dimanche 6 novembre 2022

THE BOBBY LEES - Bellevue

  


THE BOBBY LEES - Bellevue

Ipecac Records

Signé sur Ipecac Records, le label du cultissime Mike Pattonthe BOBBY LEES pourrait rapidement devenir la nouvelle sensation punk-garage US. Et il faut bien avouer que ces jeunes Américains hyperactifs (3 albums et quelques EP en 5 ans d'existence) sont impressionnants. Leur punk teigneux tendance riot grrrl est d'une redoutable efficacité. The BOBBY LEES c'est avant tout une guitariste-chanteuse, Sam Quartin, très charismatique. A l'origine de la création du groupe en 2017, sa voix rageuse fait incontestablement la force du quatuor basé désormais à Woodstock. 


La minute trente du titre d'ouverture "Bellevue" donne le ton. Démarré pied au plancher, on a affaire à du pur rock'n'roll minimaliste débordant d'énergie. Une furie, une rythmique speed, un solo de guitare et un chant criard qui font un peu penser aux Australiens de AMYL AND THE SNIFFERS. Passé cette entrée en matière sauvage, the BOBBY LEES montrent une autre facette de son talent avec Hollywood Junkyard. Moins linéaire, le morceau prend le temps de s'installer. L'entame est marquée par un chant chuchoté, une basse groovy, des guitares dissonantes et un tempo plus lent. Mais les quatre furieux accélèrent subitement la cadence et livre un final tendu et jouissif. Le naturel revient vite au galop pour les Américains de retour aux fondamentaux punk sur l'abrasif "Ma Likes To Drink". La basse endiablée en introduction, le gros riff bien gras et les hurlements de Sam Quartin donnent immédiatement envie d'en découdre et de pogoter dans son salon. La tension est toujours de la partie sur "Death Train" jalonné d'étonnants roulements de caisse claire et de solos de guitare stridents. Après une telle débauche d'énergie, les Américains rangent provisoirement les guitares au placard sur le surprenant "Strange Days". Le titre fait la part belle à un piano basique et répétitif. L'interprétation assez sensuelle de Sam Quartin y fait des merveilles. The BOBBY LEES enchaine ensuite les petites bombes rock'n'roll ("Dig Your Hips", "Have You Seen A Girl", "In Low") qui dépassent rarement les deux minutes. "Little Table" montre toute la palette vocale de Sam Quartin. Les couplets aux ambiances soul alternent avec des refrains plus teigneux. Les guitares tranchantes de "Monky Mind" se fondent à merveille avec un piano sautillant et jazzy. Après un passage vers une country musclée "Be My Enemy", the BOBBY LEES conclut "Bellevue" par un instrumental expéditif. Un ultime titre aux sonorités légèrement western, une sorte de CALEXICO survitaminé.

 

Porté par la voix de Sam Quartin, the BOBBY LEES signe un excellent troisième album à l'indéniable esprit punk. Une musique mordante et sans fioriture à l'énergie communicative.

 

Mr Caribou

 

Titre préféré :                                   Ma likes to drink

 

https://thebobbylees.bandcamp.com/album/bellevue

https://www.facebook.com/TheBobbyLees/

 


mardi 1 novembre 2022

QUITTERS – Captain are we thinking ?

 


QUITTERS – Captain are we thinking ?

KROD records / Dingleberry records / Bad Mood Asso / Fireflies Fall / Joe Cool / Pasidaryk Pats

 

Avec une très jolie pochette (signée Miron Osaki) qui accompagne bien le titre se dévoile le nouvel album de Quitters, un des groupes dont j’avais invité les lecteurs à suivre l’évolution et qui ne cesse de progresser.

Après deux Eps (le dernier date d’il y a trois ans) et un album le groupe de Montpellier a changé à nouveau de line up, passé en quatuor pour le 1er album, il a changé récemment de guitariste avec l’arrivée de Riton qui remplace Antho.

 

Je trouve que le groupe continue d’évoluer production après production et sur ce deuxième album je le trouve plus pointu allant chercher de très belles mélodies (ce petit riff sur The Inside Zone), délaissant parfois le côté punkrock pour un son plus indie et parfois powerpop comme sur Borders qui pourrait même faire penser à Weezer. Me rappelant aussi au passage un groupe comme Sexypop sur Some things never change ou When the sun goes down ils ont en commun cette qualité pour produire des chansons énergiques mais mélodiques.

On retrouve beaucoup d’intensité sur Broken World, plus lourd que les autres morceaux il apporte une ambiance plus grave.

Les Montpelliérains innovent avec Atacama Desert et son introduction toute douce en français avant de s’énerver et de partir dans de belles harmonies. Riton pousse aussi de la voix sur Welcome To Hell aux faux airs de Lysitrata.

Très beau titre pour conclure avec Voluntary Control et sa rythmique bien chaloupée.

 

A noter le nombre important de labels qui participe à la sortie de cet opus, je ne sais pas trop comment se réparti le travail de chacun mais ils doivent être contents d’avoir cet album à leur catalogue.

 

Proche du registre de Young Harts qui a sorti un très bon album il y a quelques mois, Quitters confirme tout le bien qu’on pense de lui et s’inscrit production après production dans le paysage musical national comme un groupe majeur.

 

J. NeWSovski

 

https://www.facebook.com/quittersmusic

https://quittersmusic.bandcamp.com/album/captain-are-we-thinking




jeudi 27 octobre 2022

TOXXIC TV – The Fall

 


TOXXIC TV – The Fall

Dialektik Records

 

Ce nouvel album me renvoie directement vingt ans en arrière avec l'album 111. En pleine époque Dialektik records tenu par Stéphane Moreau, l’ancien manager des Zabriskie Point, un label qui aura sorti de très bons albums notamment ceux de Nra, Dead End, Seven Hate, Human Alert, Weak, les Zab’ forcément ou encore Carving.

Toxxic TV était un groupe qui arrivait, à l’époque, à faire le lien entre les groupes de punk rapide et ceux plus mélodiques. Le groupe s’est arrêté en 2003. En 2015 à la surprise générale les deux frangins Guezengar ont décidé de remonter Toxxic TV et de passer en quatuor avec l’arrivée de deux nouveaux membres, s’ensuit l’album Here and now. Et aujourd’hui voici The Fall enregistré au Chipolata Framboise Studio, entre Nantais, avec Fab aux manettes.

 

Je retrouve rapidement la patte du groupe sur le premier titre qui donne son nom à l’album, avec cette voix très plaisante et une basse bien ronronnante, c’est d’ailleurs aussi la même recette sur Midnight Ride, autre morceau bien en place et efficace sur sa première moitié.

Le groupe travaille sur les mélodies et offre des choses intéressantes notamment the final gasp et ses chœurs accrocheurs. Le passage en français sur Neige Noire fonctionne plutôt bien, et je ferai le même constat sur Par La Rage et son refrain très entraînant. Ça marche d’autant plus qu’il y a une réelle alternance dans l’album que ce soit dans les rythmes ou le chant ce qui amène une vraie variation.

Quelques temps morts tout de même avec des choses plus traditionnelles comme Drowning Man ou we are the earth et sa rythmique ternaire, la touche Toxxic TV.

 

Et pour finir le groupe s’offre une reprise des Beatles avec Help, énergique qui fera certainement son effet en concert.

 

Je ne suis pas fan de la pochette, pourtant le groupe nous avait habitué à des choses plus sobres, une photo aurait peut-être été plus efficace...

 

Même s’il n’est pas l’album de l’année, The Fall n’en n’est pas moins plaisant et c’est avec un grand bonheur que les fans des premières heures retrouveront le groupe nantais.

 

J. NeWSovski

 

 

https://toxxictv.bandcamp.com/music

https://www.facebook.com/profile.php?id=100063104295264



dimanche 23 octobre 2022

PIT SAMPRASS – Naked

 


PIT SAMPRASS – Naked

Kicking Records

Pit Samprass, ancien et mythique chanteur des Burning Heads, a monté son studio il y a quelques années où il enregistre de nombreux groupes. Il possède aussi son studio de tatouage et joue toujours dans Monde de Merde. Par contre je crois que la pause de Brokken Roses, son autre groupe, pourrait s'être transformée en arrêt définitif, le seul et unique album ayant déjà 11 ans… mais on n'est jamais à l'abri d'une très bonne surprise dans les semaines à venir ;)

La légende veut que ce soit Guillaume des Vulgaires Machins qui ait offert une guitare folk à Pierre et je suis content qu’il se soit lancé ce défi de sortir un album solo et acoustique.

 

En accord avec le titre de l’album la couverture montre Pierre torse nu et sans tatouages comme pour annoncer que l’on aura droit à une version intime de lui-même à travers ces titres. Première chose à savoir, cet album est un album de reprises. Surprenant, et sans qu’aucun ne se soit concerté, il y a en a pléthore depuis quelques temps (Nasty Samy, Forest Pooky, Noé Talbot…)

 

Tout commence par une reprise de Bob de NoFX, à la façon Franck Turner. Alors autant le dire tout de suite celle de Franck Turner est juste magnifique et la comparaison est inévitable, celle de Pit Samprass est une bonne version, plaisante mais un ton en dessous tout de même.

Ce qui est amusant c’est que les premiers titres sont des morceaux que tous les fans des Burning ont en tête, ayant grandi avec le groupe et ses influences. Il est donc incontournable de retrouver du Clash (reprise également de Junior Murvin) avec Police & Thieves, teinté reggae, les arrangements amènent de la profondeur tandis que Pierre singe les mimiques vocales de Joe Strummer. Deux bons titres s’enchaînent ensuite Don’t want to know if you’re lonely d’Husker , très mélancolique et Save You Generation de Jawbreaker. Concernant ce dernier j’ai toujours trouvé que la voix de Pierre se rapprochait de celle de Blake Schwarzenbach surtout lorsque les Burning jouaient des mid-tempo.

Hommage aux Descendents, autre groupe mythique avec Silly Girl, puis Pit Samprass décide d’aller du côté des copains avec Snuff et le titre Not Listening issu de leur premier et excellent album. L’ajout du riff en électrique aide à caler ce titre en version solo, difficile de se séparer du rythme infernal de la batterie sur ce titre mais Pierre y parvient tout de même avec brio. Script de NRA est certainement l’un des morceaux les plus calmes de la discographie des Amstellodamois et cette reprise y amène une belle douceur.

 

Les reprises surprenantes arrivent sur la deuxième moitié avec Bad Wisdom de Suzanne Vega, même si à travers les interviews on le savait fan. Puis cette balade d’Adriano Celentano se veut, je pense, un rappel à ses origines italiennes (par son père venu d’Italie pour travailler comme maçon en France). La reprise de Tracy Chapman est aussi surprenante même si ce n’est pas ma préférée. Tout se termine avec une reprise de Gainsbourg en version anglaise : Prevert’s song. Originale et vraiment jolie, cette chanson est la très bonne surprise de cet album.

Premier album pour Pit Samprass, c’est joli, original souvent calme et c’est plutôt très positif. Le choix des reprises a dû être difficile et même si je m’attendais à du Dag Nasty, Adolescents voire même Seven Hate je trouve qu’il y a un bon éventail de ses influences.

 

J. NeWSovski

 

 

https://www.kickingrecords.com/c/Label/PIT-SAMPRASS/PIT-SAMPRASS-Naked-p445.html

mardi 18 octobre 2022

BETWEEN BODIES – Electric Sleep

 


BETWEEN BODIES – Electric Sleep

Krod Records / I corrupt records

 

Le premier EP des allemands (de Cologne et Paderborn mais aussi Toronto !) est sorti il y a tout juste 3 ans mais la période de confinement a freiné le groupe et c’est à distance qu’il a pu composer les prémices de ce premier album. Mais j’avais hâte d’entendre la suite de In The Fence, très prometteur à sa sortie.

 

Between Bodies rappelle bon nombre de groupes de la scène emo punk du début des années 2000 comme Saves The Day, Jets To Brazil et les Get Up Kids. Les amateurs du style à l’apoque, dont je fais partie, seront donc ravis. Le groupe n’est pas dénué de nombreux charmes comme le fait d’avoir plusieurs chanteurs qui amène une belle variété sur les titres.

Je trouve que le chant principal a évolué et a su absorber ses influences comme sur On the grave où l’on sent clairement une touche Flatliners, il prend les mêmes intonations que Chris Cresswell, ce côté hargneux et accrocheur si plaisant. Ce titre possède de belles mélodies et la fin est juste trop belle. Il y a aussi un peu d’influence de The Deadnotes, je trouve que, tout comme leurs compatriotes, les allemands savent alterner les phases énergiques et calmes avec brio et de façon si simple que c’en est déconcertant.

C’est cette capacité à produire de belles mélodies qui est intéressante chez eux en allant dans des lignes très douces (waking up ou crosses in the distance et son orgue) tout en exprimant une belle énergie comme sur Stronger than me et, pour le coup, cela me rappelle aussi mon groupe coup de cœur de ces dernières années à savoir Heavy Heart.

Et quand il s’agit d’aller au charbon et de montrer un peu de hargne on en prend une bonne dose avec l’intense Night Children.

J’aime bien aussi la pochette et le côté désuet et incongru de cette cabine téléphonique abandonnée sur cette plage.

 

Ce n’est pas une découverte mais plutôt une belle confirmation. Between Bodies vient de signer ici un très bel album qui marquera cette année sans aucun doute.

 

J. NeWSovski

 

https://betweenbodies.bandcamp.com/album/electric-sleep

https://www.facebook.com/betweenbodiesrock/



jeudi 13 octobre 2022

DIE ! DIE ! DIE ! - This Is Not An Island Anymore

 


DIE ! DIE ! DIE ! - This Is Not An Island Anymore

A Tant Rêver du Roi

 

Ces dernières années, plusieurs groupes bruyants venus des antipodes ont fait parler la poudre. On pense notamment à la scène australienne avec the CHATS ou CLAMM. Mais il y a environ deux décennies, les Néo-Zélandais de DIE ! DIE ! DIE ! avaient déjà défriché le terrain en proposant un punk-noise abrasif terriblement efficace. Après cinq ans sans donner signe de vie, le trio d'Auckland est de retour avec un septième album toujours aussi hargneux. Neuf titres bien produits, 25 minutes de haute intensité, "This Is Not An Island Anymore".

 

Toujours aussi agressive et électrique, la musique de DIE ! DIE ! DIE ! repose sur une basse vrombissante et rapide, une batterie infatigable et une guitare stridente. Mais ce qui fait surtout le sel du punk des Néo-Zélandais, c'est la voix haut perchée et criarde de Andrew Wilson. Le morceau éponyme qui ouvre l'album illustre parfaitement cette alchimie. Portée par une rythmique assez lente et répétitive, la guitare tranchante et les hurlements de Wilson donnent un côté très noise à cette première salve. Plus mélodieux malgré une tension persistante, "In Darren There" fait penser un peu aux Canadiens de METZ. Plus frontal et rageur "Losing Sight, Keep On Kicking" est une petite bombe noise-punk dont on ne sort pas indemne. Un titre très électrique à l'énergique débordante. Plus déstructuré mais tout aussi efficace, "8 Months in the Lighthouse" impressionne par ses ruptures et ses variations sonores : alternance de pure bruit et d'accalmies. Expéditif, "15 years" rentre dans le lard avec son riff tranchant. La voix de Wilson donne quant à elle l'impression de sortir d'un porte-voix. "Never Tire Looking At The Sun" amène DIE ! DIE ! DIE ! sur un terrain encore plus expérimental. Un étonnant mélange de larsens et de free-jazz marqué par un saxophone complètement déjanté. DIE ! DIE ! DIE ! n'offre aucun répit et l'album touche déjà à sa fin avec "IMAGINE Spending So Long Making Other Feel Like Shit", titre dévastateur qui se termine, et c'est la moindre des choses, dans un véritable déluge sonore. 



Après 20 ans d'activité, DIE DIE DIE ! reste une valeur sûre sur la scène punk-noise. Son septième album "This Is Not An Island Anymore" est une réussite truffée de pépites qu'il nous tarde d'entendre un jour sur scène. 

 

Mr Caribou

 

Titre préféré :                                   Losing Sight, Keep On Kicking


https://diediedie.bandcamp.com/album/this-is-not-an-island-anymore

https://linktr.ee/diediedie