dimanche 8 mars 2020

GUERILLA POUBELLE – L’ennui



GUERILLA POUBELLE – L’ennui
Guerilla Asso / Slam Disques
8.5/10

L’ennui a été enregistré lors de la dernière tournée du trio parisien au Canada, à Montréal précisément. Pas facile d’enregistrer en tournée entre deux concerts aussi on ressent une certaine spontanéité plutôt intéressante. Entre les mouvements sociaux et l’affaire Balkany les textes sont on ne peut plus collés à l’actualité.



De premier abord j’ai bien aimé l’album aux premières écoutes sans non plus être totalement conquis dès les premières minutes comme ce fut le cas avec Punk = existentialisme ou Amor Fati. Ici L’ennui se rapproche davantage de La Nausée avec des titres très homogènes. Je n’ai pas perçu de titre plus fort que les autres ces titres dont on sent le potentiel fédérateur sur scène (comme les fils des sorcières sur le précédent). Mais il y a ici pas mal de titres d’une efficacité redoutable : Apocalypse 6 :12 avec une superbe basse derrière ou bien les frontières du présent, le premier titre de l’album qui applique la griffe du groupe ou encore Qui perd perd, un titre hargneux et entraînant.

La chute est l’un des morceaux que je préfère de l’album avec une rythmique dynamique et dont il est intéressant d’approcher les textes. Le trio explore d’autres univers sur la première partie de Entre Booba et Balkany avec un travail sur les mélodies avant de partir vers un punkrock plus classique mais dont les textes, une nouvelle fois, feront réagir :

Ça passe les feuilles d’imposition au vocoder / À la fois héros du peuple et agresseurs


Cet enregistrement au Québec imposait le featuring de Noé Talbot (Fortune Cookie Club), régional emblématique de l’étape, avec lequel Guerilla Poubelle ou Maladroit (avec aussi Till) a beaucoup tourné. Ici c’est avec le titre L’arme à droite que la rencontre se fait. S’enchaîne déjà Vampire avec un thème cher au groupe : la masculinité. Les textes sont bons et j’aime les petits riffs qui me font penser à du Danko Jones. Et quand Guerilla attaque le mid tempo c’est toujours avec autant de réussite, l’argile amène de l’intensité sur cette fin d’album avant que Mare Nostrum, dans la continuité, approche le thème des migrants qui traversent la méditerranée.



L’ennui est un album qui s’écoute, se réécoute et s’apprécie de plus en plus à chaque fois. Les textes sont bons et il fourmille de bonnes idées et de bons plans. Je ne suis pas fan de la pochette mais elle a le mérite d’être identificatrice.


J. NeWSovski


Morceau préféré :                                    L’arme à droite


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vendredi 6 mars 2020

mercredi 4 mars 2020

SUNFLOWERS - Endless Voyage



SUNFLOWERS - Endless Voyage
Only Lovers
8,5 sur 10

Rares sont les groupes portugais qui parviennent jusqu'à nos oreilles. Originaires de Porto, SUNFLOWERS est un jeune groupe soutenu par le label poitevin Only Lovers Records qui distille depuis 5 ans un garage psychédélique un peu perché et plutôt addictif. Leur troisième album "Endless Voyage" est difficile à décrire tant la musique des Portugais est changeante et déconcertante : du garage-punk le plus brutal à la pastille életronique planante. Pour le plus grand plaisir de l'auditeur si celui-ci se laisse aller à ce voyage sonore délirant. 


Le trip débute en douceur avec des nappes de synthétiques faisant office de prologue. Toujours instrumental, "Défective Machine" voit les machines et les guitares bien grasses croiser le fer. Adeptes des ruptures, les Portugais enquillent ensuite sur une parenthèse synthétique "Forest Wind (interrupted)" digne d'une musique d'ascenseur. Celle-ci débouche subitement sur un long titre de garage psychédélique très 70's "A Conflict Talking Place". Des voix un peu inquiétantes déboulent sur ce titre phare et mettent fin à l'entame instrumentale de "Endless Voyage". Par la suite, SUNFLOWERS poursuit cette alternance de respirations digitales quelque peu planantes ("Dreaming of Distant Shores", "Marble Gallery", "Contemplation") et de titres énervés de garage-punk au chant tout en écho ("Dreamweaver", "Oscillations", "Endless Voyage"). Les Portugais n'aiment pas la routine et semblent hésiter entre la lévitation et les morceaux plus terre-à-terre. 


Audacieux et chaotique, le 3ème album du trio prend fin au cours d'un mystérieux "Epilogue" aux accents plutôt krautrock.


Mr Caribou

Morceau préféré :                                    A conflict taking place







dimanche 1 mars 2020

vendredi 28 février 2020

THE CRYPTICS – Continuous New Behavior




THE CRYPTICS – Continuous New Behavior
Pine Hill Records
9/10


The Cryptics est mon coup de cœur actuel, j’ai vraiment été surpris par la fraîcheur et l’énergie dégagée par cet album.

Continuous New Behavior commence fort avec Time to kill time qui n’est pas sans rappeler le Pennywise du début des années 90 (le premier album notamment) voire même les Descendents. Le son est brut et direct et les morceaux qui ne laissent que peu de place aux pauses et s’enchaînent avec une énergie communicative (Stay everything - Face the day). La guitare est mise en avant avec un son très incisif qui me rappelle justement celui de Stephen Egerton de The Descendents. Toujours dans un registre punkrock californien Secret Laboratory se révèle être un vrai défouloir.
Les amis cartographes et lecteurs assidus apprécieront le titre Flat World qui amène un peu de répit dans cette rythmique effrénée avant de laisser place à Mystery Line un morceau assez atypique avec des sonorités surf et des harmonies qui déroulent sur près de 6 minutes. Un morceau qui aurait peut-être plus eu sa place en fin d’album.


Mais il est intéressant de voir que le groupe innove et tente des expérimentations qui sont ici plutôt étonnantes, ce genre de groupe a plutôt l’habitude de boucler ses albums de 15 morceaux en moins de 30 minutes, donc pousser en longueur les mélodies (Night Time Freaks) ou tenter d’autres sonorités peut s’apparenter à s’aventurer sur des terrains glissants.  

Toujours est-il que rapidement Recollection and Remembrance et The Pessimist permettent de recoller l’étiquette punkrock sur Continuous New Behavior. Je noterai aussi le très bon Leads to betrayal qui termine de belle manière l’album.



The Cryptics maîtrise son punkrock de belle manière et il est difficile de ne pas rapprocher le groupe des grands-frères Pennywise, Descendents, Bad Religion et même par moment The Explosion avec un petit côté rock pas désagréable du tout. Le groupe sait aussi apporter des tonalités nouvelles et jouer sur les mélodies. L’ensemble est super intéressant.


J. NeWSovski


Morceau préféré :                                    Face The Day