lundi 10 juillet 2023

FRAGILE - … about going home

 


FRAGILE - … about going home

Twenty something


Cela fait déjà quelques temps que l’on croise Fragile dans les concerts sur Angers, et nombreux sont ceux qui ont reconnu Félix, guitariste de feu LANE derrière la batterie, Manuel le guitariste de Scuffles se retrouve à la basse, et puis il y a aussi Josic le guitariste des anciens Wild Fox, Baptiste ancien chanteur de Dog For Friends et aussi Jean-Baptiste à la guitare. Leurs concerts sont énergiques et remplis d’émotion, une combinaison parfaite et je crois comprendre que c’est de cette émotion qui transpire que vient le nom FRAGILE.

Cette première production à mi-chemin entre Ep et album est signée chez Twenty Something ce qui n’est pas rien, faut-il le préciser, surtout pour un jeune groupe. Mais Fragile est un jeune groupe prometteur et il maîtrise parfaitement sa musique notamment les changements de rythmes passant d’un titre puissant à un plus léger, c’est le cas sur l’enchaînement des deux premiers morceaux, car derrière l’intense Messy Hair au chant déchiré qui rappelle assez rapidement Touché Amoré se cache Selfless plus léger et mélodique aux riffs entêtants dont les envolées sentent bon le shoegaze.

Le très indie-rock Winter at the museum met aussi en avant le chant très bien posé de Baptiste. J’ai l’impression d’entendre Lysistrata sur le refrain d’Anhedonia, encore une belle référence mais Fragile est décidemment un groupe surprenant et on se laisse rapidement envouter par ses charmes comme sur le superbe Murmuration, qui fait preuve d’une belle intensité, ce morceau allie douceur et mélodies de façon très juste. L’introduction au chant de Josic est superbe. Un grand morceau. Je regrette juste que Fragile ne fasse pas durer davantage le morceau comme il le fait en live.

Overview vient poser les choses une nouvelle fois en mode Shoegaze alors que Cry, très punk sur le fond, joue le rôle de détonateur avant le très bon Model, un des morceaux phare de ce court album. Ce dernier se révèle, encore une fois, très intense, à fond dans l’émotion sur sa fin, un morceau que le groupe aime bien aussi faire durer sur scène pour notre plus grand plaisir.

 

Je mettrai toutefois deux bémols, le premier sur la longueur, 24 minutes pour 8 titres c’est court, trop court même et peut-être qu’attendre 1 mois de plus pour composer et poser deux ou trois autres morceaux de plus dessus aurait pu être une idée judicieuse. Ici, ce format et cette longueur amènent de la frustration.

Le deuxième bémol est pour le son que je ne trouve pas extraordinaire par rapport à ce qui sort actuellement, un peu trop écrasé notamment sur le chant. Leurs copains de Tiny Voices, qui viennent de sortir aussi leur premier album, ont un son vraiment meilleur, je pense qu’ils devraient leur glisser discrètement le numéro d’Amaury Sauvé et de l’Apiary Studio pour leur prochaine production.

 

FRAGILE est une des très bonnes surprises de cette année, le groupe est plein de fraîcheur et a su apporter des idées intelligentes, de bonnes trouvailles dans un style parfois un peu trop uniformisé. Un groupe à suivre impérativement !

 

J. NeWSovski

 

Titre préféré :                    Murmuration

 

https://fragileangers.bandcamp.com/album/about-going-home

https://www.facebook.com/fragileangers




mardi 4 juillet 2023

RANCID – Tomorrow Never Comes

 


RANCID – Tomorrow Never Comes

Epitaph / Hellcat

Rancid est un groupe culte qui aura marqué de façon indélébile toute la scène punkrock, et forcement quand je parle du groupe je pense à son superbe album and out comes the wolves (1995) mais aussi Let’s go (1994) et life won’t wait (1998). Le passage aux années 2000 a plutôt bien commencé avec l’album éponyme sorti la même année et puis par la suite le groupe a enchaîné les albums sans jamais atteindre les sommets qu’il avait côtoyés dans les années 90.

 

Mais la sortie d’un album du groupe de Tim Armstrong reste toujours un évènement surtout que celui-ci est leur dixième et qu’il débarque tout de même après un hiatus de 6 ans. Il s’affiche dans un bel emballage noir et jaune avec juste le logo et des photos des membres du groupe, sobre et dans la lignée des précédents, mettant l’accent sur la musique avec, encore une fois, une grosse quantité de morceaux (16).

Tomorrow never comes démarre sur les chapeaux de roue façon Rancid 2000, très rythmé avec une grosse basse et l’alternance des 3 chants. Une superbe entrée en matière. Mud, Blood & Gold enchaîne et offre en à peine plus d’une minute un refrain bien accrocheur et dans le même style on notera Don’t make me do it très rapide et puissant, un vrai morceau punkrock.

J’aime beaucoup New American, le chant d’Armstrong y est vraiment très bon avec son petit accent et puis les lignes de basse de Matt Freeman sont justes magiques. Il nous refait d’ailleurs un peu plus tard une petite introduction à la Maxwell Murder sur le très efficace Eddie The Butcher.

Un autre morceau que j’affectionne est Drop Dead Inn notamment parce qu’il est chanté par Lars avec sa voix éraillée et accrocheuse. Magnificent Rogue est aussi un très bon morceau, il dégage un côté nerveux du groupe mis en avant par la batterie tout en restant sur des bases qui permettent d’identifier directement le groupe, c’est un morceau hargneux, un bon défouloir.

 

Sans se mentir cet album n’est pas leur meilleur, il se veut dans la lignée de Trouble maker, Honor et Dominoes, soit un bon album, énergique avec ce que l’on attend de Rancid : les chants alternés de Tim Armstrong et Lars Frederiksen, des riffs acérés et par-dessus la basse de Matt Freeman. Sur ces points Tommorrow Never Comes regorge de morceaux efficaces sans jamais en trouver de vraiment excellents comme dans les années 90. Mais ceux qui, comme moi, aiment écouter toujours de nouveaux morceaux seront ravis de cet album et surtout heureux de voir que Rancid est toujours en vie, bien portant et prêt à en découdre sur scène.

 

J. NeWSovski

Titre préféré :                    New American

 

https://rancid.bandcamp.com/album/tomorrow-never-comes

https://www.facebook.com/rancid

https://rancidrancid.com/



mercredi 28 juin 2023

FUUDGE - ...qu'un cauchemar devienne si vrai

 


FUUDGE - ...qu'un cauchemar devienne si vrai

Folivora Records

 

Pourtant auteur de plusieurs albums et EP, FUUDGE était passé jusqu'à présent en dehors de nos radars. En tout cas, l'Europe et plus spécifiquement la France. Mais il aurait été fort dommage ne pas s'intéresser à la dernière production de ces talentueux Québécois "..qu'un cauchemar devienne si vrai". Car le groupe du multi-instrumentiste et homme à tout faire David Bujold ose, pour faire simple, jouer un stoner démoniaque dans la langue de Céline Dion. Et ce savant mélange passe très bien. Il faut dire que si FUUDGE est un adepte du rock lourd, la palette musicale des Canadiens est assez large : des sonorités seventies à la pop psychédélique des années 60 en passant par le grunge, le noise-rock, FUUDGE ne s'interdit rien. Avec "Jusque dans la tombe", le morceau introductif, on est clairement sur du stoner pur jus. Un son lourd à la MARS RED SKY contrebalancé par une voix fragile et haut perchée comme celle de Julien Pras d'ailleurs, le chanteur du trio bordelais. FUUDGE nous gratifie également sur ce premier titre de bourdonnements, de bidouillages dissonants en première partie mais également d'un solo exécuté à grande vitesse. Les Québécois enchainent ensuite avec le lent et heavy "Ta yeule toute va ben" qui se termine au ralenti. Le registre est complément différent sur "J'aimerais ben ça aimer ça (mais j'aime pas ça)". Après une introduction acoustique, le titre s'emballe avec un riff grungy avant l'arrivée surprise de flutes psychédéliques. FUUDGE muscle de nouveau son jeu sur l'addictif "On aime les saints". Un mélange de stoner porté par une batterie martiale et de magnifiques harmonie vocales. Contrairement à la majorité des groupes faisant dans le rock lourd, le chant n'est jamais étouffé par la musique, bien au contraire. L'alternance entre gros riffs et mélodies fait également des merveilles sur le titre éponyme "Qu'un cauchemar devienne si vrai...". Après une balade psyché et perchée convoquant autant SYD BARRETT que les BEATLES, FUUDGE remet les gaz sur "Sans fermer les yeux". Des paroles poétiques dans un titre aux sonorités garage. On avait rêvé de NIRVANA chanté en français. FUUDGE l'a fait avec "Heureux sont les niais", petite bombe grungy qui fait vraiment penser au trio culte de Seattle. Malgré un tempo moins rapide, les Québécois poursuivent dans cette veine sur "Pardon Mononc' ". Un titre marqué par une fin noisy et expérimentale du plus bel effet. FUUDGE ne tombe jamais dans la facilité et ne nous ennuie pas une seule seconde. Après une fulgurance punk "Pas besoin d'un assassin", David Bujold nous livre une dernière pépite. "Effacer ta mort" est un parfait condensé du savoir-faire de FUUDGE. Les arpèges acoustiques de guitares et jolis arrangements sixties d'un côté, le gros son et les hurlements vocaux de l'autre.

 

Il se dit que FUUDGE est l'un des meilleurs groupes de la scène québécoise. Avec ce 3ème album, FUUDGE réalise tout simplement un excellent album de rock au sens large, un des meilleurs de 2023 pour l'instant. 

 

Mr Caribou

 

Titre préféré :                    On aime les saints

 

 

https://fuudge.bandcamp.com/album/quun-cauchemar-devienne-si-vrai

https://www.facebook.com/fuudgeband/


jeudi 22 juin 2023

RIMEL – Transparent

 


RIMEL – Transparent

Slow Death

 

Rimel est un trio composé de deux anciens Davy Jones Locker (groupe de la fin des années 80 et début des 90) avec Thierry au chant et à la basse et David à la guitare (qui joue aussi dans Foggy Bottom) ainsi que Steph Le Steck à la batterie, le groupe est établi à Thionville en Moselle dans l’est de la France près du Luxembourg.

 

Transparent qui débute l’album et lui donne son nom amène une noise assez sombre emmené par un chant en français. Peu de paroles mais de l’efficacité. Déraillé impose un rythme plus lent, plus psyché aussi. Le groupe se veut minimaliste comme sur la valve, cela se ressent aussi par la façon de chanter de Thierry qui pose et appuie sur chaque mot ce qui en fait un morceau hypnotique taillé pour le live.  Ces mélodies associées au côté fuzz du groupe lui donne des airs de Jesus and Mary Chain comme sur l’envoutant Electrique. Je pourrai aussi rapprocher le groupe de ce que peut faire GIL sur son premier Ep ou encore les cultissimes My Bloody Valentine.

Rimel se révèle très fort sur ses mélodies et réussit à nous embarquer dans son univers avec une belle aisance comme sur le très bon Endorphines. Il faudra certes apprivoiser le chant qui peut se révéler très singulier de par sa diction saccadée et l’emploi du français mais aussi par le peu de texte.

 

On notera la pochette sobre mais quelque peu trompeuse ainsi que le très bon son que l’on doit à Jordan Kiefer du Studio JK Prod épaulé par le groupe lui-même.

 

Ce premier album de 8 titres pour 31 minutes se veut une belle découverte, Rimel impose un rock noise avec la pédale fuzz toujours enclenchée. Au-delà de l’album Rimel donne envie de se découvrir sur scène.

 

J. NeWSovski

 

 

 

https://rimel1.bandcamp.com/album/transparent

https://www.facebook.com/rimelfuzz



samedi 17 juin 2023

CLAVICULE – full of joy

 



CLAVICULE – full of joy

A tant rêver du roi / Le cèpe records

 

C’est à Rennes que se cache un des groupes les plus excitants de la scène garage française : Clavicule. Le groupe au nom original, vient de sortir son deuxième album après Garage is dead sorti en 2020 sur Beast Records.

Le groupe qui se dit influencé par The Oh Sees (et ça s’entend) commence à se faire une belle réputation de groupe scénique

Les choses sérieuses commencent avec Painkiller qui démarre rapidement après une courte introduction, rappelant l’énergie et le son de guitare de The Hives avant que des mélodies plus psyché nappent cette chanson d’une identité assez singulière. Le quatuor accélère le rythme sur I will let you down et sa rythmique très Ramones avant de repasser sur un morceau à la The Hives avec Do It, entraînant et entêtant. On sent aussi des touches plus noise encore une fois associées à des sonorités psyché qui font d’un morceau comme Wilted Flowers un joli voyage sonore sur près de 7 minutes 30 et qui permettent de se rendre compte de la grande richesse d’ouverture de Clavicule.

Curieusement je trouve qu’il se dégage aussi un côté grunge, voir mêle nirvanesque sur Rockets qui arrache tout sur son passage au point que le morceau suivant, You, est obligé de nous reposer avec des belles et douces mélodies pop. J’aime aussi beaucoup le clin d’œil à King Gizzard and the Lizard Wizard sur Queen Blizzard & The Sittar Guitar, il alterne les atmosphères avec une belle dextérité.

 

Le son de Full Of Joy se révèle très bon, très percutant, j’aime la mise en avant des basses. Il a été enregistré par Dimitri Dupire et a su séduire le label Pallois À Tant Rêver du Roi qui a le nez fin pour dénicher des groupes talentueux (Cosse, Pamplemousse, La Jungle…), pour l’occasion l’album est aussi sorti sur le cèpe records (we hate you please don’t die).

J’aimerais aussi mettre en avant la superbe pochette réalisée par Emy de Arrache toi un oeil, j’attache beaucoup d’importance à l’artwork, il est même parfois déterminant dans l’obtention d’un album. Celui-ci est particulièrement réussi avec ces fleurs qui s’échappent du corps d’une femme laissant plusieurs interprétations possibles. Elle est juste superbe et sera pour moi l’une des plus belles que j’ai pu voir.

 

Un très bel album dans tous les sens du terme qui impose encore plus le groupe sur la scène garage nationale et donne l’envie de les retrouver rapidement sur scène.

 

  

J. NeWSovski

 

 

https://clavicule.bandcamp.com/album/full-of-joy

https://www.facebook.com/Claviculeband



lundi 12 juin 2023

ABSENCE OF COLORS – Cycles (EP)

 


ABSENCE OF COLORS – Cycles (EP)

Weird Noise

 

Le post-rock est définitivement un style indémodable. Et régulièrement, de nouveaux groupes viennent se frotter avec plus ou moins de réussite à ce ce courant musical atmosphérique. Le duo de Chambéry, ABSENCE OF COLORS, fait plutôt partie des artistes qui hissent ce style vers le haut. Le premier EP des Chambériens "Cycles" en est la preuve vivante. Sur les quatre longues pièces (de 6 à 9 minutes) que contient cette première production, ABSENCE OF COLORS maitrise parfaitement les lentes montées, les alternances de passages rugueux et de moments plus apaisés. Si le groupe se dit influencé par TOOL, ISIS ou MOGWAI, la musique des deux complices évoque surtout les Ecossais. A l'écoute de Cycles, on pense également à EXPLOSIONS IN THE SKY, voire OISEAUX-TEMPETE. Le rapprochement avec ISIS peut s'entendre également car le groupe lorgne parfois du côté du post-métal mais sans le chant agressif et les riffs lourds. Car si ABSENCE OF COLORS adopte un style progressif, il prend le temps d'installer ses morceaux sans mener systématiquement à des déflagrations soniques. C'est le cas notamment du premier titre "Too Big to Fail" qui, s'il monte indéniablement en intensité au fil des minutes, reste planant et hypnotique. L'utilisation de voix enregistrées dans une veine spoken words sur la plupart des morceaux est par ailleurs intéressante. Qu'elles soient masculines ou féminines ("Dust Bowl"). Si la batterie et la guitare constituent la base de la musique d'ABSENCE OF COLORS, le duo a l'intelligence d'élargir la palette en intégrant régulièrement une basse ou plus sporadiquement, des nappes de synthé ou des boucles électroniques comme sur le titre éponyme "Cycles". "Erika" clôture l'EP en beauté. Très mélodique malgré quelques bourdonnements inquiétants, cette dernière pièce met en avant la guitare subtile et cristalline d'Oliver Valcarcel. Ce dernier morceau très cinématographique et vaguement western dans sa dernière partie s'apparente au parfait générique de fin.

 

ABSENCE OF COLORS prouve avec ce "4 titres" réussi qu'il est un groupe à suivre. Il nous tarde de découvrir en concert le duo français tant leur rock instrumental est taillé pour la scène. 

 

Mr Caribou

 

Titre préféré :                    Erika

 

https://absenceofcolors.bandcamp.com/album/cycles-2

https://weird-noise.com/absence-of-colors/



mercredi 7 juin 2023

BRUTAL YOUTH – Rebuilding Year

 


BRUTAL YOUTH Rebuilding Year

Stomp records

 

J’ai découvert Brutal Youth grâce à la froideur des algorithmes et les hasards des méandres du net et c’est ce que j’appelle une belle pioche.

Le groupe est originaire de Toronto a déjà 3 albums à son actif en 10 ans et se dit influencé par SNFU et Propagandhi.

 

Brutal Youth joue donc un punkrock rapide et d’une efficacité déroutante, la basse est omniprésente (The Ides / Through the teeth) avec aussi un super jeu à la batterie. Le son est vraiment bon et se révèle très percutant.

 

Brutal Youth me fait penser à une sorte de groupe hybride entre The Explosion et Kid Dynamite capable d’envoyer des brulots ultra-rapides comme Egg Sucking Dog puis ralentir le rythme et jouer sur les mélodies (moonstones), la voix rappelle d’ailleurs beaucoup celle de Matt Hock de The Explosion. Il y a aussi un côté Good Riddance des années 90 dans la construction de certains morceaux comme sur Slices et ses cassures de rythmes ou comme sur You can call me Al (Yankovic) très mélodique.

 

Belle découverte que ce 4ème album de Brutal Youth, les canadiens nous offrent un joli condensé d’énergie et de mélodies. Cet album rappelle plein de belles choses et sans révolutionner le style il mérite tout de même une écoute attentive.

J. NeWSovski

 

 

https://brutalyouth.bandcamp.com/album/rebuilding-year

https://www.facebook.com/brutalyouth