FRUSTRATION - So
Cold Streams
Born Bad Records
9 sur 10
Trois ans
après l'excellent "Empire of the Shame",
les vieux routiers parisiens de FRUSTRATION sont de retour avec un très
attendu 5ème album "So Cold Streams". Force est
de constater que le fer de lance de Born Bad Records brille toujours de
1 000 feux et que son post-punk est toujours aussi imparable.
FRUSTRATION
fait toujours du FRUSTRATION mais le groupe a l'intelligence de ne
jamais faire du surplace pour autant et d'élargir un peu le spectre. Le chant
en français sur 2 des 9 morceaux de "So Cold Streams"
constitue l'évolution la plus significative du groupe. La longue introduction
robotique d'"Insane" donne le ton
avant que la voix familière de Fabrice Gilbert ne se mette en route. Le
rythme martial, la dissonance des synthés et les chœurs graves donnent une
sonorité indus à ce premier titre. Mais FRUSTRATION revient vite à une
formule qui a fait maintes fois ses preuves avec l'efficace et punk, "Pulse". Riff tranchant, basse
métronomique et refrain scandé, le morceau est taillé pour la scène. D'autres
titres nerveux et explosifs sont faits du même métal comme l'expéditif "When Does a Banknote Starts to Burn"
ou l'enragé "Pepper Spray". Mais ce
post-punk parfaitement maitrisé, les cinq FRUSTRATION ne s'en contentent plus.
L'effet de surprise est même garanti sur "Slave
Markets", titre coloré d'orient et marqué par la
participation surprise du SLEAFORD MODS Jason Williamson.
Construit sur un faux rythme et une ligne de basse entêtante, ce morceau phare
se conclut en apothéose avec le titre scandé à l'envi par tout le groupe. FRUSTRATION
continue de sortir de sa zone de confort avec l'anxiogène "Brume", titre revendicatif chanté en
français. "Some Friends", single
en puissance, met en avant tout le savoir-faire cold-wave synthétique et
mélodique des Parisiens. Fabrice Gilbert, qui a récemment pris des cours
de chant, nous fait vibrer sur le doux, atmosphérique et mélancolique "Lil' White Sister" qui convoque
d'illustres ainés comme JOY DIVISION, the FALL ou encore the
CURE. FRUSTRATION nous convie finalement pour "Le Grand Soir", autre morceau révolté
balancé dans la langue de Molière, qui voit la basse de Pat faire de
nouveau des merveilles.
Si le
grand soir n'est sans doute pas pour tout de suite, le quintet accouche surtout
d'un grand album. A 50 ans passés, les FRUSTRATION ont vraiment de la ressource
et poursuivent avec panache un parcours discographique remarquable depuis leur
début.
Mr Caribou
Morceau préféré : Brume
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