VEUVE
SCARRON – Thanks for nothing Find me Nowhere [EP]
VeuveScarron est le projet solo de Matt l’ex chanteur de Cathedraal, MadamedeMontespan et Wuizit, groupes screamo. Un premier album (Deal
with it) était sorti en 2022. Ce nouvel EP commence dans un déluge
sonore avec TheStunt,
rythmé et débordant d’énergie, le morceau bruitiste annonce rapidement la
couleur
1000brouillards
travaille davantage les mélodies tandis que, derrière un son plus clair, Fatalitas rappelle que le projet est avant
tout rock’n’roll. Mais VeuveScarron sait prendre des contre-pieds et
proposer une noise intense et lourde comme avec Gaviscon.
Je trouve
toujours aussi impressionnant de voir des projets solos aussi aboutis à l’instar
de Bobby
Singer et même si le
son manque un peu d’une production plus importante il n’en demeure pas moins un
très bon moment d’écoute.
Premier coup
de cœur en ce début d’année 2024 avec « Clivota »
l’excellent album de LILAEHJA, one-girl-band puissant venant tout
droit de la capitale. Déjà auteure d’un premier album en 2021, la parisienne
joue également de la basse dans le groupe de black métal RANCE. La coloration musicale de LILAEHJA est quelque peu différente. LILAEHJA propose un savant mélange de darkwave, post-punk,
shoegaze, indus et sonorités gothiques qui sent bon les eighties. Une musique
froide qui évoque plus le béton ou les friches industrielles que des plages
ensoleillées ou le marché de Noel.
D’emblée,
une douce mélancolie s’installe sur le bien nommé « Vague(Intro) ». La boite à rythme, la voix
éthérée de Lila et les sons de guitares rappellent
notamment les plus belles heures de COCTEAUTWINS.
Le tempo s’accélère nettement sur le métronomique « TheBook ». Assez new wave, le chant y
est plus affirmé. Quelle fut ma surprise d’apprendre après quelques recherches
qu’il s’agissait en fait d’une reprise d’un groupe du début des années 80, NITZEREBB dont la version d’origine était plus minimaliste et
synthétique. Le titre éponyme « Clivota »
nous envoute complètement avec sa grosse basse ronflante et l’intrusion d’une
guitare plus saturée. Il fait clairement penser à JESSICA93, et c’est un compliment. Des guitares plus noisy que
l’on retrouve avec plaisir sur « GhostLove » dont l’introduction évoquait
pourtant plus les synthés de PERTURBATOR ou CARPENTERBRUT. L’album se fait de plus en plus audacieux et expérimental. Les 7
minutes du sombre « Rust »
en attestent. Construit sur un rythme assez lent, le titre alterne entre chant
parfois noyé par la réverb’, guitare bruyante ou petit gimmick de synthé. La
lenteur et la noirceur sont toujours de mise sur « Trigger »
dont les sonorités à la CURE ne peuvent que nous charmer. « Worship »
marque une rupture avec ces beats percutants. Un titre qui ressemble à une
battle entre EBM
et guitares noisy. Après un « Noyades »
bien barré et répétitif sur lequel on croit entendre l’utilisation d’un
auto-tune, « Clivota » arrive bientôt à son
terme. Le dernier morceau « Oudrone »,
très ambient et 100% instrumental fait office de générique de fin. Pas celui
d’une comédie familiale mais plutôt celui d’un film flippant et horrifique.
Oscillant
entre plusieurs styles, ce deuxième album de LILA EHJA est une réussite. Il
nous tarde désormais de découvrir cette artiste touche-à-tout sur scène.
Je suis
passé à côté de cette sortie en septembre dernier et pourtant ChrisCresswell est l’un de mes personnages préférés
de la scène punkrock américaine. J’adore sa voix et j’apprécie beaucoup les
compos de TheFlatliners, toujours très énergiques et
entraînantes. Il y a quelques années lorsqu’il est arrivé dans HotWaterMusic, autre groupe pour lequel je voue une admiration sans limite, c’était
comme un conte de fée ; sa voix n’y est encore que trop peu utilisée je
trouve mais cela devrait s’arranger sur les prochaines sorties et donner une
dimension hors normes au groupe floridien.
De façon
assez curieuse son nouvel album solo a été peu relayé par les médias. Cela
tient peut-être du fait du nombre de sorties très importantes dans cette scène,
j’ai d’ailleurs l’impression désormais que chaque chanteur a sa carrière solo
en marge du groupe que ce soit DaveHause,
ChuckRagan, Jim Lindberg, Joey Cape, GregorBarnett, ForestPooky, PitSamprass…
Je sais que ChrisCresswell aime ralentir le rythme et proposer des
balades aussi je ne suis pas trop surpris de retrouver des morceaux très doux
comme On Precious Ground avec une
batterie discrète qui accompagne parfaitement le côté aérien de ce morceau. D’ailleurs,
l’ajout d’un backing band (batterie, basse et piano aussi) amène certes un côté
plus pop mais il demeure moins redondant qu’un acoustique pur. On retrouve dès
lors de très jolis morceaux comme le langoureux Roam
et l’onctueux Let It Go et son intensité appuyé
par le tempo lourd. La voix de Cresswell est toujours aussi magique et son spectre est très large
j’aime quand il utilise son côté éraillé ou lorsqu’il monte haut (Follow me).
Mais le
leader des Flats montre qu’il peut aussi accélérer et
accrocher ses fans comme sur You don’t wanna
listen to me et son refrain ciselé ou le morceau d’ouverture Behind The Crow.
The
Stubborness of the young, l’entêtement du jeune en français, et sa pochette avec une
photo de lui prise par sa mère semble être un clin d’œil à sa jeunesse et son
choix de faire de la musique qui a dû être, je pense, compliqué à faire accepter
à sa famille. Cet album est juste un très bel album par un compositeur de grand
talent.
Je suis
encore sous le charme du groupe rennais depuis son album The Road Not
Taken sorti en 2017. Clairement et simplement pour le définir on
peut parler de punkrock celtique, sorte de croisement français entre DropkickMurphys, the Flogging Molly et The Rumjacks.
Sons Of O’Flaherty a choisi de sortir des EPs pour son retour, les deux
premiers s’intitulent Fall et Winter,
sans trop de surprises, je pense, les deux prochains devraient s’appeler Spring
et Summer…
Fall est composé de 3 titres et commence
par l’énergique Where I Belong, très punkrock
sur la forme qui a été enregistré et mis en vidéo juste avant le covid.
Enchaîne ensuite le très intéressant Family
qui est pour moi la synthèse parfaite de ce que j’aime chez ce groupe avec des
changements de rythmes, des mélodies entraînantes sur un refrain finement
trouvé. Le troisième morceau, wagon wheel,
sonne très rock folklorique avec l’ajout d’un chant féminin et le banjo, un
morceau propre et entraînant.
Winter, deuxième EP donc, est aussi composé
de 3 morceaux, même photo pour l’artwork mais cette fois ci les feuilles jaunes
et orangées ont laissé la place à la neige. L’énergique Somewhere
in the middle démarre fort avec des cassures de rythme sur le
refrain qui amènent de l’accroche. J’ai eu plus de mal à rentrer dans The pack, non pas que le morceau ne soit
pas bon, mais l’intensité est très différente entre le début et la fin et le
refrain manque d’un petit élément détonateur.
Christmas
without you est
une petite balade tranquille, douce et entraînante qui donne envie de boire un
chocolat chaud près de la cheminée. Une vraie chanson d’hiver quoi !
Concept intéressant
pour ce retour de Sons Of O’Flaherty avec ces EPs déclinés sous forme de
saisons. Toujours dans le même registre, le groupe breton conserve son
inspiration et réussit une nouvelle fois à séduire par son punkrock celtique
très bien maîtrisé.
Poolshark n’est pas un groupe réunionnais comme pourrait laisser penser son
patronyme mais au contraire un jeune groupe des montagnes formé en 2022 en
Savoie et qui sort ici son premier EP après avoir déjà mis en ligne plusieurs
morceaux dont la très bonne reprise de Millencolin : No Cigar.
Le quatuor se paye le luxe d’un mastering au mythique BlastingRoom.
Munch comporte quatre titres de punkrock
mélodique que l’on appelait communément à la fin des années 90 du skatecore. Poolshark n’est pas sans me rappeler bon
nombre de bons groupes français à leurs débuts, le premier qui me vient en tête
n’est autre que The Rebel Assholes, c’est notamment en raison du chant tout d’abord, un peu
éraillé puis le goût des mélodies et les chœurs en soutien qui font leur effet
sur BodyMedecine,
le premier morceau. Fisherman démarre à la Nerf Herder avant de s’échapper sur un refrain
bien accrocheur. Goodbyemyfriends est un peu plus lent et me
rappelle cette fois-ci Tom Tom Bullet, petit groupe d’Angoulême qui a splitté trop tôt. Munch
se termine sur SoulmateAgain le morceau le plus mélodique et le
plus accrocheur qui semble définir par la même occasion le profil du groupe qui
navigue entre énergie et goût prononcé pour les refrains bien écrits et
fédérateurs.
A noter
aussi la superbe pochette. En consultant leurs précédents singles on peut vite
se rendre compte que le groupe semble avoir à cœur de sortir de jolis artworks
propres et soignés et j’adore !
Poolshark
connaît les codes du punkrock et ce premier Ep est plein de promesses avec des
morceaux mélodiques au riffs bien trouvés. On surveillera avec attention leurs
prochaines productions.
PAERISH – You’re in both dreams (and you’re
scared)
Side One Dummy Records
C’est sur Side One Dummy que l’on retrouve le troisième album
des Parisiens, label mythique des années 90-2000 qui a vu passer des artistes
comme Antiflag, MxPx, BouncingSouls,
Casualties, Swingin’Utters, FloggingMolly ou 7 Seconds. Un label très axé punkrock mélodique. Pourtant Paerish a pris ses distances avec ce style
optant pour des lignes plus aériennes et davantage shoegaze. Cette évolution
vient peut-être de l’arrivée de Loïc à la batterie qui vient remplacer Julien, toujours est-il
que ce nouvel opus a été, comme les précédents, enregistré à Philadelphie au studio 4 Recordings avec WillYip aux manettes (Menzingers, Quicksand, TigerJaws, Bouncing Souls…).
Les
Parisiens débutent avec Sequoia,
un morceau tout en douceur, calme qui monte progressivement en régime avec l’arrivée
des nappes de guitares et de la batterie. Daydreaming,
qui enchaîne est plus nerveux rappelant des groupes comme Quicksand ou RivalSchools avec une basse dynamique tout en conservant un côté très aérien voire
psyché dans le chant et les guitares. J’aime beaucoup le côté pop de Houses of American Styles qui possède quelques
cassures de rythmes plutôt intéressantes et je pense à quelques riffs de DanielJohns de Silverchair sur l’intro de StillHere, il y a, comme sur les deux albums
précédents d’ailleurs, une base grunge que le groupe aura du mal à renier.
The luck
you had est un
des morceaux marquants, il s’agit d’une belle ballade aérienne toute en douceur
qui se voit accompagnée par un saxophone, ce qui est assez rare dans le style
pour être souligné. Mais le morceau le plus accompli de cet album reste pour
moi It only bothers you qui navigue quelque part
entre JimmyEatWorld époque Clarity et Elliott époque FalseCathedrals soit un
post-punk mélodique et surtout mélancolique. Reste ensuite Worry,
plus dynamique et incisif qui, derrière des airs de Weezer, se révèle l’un des morceaux les
plus rapides et énergiques.
Paerish
signe ici un superbe troisième album qui ravira tous ceux qui apprécient les
chansons punkrock mélodiques aériennes. Le groupe se fait plutôt rare et
discret en province et dans le circuit indé, voici une raison de plus d’aller
le chercher !
Kicking Records / Dispear Records (pour la version cassette)
Le temps
passe vite, très vite, et Dirty Fonzy souffle déjà ses 20 bougies, un anniversaire qu’il fêtera d’ailleurs
sur scène lors de la tournée du siècle avec Les Sheriff (40 ans), Tagada Jones (30 ans), Not Scientists (10 ans) et Darcy (10 ans aussi). Ce grand âge me
permet aussi de ne pas avoir besoin de présenter le groupe qui signe ici son
septième album.
Le groupe
annonce que cet album est un tournant dans sa discographie et, effectivement, Dirty Fonzy apparaît différent sur ces 13 titres,
plus sérieux dans son approche avec tout de même un gros son et des compos bien
senties.
L’artwork
est joli et sobre avec juste une belle photo agrémentée d’un montage propre
faisant la part belle à un manchot empereur présent et décliné sur tout le digipack.
Le groupe utilisait souvent le dessin sur ses pochettes précédentes.
Le premier
morceau Full Speed Ahead, qui donne
son nom à l’album, annonce très rapidement le menu, ça va jouer vite mais
surtout axer sur les mélodies. Le refrain est en effet super accrocheur avec un
petit solo de guitare bien entraînant. On remarque rapidement que c’est
désormais Julien
« Rooliano » qui se charge en grande partie du chant, cela vient aussi du changement
de line up et l’arrivée Tchak à la basse.
La recette
se poursuit sur Running out of time avec la
même appétence pour les chœurs fédérateurs et les riffs oscillants entre
punkrock et powerpop. Ce côté powerpop ressort de façon plus évidente sur ce
septième album avec des titres comme Things We’ve
never said et Mindlessgame qui ralentissent le rythme et poussent
le curseur sur les mélodies. D’ailleurs sur Things
We’ve never said, JulienBarbagallo (aussi batteur live de TameImpala) amène sa voix douce et atypique, ça donne un titre
vraiment très intéressant. MyWords est aussi, dans ce registre, très pertinent
avec une belle écriture.
On ressent
toujours l’influence américaine des années 90 et la colonie Epitaph sur des morceaux comme Hossegor Crust Club ou Rollercoaster.
Cependant les
Albigeois n’ont pas perdu leur côté fun et leur esprit décalé, il ressort sur Beervengers, titre sur d’hypothétiques héros
carburant à la bière, le clip vidéo sorti quelques semaines avant l’album est
aussi très fun.
Plus directs
Drink’em All et Spooky
Dance se révèlent de vrais défouloirs très efficaces tout comme peut
aussi l’être Casual Day dans un délire
très Suicidal
Tendencies, qui
donne même l’impression que Mike Muir a pris le micro. Puis le groupe nous convie à un morceau
plus orienté reggae (How Many Times)
qui amène la petite interlude fraîcheur en milieu d’album, je l’aime beaucoup,
très entraînant avec une basse bien groove.
Mention
spéciale pour Better Days qui termine l’album,
un morceau sensible et touchant qui rappelle l’écriture de Tony Sly. Une très belle conclusion pour cet
album.
A noter que
cet album a été enregistré au Studio du Frigo par Victor Pezet et mixé par Santi Garcia au Studio Ultramarinos et que Dirty Fonzy a fait appel à Georges Chaccour (Nemless et Babylon Circus) pour s’occuper de la direction
artistique.
Full
Speed Ahead est un album complet, riche et varié qui se révèle à la fois
efficace et touchant tout en conservant la patte « fun » de Dirty
Fonzy.