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mercredi 16 avril 2014

Justin(e) – D+/M-


Justin(e) – D+/M-
Guerilla asso / Can I say Records
8/10
Deux ans après le split avec leurs super potes de Santa Cruz et un peu plus de trois après Treillières Über Alles voici le quatuor de Nantais qui remet le couvert et nous pond un 4ème album intitulé D+/M-.
Il est clair que le statut des Nantais a pas mal évolué ces dernières années et je dois avouer que depuis Accident N°7 je suis totalement conquis par ce que fait le groupe. Il fait désormais partie de ces groupes majeurs et influents de notre scène nationale. Moins rentre-dedans que Guerilla Poubelle, l’autre figure de proue au chant aussi en français, le groupe se veut être plus littéraire dans les textes. On a déjà cité maintes fois les références au Zabriskie Point et à leur parolier François Bégaudeau, et, Justin(e) ne déroge pas une nouvelle fois à la règle. Les textes sont poussés, travaillés pleins de références littéraires, historiques ou culturelles. Alexandre, qui écrit tous les textes, fait un travail remarquable qui demande pour l’auditeur un gros travail de recherche pour la compréhension. Il aurait été d’ailleurs sympa de laisser quelques petites pistes dans le livret sur chaque chanson pour nous aider. Mais même sans tout comprendre c’est superbement écrit.

L’artwork est assez sympa et s’articule autour du concept du titre. Sur la version vinyle, celle que j’ai, le verso est truffé d’inversion de lettres de façon dyslexique. La version cd semble représenter un bulletin de notes trimestriel. C’est original et plutôt bien fait.

On rentre dans le vif du sujet avec Faux Problèmes, un morceau rapide et bourrin. Je suis assez surpris par le son et notamment le traitement de la voix d’Alexandre en particulier sur les passages où il y a des chœurs. Justine a besoin de mettre son atout et sa différence en avant on n’entend pas et on ne comprend pas tout, la basse (toujours aussi énorme au demeurant) et la guitare prennent parfois le dessus sur la voix et c’en est dommage.
Enchaîne Je m’en vais ou je m’en vas… un titre original et accrocheur. Je crois en percevoir le sens et c’est d’ailleurs aussi ce qui est intéressant avec ces textes, se replonger dans des explications de textes. Les titres se suivent et sans tous les détailler je retiendrai Le septième titre qui, musicalement, m’accroche beaucoup ainsi que ses textes. Sur la frontière voit apparaître des featurings avec Marthe et Eva qui viennent apporter une grosse d’énergie au titre qui est vraiment très bon sur le refrain. C’est d’ailleurs un des points forts de Justine que de créer des refrains entraînants et fédérateur comme aussi sur Tu ne marcheras plus jamais seul
J’aime aussi beaucoup les morceaux plus lents, les « mid -tempo » habeas corpus et Cila entraînants et mélodiques. Ce sont d'ailleurs pour moi deux des meilleurs moments de ce nouvel album.
Viva World Cup est la référence traditionnelle au foot mais elle prendra toute sa valeur et sa force en concert, sur album ça passe plus difficilement. Et puis comme c’est la tradition sur les versions vinyles, le groupe reprend un morceau de Santa Cruz avec On a des guests qui se veut être un excellent moment tant pour les invités, les musiciens que les auditeurs.

D+/M- est un bon album qui prend de la valeur au fur et à mesure des écoutes avec quelques titres vraiment très intéressants et d’autres moins bien sentis et plus basiques. Je lui reproche cependant un son pas super équilibré surtout sur la voix et je lui préfère Treillières Über Alles et Accident n°7 que je conseille toujours vivement pour découvrir le groupe. Mais reste à savoir si dans quelques semaines d’écoutes je n’aurais pas changé d’avis…


Mon titre préféré:             Habeas Corpus




mardi 15 janvier 2013

François Bégaudeau a t'il bon goût ?




Il n’est plus besoin de présenter François Bégaudeau, si ce n’est de rappeler qu’il fut le chanteur des Zabriskie Point, influence majeure d’un certain nombre de groupes de la scène punkrock actuelle, et est l’auteur de nombreux romans et essais. Il sort d'ailleurs dans quelques semaines  Deux singes ou Ma vie politique aux éditions Verticales. Après une interview il y a un peu plus d'un an tachons aujourd'hui d'en savoir plus sur ses goûts.



Ton album préféré ?
Nimrod, Greenday

L’album que beaucoup de fans de punk-rock refuseront d’écouter jusqu’à la fin de leur jour, pour les raisons qu’on sait. Tant pis pour eux. Joie en moins.



jeudi 17 novembre 2011

Interview - François Bégaudeau


Extrait de l'interview avec François Bégaudeau, ancien chanteur des Zabriskie Point, écrivain de renom, chroniqueur et aussi  acteur. 

François Bégaudeau (je vous dispense du crédit photo...)


Es-tu toujours intéressé par le style de musique que tu pratiquais avec les Zabriskie Point ?
Plus qu’intéressé. C’est définitivement mon port. Les groupes et morceaux que j’aimais il y a quinze ans me font exactement le même effet. Je pense même que je prends toujours mieux la mesure de l’immensité de ce fait esthétique : le rock, le punk-rock.

Être sur scène, le rapport direct avec le public, est-ce quelque-chose qui te manque ?
Le manque est un sentiment que je connais peu. Une chose a lieu et puis elle prend fin, remplacée par d’autres. L’important est de garder un bon niveau d’intensité dans sa vie. Là-dessus ça va à peu près. Maintenant c’est sûr qu’il sera compliqué de retrouver l’intensité des concerts, ou le bonheur plein de finaliser un morceau en studio.

Quel regard portes-tu sur les jeunes groupes qui revendiquent l'influence des Zabriskie ? Je pense aux Guerilla Poubelle, Dolorès Risposte, Justin(e)...
Je suis Justine et les Guerilla avec admiration. Le dernier Justine est énorme.

Il y a un groupe que je trouve proche de ton registre : les Justin(e). Ils sont de Nantes, jouent du punk, sont fans de foot, aiment le FCN et Jean Claude Suaudeau et leurs textes sont plutôt bien pensés et écrits. Les connais-tu et que penses-tu de ce qu'ils font ?
Je connais Alex, qui est venu au punk par les Zab, et qui maintenant n’a plus besoin d’eux (quel charisme). On a évidemment pas mal de points communs, y compris une certaine fibre libertaire.

L'idée de remonter les Zabriskie Point vous est-elle déjà venue ? T'as-t-on proposé de venir faire un featuring sur un album ?
Remonter les Zab, no way. On a une dignité.
Featuring, non, jamais.

François au micro des Zabriskie Point


Qu'écoutes tu actuellement comme groupes ou chanteurs ?

Le dernier Justine… Le dernier Orelsan, même si je n’aime pas son versant pompeux (mais quel chroniqueur..). Depuis que je sais qu’ils se séparent, je réécoute tout Supergrass, et notamment leur chef-d’œuvre, I should Coco. Et puis plein d’autres choses (voir la « playlist » sur le site bégaudeau.info)



Quel regard portes-tu sur les albums des Zabriskie Point

Lucide, je crois. Des choses que je trouve mal branlées, un peu trop rock français, et puis d’autres que je trouve excellentes. Je dis les choses comme je les pense parce que seul le juste m’intéresse : on a écrit au moins deux des vingt meilleures chansons du rock français : Je suis une machine et L’art et le cochon. En matière de punk-rock français, je nous place en position 4 (la place du con, no médaille) derrière les Wampas, les PKRK, les Femmes.



François au micro des Zabriskie Point
J'ai toujours trouvé que la scène punkrock  française était coupée en deux dans les années 90 et 2000. D'un coté les "francophones" avec vous, les wampas, les sales majestés... aux influences que l'on ressentait plus venir de la scène alternative (Shériffs, Bérus...) et de l'autres les "anglophones" avec les Burning Heads, Seven Hate, Dead End, Greedy Guts... avec des influences outre atlantiques et une rythmique plus rapide. Je trouvais donc que cette scène coupée en deux ne se mélangeait pas, tout du moins en concert. ou c'était très rare (j'ai du voir une fois les Sales Majestés avec les Uncommonmenfrommars).  Y avait il un soucis entre vous ?
Tu as une bonne intuition. Je pense que ce sont deux généalogies très différentes. Le truc c'est que nous on ne se sentait pas concernés, vu qu'on ne se sentait pas vraiment proches des deux courants. Notre base arrière à nous c'était le punk anglais originel... Mais tant qu'à choisir, on se serait plutôt reconnu dans la branche "anglophone", celle qu'on appelait aussi "hardcore mélodique". Tous les groupes que tu cites, on les écoutait beaucoup plus qu'on écoutait de l'alternatif (le seul groupe vraiment fondateur pour nous de l'époque alterno c'est
les wampas, mais ils sont tellement à part). Le groupe sur lequel on s'entendait tous c'était NOFX, et puis on était fans de Minor threat aussi. Je pense qu'à partir de Des hommes nouveaux nos chansons portent la trace de ce genre d'influences (voir What is my punk, sur Paul).

Les groupes se mélangeaient plus sur label, par exemple Dialektik faisait se cotoyer les Zabriskie avec Dead End, Nra, PKRK, Condkoi... J'ai l'impression que ça pouvait se faire que le public était quasiment le même mais que les groupes ne s'aimaient pas vraiment. Juste une idée fausse ?
On était très potes avec les Dead End. NRA on n'a juste jamais eu l'occase de les croiser, mais on aurait sympathisé c'est sûr. Les seuls avec qui on avait toujours du mal c'était les groupes "anarcho-punks" très sérieux. Sauf nos potes d'Heyoka.
De toute façon je tiens à dire une chose, c'est que la fraternité inter-groupes on s'en branlait. On a jamais beaucoup aimé la satisfaction du milieu à être dans l'entre-soi. Nous on s'amusait bien déjà à 7, et ceux qui avaient envie de s'amuser avec nous
étaient les bienvenus, et voilà.

Actuellement je trouve que ça a changé avec le meilleur exemple possible les Guerilla Poubelle qui mixent à la perfection leurs influences américaines avec les françaises. En tant que fan de NoFX et personnage important de la scène française, les Guerilla doivent pleinement te combler ?
Oui, tu as tout dit. Mais j'en dirais autant de Justine. Pour ça j'aime beaucoup l'habillage du dernier album : Treillières est mis en avant, évidemment pas par chauvinisme, mais pour rappeler juste ça : qu'on est de là, des ploucs français, et que ça nous constitue. Et que la musique devra ressembler à notre double nationalité franco-américaine.

La suite dans le fanzine dont la sortie est prévue pour janvier 2012.