La nausée, le quatrième album de Guerilla Poubelle, est sorti il y a un peu plus d'un mois. Un album direct et revendicatif. Petite interview bien riche avec Till, chanteur et guitariste.
• Comment s’est passé l’enregistrement
pour La Nausée, était-ce différent des précédents ?
Till : Salut,
l’enregistrement en lui-même non, on a fait des prises live comme on fait
toujours, la majorité sans métronome, vraiment naturel comme approche. On a
enregistré ça avec notre Pote Mathieu
Zuzek, dans une baraque dans la montagne ariégeoise, ça a été assez vite,
on a tout torché en 3 jours et demi tout en se faisant des bonnes petites
bouffes et des parties de molki au soleil et des jeux de plateaux le soir. Pas
trop le stress comme environnement !
• Comment s’est aussi passée l’écriture ?
Chacun amène sa patte ou tu composes de ton côté ?
La compo
effectivement en l’occurrence, ça a été un peu plus différent de d’habitude, il
faut savoir que quelques jours avant de rentrée en studio on n’avait pas répété
ensemble depuis plus d’un an ! On se voit presque toutes les semaines pour
faire des concerts mais comme Antho
(basse) habite à 700km de nous autres et qu’on a des tafs à côté du groupe ça
laisse peu d’intervalles pour se voir en dehors des tournées… On s’est caller
quelques jours chez des potes la semaine précédant le studio pour une session
de compo intensive, on a enregistré direct après, ça donne un résultat spontané
et vif qui est cool. C’est pas facile pour un "vieux" groupe comme
nous de rester frais. Fonctionner dans une urgence comme ça permet d’invoquer
une densité aussi qui est intéressante.
Pour l’écriture
à proprement parlé, j’arrive en général avec des bribes de textes, des riffs de
guitare en vrac, des idées de plan, des tas de "notes préparatoires",
et on cuisine ça ensemble. On maquette immédiatement les titres qui prennent
forme, on ne les triture pas pendant des mois, on veut garder ce côté instinctif,
même si les textes eux sont fignolés beaucoup plus finement.
• L’impression que donne la nausée est celle d’un album plus politisé plus
sociétal que les précédents même s’ils l’étaient déjà un peu. Chaque titre
semble animé d’un message…
Oui, je
vais pas te mentir, l’album d’avant était beaucoup plus centré sur mon mal-être
personnel, mon expérience de la dépression teintée d’une cruelle lascivité. Je
vais beaucoup mieux aujourd’hui, et même si Amor Fati abordait quand même beaucoup de thèmes "politiques"
et que je ne le qualifiais pas de "résignés" pour un sou, sur ce
nouvel album j’ai adopté un point de vue plus collectif et plus combatif. On
reste dans une posture radicalement pessimiste hein, mais ce n’est toujours pas
fataliste ni apathique !
• Est-ce que la composition d’un morceau varie
en fonction du groupe ? Je veux dire est-ce que dans son écriture un
morceau pour GxP est différent d’un
pour Maladroit ou Mon Autre Groupe ?
Oui très
clairement, le "cahier des charges" qu’on s’impose en quelque sorte
dans chaque groupe est différent. Sans forcément trop s’enfermer dans des
stéréotypes, chacun de ces groupes colle à une esthétique bien particulière, et
a une rhétorique propre. Et puis, dans Maladroit
on est deux à composer avec Olive et
dans Mon Autre Groupe, je compose la
musique sur des post-it, et Fanny
s’occupe de toutes les paroles, ça prend forcement des formes différentes.
• Le choix de la pochette, est-ce une chose
importante pour toi, que chaque album soit associé à un visuel et d’où vient le
lien entre La Bergère Avec Son Troupeau de Millet et le titre La
Nausée ?
Bien sûr
! rien de pire qu’un album avec une pochette insipide. C’est difficile de
trouver des idées et concepts de pochettes mais ça en vaut la peine je trouve,
ça participe aussi au fait qu’on soit satisfait d’un album sur le long terme.
Pour cet album j’avais le titre "la
nausée" dès le début, avant même d’avoir composé aucun titre. J’ai
relu le bouquin de Sartre l’année d’avant et j’avais commencé à prendre des
notes pour des textes inspirés du livre ("je ne possède que mon corps", "l’aventure de l’ordinaire", "mort trop jeune" et d’autre qui n’ont pas vu le jour
finalement). Je trouvais que ça faisait un super titre de disque. J’étais parti
sur complètement autre chose pour la pochette au départ. Mais il y avait une
reproduction de la peinture de Millet dans les toilettes la baraque où on
enregistrait l’album, à force de passer devant plusieurs fois par
jour on a commencé à se dire que ça ferait une chouette pochette qui collait
parfaitement à l’univers sombre et mélancolique du groupe.
• Comment s’est fait le lien avec le label
américain Red Scare Industries ?
J’avais
déjà bossé avec Toby de Red Scare
sur une co-prod, le dernier album des copains de Arms Aloft. J’avais déjà voulu trouver un label au US pour "Amor
Fati" mais je n’avais pas vraiment pris le temps de m’en occuper, et
puis j’ai jamais été trop dans cette optique de démarchage, j’arrive mal à
"vendre" mon propre groupe… Seth d’Arms
Aloft en a touché un mot à Toby
qui lui a dit que ça pourrait le brancher, on s’est donc écris et on s’est mis d’accord
assez vite. On est super content d’avoir un label aussi cool pour nous aider
aux US, on a hâte d’y retourner (cet été en en octobre normalement) ça risque
de bien nous aider pour les concerts là-bas.
• J’ai lu une chronique de l’album
sur Dying Scene, as-tu eu déjà d’autres retours d’outre-Atlantique ?
Ouais, et
ils sont assez bons, c’est cool. J’ai fait une interview pour New Noise US
aussi. Et je pense que Red Scare va aider dans le reste de l’Europe aussi. En
Allemagne et en Angleterre en l’occurrence, on a déjà quelques bons retours.
• Est-ce que tu sais combien tu as écrit de
morceaux depuis que tu as commencé à monter des groupes ?
Houla
non, je n’ai jamais tenu le compte. Mais il y en a des centaines !
• Comment se fait ton choix pour créer une
playlist pour un concert ? Y a-t-il des morceaux inévitables et d’autres
que tu ne joues plus du tout ?
Il
y a des morceaux qu’on ne joue pas oui, il y a même des titres qui n’ont jamais
été joué en live, qui n’existe que sur disque. Forcement au bout de 4 albums
c’est de plus en plus compliqué. On joue une 20aine de titres par concert en
général. On essaye de faire de tous les albums.
• Comment est accueilli ce nouvel album en
live ?
On a été
assez surpris de voir très tôt pas mal de kids chanter à fond les quelques
nouveaux titres qu’on joue, c’est cool. On en joue que 4 ou 5 par soir mais ça
marche bien.
• Quelles sont les prochaines sorties du côté
de Guerilla Asso ?
Très
bientôt il y a le nouveau 7" de LEPTIK
FICUS, le 2ème album des toulousains de LAME SHOT(avec Zuzu qui a enregistré "la nausée" ainsi
que Romain et Jules de Charly Fiasco) et le nouvel album des Québécois de LOST LOVE.
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