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vendredi 15 décembre 2023

POPULATION II - Electrons libres du Québec



POPULATION II - Electrons libres du Québec

Bonsound

Décidément, le Québec regorge de groupes brillants et décomplexés. Après la découverte de FUUDGE il y a quelques mois, c'est au tour de POPULATION II de faire parler la poudre avec un 2ème album ambitieux, le bien nommé "Electrons libres du Québec". Car effectivement le trio de Montréal ne s'interdit rien. Du prog rock au stoner en passant par le krautrock, le free-jazz ou encore le rock garage, POPULATION II nous propose un sacré voyage musical chanté, comme leurs compères de FUUDGE, en français.

 

 "Orlando" donne le ton avec son clavier psyché et son rythme free-jazz. Le gros son est également de mise sur un refrain accrocheur porté par la voix mélodieuse de Pierre-Luc Gratton. A la manière de SLIFT, POPULATION II agrémente ses morceaux de solos de guitares acides aux sonorités seventies. "C't'au boute" prend quant à lui une tournure space rock et enquille les gros riffs. "C.T.Q.S" se fait plus complexe et évolutif. Si l'orgue et le refrain catchy se démarquent au début, POPULATION II durcit le ton avec une deuxième moitié plus noisy et psychédélique. "Beau Baptême" surprend d'emblée avec ses sonorités funky et son rythme mid-tempo. Les guitares bien grasses font leur retour sur le pétaradant " Kébec" marqué lui aussi par un changement de rythme bien senti à mi-parcours. Plus apaisé, le chant se fait plus clair et chuchoté. Les envolées psychédéliques et heavy se poursuivent avec réussite sur "Lune Rouge" et "Réservoir". Plus expérimental, "Rapaillé" séduit par son inventivité avec sa basse groovy et les saillies électriques de Tristan Lacombe. POPULATION II nous livre ensuite un final haut perché. "Pourquoi qu'on dort pas" mélange rock progressif cuivré à la KING CRIMSON, free-jazz et rock expérimental.

 

Puissant, créatif et maitrisé, ce deuxième album de POPULATION II est une pépite et donne envie de nous replonger dans le meilleur du rock psychédélique des années 70. 

Mr Caribou

 

Titre préféré :                    Pourquoi qu’on dort pas ?

 

https://population2.bandcamp.com/album/lectrons-libres-du-qu-bec

https://www.facebook.com/populationii/



vendredi 27 octobre 2023

UNSCHOOLING - New World Artifacts

 


UNSCHOOLING - New World Artifacts

Bad Vibrations

 

Déjà auteurs de deux EP remarqués, les Rouennais d'UNSCHOOLING signent un premier album attendu sur le label anglais Bad Vibrations. Et les Normands confirment avec "New World Artifacts" qu'ils sont les dignes héritiers des fameux Canadiens WOMEN, groupe éphémère devenu PREOCCUPATIONS. A l'instar de l'ancien combo de Calgary, UNSCHOOLING propose un étrange post-punk lo-fi matiné de garage, de no-wave ou encore de surf music.

 

Embarquer avec le quintet de Rouen, c'est accepter les chemins tortueux et les sorties de route. La musique d'UNSCHOOLING est souvent instable, truffée d'inattendus changements de rythme. "Public Transit", deuxième titre de l'album, résume à la perfection l'identité d'UNSCHOLLING. En parfait équilibre entre dissonance et mélodie, entre évidence et complexité, ce morceau impressionne d'emblée. Toujours un peu en arrière-plan, la voix de Vincent Février reste délicieusement nonchalante et délicate. Plus immédiat, "Erase U" brille par sa rythmique impeccable et ses riffs à la TELEVISION. "Brand New Storm" met en avant pour sa part les arpèges de guitares et le sens de la mélodie des Rouennais. Les structures plus alambiquées font leur retour sur les 7 minutes d'"Excommunicated". Après une introduction planante et douce, le morceau s'emballe brusquement au bout d'1 minute 30. Les guitares vicieuses et désaccordées, la batterie métronomique et les sonorités plus noisy prennent le pouvoir. Puis laissent place ensuite à une ambiance plus atmosphérique et post-rock digne de OISEAUX-TEMPETE. UNSCHOOLING sait décidément tout faire pour des cancres. Moins torturé, "Ribbon Road" n'a pour autant rien d'une autoroute. Porté par la basse de Damien Tebbal et la batterie free-jazz de Thomas Fromager, le morceau fait la part belle aux guitares tranchantes et dissonantes. UNSCHOOLING enchaine ensuite avec les pétaradants et expéditifs "Trauma", "Shopping On The Left Bank" et "Mom's Work Force". L'envoutant "The Goose" calme un peu le jeu et conclut avec réussite cette 1/2 heure de musique oscillant entre complexité et décontraction.

 

UNSCHOOLING passe donc haut la main le cap du premier album qui ravira les amateurs de post-punk inventif et ambitieux. 

Mr Caribou

 

Titre préféré :                    Excommunicated

 

https://unschooling.bandcamp.com/album/new-world-artifacts

https://unschoolingband.com/

 


mardi 22 août 2023

MELISSA - II (EP)

 



MELISSA - II (EP)

Urge Records

 

Si les expériences sonores extrêmes vous fascinent, il se pourrait que le deuxième EP de MELISSA devienne votre disque de chevet.  Au programme :  un petit quart d'heure de sauvagerie et de beuglements féroces. MELISSA est le projet de la New-Yorkaise Jane Chardiet, soeur de Margaret Chardiet, artiste à la tête de l'angoissant groupe PHARMAKON. Autant dire que les hurlements et le bruit sont une affaire de famille. Si PHARMAKON privilégie les longs morceaux alliant death industriel et noise, MELISSA fait plutôt dans le format court (3 minutes en moyenne par morceau). Pas de lente montée ou d'introduction planante avec MELISSA qui mêle le punk / hardcore au black métal. Voire le thrash crossover comme sur "Lara", premier titre, qui fait l'effet d'un uppercut avec un riff monstrueux en accroche. Si le versant punk est plus le fait du son du guitare, des larsens et de la rythmique ultra rapide comme sur "Nathalie", la voix d'outre-tombe de Jane donne une coloration black métal au projet. Il faut dire que l'américaine ne lésine pas sur les hurlements et la réverb'. Aucun round d'observation n'est observé par MELISSA dont les morceaux sont exécutés pied au plancher. "Richie Rich" qui monte encore d'un cran en termes d'énergie punk et de brutalité, donne envie de tout envoyer valdinguer. La tornade MELISSA est passée, ce 2ème EP touche déjà à sa fin. 


Si cette musique peut logiquement rebuter, elle constitue cependant une expérience d'écoute puissante. Un black métal / punk exigeant et jouissif auquel le format court (EP) convient parfaitement. 



Mr Caribou



Titre préféré : Ritchie Rich



https://melissanyc.bandcamp.com/album/ii-2



mercredi 28 juin 2023

FUUDGE - ...qu'un cauchemar devienne si vrai

 


FUUDGE - ...qu'un cauchemar devienne si vrai

Folivora Records

 

Pourtant auteur de plusieurs albums et EP, FUUDGE était passé jusqu'à présent en dehors de nos radars. En tout cas, l'Europe et plus spécifiquement la France. Mais il aurait été fort dommage ne pas s'intéresser à la dernière production de ces talentueux Québécois "..qu'un cauchemar devienne si vrai". Car le groupe du multi-instrumentiste et homme à tout faire David Bujold ose, pour faire simple, jouer un stoner démoniaque dans la langue de Céline Dion. Et ce savant mélange passe très bien. Il faut dire que si FUUDGE est un adepte du rock lourd, la palette musicale des Canadiens est assez large : des sonorités seventies à la pop psychédélique des années 60 en passant par le grunge, le noise-rock, FUUDGE ne s'interdit rien. Avec "Jusque dans la tombe", le morceau introductif, on est clairement sur du stoner pur jus. Un son lourd à la MARS RED SKY contrebalancé par une voix fragile et haut perchée comme celle de Julien Pras d'ailleurs, le chanteur du trio bordelais. FUUDGE nous gratifie également sur ce premier titre de bourdonnements, de bidouillages dissonants en première partie mais également d'un solo exécuté à grande vitesse. Les Québécois enchainent ensuite avec le lent et heavy "Ta yeule toute va ben" qui se termine au ralenti. Le registre est complément différent sur "J'aimerais ben ça aimer ça (mais j'aime pas ça)". Après une introduction acoustique, le titre s'emballe avec un riff grungy avant l'arrivée surprise de flutes psychédéliques. FUUDGE muscle de nouveau son jeu sur l'addictif "On aime les saints". Un mélange de stoner porté par une batterie martiale et de magnifiques harmonie vocales. Contrairement à la majorité des groupes faisant dans le rock lourd, le chant n'est jamais étouffé par la musique, bien au contraire. L'alternance entre gros riffs et mélodies fait également des merveilles sur le titre éponyme "Qu'un cauchemar devienne si vrai...". Après une balade psyché et perchée convoquant autant SYD BARRETT que les BEATLES, FUUDGE remet les gaz sur "Sans fermer les yeux". Des paroles poétiques dans un titre aux sonorités garage. On avait rêvé de NIRVANA chanté en français. FUUDGE l'a fait avec "Heureux sont les niais", petite bombe grungy qui fait vraiment penser au trio culte de Seattle. Malgré un tempo moins rapide, les Québécois poursuivent dans cette veine sur "Pardon Mononc' ". Un titre marqué par une fin noisy et expérimentale du plus bel effet. FUUDGE ne tombe jamais dans la facilité et ne nous ennuie pas une seule seconde. Après une fulgurance punk "Pas besoin d'un assassin", David Bujold nous livre une dernière pépite. "Effacer ta mort" est un parfait condensé du savoir-faire de FUUDGE. Les arpèges acoustiques de guitares et jolis arrangements sixties d'un côté, le gros son et les hurlements vocaux de l'autre.

 

Il se dit que FUUDGE est l'un des meilleurs groupes de la scène québécoise. Avec ce 3ème album, FUUDGE réalise tout simplement un excellent album de rock au sens large, un des meilleurs de 2023 pour l'instant. 

 

Mr Caribou

 

Titre préféré :                    On aime les saints

 

 

https://fuudge.bandcamp.com/album/quun-cauchemar-devienne-si-vrai

https://www.facebook.com/fuudgeband/


lundi 12 juin 2023

ABSENCE OF COLORS – Cycles (EP)

 


ABSENCE OF COLORS – Cycles (EP)

Weird Noise

 

Le post-rock est définitivement un style indémodable. Et régulièrement, de nouveaux groupes viennent se frotter avec plus ou moins de réussite à ce ce courant musical atmosphérique. Le duo de Chambéry, ABSENCE OF COLORS, fait plutôt partie des artistes qui hissent ce style vers le haut. Le premier EP des Chambériens "Cycles" en est la preuve vivante. Sur les quatre longues pièces (de 6 à 9 minutes) que contient cette première production, ABSENCE OF COLORS maitrise parfaitement les lentes montées, les alternances de passages rugueux et de moments plus apaisés. Si le groupe se dit influencé par TOOL, ISIS ou MOGWAI, la musique des deux complices évoque surtout les Ecossais. A l'écoute de Cycles, on pense également à EXPLOSIONS IN THE SKY, voire OISEAUX-TEMPETE. Le rapprochement avec ISIS peut s'entendre également car le groupe lorgne parfois du côté du post-métal mais sans le chant agressif et les riffs lourds. Car si ABSENCE OF COLORS adopte un style progressif, il prend le temps d'installer ses morceaux sans mener systématiquement à des déflagrations soniques. C'est le cas notamment du premier titre "Too Big to Fail" qui, s'il monte indéniablement en intensité au fil des minutes, reste planant et hypnotique. L'utilisation de voix enregistrées dans une veine spoken words sur la plupart des morceaux est par ailleurs intéressante. Qu'elles soient masculines ou féminines ("Dust Bowl"). Si la batterie et la guitare constituent la base de la musique d'ABSENCE OF COLORS, le duo a l'intelligence d'élargir la palette en intégrant régulièrement une basse ou plus sporadiquement, des nappes de synthé ou des boucles électroniques comme sur le titre éponyme "Cycles". "Erika" clôture l'EP en beauté. Très mélodique malgré quelques bourdonnements inquiétants, cette dernière pièce met en avant la guitare subtile et cristalline d'Oliver Valcarcel. Ce dernier morceau très cinématographique et vaguement western dans sa dernière partie s'apparente au parfait générique de fin.

 

ABSENCE OF COLORS prouve avec ce "4 titres" réussi qu'il est un groupe à suivre. Il nous tarde de découvrir en concert le duo français tant leur rock instrumental est taillé pour la scène. 

 

Mr Caribou

 

Titre préféré :                    Erika

 

https://absenceofcolors.bandcamp.com/album/cycles-2

https://weird-noise.com/absence-of-colors/



mardi 16 mai 2023

POISON RUIN - Härvest

 


POISON RUIN - Härvest

 Relapse Records

 

Jeune groupe venu de Philadelphie, POISON RUIN était jusqu'à présent passé en dehors de nos radars. Il aurait été pourtant fort dommage que ce punk cradingue survitaminé n'arrive pas jusqu'à nos oreilles. Car le premier véritable album des Philadelphiens "Härvest" est une petite bombe. La petite 1/2 heure de punk postillonné est une véritable tornade. POISON RUIN évoque à la fois le punk-rock radical de groupes contemporains comme les Australiens de CLAMM ou les Catalans d'ALIMENT mais également des sonorités heavy métal à l'ancienne (MOTORHEAD, VENOM...). Si le groupe a véhiculé une image un peu médiévale (les pochettes des premiers EP en attestent), leur musique sent pourtant plus le cambouis des garages obscurs.  Pour notre plus grande surprise, l'album ne démarre pas pied au plancher. "Pinnacle of Ectasy" s'ouvre sur une longue intro de synthé un peu rétro et inquiétant. Au bout d'une 1min30, la batterie frénétique, le chant rageur de Mac Kennedy et les gros riffs explosent. Porté par une production brute, le son de POISON RUIN est parfaitement en place. POISON RUIN enchaine les uppercuts : "Tome Of Illusion" ou "Torture Chamber". Sur ces deux titres, les Américains intègrent à leur punk rugueux quelques solos métal bien sentis. L'introduction du titre éponyme Härvest sonne comme une respiration, une sorte d'interlude au piano. Mais le naturel revient vite au galop. La batterie martiale et la basse vicieuse lancent avec maestria un morceau au refrain accrocheur (un drôle de mélange de Joey Ramone et de Lemmy). Expérimental et psychédélique,"Frozen Blood" semble avoir été enregistré au fin fond d'une cave. Plus heavy-métal, "Resurrection II" fait la part belle aux riffs vertigineux et aux hurlements de Mac Kennedy. Le changement de label et la signature chez Relapse Records n'a semble-t-il pas dénaturé le son de POISON RUIN volontairement lofi. "Bastards Dance" dégage une énergie folle qui donne envie de pogoter dans sa cave. Le quatuor de Philadelphie termine par un ultime contrepied : "Slowly Through the Dark" est un titre totalement instrumental, assez lent, mélangeant avec réussite synthé et guitares.

 

Si vous recherchez un album qui va explorer de nouveaux territoires musicaux, passez votre chemin. En revanche, si vous aimez le punk tendu et bruyant, POISON RUIN vient de livrer un des meilleurs albums du genre pour l'année 2023

Mr Caribou

 

Titre préféré :                    Härvest

 

https://poisonruin.bandcamp.com/album/h-rvest

https://www.poisonru.in/

 


lundi 10 avril 2023

tRuckks - Funambule Carnage

 


tRuckks - "Funambule Carnage"


 La sortie d'un nouvel album du furieux quatuor tRuckks devrait nous mettre en joie tant leur mélange de noise rock / métal / math-rock / post-rock a fait des prouesses depuis leur début en 2015. Hélas, cette édition, uniquement au format numérique, marque la fin de l'aventure pour le groupe de Vesoul. Après 8 années riches en expériences et un dernier concert donné sur leurs terres, tRuckks a décidé de se séparer et se consacrer à d'autres projets. Et nous laisse en guise d'au revoir un magnifique dernier album nommé poétiquement "Funambule Carnage". tRuckks symbolisera la fulgurance et la précocité. Pour rappel, les quatre fougueux n'étaient que des adolescents de 14 ans quand ils ont monté ce groupe de noise-rock chanté en français. Car le choix de jouer une musique inspirée par des groupes anglo-saxons dans la langue de Molière a fait toute la singularité du groupe. Sans parler de la palette vocale de Leny dont la voix grave et changeante a impressionné dès les débuts. 


On retrouve d'emblée ce chant guttural sur l'inaugural "Brûler" décrivant une ambiance de fin de monde. La puissance de feu de tRuckks est intacte dès ce premier titre truffé de changements de rythme. Le quatuor accélère encore la cadence sur "Poli", véritable petite bombe punk à l'énergie débordante. Un titre expéditif (1min30) au refrain accrocheur, à siffler sous la douche. tRuckks renoue avec des structures plus complexes sur le morceau éponyme "Funambule Carnage". Soutenu par une basse bondissante, "Funambule Carnage" commence presque gentiment. Mais rapidement, les riffs se font plus lourds et le chant plus agressif. Après un pont faisant la part belle aux sons dissonants et aux ambiance tribales, le titre renoue avec un son plus lourd et énergique. Au passage, notons que cet album a le chic pour faire écho à l'actualité brulante. Peut-être n'était-ce pas le but mais on ne peut s'empêcher de penser au chaos urbain des dernières semaines (ça détonne, ça klaxonne", "les ordures qui s'entassent") ou encore à notre président monarque ("Regardez-moi, je suis là-haut, et malgré moi, je suis le roi"). Plus post-rock "Ne plus croire aux arbres" peut faire penser à TOTORRO. L'intensité y est grandissante et se clôture finalement, et c'est l'art du contre-pied de tRuckks, sur un gros riff tranchant. tRuckks renoue avec l'urgence sur "Banzai" sans perdre pour autant son goût pour les saccades. "Mystère" et ses 6 minutes montre un autre versant du quatuor. Un titre très expérimental et sonique marqué par les questions existentielles de Leny dont le chant plaintif et flippant nous scotche. Difficile d'embrayer après un morceau si riche et intense, mais tRuckks a de la ressource. Et montre sur "Encore la même" sa capacité à changer de direction passant du punk-rock au métal en passant par le krautrock en moins de 4 minutes. Après une telle débauche d'énergie, il fallait bien une petite respiration acoustique "Crépuscule" histoire de recharger les batteries et repartir pied au plancher. "Magnifique Journée" mélange avec réussite breaks et lourdeur. Et manie également l'ironie car si le ciel est dégagé, les vautours rodent. Du 100% tRuckks dans le texte et le son. Cet ultime album se conclut par une longue pièce de 7 minutes "Delirium" qui met en exergue toute la palette musicale du groupe de Vesoul. Après un début à la JEAN JEAN, une première rupture noisy s'opère. Après un bref retour au calme, "Delirium" monte de nouveau en puissance, se faisant plus bruyant. Mais le quatuor nous réserve une dernière surprise. Le déluge sonore et les larsens laissent finalement place à Gilles Deleuze et ses questionnements sur l'acte de création. Un final remarquable pour un album qu'il l'est de bout en bout.

 

 "Funambule Carnage", qui aurait mérité une distribution physique, restera une référence de noise-rock en français. Même s'il est regrettable en tout cas que le groupe n'ait pas bénéficier d'un plus grand soutien populaire, tRuckks aura marqué les esprits. Et si leurs performances scéniques nous manqueront, nous nous consolerons à l'écoute de leurs deux albums et de leur premier EP. 

 

Mr Caribou

 

Meilleur titre :                   Mystère

 

https://truckks1.bandcamp.com/album/funambule-carnage



lundi 20 février 2023

WuW - L'Orchaostre

 


WuW - L'Orchaostre

Pelagic Records

 

WuW est un duo parisien devenu incontournable sur la scène post-métal hexagonale. Les frères Colin (Benjamin & Guillaume) sont de retour avec un 3eme album volcanique nommé "L'Orchaostre". Composé de 5 longues pièces d'une durée moyenne de 8 minutes, ce nouveau LP fait une nouvelle fois la part belle aux lentes montées soniques et aux ambiances pesantes. Mélangeant post-rock, doom, drone ou encore free jazz, WuW nous livre une musique instrumentale exigeante mais jamais ennuyeuse. 


S'ils ne sont que deux, la palette des sons et des instruments est large. L'introduction à la DARKTRHONE du morceau d'ouverture "Orchaostre 1" en est un parfait exemple : guitare acoustique mélancolique, bruit de vent, violoncelle, drone angoissant. Puis, la batterie fait son entrée en matière et la machine WuW se met en route en enchainant les riffs bien lourds. Mais également en réservant son lot de surprises avec l'utilisation de synthés et de guitares aigües rappelant le meilleur de JOHN CARPENTER. On pensera à nouveau au génial réalisateur / compositeur américain ou à the LORD, le nouveau projet de Greg Anderson, sur "Orchaostre 2". Les bourdonnements indus en début de titre laissent la place ensuite à un son plus heavy. Cette belle machine de guerre est perturbée pour notre plus grand plaisir par des intrusions de guitares criardes ou à l'inverse par de délicieux arpèges dans les moments d'accalmie. WuW poursuit cette bande son de l'apocalypse avec le massif et lourd "Orchaostre 3", titre au tempo assez lent qui voit les sons électroniques se faire plus discrets. Le post-métal de la fratrie Colin tape une nouvelle dans le mille sur "Orchaostre 4". Les riffs saignants se fondent à merveille avec les nappes de synthé planantes. La section rythmique, notamment la batterie martiale, impressionne. WuW conclut avec le complexe "Orchaostre 5". Cet ultime titre à la tension grandissante se termine en toute logique dans le chaos et un déluge de décibels.

 

Tout en maitrise, WuW nous délivre avec cette 3ème production une pépite post-métal. "L'Orchaostre" est un sacré voyage sonore, un album hypnotique à écouter d'une seule traite. 

 

Mr Caribou

 

Titre préféré :                    Orchaostre 2

 

https://wuwmusic.bandcamp.com/album/lorchaostre


lundi 23 janvier 2023

HANRY - Panorama

 


HANRY - Panorama

Morning Crash Records

 

Passé en dehors de nos radars en fin d'année 2022, le nouveau collectif rennais HANRY mérite pour autant toute notre attention. Composé de six musiciens, HANRY maitrise parfaitement tous les codes du post-rock à la MOGWAI ou EXPLOSIONS IN THE SKY. "Panorama", leur premier EP, est un parfait mélange de lentes montées délicates et de passages plus tendus.

 

Le premier titre "Cavale" est le morceau le plus direct. Le combo gagnant riff lourd / nappes de synthé laisse la place à des guitares cristallines et des notes de piano. Et inversement. Une réussite pour cette pépite dans la pure tradition MOGWAI dernière période. La force d'HANRY est d'enrichir son rock instrumental de sonorités électroniques planantes. C'est le cas notamment sur "Un Temps Perdu" qui rappelle JEAN JEAN de l'album "Froidepierre". "Brouillard Asphalte", titre de 6 minutes, varie à merveille les ambiances. Après une introduction un peu angoissante et cinématographique, les guitares bruyantes et les synthés atmosphériques prennent le relais. La basse un peu rugueuse y fait également des étincelles dans les passages les plus intenses du morceau. On apprécie également pendant les accalmies l'utilisation de guitares acoustiques. "12 Horizons" qui passe de l'ambient au post-rock plus traditionnel clôture parfaitement ce premier EP.

 

HANRY est un nouveau nom à retenir sur la scène post-rock française. Espérons que les Rennais transforment l'essai en 2023 avec un premier album.

 

 

 

Mr Caribou

 

Titre préféré :                                   Cavale

 

https://hanry.bandcamp.com/album/panorama

https://www.facebook.com/hanry.music



jeudi 29 décembre 2022

dimanche 6 novembre 2022

THE BOBBY LEES - Bellevue

  


THE BOBBY LEES - Bellevue

Ipecac Records

Signé sur Ipecac Records, le label du cultissime Mike Pattonthe BOBBY LEES pourrait rapidement devenir la nouvelle sensation punk-garage US. Et il faut bien avouer que ces jeunes Américains hyperactifs (3 albums et quelques EP en 5 ans d'existence) sont impressionnants. Leur punk teigneux tendance riot grrrl est d'une redoutable efficacité. The BOBBY LEES c'est avant tout une guitariste-chanteuse, Sam Quartin, très charismatique. A l'origine de la création du groupe en 2017, sa voix rageuse fait incontestablement la force du quatuor basé désormais à Woodstock. 


La minute trente du titre d'ouverture "Bellevue" donne le ton. Démarré pied au plancher, on a affaire à du pur rock'n'roll minimaliste débordant d'énergie. Une furie, une rythmique speed, un solo de guitare et un chant criard qui font un peu penser aux Australiens de AMYL AND THE SNIFFERS. Passé cette entrée en matière sauvage, the BOBBY LEES montrent une autre facette de son talent avec Hollywood Junkyard. Moins linéaire, le morceau prend le temps de s'installer. L'entame est marquée par un chant chuchoté, une basse groovy, des guitares dissonantes et un tempo plus lent. Mais les quatre furieux accélèrent subitement la cadence et livre un final tendu et jouissif. Le naturel revient vite au galop pour les Américains de retour aux fondamentaux punk sur l'abrasif "Ma Likes To Drink". La basse endiablée en introduction, le gros riff bien gras et les hurlements de Sam Quartin donnent immédiatement envie d'en découdre et de pogoter dans son salon. La tension est toujours de la partie sur "Death Train" jalonné d'étonnants roulements de caisse claire et de solos de guitare stridents. Après une telle débauche d'énergie, les Américains rangent provisoirement les guitares au placard sur le surprenant "Strange Days". Le titre fait la part belle à un piano basique et répétitif. L'interprétation assez sensuelle de Sam Quartin y fait des merveilles. The BOBBY LEES enchaine ensuite les petites bombes rock'n'roll ("Dig Your Hips", "Have You Seen A Girl", "In Low") qui dépassent rarement les deux minutes. "Little Table" montre toute la palette vocale de Sam Quartin. Les couplets aux ambiances soul alternent avec des refrains plus teigneux. Les guitares tranchantes de "Monky Mind" se fondent à merveille avec un piano sautillant et jazzy. Après un passage vers une country musclée "Be My Enemy", the BOBBY LEES conclut "Bellevue" par un instrumental expéditif. Un ultime titre aux sonorités légèrement western, une sorte de CALEXICO survitaminé.

 

Porté par la voix de Sam Quartin, the BOBBY LEES signe un excellent troisième album à l'indéniable esprit punk. Une musique mordante et sans fioriture à l'énergie communicative.

 

Mr Caribou

 

Titre préféré :                                   Ma likes to drink

 

https://thebobbylees.bandcamp.com/album/bellevue

https://www.facebook.com/TheBobbyLees/