vendredi 1 décembre 2017

Ben de Sliver et Tardis A-T'il Bon Goût ?

Dernier épisode de l'année 2017 avec ce mois-ci un invité qui me tient à cœur puisqu'il s'agit de Ben, chanteur / guitariste de Sliver et Tardis, dont les albums tournent en boucle depuis plusieurs mois sur ma platine.

Il y a de la lecture et c'est  riche et super intéressant !




Ton groupe culte ?


PEARL JAM. J’ai découvert le groupe lorsque j’avais 11 ans, et 25 ans plus tard je les écoute toujours, achète religieusement chacune de leurs sorties (25 vinyles et plus de 60 CDs dans ma collec quand même) et suis d’une mauvaise foi absolue si qui que ce soit critique la bande à Eddie. J’aime absolument tout chez eux : leur musique évidemment, mais aussi leur démarche, d’enregistrer tous leurs lives à replanter en arbres l’équivalent du CO2 dépensé durant leurs tournées, les thèmes de leurs chansons et/ou albums, les groupes qu’ils m’ont fait découvrir via leurs reprises (Tom Petty, The Ramones, The Clash, les Who, Johnny Cash…). C’est simple, sur ma page Facebook dans ‘education’ je n’ai pas mis le nom de mon lycée mais ‘went to Pearl Jam’ car j’ai appris mille fois plus de choses de par leur musique que dans n’importe quel cours suivi avant mes 18 ans.




L'album que tu as le plus écouté ?

Si on laisse de côté Pearl Jam : je n’ai pas passé plus de deux semaines sans écouter du Pearl Jam depuis 1992… je pense que l’album que j’ai le plus écouté est probablement l’album éponyme de Blur sorti en 1997 : celui avec la photo floue du brancardier en cover. J’avais un avis un peu rangé sur ce groupe, pour moi il se limitait à un (très) bon groupe de brit pop et tout à coup ils sont venus bouleverser mes certitudes avec un album de ‘rock’ aux influences US tout en gardant leur sensibilité British. La chanson ”Song 2” est devenue un tel tube que c’est difficile à percevoir maintenant (quand Papa Roach la reprend en live, ça donne la gerbe quand même) mais à l’époque c’était un choc incroyable et la preuve qu’on pouvait faire du gros son mélodique. L’album est super varié et chaque titre est une pépite dans un style différent. J’écoutais surtout du grunge et du punk à l’époque et ça m’a vraiment ouvert sur plein d’autres choses. Cet album là et le Shape of Punk to Come de Refused l’année suivante. Si Refused est sûrement l’influence principale de Sliver, Blur est celle de Tardis (et y a Pearl Jam partout évidemment !).




La plus belle pochette de disque ?
L’album Saturate Every Atom de Lack, le groupe danois. Il s’agit d’un homme (Thomas Buro, le chanteur du groupe) et d’une femme (une amie à lui) quasi nus (ils portent juste une culotte et un caleçon) avec chacun un sac en papier kraft sur la tête. Je ne suis même pas sûr que la pochette colle vraiment avec le titre et le concept de l’album qui vient d’une citation de Virginia Woolf : l’idée de saturer le moindre atome, de se débarrasser de tout ce qui est superflu, d’aller à l’essentiel (et l’occasion pour Lack de livrer un album où la moindre note, la moindre cymbale compte), j’y vois plus une réflexion sur la marchandisation des corps, mais cette pochette me hante. Je me trimbale tous les jours avec la petite carte de download code qui reprend la pochette dans mon portefeuille et si je sors cette carte au lieu de ma carte de crédit par exemple, je m’arrête toujours pour la regarder.



Ton film culte ?

Mon film culte est une série télé car depuis la fin des 90s et le lancement de la série OZ sur HBO, le vrai ciné se passe à la télé, non ? Donc mon ‘film’ culte c’est la série The Wire de David Simon. Cinq saisons d’une soi-disant enquête policière dans le milieu de la drogue qui se transforme en une étude minutieuse de tout ce qui constitue une ville américaine (crime, police, politique, éducation, média). Si un film de ciné correspond à une nouvelle (et il y a de très bonnes nouvelles), The Wire est un roman ou plutôt un essai de 90h et c’est difficile de surpassser ça en 1h30. Sinon j’aime beaucoup le ciné de Nicolas Winding Refn (Only God Forgives), David Fincher (Fight Club), Bong Joon-Ho (Memories of Murder), Danny Boyle (Trainspotting), Jeremy Saulnier (Blue Ruin) et Kevin Smith (Clerks) par exemple, pour citer quelques réas de ciné et répondre un peu à ta question quand même !



Acteur et actrice préférés ?

Ahah je suis vraiment un sale con : je fonctionne plutôt par réalisateurs ou scénaristes que par acteurs ! Mes DVDs sont classés par ordre alphabétique de réalisateurs… du coup je peux suivre le travail de Fincher et passer de Fight Club à Panic Room à Zodiac à Mindhunter, etc… mais pas celui de Brad Pitt et passer de Fight Club à Mr & Mrs Smith par exemple…

Mais pour paraître moins connard et répondre un peu quand même je dirais sûrement Rutger Hauer dans les 80s : Blade Runner, The Hitcher, Blind Fury et surtout The Blood of Heroes aussi appelé Salute of the Jugger – un film de sport post-apocalyptique ! Et la seule réalisation de David Webb Peoples, le scénariste notamment de Blade Runner et de Twelve Monkeys. Je le regarde au moins une fois par an. Hauer y joue le rôle de Sallow, le leader d’une équipe de Jugger, un sport qui ressemble un peu au football américain avec un crâne de chien en guise de ballon et diverses armes post-apo utilisées sur le terrain. Ajoute à ça la remarque finale de son perso dans Blade Runner, que Hauer a plus ou moins improvisée sur le plateau : ”I've seen things you people wouldn't believe. Attack ships on fire off the shoulder of Orion. I watched C-beams glitter in the dark near the Tannhäuser Gate. All those moments will be lost in time, like tears in rain. Time to die” et c’était quand même un putain d’acteur à l’époque. Pour citer un acteur plus actuel je dirais Michael Shannon (Boardwalk Empire, Take Shelter, Midnight Special…).

Pour l’actrice je dirais Brit Marling (qui est aussi scénariste ! désolé). Elle a écrit et/ou a joué dans Sound of My Voice, Another Earth, I Origins, The East et les séries The OA et Babylon par exemple. Elle s’écrit des rôles toujours plus complexes alors qu’elle pourrait très bien cachetonner dans des comédies romantiques mais elle refuse les rôles trop faciles. Elle a un regard magnétique et une putain de présence dans la moindre scène. J’aime beaucoup Imogen Poots aussi, l’actrice entre autres de la série Roadies, de Green Room de Jeremy Saulnier et Filth de John S. Baird. Elle avait un tout petit rôle dans V for Vendetta et son visage est resté gravé en moi à l’époque et depuis, dès que je la vois dans un film, je suis content !






Ton endroit (pays, ville, lieu) préféré ?

Je ne fonctionne pas par endroits… non je déconne. Mon lieu préféré est probablement ma salle de répète : c’est là qu’un groupe de personnes transcendent ce qu’ils sont individuellement pour faire un truc presque magique tous ensemble, j’adore les répètes.
Ma ville préférée est celle où je vis : Nancy, parce que c’est là que vit Claire, l’amour de ma vie. Note que si elle décidait qu’on s’installe à Trou-du-Cul-les-Bains, ça deviendrait d’office ma ville préférée !
Mon pays préféré est le Royaume-Uni. Ou si je peux proposer une région : le Pays de Galles, et pas seulement parce qu’ils ont abrité jusqu’à cette année l’attraction Doctor Who Experience (mais un peu quand même), aussi pour les paysages, les gens et la langue (je suis prof d’anglais et j’ai clairement besoin de me retrouver entouré de natifs pour les entendre parler et interagir avec eux au moins une fois par an).




Ton roman ou écrivain de prédilection ?

J’aime beaucoup Chuck Palahniuk qui a écrit Fight Club et qui est vraiment l’auteur qui m’a donné envie de lire (après avoir subi les bouquins qu’on m’a infligé au collège / lycée) et toute la littérature transgressive des 90s (Irvine Welsh, Ryu Murakami, Bret Easton Ellis…) mais je crois que mon auteur préféré est le canadien Douglas Coupland. J’ai une cinquantaine de livres à lui (je collectionne même les ouvrages dont il a juste fait la préface ou dans lesquels il a une nouvelle par exemple). Sa vision et sa compréhension du monde actuel sont si éclairantes ! Les paroles de Sliver et Tardis sont truffées de choses que je crois avoir compris de ses œuvres ! S’il faut choisir une de ses œuvres, je dirais The Age of Earthquakes : une sorte d’essai à la Marshall McLuhan sur le même format que The Medium is the Massage, avec des slogans, des questions, des photos, etc… Le titre de l’album de Tardis ”machines are talking behind your back” vient de là.

Douglas Coupland

Chuck Palahniuk


Ton illustrateur préféré ?

En street art, c’est Banksy, l’artiste anglais. J’adore ses œuvres et les messages qu’il transmet au travers de trucs très ‘culture populaire’: remplacer une figure religieuse par un panneau annonçant la fin des soldes par exemple. Et aussi ses actions, comme démonter son parc d’attraction pour aller construire des habitations à la Jungle de Calais pour les réfugiées.

En comics/manga, j’aime beaucoup l’américain Charles Burns, qui a fait Black Hole par exemple et Katsuhiro Otomo, le pap d’Akira. Habituellement je suis plutôt les comics par scénaristes (Alan Moore, Frank Miller, Brian K. Vaughan) mais Burns, j’achète tout ce qu’il fait, peu importe l’histoire finalement, je me fais plaisir en regardant les illus. Idem pour Otomo, même les pubs qu’il a illustrées sont super intéressantes.

En posters, illus pures et dures, j’ai un ami qui s’appelle Pierre Weird qui devrait être élevé au même rang que les illustrateurs qui font les posters Mondo par exemple. Je t’enverrai une illu !





Ta passion dévorante (ou ton rêve de vie future) quand tu étais adolescent ?

Je ne crois pas avoir de passion dévorante (sauf pour le Dr Pepper, le Red Bull et les Marlboro peut-être), je n’aime pas trop le terme de passion, je trouve qu’il y a à la fois un côté négatif, du truc qui te consume justement, alors que je suis plutôt du genre à faire les choses dans la joie et en même temps un côté ‘truc inatteignable’ alors que je préfère faire les choses que je veux faire plutôt que de les fantasmer si tu vois ce que je veux dire. Aussi, quand j’étais ado je rêvais surtout de ne pas bosser, d’éviter à tout prix (quitte à me foutre en l’air) le 8h00-17h00… du coup je suis devenu prof et comme j’ai la chance de bosser à la fac je bosse en gros 20h semaine sur 24 semaines par an. C’est moins de la moitié de l’année et ça me convient très bien.

Et en ce qui concerne la musique, le ‘rêve’ était de jouer dans des groupes et de faire des concerts. Alors ça c’est fait et je le fais toujours, c’est parfait !



Si tu devais créer un groupe avec tes musiciens préférés tu prendrais qui à quel instrument ?

OK. Alors on ne va prendre que des musiciens encore en vie, histoire de ne pas se retrouver avec Kurt Cobain, Hendrix, Johnny Cash et Gil Scott-Heron et devoir annuler la tournée au bout de deux dates car tout le monde est trop camé en backstage !

A la guitare : Steven Van Zandt, le guitariste du E-Street Band qui a écrit pas mal de ziques de Springsteen et qui jouait Silvio dans la série The Sopranos, comme ça je pourrai lui poser plein de questions sur la série !

Deuxième guitariste : Graham Coxon de Blur. Un des meilleurs guitaristes (et assez sous-estimé) de l’époque, capable de jouer tous les styles comme d’expérimenter des trucs de fou avec ses effets.

A la basse : Kim Deal des Pixies et Breeders. Qui fera aussi des chœurs de toute beauté.

Au synthé : Polly Jean Harvey. Qui chantera aussi du coup.

A la batterie : David Sandstrom, le batteur de Refused.

Et au chant, tu t’en doutes : Eddie Vedder. Il peut aussi faire un peu de ukulélé !

Ils feront du rock et moi je serai leur roadie, ça m’ira très bien.

Steven Van Zandt

Graham Coxon

Kim Deal

PJ Harvey

David Sandstrom

Ediie Vedder


Le meilleur nom de groupe que tu aies entendu ?

Des potes de Strasbourg avaient un groupe appelé More Dangerous Than A Thousand Rioters (en référence à l’anarchiste Lucy Parsons) et j’ai toujours trouvé ce nom parfait. Et c’est un groupe qui n’existe pas mais je rêve de voir un jour le nom Scheiss No More sur une affiche : soit un groupe qui reprendrait très très mal du Faith No More volontairement, soit un groupe qui viendrait tout foutre en l’air en faisant, je sais pas, du punk avec des kazoos ou du black metal avec des sons de game boy !



L’objet le plus inutile que tu possèdes ?

Oh ! Ils sont nombreux : là, à portée de vue depuis mon ordi j’ai sous la main : une action figure de Saul Goodman (de Breaking Bad), un Rubik’s cube, une lunch box Dawn of the Dead, un Tardis géant pour ranger mes stylos – et qui fait le bruit du Tardis à chaque fois que tu l’ouvres ! – un lecteur cassette Philips de 1986, une boîte en carton de la taille d’un plumier signée et offerte par Chuck Palahniuk, une reproduction de la brique de lait dans le clip de Blur ”coffee and TV” et un Speak & Sell (la Dictée Magique mais en anglais) de Texas Instrument. Fais ton choix !!!






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