes comme tu le décris. 

 




Vous êtes partis sur le même principe d’enregistrement que pour le précédent, à savoir enregistré par Camille et mixé ensuite par J.Robbins. D’ailleurs où et comment l’avez-vous enregistré ?

C’est ça. On l’a fait en plusieurs sessions. D’abord le basse-batterie en studio. Puis quelques temps plus tard, en plusieurs fois encore, les guitares dans le local de répétition. Et enfin les voix, là aussi dans le local. Le tout piloté par Cam avant qu’on envoie à J. Robbins, à qui l’on fait confiance depuis longtemps maintenant pour mixer une musique comme la nôtre. 

 

Pouvez-vous nous éclairer sur le nom de ce nouvel album ?

C’est une ligne d’un des morceaux, sur « a new love ends ». A la réflexion, ça faisait écho à la période que l’on avait vécu avec tout ce bazar covid… Et la sensation d’un renouveau. 

Qu’abordez-vous comme sujets dans vos textes ?

Les messages sont divers et variés : constat mélancolique du monde mais aussi des échos ou des réflexions sur des choses vues ou vécues. 

 




Comment s’est fait le choix de l’artwork ?

Avec des gens de confiance… Les mêmes artistes (Julie Cice et Pascal Darosa) que pour le visuel du premier. On y voit même un lien assez direct, dans la continuité.

 




Avec deux albums au compteur désormais, comment se fait votre choix des titres pour les concerts ? Y a-t-il des morceaux que vous écartez très rapidement car plus difficiles à jouer ?

On choisit surtout ceux qui nous plaisent, sans trop réfléchir. Ensuite on voit si on s’en sort pour les interpréter. Et si ça colle, alors on les inscrit sur la setlist :) 

 

Qu’en est-il de vos groupes respectifs ? Last Time Vodoo ? Zenzile ? Il me semble que le nouvel album de Daria ne devrait pas tarder ?

Zenzile s’apprête à fêter ses 30 ans en 2025… Ça va être énorme !! Et Daria s’apprête à sortir son 5ème album à la rentrée 2024. 

 





Liens :

https://www.facebook.com/donotmachine/

https://donotmachine.bandcamp.com/

https://nineteensomething.bandcamp.com/album/do-not-machine-celebrations-of-the-end-lp


mardi 6 février 2024

VEUVE SCARRON – Thanks for nothing Find me Nowhere [EP]

 




VEUVE SCARRON – Thanks for nothing Find me Nowhere [EP]

 

Veuve Scarron est le projet solo de Matt l’ex chanteur de Cathedraal, Madame de Montespan et Wuizit, groupes screamo. Un premier album (Deal with it) était sorti en 2022. Ce nouvel EP commence dans un déluge sonore avec The Stunt, rythmé et débordant d’énergie, le morceau bruitiste annonce rapidement la couleur

1000 brouillards travaille davantage les mélodies tandis que, derrière un son plus clair, Fatalitas rappelle que le projet est avant tout rock’n’roll. Mais Veuve Scarron sait prendre des contre-pieds et proposer une noise intense et lourde comme avec Gaviscon.

Je trouve toujours aussi impressionnant de voir des projets solos aussi aboutis à l’instar de Bobby Singer et même si le son manque un peu d’une production plus importante il n’en demeure pas moins un très bon moment d’écoute.

 

J. NeWSovski

 

 

https://www.facebook.com/veuvescarron

https://veuvescarron.bandcamp.com/track/1000-brouillards

jeudi 1 février 2024

LILA EHJA – Clivota

 


LILA EHJA – Clivota 

Croux Records / Toutdoux Records

 

Premier coup de cœur en ce début d’année 2024 avec « Clivota » l’excellent album de LILA EHJA, one-girl-band puissant venant tout droit de la capitale. Déjà auteure d’un premier album en 2021, la parisienne joue également de la basse dans le groupe de black métal RANCE. La coloration musicale de LILA EHJA est quelque peu différente. LILA EHJA propose un savant mélange de darkwave, post-punk, shoegaze, indus et sonorités gothiques qui sent bon les eighties. Une musique froide qui évoque plus le béton ou les friches industrielles que des plages ensoleillées ou le marché de Noel.

 

D’emblée, une douce mélancolie s’installe sur le bien nommé « Vague (Intro) ». La boite à rythme, la voix éthérée de Lila et les sons de guitares rappellent notamment les plus belles heures de COCTEAU TWINS. Le tempo s’accélère nettement sur le métronomique « The Book ». Assez new wave, le chant y est plus affirmé. Quelle fut ma surprise d’apprendre après quelques recherches qu’il s’agissait en fait d’une reprise d’un groupe du début des années 80, NITZER EBB dont la version d’origine était plus minimaliste et synthétique. Le titre éponyme « Clivota » nous envoute complètement avec sa grosse basse ronflante et l’intrusion d’une guitare plus saturée. Il fait clairement penser à JESSICA 93, et c’est un compliment. Des guitares plus noisy que l’on retrouve avec plaisir sur « Ghost Love » dont l’introduction évoquait pourtant plus les synthés de PERTURBATOR ou CARPENTER BRUT. L’album se fait de plus en plus audacieux et expérimental. Les 7 minutes du sombre « Rust » en attestent. Construit sur un rythme assez lent, le titre alterne entre chant parfois noyé par la réverb’, guitare bruyante ou petit gimmick de synthé. La lenteur et la noirceur sont toujours de mise sur « Trigger » dont les sonorités à la CURE ne peuvent que nous charmer. « Worship » marque une rupture avec ces beats percutants. Un titre qui ressemble à une battle entre EBM et guitares noisy. Après un « Noyades » bien barré et répétitif sur lequel on croit entendre l’utilisation d’un auto-tune, « Clivota » arrive bientôt à son terme. Le dernier morceau « Oudrone », très ambient et 100% instrumental fait office de générique de fin. Pas celui d’une comédie familiale mais plutôt celui d’un film flippant et horrifique.

 

Oscillant entre plusieurs styles, ce deuxième album de LILA EHJA est une réussite. Il nous tarde désormais de découvrir cette artiste touche-à-tout sur scène.

 

Mr Caribou

 

Titre préféré :                    RUST

 

https://lilaehja.bandcamp.com/album/clivota

https://www.facebook.com/lilaehjamusic/



dimanche 28 janvier 2024

CHRIS CRESSWELL – The Stubborness of the young



CHRIS CRESSWELL – The Stubborness of the young

PWC Recordings

 

Je suis passé à côté de cette sortie en septembre dernier et pourtant Chris Cresswell est l’un de mes personnages préférés de la scène punkrock américaine. J’adore sa voix et j’apprécie beaucoup les compos de The Flatliners, toujours très énergiques et entraînantes. Il y a quelques années lorsqu’il est arrivé dans Hot Water Music, autre groupe pour lequel je voue une admiration sans limite, c’était comme un conte de fée ; sa voix n’y est encore que trop peu utilisée je trouve mais cela devrait s’arranger sur les prochaines sorties et donner une dimension hors normes au groupe floridien.

 

De façon assez curieuse son nouvel album solo a été peu relayé par les médias. Cela tient peut-être du fait du nombre de sorties très importantes dans cette scène, j’ai d’ailleurs l’impression désormais que chaque chanteur a sa carrière solo en marge du groupe que ce soit Dave Hause, Chuck Ragan, Jim Lindberg, Joey Cape, Gregor Barnett, Forest Pooky, Pit Samprass

 

Je sais que Chris Cresswell aime ralentir le rythme et proposer des balades aussi je ne suis pas trop surpris de retrouver des morceaux très doux comme On Precious Ground avec une batterie discrète qui accompagne parfaitement le côté aérien de ce morceau. D’ailleurs, l’ajout d’un backing band (batterie, basse et piano aussi) amène certes un côté plus pop mais il demeure moins redondant qu’un acoustique pur. On retrouve dès lors de très jolis morceaux comme le langoureux Roam et l’onctueux Let It Go et son intensité appuyé par le tempo lourd. La voix de Cresswell est toujours aussi magique et son spectre est très large j’aime quand il utilise son côté éraillé ou lorsqu’il monte haut (Follow me).

Mais le leader des Flats montre qu’il peut aussi accélérer et accrocher ses fans comme sur You don’t wanna listen to me et son refrain ciselé ou le morceau d’ouverture Behind The Crow.

 

The Stubborness of the young, l’entêtement du jeune en français, et sa pochette avec une photo de lui prise par sa mère semble être un clin d’œil à sa jeunesse et son choix de faire de la musique qui a dû être, je pense, compliqué à faire accepter à sa famille. Cet album est juste un très bel album par un compositeur de grand talent.

 

https://www.facebook.com/chriscresswellmusic/

https://chriscresswell.bandcamp.com/album/the-stubbornness-of-the-young


mardi 23 janvier 2024

SONS OF O’FLAHERTY - Fall / Winter [EP]



 

SONS OF O’FLAHERTY - Fall / Winter [EP]

Autoproduction

 

Je suis encore sous le charme du groupe rennais depuis son album The Road Not Taken sorti en 2017. Clairement et simplement pour le définir on peut parler de punkrock celtique, sorte de croisement français entre Dropkick Murphys, the Flogging Molly et The Rumjacks.

Sons Of O’Flaherty a choisi de sortir des EPs pour son retour, les deux premiers s’intitulent Fall et Winter, sans trop de surprises, je pense, les deux prochains devraient s’appeler Spring et Summer

Fall est composé de 3 titres et commence par l’énergique Where I Belong, très punkrock sur la forme qui a été enregistré et mis en vidéo juste avant le covid. Enchaîne ensuite le très intéressant Family qui est pour moi la synthèse parfaite de ce que j’aime chez ce groupe avec des changements de rythmes, des mélodies entraînantes sur un refrain finement trouvé. Le troisième morceau, wagon wheel, sonne très rock folklorique avec l’ajout d’un chant féminin et le banjo, un morceau propre et entraînant.

 

Winter, deuxième EP donc, est aussi composé de 3 morceaux, même photo pour l’artwork mais cette fois ci les feuilles jaunes et orangées ont laissé la place à la neige. L’énergique Somewhere in the middle démarre fort avec des cassures de rythme sur le refrain qui amènent de l’accroche. J’ai eu plus de mal à rentrer dans The pack, non pas que le morceau ne soit pas bon, mais l’intensité est très différente entre le début et la fin et le refrain manque d’un petit élément détonateur.

Christmas without you est une petite balade tranquille, douce et entraînante qui donne envie de boire un chocolat chaud près de la cheminée. Une vraie chanson d’hiver quoi !

 

Concept intéressant pour ce retour de Sons Of O’Flaherty avec ces EPs déclinés sous forme de saisons. Toujours dans le même registre, le groupe breton conserve son inspiration et réussit une nouvelle fois à séduire par son punkrock celtique très bien maîtrisé.

 

J. NeWSovski

 

https://sonsofoflaherty.bandcamp.com

https://www.facebook.com/sonsofoflaherty/


mercredi 17 janvier 2024

POOLSHARK – Munch [EP]


 

POOLSHARK – Munch [EP]

autoproduction

 

Poolshark n’est pas un groupe réunionnais comme pourrait laisser penser son patronyme mais au contraire un jeune groupe des montagnes formé en 2022 en Savoie et qui sort ici son premier EP après avoir déjà mis en ligne plusieurs morceaux dont la très bonne reprise de Millencolin : No Cigar. Le quatuor se paye le luxe d’un mastering au mythique Blasting Room.

Munch comporte quatre titres de punkrock mélodique que l’on appelait communément à la fin des années 90 du skatecore. Poolshark n’est pas sans me rappeler bon nombre de bons groupes français à leurs débuts, le premier qui me vient en tête n’est autre que The Rebel Assholes, c’est notamment en raison du chant tout d’abord, un peu éraillé puis le goût des mélodies et les chœurs en soutien qui font leur effet sur Body Medecine, le premier morceau. Fisherman démarre à la Nerf Herder avant de s’échapper sur un refrain bien accrocheur. Goodbye my friends est un peu plus lent et me rappelle cette fois-ci Tom Tom Bullet, petit groupe d’Angoulême qui a splitté trop tôt. Munch se termine sur Soulmate Again le morceau le plus mélodique et le plus accrocheur qui semble définir par la même occasion le profil du groupe qui navigue entre énergie et goût prononcé pour les refrains bien écrits et fédérateurs.

 

A noter aussi la superbe pochette. En consultant leurs précédents singles on peut vite se rendre compte que le groupe semble avoir à cœur de sortir de jolis artworks propres et soignés et j’adore !

 

Poolshark connaît les codes du punkrock et ce premier Ep est plein de promesses avec des morceaux mélodiques au riffs bien trouvés. On surveillera avec attention leurs prochaines productions.

 

J. NeWSovski

https://poolshark.bandcamp.com/album/munch

https://www.facebook.com/poolsharkband


vendredi 12 janvier 2024

PAERISH – You’re in both dreams (and you’re scared)

 


PAERISH – You’re in both dreams (and you’re scared)

Side One Dummy Records

 

C’est sur Side One Dummy que l’on retrouve le troisième album des Parisiens, label mythique des années 90-2000 qui a vu passer des artistes comme Antiflag, MxPx, Bouncing Souls, Casualties, Swingin’Utters, Flogging Molly ou 7 Seconds. Un label très axé punkrock mélodique. Pourtant Paerish a pris ses distances avec ce style optant pour des lignes plus aériennes et davantage shoegaze. Cette évolution vient peut-être de l’arrivée de Loïc à la batterie qui vient remplacer Julien, toujours est-il que ce nouvel opus a été, comme les précédents, enregistré à Philadelphie au studio 4 Recordings avec Will Yip aux manettes (Menzingers, Quicksand, Tiger Jaws, Bouncing Souls…).

 

Les Parisiens débutent avec Sequoia, un morceau tout en douceur, calme qui monte progressivement en régime avec l’arrivée des nappes de guitares et de la batterie. Daydreaming, qui enchaîne est plus nerveux rappelant des groupes comme Quicksand ou Rival Schools avec une basse dynamique tout en conservant un côté très aérien voire psyché dans le chant et les guitares. J’aime beaucoup le côté pop de Houses of American Styles qui possède quelques cassures de rythmes plutôt intéressantes et je pense à quelques riffs de Daniel Johns de Silverchair sur l’intro de Still Here, il y a, comme sur les deux albums précédents d’ailleurs, une base grunge que le groupe aura du mal à renier.

 

The luck you had est un des morceaux marquants, il s’agit d’une belle ballade aérienne toute en douceur qui se voit accompagnée par un saxophone, ce qui est assez rare dans le style pour être souligné. Mais le morceau le plus accompli de cet album reste pour moi It only bothers you qui navigue quelque part entre Jimmy Eat World époque Clarity et Elliott époque False Cathedrals soit un post-punk mélodique et surtout mélancolique. Reste ensuite Worry, plus dynamique et incisif qui, derrière des airs de Weezer, se révèle l’un des morceaux les plus rapides et énergiques.

 

Paerish signe ici un superbe troisième album qui ravira tous ceux qui apprécient les chansons punkrock mélodiques aériennes. Le groupe se fait plutôt rare et discret en province et dans le circuit indé, voici une raison de plus d’aller le chercher !

 

 

J. NeWSovski

 

https://paerish.bandcamp.com/album/youre-in-both-dreams-and-youre-scared

https://www.instagram.com/paerish/