jeudi 4 avril 2024

BROKKEN ROSES – Cock Robin

 


BROKKEN ROSES – Cock Robin

Schlag Records

Qu’il fait plaisir de retrouver Brokken Roses treize années après Dick Reverse, leur premier album, sorti à l’occasion sur le label monté par les Burning Heads : Opposite Prod. Ce retour se fait lui aussi sur un nouveau label monté pour l’occasion par Pierre : Schlag Records.

Il est peut-être important de rappeler qu’à la base Brokken Roses était un projet parallèle et qu’il est composé de Pierre (ex-Burning Heads, Monde De Merde, Go Public!), Dudu (Gravity Slaves, Burning Heads, Speed Jesus, Keneda), Loïc (Brigitte Bop) et Nico (Gravity Slaves, Fuzz Theory) soit la fine fleur de la scène Orléanaise.

 

La caractéristique principale de Brokken Roses c’est que le groupe se joue des styles, navigant entre une sorte de stoner mixé à du punkrock. L’influence stoner se dégage sur Let It Go, très groovy avec un son très rond tandis que Tell Me, de par ses riffs, peut rappeler certains morceaux de Loading Data. Le gros riff d’entrée de Super Rocky pourra, quant à lui, faire penser à Clutch. Il dégage une grosse impression d’énergie et de vitesse.

Brokken Roses explore le punkrock mid-tempo sur des morceaux comme Edgy Messy au refrain accrocheur avec la voix de Pierre qui pousse et s’éraille. J’adore sa voix et, on ne va pas le cacher, il y a un côté nostalgique des Burning Heads qui revient surtout à l’écoute de morceaux comme I know a boy ou Death March, il faut dire que deux guitaristes et le chanteur composent Brokken Roses et qu’il devient logique d’y retrouver des similitudes même si définitivement Brokken est plus lourd et moins speed.

Les orléanais savent toucher la corde sensible avec de belles phases mélodiques comme sur le refrain magique de Sound of the bells ou bien emporter tout sur leur passage avec la puissance de Poor Little Thing dont les chœurs semblent s’arracher des amplis.

On notera aussi la dernière chanson au titre bien amusant : Asian Dog Foundation. Dans l’univers folk / americana mais qui prend tout son sens avec le featuring… d’un chien ! Brokken Roses manie le fun avec cet album fourre-tout !!

 

C’est donc une vraie bonne surprise que de retrouver Brokken Roses aussi longtemps après un premier album très réussi. Celui-ci s’inscrit dans la continuité mélangeant les styles avec une facilité déconcertante et révèle quelques petites pépites.

 

J. NeWSovski

 

https://www.facebook.com/brokkenroses/

https://brokkenroses2023.bandcamp.com/album/cock-robin




samedi 30 mars 2024

LA FAIBLESSE – S/t

 


LA FAIBLESSE – S/t

Nineteen Something / Guerilla Asso

 

La faiblesse s’est formé en 2020 en plein confinement et joue la parité car il est composé de deux filles et deux gars. Parité aussi sur le chant, qui est partagé entre Paul et Christelle, toujours en français mais parfois difficilement lisible. Mais La Faiblesse est surtout un groupe atypique, assez pour poser suffisamment de problèmes lorsqu’il s’agit de définir son style, le quatuor parisien se joue des codes et propose une musique aussi intéressante qu’elle est variée.

 

Tout commence dans la lourdeur avec Les chemins vers toi qui impose une atmosphère lourde et puissante que vient amplifier le chant hurlé de Paul. Le contraste apparaît dès le titre suivant, Je l’aime autant que la hais, un morceau doux, long et langoureux en plein registre post-hardcore, les harmonies des voix sont très belles et ce morceau joue beaucoup sur l’émotion. La fureur de La Faiblesse reprend ensuite le dessus avec l’énervé Rester Ensemble au chant screamo sur un rythme post-metal. Cette énergie et cette puissance se distillent avec parcimonie mais on la retrouve aussi sur Tout se perd où les deux chants d’entremêlent dans une jolie danse.

Oser, laisser le vide, s’impose comme un morceau très shoegaze que la voix de Christelle arrive à rendre léger, la fin au clavier fait preuve d’originalité. Le groupe part dans un registre plus punk sur Après la pluie qui attaquera les cordes vocales de sa chanteuse, le morceau semble calquer sa structure sur celle d’un orage : puissant et volcanique au départ pour se terminer de façon plus lumineuse. Il s’enchaîne d’ailleurs avec une interview de l’auteur Casey par Yard, qui se fond plutôt bien dans le morceau.

Mourir à Ramsgate, c’est le nom de la ville où ils ont enregistré l’album, voit le featuring d’Isaac Ashby du groupe College qui apporte une touche plus pop avec sa voix, et se révèle comme l’un des morceaux les plus intéressants. Puis tout se termine avec le 9ème morceau : Pendu mais vivant. Un peu comme son titre, il révèle une véritable tristesse dans ses notes et son univers.

 

Ce second album de la faiblesse, sans titre, se révèle une belle surprise avec la découverte d’un groupe qui maîtrise parfaitement l’alternance des séquences calmes et aériennes avec la fureur d’un post-hardcore screamo à l’énergie surprenante.

 

J. NeWSovski

https://www.facebook.com/lafaiblesseparis/

https://nineteensomething.bandcamp.com/album/la-faiblesse

 

 

lundi 25 mars 2024

CIRCLES – Still.

 


CIRCLES – Still.

Shield Recordings / Extinction Burst

Chose n’est pas coutume je vais commencer par révéler ce que l’on dit généralement en fin de chronique car ce premier album de Circles amène un vent frais, expérimentant un hardcore-punk oldschool fortement teinté de mélodies pop ce qui le rend très solaire. Et dès le visuel on se que le groupe veut dénoter, un peu à l’image de l’album de Tiny Voices, avec un artwork fleuri, peu courant dans ce style musical.

Les nantais commencent fort avec Split, un morceau sur le côté toxique de certains mecs se cachant derrière un visage rassurant. C’est un morceau rapide aux sonorités accrocheuses. Toujours plein d’énergie, Circles assène un In Bloom rapide et acéré avec un texte politique engagé. Le tempo se ralentit un peu sur Giant et met en avant le super chant de Guillaume qui est original dans notre scène actuelle, le morceau révèle un côté International Noise Conspiracy assez intéressant avec l’originalité du petit tambourin. C’est un peu la même recette sur Still qui amène un penchant pop bien épaulé par des mélodies au clavier. On sait que Guillaume est un grand fan d’Oasis et le côté britpop, en tout cas mélodique, transparait par moments comme sur waves et ses clappés.

Le groupe s’aventure vers le post hardcore sur Solaris, morceau instrumental et aérien mais terriblement attachant qui apporte quelque chose de différent, sorte de moment hors du temps. Et cela fonctionne parfaitement. Mais déjà enchaînent sunglasses et changes, des morceaux rapides très 80’s dans la veine de Minor Threat et consorts. Il y a comme un vent nantais qui rappelle Right 4 life dans Revelation et son énergie débordante et électrisante.

 

Enregistrés au studio des Moulins par Piermo Broggi, ces douze titres ont été mixés ensuite au Salad Days par Brian Mc Ternan et le son est vraiment top.

 

J. NeWSovski


https://www.facebook.com/circles44/

 

mercredi 20 mars 2024

PRINCESS THAILAND – Golden Frames

 


PRINCESS THAILAND – Golden Frames

À Tant Rêver du Roi

Sorti en fin d’année dernière, à l’heure des traditionnels bilans, le troisième album de PRINCESS THAILAND était passé en dehors de nos radars. Or, il aurait été regrettable de ne pas prêter une oreille attentive à  Golden Frames , tant ce dernier album des Toulousains regorge de pépites. PRINCESS THAILAND s’inscrit dans une veine noise-rock tout en élargissant son spectre musical à des sonorités post-punk, indie-rock, voire new-wave.

 

Les trois premiers titres forment un bloc assez homogène, une trilogie assez « rentre-dedans » et intense. « Blinded Fool » séduit d’emblée par sa puissance. Les guitares bruitistes et la batterie inventive font mouche. Dans ce grabuge, la voix percutante, un poil monocorde mais jamais agressive d’Aniela Bastide constitue le contrepoids parfait. Une voix féminine qui interpelle à l’envi son auditoire sur ce 1er titre « Are you listening ? ». La guitare stridente de « Ghost Car » forme la base du morceau, une sorte de gimmick entêtant qui appuiera sur pause le temps d’un pont 100% voix/basse/batterie.

L’introduction de « Control », portée par un synthé froid, laissait entrevoir une accalmie. C’était sans compter sur le refrain noisy terriblement efficace. Après cette entière en matière nerveuse, le 4ème titre « Hidden Places » marque une rupture. Si l’intensité est toujours bien présente, le morceau se fait moins frontal et bruyant. La rythmique plus dansante et l’intrusion d’une boucle électronique constituent une bizarrerie du plus bel effet. Plus post-punk, « Machina » voit les claviers et les guitares s’entremêler avec réussite. « The Night’s Magician » est d’abord marqué par une entame plus épurée et le chant susurré d’Aniela. Un relatif apaisement vite bousculé par un refrain plus bruitiste ou un étrange bourdonnement. Sur « Basement », PRINCESS THAILAND montre un éventail musical encore plus large en convoquant avec talent une rythmique métronomique, une guitare un peu criarde, un chant nonchalant, un piano classique et des plages de synthé. Après l’enragé et noise « The Dispute », « Endgame » se fait plus dansant avec des sonorités plus post-punk/new-wave. « Imperator » clôture l’album de façon magistrale. Très dark et expérimental, il fait la part belle aux larsens et au chant en français d’Aniela, pour la première fois sur cet album. Cet ultime titre se termine dans un déluge sonore explosif. Le genre de final que l’on aimerait découvrir en live, d’autant que la réputation scénique du quintet de Toulouse n’est plus à faire.

 

Avec « Golden Frames », PRINCESS THAILAND élève encore un peu plus son niveau de jeu et délivre un album de noise-rock/post-punk exigeant et nerveux.

 

Mr Caribou

 

Titre préféré :                    Basement

 

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vendredi 15 mars 2024

FROM GREY – To Dust


 

FROM GREY – To Dust

Autoproduit

 

Il y a quelques semaines nous chroniquions Pete Byrd d’Angers et son folk americana très plaisant et voici qu’arrive, un peu plus loin sur la Loire, From Grey. Comme si le fleuve se voulait des airs de Mississipi, ses groupes y trouvent des accents américains. From Grey vient de donc de Nantes et est un trio articulé autour de Ronan, à la guitare et au chant, accompagné par Stéven à la guitare puis rejoint récemment par Nicolas aux percussions. Le groupe a déjà sorti un EP en 2015 puis un premier album en 2018 sous le nom Ronan K, à l’époque encore en duo.

From Grey fait preuve d’une qualité impressionnante dans son écriture, aussi il est surprenant de voir que cet album est en autoproduction. Il a même été financé par une campagne de crowfunding. On notera le single Billie qui dégage une belle énergie et bonne humeur. Alors que Salem City et Marauder nous emmènent dans le grand ouest américain, musiques parfaites pour s’imaginer des images de déserts à perte de vue, de grands canyons mais aussi de saloons où coule le bourbon et se déclenchent des bagarres aux tables de poker. La guitare électrique sur Pictures of you et son riff à la Noir Désir amorce un morceau rythmé et terriblement accrocheur, elle apporte aussi de la variété avec son banjo et son harmonica. Plus tard on se rapproche de l’esprit Neil Young sur To Dust, superbe titre en deux parties plein de gravité et de mélancolie. Je pourrais parler aussi de la tristesse qui émane de This Life Is Not For Me dont le texte est touchant, et sur ce morceau, From Grey porte décidemment bien son nom. You Hate Me poursuit dans une ambiance très sombre que Nick Cave apprécierait certainement. Les nantais ferment l’album avec le très beau Dead For Halloween lent mais puissant à l’atmosphère sombre et inquiétante. Encore une fois le groupe arrive à nous emporter et nous mettre des images en tête.

 

On félicitera aussi le très beau travail de l’artiste Billy Petrozzani sur l’artwork réalisé en linogravure.

To Dust est une véritable petite pépite de folk et americana qui sait alterner les ambiances et nous emmener dans son univers. On pense à beaucoup de très grandes références d’outre-Atlantique et on ne peut que lui prédire un superbe avenir.

 

J. NeWSovski

 

https://fromgreymusic.bandcamp.com/album/to-dust

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dimanche 10 mars 2024

DROID FANTOM – Emptiness Takes Time

 


DROID FANTOM – Emptiness Takes Time

Krod Records

Il y a actuellement des sorties en quantité astronomique chaque semaine, il devient donc difficile de suivre parfaitement l’actualité musicale sans passer à côté d’albums que l’on ne devrait pourtant pas rater. Et Droïd Fantom fait partie de ceux-là. Emptiness Takes Time est sorti fin 2023, dans une période de l’année où les sorties sont intenses et, malgré l’appui de Krod Records, j’ai mis du temps avant de me rappeler cet album et me lancer à son écoute.

Il est difficile de parler de groupe pour Droïd Fantom car à la base il s’agit du projet solo de Mickaël, chanteur et guitariste de Flèche. Depuis la pause du groupe (2019 et l’album Do Not Return Fire) les idées se sont accumulées et il a décidé de composer seul. Pour donner plus de puissance à l’album il a appelé son ami Loïc, batteur de Flèche, pour tenir la batterie en studio.

 

Droïd Fantom rappelle un bon nombre de groupes de la fin des années 90 et des années 2000. Je pense rapidement à Sensefield quand le duo part dans de longues mélodies chaloupées sur Strong ou balance des refrains chargés en fuzz mais tout de même très aériens (The Plan). On peut penser aussi au Foo Fighters notamment sur Denial et sa structure en ruptures. J’aime le côté aérien qui peut se dégager de certains morceaux comme Far and Fast qui possède en lui une touche shoegaze à la Elliott de la même manière on peut penser aux Get Up Kids sur Silence Is Not Patience.


Mickaël sait créer des mélodies et son chant, différent que dans Flèche, accentue ce côté mélodique, il me rappelle un peu Ben de Do Not Machine. Droïd Fantom se veut être plus posé et calme que son ancien groupe, il n’empêche que lorsqu’il s’agit de faire du bruit les automatismes sont toujours là (Gelled Water).


Beaucoup de références pour le projet du parisien qui s’inscrit parfaitement dans la lignée de son groupe précédent tout en possédant une identité propre basée sur des mélodies plus calmes et une atmosphère davantage shoegaze.



Il aurait été dommage de ne pas revenir sur 2023 et écouter ce superbe premier album de Droïd Fantom qui a aussi le pouvoir de nous faire revenir au début des années 2000 en pleine vague émo.

 

J. NeWSovski

 

https://droidfantom.bandcamp.com/album/emptiness-takes-time

 


mercredi 6 mars 2024

JOHNNY MAFIA – 2024 : année du Dragon

 


JOHNNY MAFIA –  2024 : année du Dragon 

NMAS – Howlin Banana Records


Pas encore trentenaires, les quatre joyeux drilles de JOHNNY MAFIA feraient presque office de vétérans sur la scène française. Près de 15 ans d’existence, plusieurs centaines de concerts au compteur, les Bourguignons n’ont pour autant rien perdu de leur fraicheur et de l’enthousiasme communicatif. Au contraire, leur excellent quatrième album « 2024 : année du Dragon » montre à quel point JOHNNY MAFIA, sous leurs airs de mecs à la cool un peu je-m’en-foutiste, reste le roi de la power-pop et du punk-rock mélodique en France.


 Alors que « Sentimental » avait déjà bien marqué les esprits il y a trois ans, JOHNNY MAFIA (quel impayable patronyme !) enchaine encore les tubes sur cette quatrième production. Dès l’ouverture « Green Eve », le groupe de Sens prouve qu’il marie toujours aussi bien énergie rock et un sens de la mélodie hors du commun. Il se permet même un petit solo façon guitar hero en plein milieu de morceau. Comme le faisait le WEEZER de la belle époque, JOHNNY MAFIA combine à merveille les gros riffs de guitares et les refrains fédérateurs à siffler sous la douche. L’explosif « Vomit Candy » montre tout le savoir-faire de JOHNNY MAFIA. Le quator a le chic pour nous faire rentrer ses refrains dans nos crânes dès la première écoute. Progressivement, JOHNNY MAFIA s’est finalement un peu éloigné du son garage qui les caractérisait à leurs débuts. La production est un peu plus musclée sur « 2024 : année du dragon » comme l’atteste le grungy « Gimme Some News ». Théo, le chanteur-guitariste, monte un plus dans les aigus sur cette pépite se terminant par une petite ritournelle acoustique. Les très power-pop « Sting » et « Summer » sont également de belles réussites. « Keep an Eye On Me » se démarque par sa structure. S’il brille tout d’abord par sa ligne de basse et son refrain accrocheur, le morceau prend ensuite une tournure plus douce et instrumentale. JOHNNY MAFIA remet les gaz sur le pétaradant « Cyanide ». Plus tranquille « I’m Bound » voit surgir les synthés, la réverb’ et le chant plus criard de Théo. Après le tendu « Rules Bulls Bells » et son intro à la FRANK BLACK, le disque se conclut par « Hammer » plus apaisé, délicat et mélodique. Un ultime morceau qui élargit la palette musicale du groupe de Sens, définitivement notre Johnny français préféré.


En cette fin d’hiver, « 2024 : année du Dragon » est le meilleur des antidépresseurs. On a hâte de retrouver cette power-pop/punk explosive sur scène, le terrain de jeu préféré de JOHNNY MAFIA.  

 

Mr Caribou

 

Titre préféré :                    Vomit Candy

 

 https://johnnymafia.bandcamp.com/album/2024-ann-e-du-dragon

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