mardi 7 octobre 2025

PLUIE CESSERA – We’ve been alone [EP]

 


PLUIE CESSERA – We’ve been alone [EP]

Spleencore Records / Tout Doux Records

Joli nom, et belle promesse tenue pour ce jeune groupe parisien de screamo/post-hardcore, formé en 2023. We’ve Been Alone, leur premier EP, surprend par sa maturité : pas un instant on n’y devine les balbutiements d’un premier essai. Pluie Cessera puise son inspiration chez des tauliers du genre comme La Dispute ou Touché Amoré, mais s’en détache avec une identité propre, oscillant entre rage et réconfort.

L’EP s’ouvre sur A song for my dead dog, une morceau qui incarne bien cette dualité avec des mélodies très mélancoliques avant qu’une cassure en milieu de morceau ne vienne briser cette douceur naissante pour offrir un final bien plus explosif. Mosh part enchaîne avec des sonorités tout aussi captivantes, mêlant rythmiques entraînantes et mélodies envoûtantes. La formule est réutilisée avec brio sur And Then the Rain Fell dont le début est vraiment très doux avant que le chant ne pousse le curseur de l’intensité pour un beau final.

Montagnes commence doucement, très immersif, il monte en puissance avec l’arrivée du chant avant de s’offrir avec un interlude fait de spoken word qui une dimension plus poétique. J’aime beaucoup le défouloir qu’est Love Is Blind, véritable morceau hardcore screamo où l’influence Touché Amoré se fait vraiment sentir. Il est rapide, énergique et très efficace ! Quant à Amélie, c’est peut -être le morceau le plus abouti, grâce à ses mélodies très subtiles associées à une fureur très fragile. Le chant clair est très joli et au final on se laisse vraiment happer par ce titre.

 

Côté production, le son est bien arrangé et équilibré même si, à mon goût, l’ensemble manque tout de même d’un peu de puissance pour vraiment basculer vers un côté encore plus viscéral et mettre une véritable petite claque.

PLUIE CESSERA est donc un groupe à suivre avec beaucoup d’attention, et avec ce premier EP il révèle une vraie personnalité. Il sera très intéressant de voir son évolution.

J. NeWSovski

 

 

https://pluiecessera.bandcamp.com/album/weve-been-alone

https://www.facebook.com/pluiecessera



vendredi 3 octobre 2025

REST UP – Real Sensations

 


REST UP – Real Sensations

Le Cèpe Records / Exag Records

 

On ne va pas cacher très longtemps que Rest Up est l’une des nouvelles sensations sur la scène indé française. Le jeune groupe Angevin, à peine sorti de l’adolescence, s’est déjà fait remarquer il y a deux ans avec son deuxième EP It Was Summer dont le mixage avait été réalisé par Daniel Fox (Bassiste de Gilla Band). Peu après, le trio intègre l’Équipe Espoir du Chabada (Angers), un tremplin qui lui offre expérience et mentorat - notamment auprès Arnaud Fournier (Hint). Cet ensemble, couplé à leurs performances scéniques, séduit Exag Records, label Belge sur lequel on retrouve notamment La Flemme ou Druugg, et du Cèpe Records, dont on connaît aussi très bien les groupes présents (Clavicule, We Hate You Please Die, Gros Cœur, Servo…). Un double sceau de qualité, qui dans le paysage musical actuel, vaut toutes les recommandations.

 

Avec Real Sensations, Rest Up signe un premier album d’une maturité déconcertante. Onze titres en 38 minutes, une durée classique pour un album qui est loin de l’être. La pochette, signée Marie Lesieur et Ivan Chamaillard, assemble collages et éclats de verre en une mosaïque sobre et intrigante, parfaitement à l’image de l’album : un collage d’influences et d’émotions. L’enregistrement a été confié à Daniel Fox qui venait tout juste de produire l’album explosif des Lambrini Girls et qui offre à ce disque un son chirurgical.

Harmattan débute parfaitement avec une tension et une atmosphère qui montent en puissance, un vrai morceau introductif et immersif vite repris par Too Late To Call qui rappelle l’énergie d’un Lysistrata des débuts avant d’explorer un univers post-rock plus aérien et de finir en défouloir punk. Un morceau vraiment détonnant. Et c’est Accutane qui s’impose comme le tube de l’album, derrière les sons issus de machines qui deviennent vite oppressants, on sent l’urgence, la tension et la fureur qui se dégagent. Le trio Angevin prouve qu’il maîtrise l’art du contraste et sait se faire aussi mélodique comme en témoigne Damage qui démontre une belle maturité et une écriture déjà aboutie

Cette maturité qui permet à Rest Up d’explorer de nombreux paysages ce qui est étonnant pour un premier album, je pense à Hold Me Tight et son univers très marqué, très aérien, très beau. Les vagues de guitare et les synthés appuient fort et leur musique est puissante et touchante.

Là où la plupart des premiers albums se laissent souvent guider par l’instinct, Rest Up ose prendre son temps et poser ses morceaux : ils sont réfléchis et structurés. Le trio puise chez ses références qu’elles s’appellent Blonde Redhead ou Sonic Youth pour proposer des morceaux complexes mais aboutis (Pol’s Guitar) ou Lysistrata pour des défouloirs électriques (Real Sensations). Se dégage aussi de Rest Up une face shoegaze très maîtrisée sur des morceaux comme Weekend Girlfriend, langoureux et poétique ou Stall dangereusement envoûtant.

 

Avec Real Sensations, Rest Up livre un premier album d’une précocité rare et d’une aisance qui force l’admiration. Un jeune groupe qui transforme ses influences et les synthétise en un album remarquable aux multiples. Une vraie réussite.

J. NeWSovski


https://restuplads.bandcamp.com/album/real-sensations-2

https://www.facebook.com/RestUpLads/


dimanche 28 septembre 2025

PAMPLEMOUSSE - Porcelain

 


PAMPLEMOUSSE - Porcelain

A Tant Rêver du Roi


PAMPLEMOUSSE a plus que jamais envie d'en découdre. Deux ans à peine après "Think Of It", le duo (une batterie + une guitare/basse) revient à la charge avec un quatrième album intitulé "Porcelain". "Porcelain", une vieille histoire pour le groupe désormais établi en Lorraine (bye bye la Réunion). C'est tout simplement le nom d'un titre de leur second opus "High Strung", celui avec lequel nous avons fait connaissance avec le combo noise-rock. C'était juste avant la pandémie. Une éternité.

Signé sur l'excellent label palois A Tant Rêver du Roi, "Porcelain" permet à PAMPLEMOUSSE de franchir une nouvelle étape dans son parcours singulier. S'inscrivant dans la continuité de "Think Of It", cette nouvelle production intransigeante affine encore un peu plus le style de PAMPLEMOUSSE. A savoir un mélange de noise-rock tendu et indie-rock musclé, dans une ambiance très nineties. On pense autant à JESUS LIZARD qu'à SLOY ou CHOKEBORE. Dès l’ouverture "More Beautiful Than Madonna", le ton est donné : riff tranchant, rythmique implacable, chant venu du fond du garage. Ce court single, déjà dévoilé avant la sortie, résume bien l’album : urgence et intensité, mais sans sacrifier l’accroche mélodique. Après cette première déflagration, PAMPLEMOUSSE ralentit la cadence et prend son temps sur l'étouffant "Smile The Num". Les lentes et lourdes frappes de batterie de Sarah répondent au riff légèrement bluesy de Nicolas. On pense au son de Chicago et à SHELLAC. Le morceau, pas avare en changements de rythmes, prend ensuite une tournure plus noisy. PAMPLEMOUSSE repart au front sur "The Big Speakers", titre abrasif à la tonalité punk-rock et grunge qui peut évoquer le NIRVANA des débuts.

Plus mélancolique et flottant, "Miami Blue" est une pépite indie-rock/shoegaze. La voix déformée de Nicolas semble lointaine. "Instrumental" qui porte bien son nom, est une respiration bienvenue. Dans sa première moitié en tout cas car la tension est palpable à mesure que le morceau avance. L'équilibre entre vacarme et mélodie fait également mouche sur le brumeux "Snowball". On y retrouve à travers ce morceau la force émotionnelle d'un CHOKEBORE. Pour citer d'autres références plus récentes, on pense aux Américains de NO AGE sur "Bad Penny", autre duo guitare/batterie adepte des expérimentations noise-rock et garage. "Every Story Has A End", titre punk-rock au refrain irrésistible est taillée pour rester dans la tête tout en brûlant les tympans. Nous ne sommes pas au bout de nos surprises avec nos deux compères qui proposent pour clôturer l’album un long format étonnant. Les huit minutes de "Brick Head" commencent d'abord comme du PAMPLEMOUSSE pur jus. Puis s'aventurent sur un terrain beaucoup plus expérimental et hypnotique digne de SONIC YOUTH ou GODSPEED YOU! BLACK EMPEROR. Une tempête sonore bourrée de larsens et bizarreries sonores. Puissant !

 

Avec "Porcelain", quatrième jalon d'une discographie déjà solide, PAMPLEMOUSSE nous livre son album le plus abouti. Dense et exigeant, il conserve la puissance et la rugosité des débuts tout en explorant davantage les nuances et les contrastes. Une réussite !

Mr Caribou

 

Titre préféré :                    Miami Blue

 

 

https://pamplemoussetheband.bandcamp.com/album/porcelain

https://www.facebook.com/pamplemousseband

 


mercredi 24 septembre 2025

Playlist : Automne 2025








Plus d'informations sur les groupes :

KARABA F.C. – Neighbours

Paris - Brest / Indie Post-hardcore

Sortie de l’album le 17 Octobre 2025

Label : Voice Of The Unheard
Liens :
https://karabafc.com/

https://karabafc.bandcamp.com/

https://www.facebook.com/KARABAFC/

 

vendredi 19 septembre 2025

LES SOULS MOTELS – the miserable have medicine

 


LES SOULS MOTELS – the miserable have medicine

Autoproduction

 

Tout est parti d’un message de Pit Samprass sur Facebook, quelque chose du genre : « J’ai enregistré la guitare sur l’album de Les Soul Motels ». Diable ! Qu’est-ce que c’est que ce nouveau groupe ? Une rapide recherche rapide, et le nom de Jean Morreau apparaît à la basse. Vous savez, celui qu’on appelait Orange quand il tenait la guitare dans NRA et qui est aussi le chanteur de THIRD EGO depuis trois ans, à ses côtés il y a aussi Christophe le batteur de Vultures, Hyenas and Coyotes et auparavant dans Socrates. Et derrière tout ce projet - ou plutôt à sa tête – il y a Sven, guitariste de NRA, qui assure ici le chant et la guitare. Une belle fusion de musiciens qui ont bercé ma jeunesse.

Le projet a été enregistré à l’Amsterdam Recording Company par Jean Morreau himself, en même temps c’est son studio…

 

Sven propose 13 titres avec quelques petits tubes comme mon préféré Dark Is In The Heart qui démarre fort par son refrain « I Want Some… » les couplets sont mélodiques et sa voix un peu éraillée m’a surpris : je ne crois pas l’avoir entendu dans NRA à l’époque. Le morceau d’ouverture Rock My Boat est aussi intéressant : posé, il prend son temps pour installer son ambiance, malgré ses deux minutes.

The Miserable have medicine n’est pas un album punkrock au sens strict, il ne fait pas étalage d’une vitesse débordante mais c’est un disque de rock qui est brut tant dans son traitement que dans ses compositions (Rear View Mirror) qui se veut entraînant (see believe, ou le très bon In this world) avec une touche du début des années 90 bien sentie. Les titres s’enchaînent dans le même esprit ce qui rend l’album homogène (Not one message, Fearless) et par moment se dégage une mélancolie latente (Burn Out) portée par des tempos ralentis.

Quelques petites dissonances cependant, comme check one qui me semble trop abrasif à mon goût ou bien le traitement global du son, bien que volontairement lo-fi il manque tout de même de puissance.

 

Au final, The Miserable Have Medicine est un album qui assume ses influences et ses imperfections. Entre énergie rock et mélancolie, il séduit par son authenticité, même s’il laisse parfois sur sa faim côté production. Un projet à suivre, porté par des musiciens légendaires, dont on espère qu’ils arpenteront les routes bientôt !

J. NeWSovski

 

 

https://lessoulmotels.bandcamp.com/album/the-miserable-have-medicine



lundi 15 septembre 2025

COLD STRESS – Realistic

 


COLD STRESS – Realistic

Dispear Records

 

En direct d’Hossegor, paradis des vagues, du soleil et des plages de sable fin, COLD STRESS débarque avec un premier album, seulement un an et demi après son premier EP. Douze titres de punk-hardcore expédiés en 23 minutes, du classique, mais tellement efficace.

Et H.F.C. démarre très vite avec une base rythmique très relevée, gros chant, et un son de guitare très lourd. La ligne de conduite est punkrock avec une influence hardcore sur le chant. Self Control est, pour moi, le morceau le plus plaisant, avec 2 min 49, il est long et se révèle assez original en proposant un riff intéressant à la guitare. On ressent de la fureur sur l’énergique Time To Change tandis que l’instrumental Entorse vient apporter un interlude bienvenu. Certains morceaux défilent très vite (No Hands, Too Late) tandis que le groupe expérimente sur Free, avec un chant clair, des mélodies lourdes et un gros travail sur l’atmosphère un peu oppressante. Les lignes mélodiques comme sur Thanx ou Satisfaction, très captivantes et immersives amènent un plus et apportent une véritable identité à Cold Stress réussissant à le démarquer des groupes de pur hardcore.

Globalement, sur l’ensemble Realistic se révèle assez sombre, à l’image de sa pochette, dessinée par Thomas, le chanteur, le côté métal revenant souvent sur certains riffs. Enregistré à Bordeaux par Tom Kaduk le son est bon et bien équilibré.

 

Très bonne sortie du label DISPEAR qui fait de plus en plus parler de lui avec des productions variées mais hyper qualitatives. Realistic de Cold Stress est une petite bombe de punk-hardcore qui donne vraiment envie d’aller découvrir le phénomène sur scène.

 

J. NeWSovski

 

https://coldstress.bandcamp.com/album/realistic

https://www.facebook.com/profile.php?id=61558709083039

https://www.instagram.com/coldstress/?hl=en

 


jeudi 11 septembre 2025

BURNT TAPES – New Lungs

 


BURNT TAPES – New Lungs

Lockjaw Records / Wiretap Records /

 

On se rappelle toujours comment on découvre certains groupes. Je me souviens de la découverte des Get Up Kids avec l’album Something To Write Home About que mon disquaire avait glissé dans ma pile de cd à écouter : « vas-y prends-le ! c’est sûr que ça va te plaire ! », le même qui m’avait « forcé » à acheter le Vaya d’At The Drive In, alors encore dans l’anonymat, pourquoi je n’ai pas écouté son conseil en allant les voir dès la semaine suivante au Confort Moderne de Poitiers ? Je me rappelle aussi de Jordan, de Krod Records, et de son conseil sur Spanish Love Songs, comment avais-je pu passer à côté d’un tel groupe ? Récemment c’est Colin, homologue Anglais, qui me sort ce groupe de son chapeau : Burnt Tapes. Ce sont ses potes, et parfois quand on te parle d’un groupe de proches, ton approche manque souvent d’objectivité. Mais Colin a eu le nez fin : le groupe anglais est une sacrée belle découverte.

Justement il évolue parfaitement dans l’univers de Spanish Love Songs : du punkrock rapide mais qui regorge de mélodies. Ce que l’on classait, et que je classe toujours d’ailleurs, comme de l’émopunk.

Burnt Tapes n’en est pas à son coup d’essai : leur premier EP remonte à 2014 et ils ont déjà sorti un premier album (Never Better en 2019). Basé à Londres, le groupe affiche déjà plus d’une centaine de concerts à son actif.

Le style est clairement annoncé dès le morceau d’ouverture, Crisis Actor. Il monte gentiment en puissance. Le chant de Pan est doux et, lorsque le reste du groupe vient l’épauler, on retrouve cette atmosphère à la Spanish Love Songs dont je répète une nouvelle fois le nom, mais l’influence est belle et bien là. Une belle entrée en matière, trop courte hélas mais l’enchaînement avec Mothersguilt est une vraie réussite : ce morceau possède un refrain fédérateur qui accroche et lance ainsi parfaitement cet album.

Shelf Life Of The Party amène une sensibilité très touchante. Phil chante dessus avec sa voix éraillée et fragile. Il y a de l’énergie et c’est parfaitement accrocheur. Hannah Hermione Greenwood de Creeper vient poser sa voix sur Little Sister et cela apporte une petite touche de sensibilité parfaitement venue avec un superbe équilibre sur ce morceau en mid-tempo.

 

Burnt Tapes s’aventure vers des contrées plus pop comme sur Office On Repeat qui monte en puissance pour offrir un final explosif. Dans la même idée de construction, Only Friends commence tout doucement avant de monter en intensité et en puissance. Mais le morceau le plus rapide est You Only YOLO once, très entraînant, il me fait penser à The Menzingers. Et j’imagine d’ailleurs bien les Anglais ouvrir pour ce genre de groupes : ce serait énorme.

Future Strangers ressemble à s’y méprendre à du Heavy Heart, les deux chants qui s’entremêlent avec ce côté très éraillé de celle de Phil qui contraste et s’accorde alors parfaitement avec la douceur de Pan. Encore un morceau qui fonctionne parfaitement. Puis So Long, Sundays clôture ce deuxième album très émo s’offrant même un final accompagné par une trompette, un peu comme The Deadnotes, mais ici juste par petites touches ce qui rend le morceau digeste.

 

Encore une découverte marquante de cette année, Burnt Tapes inscrit son nom dans la scène Emo Punk de belle manière avec un album de grande qualité dont tous les morceaux sont excellents sans exception. Je conseille aussi l’écoute du précédent (Never Better), plus brut dans son traitement et aussi plus accessible. Un coup de cœur pour moi !

 

J. NeWSovski

 

https://burnttapes.bandcamp.com/album/new-lungs

https://www.facebook.com/burnt.tapes/