Dernier épisode de l'année 2017 avec ce mois-ci un invité qui me tient à cœur puisqu'il s'agit de Ben, chanteur / guitariste de Sliver et Tardis, dont les albums tournent en boucle depuis plusieurs mois sur ma platine.
Il y a de la lecture et c'est riche et super intéressant !
Il y a de la lecture et c'est riche et super intéressant !
Ton groupe culte ?
PEARL JAM. J’ai découvert le groupe lorsque j’avais 11 ans, et
25 ans plus tard je les écoute toujours, achète religieusement chacune de leurs
sorties (25 vinyles et plus de 60 CDs dans ma collec quand même) et suis d’une
mauvaise foi absolue si qui que ce soit critique la bande à Eddie. J’aime absolument tout chez
eux : leur musique évidemment, mais aussi leur démarche, d’enregistrer
tous leurs lives à replanter en arbres l’équivalent du CO2 dépensé durant leurs
tournées, les thèmes de leurs chansons et/ou albums, les groupes qu’ils m’ont
fait découvrir via leurs reprises (Tom Petty, The Ramones, The Clash, les Who,
Johnny Cash…). C’est simple, sur ma page Facebook dans ‘education’ je n’ai pas
mis le nom de mon lycée mais ‘went to Pearl Jam’ car j’ai appris mille fois
plus de choses de par leur musique que dans n’importe quel cours suivi avant
mes 18 ans.
L'album que tu as le plus écouté ?
Si on laisse de côté Pearl Jam : je n’ai pas
passé plus de deux semaines sans écouter du Pearl Jam depuis 1992… je pense que
l’album que j’ai le plus écouté est probablement l’album éponyme de Blur sorti en 1997 : celui avec la
photo floue du brancardier en cover. J’avais un avis un peu rangé sur ce
groupe, pour moi il se limitait à un (très) bon groupe de brit pop et tout à
coup ils sont venus bouleverser mes certitudes avec un album de ‘rock’ aux
influences US tout en gardant leur sensibilité British. La chanson ”Song 2” est
devenue un tel tube que c’est difficile à percevoir maintenant (quand Papa
Roach la reprend en live, ça donne la gerbe quand même) mais à l’époque c’était
un choc incroyable et la preuve qu’on pouvait faire du gros son mélodique.
L’album est super varié et chaque titre est une pépite dans un style différent.
J’écoutais surtout du grunge et du punk à l’époque et ça m’a vraiment ouvert
sur plein d’autres choses. Cet album là et le Shape of Punk to Come de Refused l’année suivante. Si Refused est
sûrement l’influence principale de Sliver, Blur est celle de Tardis (et y a
Pearl Jam partout évidemment !).
La plus
belle pochette de disque ?
L’album Saturate
Every Atom de Lack, le groupe
danois. Il s’agit d’un homme (Thomas Buro, le chanteur du groupe) et d’une
femme (une amie à lui) quasi nus (ils portent juste une culotte et un caleçon)
avec chacun un sac en papier kraft sur la tête. Je ne suis même pas sûr que la
pochette colle vraiment avec le titre et le concept de l’album qui vient d’une
citation de Virginia Woolf : l’idée de saturer le moindre atome, de se
débarrasser de tout ce qui est superflu, d’aller à l’essentiel (et l’occasion
pour Lack de livrer un album où la moindre note, la moindre cymbale compte),
j’y vois plus une réflexion sur la marchandisation des corps, mais cette
pochette me hante. Je me trimbale tous les jours avec la petite carte de
download code qui reprend la pochette dans mon portefeuille et si je sors cette
carte au lieu de ma carte de crédit par exemple, je m’arrête toujours pour la
regarder.
Ton film culte ?
Mon film culte est une série télé car depuis la fin
des 90s et le lancement de la série OZ
sur HBO, le vrai ciné se passe à la télé, non ? Donc mon ‘film’ culte
c’est la série The Wire de David
Simon. Cinq saisons d’une soi-disant enquête policière dans le milieu de la
drogue qui se transforme en une étude minutieuse de tout ce qui constitue une
ville américaine (crime, police, politique, éducation, média). Si un film de
ciné correspond à une nouvelle (et il y a de très bonnes nouvelles), The Wire
est un roman ou plutôt un essai de 90h et c’est difficile de surpassser ça en
1h30. Sinon j’aime beaucoup le ciné de Nicolas
Winding Refn (Only God Forgives), David
Fincher (Fight Club), Bong Joon-Ho
(Memories of Murder), Danny Boyle
(Trainspotting), Jeremy Saulnier
(Blue Ruin) et Kevin Smith (Clerks)
par exemple, pour citer quelques réas de ciné et répondre un peu à ta
question quand même !
Acteur et actrice préférés ?
Ahah je suis vraiment un sale con : je fonctionne
plutôt par réalisateurs ou scénaristes que par acteurs ! Mes DVDs sont
classés par ordre alphabétique de réalisateurs… du coup je peux suivre le
travail de Fincher et passer de
Fight Club à Panic Room à Zodiac à Mindhunter, etc… mais pas celui de Brad Pitt
et passer de Fight Club à Mr & Mrs Smith par exemple…
Mais pour paraître moins connard et répondre un peu
quand même je dirais sûrement Rutger
Hauer dans les 80s : Blade Runner, The Hitcher, Blind Fury et surtout
The Blood of Heroes aussi appelé Salute of the Jugger – un film de sport
post-apocalyptique ! Et la seule réalisation de David Webb Peoples, le
scénariste notamment de Blade Runner et de Twelve Monkeys. Je le regarde au
moins une fois par an. Hauer y joue le rôle de Sallow, le leader d’une équipe
de Jugger, un sport qui ressemble un peu au football américain avec un crâne de
chien en guise de ballon et diverses armes post-apo utilisées sur le terrain.
Ajoute à ça la remarque finale de son perso dans Blade Runner, que Hauer a plus
ou moins improvisée sur le plateau : ”I've seen things you people wouldn't
believe. Attack ships on fire off the shoulder of Orion. I watched C-beams
glitter in the dark near the Tannhäuser Gate. All those moments will be lost in
time, like tears in rain. Time to die” et c’était quand même un putain d’acteur
à l’époque. Pour citer un acteur plus actuel je dirais Michael Shannon (Boardwalk Empire, Take Shelter, Midnight
Special…).
Pour l’actrice je dirais Brit Marling (qui est aussi scénariste ! désolé). Elle a écrit
et/ou a joué dans Sound of My Voice, Another Earth, I Origins, The East et les
séries The OA et Babylon par exemple. Elle s’écrit des rôles toujours plus
complexes alors qu’elle pourrait très bien cachetonner dans des comédies
romantiques mais elle refuse les rôles trop faciles. Elle a un regard
magnétique et une putain de présence dans la moindre scène. J’aime beaucoup Imogen Poots aussi, l’actrice entre
autres de la série Roadies, de Green Room de Jeremy Saulnier et Filth de John
S. Baird. Elle avait un tout petit rôle dans V for Vendetta et son visage est
resté gravé en moi à l’époque et depuis, dès que je la vois dans un film, je
suis content !
Ton endroit (pays, ville, lieu) préféré ?
Je ne fonctionne pas par endroits… non je déconne. Mon
lieu préféré est probablement ma salle
de répète : c’est là qu’un groupe de personnes transcendent ce qu’ils
sont individuellement pour faire un truc presque magique tous ensemble, j’adore
les répètes.
Ma ville préférée est celle où je vis : Nancy, parce que c’est là que vit
Claire, l’amour de ma vie. Note que si elle décidait qu’on s’installe à
Trou-du-Cul-les-Bains, ça deviendrait d’office ma ville préférée !
Mon pays préféré est le Royaume-Uni. Ou si je peux proposer une région : le Pays de
Galles, et pas seulement parce qu’ils ont abrité jusqu’à cette année
l’attraction Doctor Who Experience (mais un peu quand même), aussi pour les
paysages, les gens et la langue (je suis prof d’anglais et j’ai clairement
besoin de me retrouver entouré de natifs pour les entendre parler et interagir
avec eux au moins une fois par an).
Ton roman ou écrivain de prédilection ?
J’aime beaucoup Chuck
Palahniuk qui a écrit Fight Club et qui est vraiment l’auteur qui m’a donné
envie de lire (après avoir subi les bouquins qu’on m’a infligé au collège /
lycée) et toute la littérature transgressive des 90s (Irvine Welsh, Ryu
Murakami, Bret Easton Ellis…) mais je crois que mon auteur préféré est le
canadien Douglas Coupland. J’ai une
cinquantaine de livres à lui (je collectionne même les ouvrages dont il a juste
fait la préface ou dans lesquels il a une nouvelle par exemple). Sa vision et
sa compréhension du monde actuel sont si éclairantes ! Les paroles de
Sliver et Tardis sont truffées de choses que je crois avoir compris de ses
œuvres ! S’il faut choisir une de ses œuvres, je dirais The Age of
Earthquakes : une sorte d’essai à la Marshall McLuhan sur le même format
que The Medium is the Massage, avec des slogans, des questions, des photos,
etc… Le titre de l’album de Tardis ”machines are talking behind your back”
vient de là.
Douglas Coupland |
Chuck Palahniuk |
Ton illustrateur préféré ?
En street art, c’est Banksy, l’artiste anglais. J’adore ses œuvres et les messages qu’il
transmet au travers de trucs très ‘culture populaire’: remplacer une figure
religieuse par un panneau annonçant la fin des soldes par exemple. Et aussi ses
actions, comme démonter son parc d’attraction pour aller construire des
habitations à la Jungle de Calais pour les réfugiées.
En comics/manga, j’aime beaucoup l’américain Charles
Burns, qui a fait Black Hole par exemple et Katsuhiro Otomo, le pap d’Akira.
Habituellement je suis plutôt les comics par scénaristes (Alan Moore, Frank
Miller, Brian K. Vaughan) mais Burns, j’achète tout ce qu’il fait, peu importe
l’histoire finalement, je me fais plaisir en regardant les illus. Idem pour
Otomo, même les pubs qu’il a illustrées sont super intéressantes.
En posters, illus pures et dures, j’ai un ami qui
s’appelle Pierre Weird qui devrait être élevé au même rang que les
illustrateurs qui font les posters Mondo par exemple. Je t’enverrai une
illu !
Ta passion dévorante (ou ton rêve de vie future) quand
tu étais adolescent ?
Je ne crois pas avoir de passion dévorante (sauf pour
le Dr Pepper, le Red Bull et les Marlboro peut-être), je n’aime pas trop le
terme de passion, je trouve qu’il y a à la fois un côté négatif, du truc qui te
consume justement, alors que je suis plutôt du genre à faire les choses dans la
joie et en même temps un côté ‘truc inatteignable’ alors que je préfère faire
les choses que je veux faire plutôt que de les fantasmer si tu vois ce que je
veux dire. Aussi, quand j’étais ado je rêvais surtout de ne pas bosser,
d’éviter à tout prix (quitte à me foutre en l’air) le 8h00-17h00… du coup je
suis devenu prof et comme j’ai la chance de bosser à la fac je bosse en gros
20h semaine sur 24 semaines par an. C’est moins de la moitié de l’année et ça
me convient très bien.
Et en ce qui concerne la musique, le ‘rêve’ était de
jouer dans des groupes et de faire des concerts. Alors ça c’est fait et je le
fais toujours, c’est parfait !
Si tu devais créer un groupe avec tes musiciens
préférés tu prendrais qui à quel instrument ?
OK. Alors on ne va prendre que des musiciens encore en
vie, histoire de ne pas se retrouver avec Kurt Cobain, Hendrix, Johnny Cash et
Gil Scott-Heron et devoir annuler la tournée au bout de deux dates car tout le
monde est trop camé en backstage !
A la guitare : Steven Van Zandt, le guitariste du E-Street Band qui a écrit pas
mal de ziques de Springsteen et qui jouait Silvio dans la série The Sopranos,
comme ça je pourrai lui poser plein de questions sur la série !
Deuxième guitariste : Graham Coxon de Blur. Un des meilleurs guitaristes (et assez
sous-estimé) de l’époque, capable de jouer tous les styles comme d’expérimenter
des trucs de fou avec ses effets.
A la basse : Kim
Deal des Pixies et Breeders. Qui fera aussi des chœurs de toute beauté.
Au synthé : Polly
Jean Harvey. Qui chantera aussi du coup.
A la batterie : David Sandstrom, le batteur de Refused.
Et au chant, tu t’en doutes : Eddie Vedder. Il peut aussi faire un peu
de ukulélé !
Ils feront du rock et moi je serai leur roadie, ça
m’ira très bien.
Steven Van Zandt |
Graham Coxon |
Kim Deal |
PJ Harvey |
David Sandstrom |
Ediie Vedder |
Le meilleur nom de groupe que tu aies entendu ?
Des potes de Strasbourg avaient un groupe appelé More Dangerous Than A Thousand Rioters
(en référence à l’anarchiste Lucy Parsons) et j’ai toujours trouvé ce nom
parfait. Et c’est un groupe qui n’existe pas mais je rêve de voir un jour le
nom Scheiss No More sur une
affiche : soit un groupe qui reprendrait très très mal du Faith No More
volontairement, soit un groupe qui viendrait tout foutre en l’air en faisant,
je sais pas, du punk avec des kazoos ou du black metal avec des sons de game
boy !
L’objet le plus inutile que tu possèdes ?
Oh ! Ils sont nombreux : là, à portée de vue
depuis mon ordi j’ai sous la main : une action figure de Saul Goodman (de Breaking Bad), un Rubik’s cube, une lunch box Dawn of the Dead, un Tardis
géant pour ranger mes stylos – et qui fait le bruit du Tardis à chaque fois que
tu l’ouvres ! – un lecteur cassette
Philips de 1986, une boîte en carton de la taille d’un plumier signée et
offerte par Chuck Palahniuk, une reproduction de la brique de lait dans le clip
de Blur ”coffee and TV” et un Speak & Sell (la Dictée Magique mais en
anglais) de Texas Instrument. Fais ton choix !!!
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