mercredi 29 janvier 2025

Interview - Johnnie Carwash

En fin d’année dernière, avec Mr Caribou nous rencontrions l’un de nos coups de cœur en la personne de Johnnie Carwash. Le groupe était en tête d’affiche de l’anniversaire des 11 ans du Jokers. Rencontre avec ce trio très sympathique pour parler de leur dernier opus, de Johnny Mafia, de More Women On Stage, de Lyon, de la Chine… De tout plein de choses !

 

@_aaronbenjamin



Hello les Johnnie Carwash, pouvez-vous nous présenter le groupe ?

Bastien : On vient de Lyon, le groupe existe depuis 2018. On jouait déjà dans d’autres groupes ensemble avant mais, notre manager, qui jouait avec nous aussi, ne veut pas qu’on le dise (rires). Ce n’était pas des groupes qui ont tourné, plutôt des projets amateurs. Avec Johnnie Carwash on a deux EPs et donc, deux albums.

 

Vous êtes sur Howlin’ Banana, comment ça s'est fait ?

Manon : On avait repéré depuis un moment qu'ils faisaient des groupes qu'on aimait bien, donc forcément on s'était dit ça serait super. Je crois qu’on avait envoyé un mail mais sans réponse. Et après, on a rencontré les Johnny Mafia, Fabio a envoyé un message directement à Tom et aussi à Touano de Th Da Freak. Donc c’est du copinage ! (rires)

 

Vous êtes proches de Johnny Mafia ?

Manon : Oui on est fan, c'est une petite scène, on se sent affiliés, en tout cas proches d’eux et de plein d’autres groupes de la scène française. Tout ce qui n'est pas sur Howlin Banana, on ne recommande pas ! (rires)

Vous jouez d’ailleurs ensemble la semaine prochaine à la soirée de Johnny à Tours !

 

Cette idée de nom de groupe c'est venu d'où ?

Bastien : Parce que ça sonnait bien surtout, puis à l’époque on répétait dans un petit local à côté d’un carwash (une station de lavage) sur un terrain vague.

 

Par rapport aux deux albums, on a l'impression que le deuxième est un peu un petit frère, il est dans la continuité je trouve, mais en mieux. C'était un parti pris d'être dans la continuité ?

Bastien : C'est naturel. Il y avait zéro calcul. Il a été composé sur une période de temps vachement plus ramassée que le premier. Il y avait juste un morceau qu'on n'avait pas eu le temps d'enregistrer pour le mettre dans le premier album, mais sinon c'était que des nouveaux morceaux.

Manon : C'était très rapide en fait. On sortait le premier album, et, en fait, on tournait un an puis juste un an après on enregistrait déjà le deuxième. Et je pense qu’on était encore dedans.

Il est peut-être un peu plus nerveux encore…

Maxime : On joue plus vite, plus rock et on chante plus haut ! (rires)



 


Vous l'avez enregistré où ?

 C'était à Vega Studio qui est à Carpentras. On y est allé avec notre ingé son Romain qui avait fait l'album précédent et le EP.

Et comment s’est fait ce choix de studio ?

Bastien : C'était justement Romain qui avait fait une liste. On avait quelques exigences : qu'il puisse venir avec nous, qu’il y ait une belle pièce pour pouvoir prendre une belle room pour la batterie, qu'on puisse enregistrer tous les trois dans la même pièce aussi et un peu de backline. Qu’on puisse y dormir aussi.

On y a passé dix jours et c'était vraiment que pour les prises. On n'a même pas commencé à mixer un tout petit peu. Le mix on l'a fait hors du studio.

Tous vos morceaux étaient prêts en arrivant ?

Manon : Ouais. Prêts mais très frais. On a juste changé quelques paroles au dernier moment. Pour le premier album on avait déjà joué des chansons sur scène. Certaines dataient depuis longtemps. Alors que là, celui-là, on l'a composé et on l'a enregistré direct derrière. Du coup, c'est vrai que c'était frais, on n'avait jamais joué certaines chansons sur scène. Donc c'était… différent parce qu'on avait moins de maîtrise sur ces morceaux quand on les a enregistrés.

Maxime : Et on avait très peu de recul et, du coup, après pour le live, on a même réarrangé quelques morceaux en se disant « ouais mais là en fait, il ne fallait pas faire ça, on va changer des choses » alors qu'on ne faisait pas ça avant parce que les chansons on les jouaient beaucoup.

Bastien : Mais par contre ce qui est commun à chaque enregistrement qu'on a fait c'est que quand on arrive on a tout préparé. On sait à peu près ce qu'on va faire dans les très grandes lignes. On a très peu de marge de manœuvre parce le temps de studio est très cher. On est là, on doit interpréter les morceaux au mieux possible.

 


 L'artwork, c'est vous qui l'avez fait ou quelqu’un s’en est chargé, vous lui avez laissé carte blanche ?

Bastien : Un petit peu des deux, on bosse avec Margaux (https://www.instagram.com/margooodino/)  depuis le début du groupe. C’est une amie à nous. Elle a fait pas mal de pochettes.

Manon : Elle a fait la pochette du deuxième EP, des deux albums, elle fait tout le merch, elle a fait des clips animés, les visuels de l'annonce de tournée… C'est toute notre identité graphique qui repose sur elle. C'est vrai qu'on lui donne souvent carte blanche et ça matche tout de suite en fait.

Là on avait une idée, juste un truc à la « où est donc Charlie ? ». Et puis après on l'a laissé faire et ça été super. Il y avait beaucoup de monde et des petites scénettes.

 

Il est assez marqué visuellement en fait on le repère tout de suite.

Bastien : Ça faisait quelques temps qu'elle s'était mise à la peinture à l'acrylique. La pochette d’avant a été faite au feutre. On voulait absolument qu’elle le fasse à l’acrylique parce qu’on trouvait ça trop canon. Elle l’a faite sur une grande toile qu’elle va d’ailleurs exposer.

Les prochaines sorties seront avec elle aussi ?

Ah ça on ne sait pas, tout reste ouvert.

 




Au niveau des compositions, comment créez-vous un morceau ?

Bastien : Souvent c'est Manon qui arrive avec une idée, des paroles, une base.

Manon : après je leur montre en répète et là chacun pose sa partie, parce que je ne sais pas poser la basse ni la batterie. Et ensuite on compose le morceau avec les différentes parties, les ponts. On le crée vraiment à trois.

Et les paroles sont déjà là ?

Manon : En partie. Sur cet album on a quand même pas mal coécrit avec Bastien. Souvent J’ai une bonne idée d’une partie du texte. Parfois j’ai des idées mais je n’arrive plus à aller au bout et Bastien prend le relais. Je lui explique ce que je veux et il arrive à l’exprimer, et ça c’est chouette, c’est vraiment une collaboration.

 

Au niveau des thèmes qu'est-ce qui t'inspire ?

Manon : Comme tout le monde : la vie. Sur cet album, c'est beaucoup l'amitié. Je pense que le fait d'avoir tourné ensemble tous les trois, on avait une nouvelle vie, tes amis que tu as d'habitude tu les vois beaucoup moins, ils vivent leur vie de leur côté, tu te sens un peu à part, en décalage. Des trucs comme ça quoi.

Finalement quand on regarde, ça parle un peu d'anxiété mais c'est en décalage avec la musique qui est plus fun et enjouée.

Tout à fait. On veut transformer les choses un peu tristes avec le sourire.

Vous êtes assez jeunes, mais vous jouez une musique d’inspiration années 90, comment on est amené à jouer ce style de musique, quelles sont les influences ou est-ce que c'est la famille, les parents, les amis, internet… ?

Bastien : Moi l'anecdote personnelle : j'ai découvert le rock avec mes cousins. Il y en avait un qui était batteur, l’autre était guitariste et ils m'ont joué du ACDC. J'avais treize piges, j'ai attendu un petit peu et je me suis mis à jouer de la basse. Le rock c'était une obsession, la saturation, la batterie, tout quoi !

Manon : Moi mes parents ont toujours écouté du rock, il y avait ACDC mais ils écoutaient moins Nirvana, alors que moi, j'aimais bien. Alors j'essaie de savoir comment j'ai découvert mais c’est peut-être par des camarades, des gens à l'école. Je sais que c'est la musique qui me parlait le plus, je ressentais quelque chose. Plus que Bernard Lavilliers, que j'aime beaucoup hein (rire), mais que mon père écoute beaucoup. On salut Bernard d’ailleurs (rire).

Maxime : Mes parents, c’était les années 80 donc Queen, Scorpions… Mais ce n'est pas ça qui m'a le plus influencé, en fait, c'est plus mon grand frère qui écoutait Blink 182 et SUM 41. Après, j'ai fait de la batterie et du coup, pareil mon frère faisait déjà de la guitare électrique, donc on reprenait tous les ACDC à l'école de musique, je faisais l'atelier rock et on ne faisait que des reprises des Red Hot ou de Nirvana. Franchement c'est trop cool de taper, de faire de la batterie, c’est un défouloir, c'est trop cool, même physiquement.

Manon : Même si le rock a arrêté d’être mainstream ça ne s’est jamais arrêté non plus. Il y a beaucoup de groupes qu’on peut citer parfois et que les gens ne connaissent pas parce qu’ils sont dans un petit cercle mais en fait c'est trop bien. Et ils nous ont inspirés ces groupes là.

 




Sur Lyon je pense qu'il y a pas mal de de salles où vous pouvez jouer.

Bastien : Oui, il y en a plein.

Maxime : Moi, je dénonce, mais je trouve qu’il y en a de moins en moins je trouve. Sur Lyon ça a tendance à baisser un peu ces dernières années je trouve. En termes de lieux vraiment intermédiaires il y a le Farmer qui a fermé, le Groom qui programme nettement moins…

Manon : Mais est-ce que ce n’est pas lié parfois aux assos, parce qu’il y a des gens qui créent des assos et ils aiment le rock, l’Indie-Rock. Ils se bougent et peut-être que, parfois, ces gens-là ils arrêtent et il faut que ça bouge, que ça revienne.

 

Et vous tournez beaucoup avec le groupe ?

Bastien : On joue à peu près tous les weekends.

Vous avez un statut d'intermittent ?

Maxime : Oui, on a fait des grosses années à 70 concerts, ça c'était cool, et des plus faibles à 43 concerts.

Vous avez tourné en Allemagne d’ailleurs je crois ?

Manon : Oui, on a fait une petite tournée en Allemagne en octobre dernier et on va y retourner en février. On est partis en Chine aussi pour quelques dates. Il y avait un partenariat avec l’institut français. Plusieurs groupes français étaient programmés, Voyou par exemple, mais on ne les a pas croisés. Nous, on a joué avec des groupes chinois et c’était vraiment super.

Les réactions du public étaient les mêmes ?

Manon : C’était plus sage mais c'était peut-être le contexte aussi.

Bastien : Après, c'était des scènes de fêtes de la musique donc très familiales, forcément en extérieur avec beaucoup de passage. Donc pas forcément un public venu pour nous. Par contre il y avait beaucoup, beaucoup de photos à la fin des concerts, beaucoup de gens qui voulaient en prendre avec nous.

 

Les filles dans la musique, tu es sensible au mouvement More Women On Stage comme Pogo Car Crash Control ?

Manon : C’est d’ailleurs elle qui l'a lancé. Je m'identifie totalement aussi, mais pas que moi, eux aussi (en montrant Maxime et Bastien). C'est super bien ce qu'elle a fait et ce qu'elle a lancé. Et maintenant ce serait bien que les salles suivent aussi. Dans une programmation, on met peut-être plus de groupes avec des filles mais peut être aussi plus de techniciennes parce qu’on n’en voit pas souvent finalement. Il faut continuer à représenter pour qu'en fait, les filles qui sont dans le public, elles se rendent compte qu'elles peuvent le faire. Ça, c'est chouette et j'adore quand une fille me dit que c’est trop bien et qu’elle veut faire ça aussi, que ça lui donne envie. Et, en fait, c'est vrai que quand tu n’as pas de représentation, tu ne te dis pas que tu peux le faire, tu n'y penses même pas.

J’aime beaucoup voir des filles avec des instruments parce que c'est encore plus rare. Encore plus si elles ne chantent pas.

Maxime : quand j'étais en école de musique, il y avait autant de batteuses que de batteurs. Et il y a toujours eu une parité totale dans les élèves. Mais dans les dates que l’on fait, ça ne s'est pas retrouvé, pas dans le milieu professionnel en tout cas.

Manon : Je milite dans mes paroles, dans la musique, dans la représentation, dans le fait de souvent en parler aussi. Je n'ai pas lancé le mouvement, mais je le suis de très près. More Women On Stage est écrit sur la basse de Bastien. C'est quelque chose qui est très important pour nous, en tout cas dans les valeurs du groupe.

 

Est-ce que déjà vous pensez au troisième album ?

Manon : Il y a des envies déjà, mais pour l'instant, on est moins pressés que pour les deux premiers. On a envie de prendre plus de temps et plus de recul. Et on verra bien ce que ça donne.

Bastien : Dès qu'un album est fini, moi, en tout cas, j'ai besoin de passer à autre chose, on est content et très rapidement derrière on voit tous les défauts et les trucs qu'on veut faire. Donc on a hâte de pouvoir reprendre la parole, réenregistrer pour montrer une autre facette quoi.

Maxime : C'est le reflet d'un processus aussi, d'un moment. C’est dur de se projeter, on n'est pas du genre à se dire « bon on va faire comme ça ».

Et l'idée de faire des split avec d'autres groupes ?

Maxime : On a déjà eu cette idée. Ça ne s'est jamais réalisé parce qu'on fait tous des albums et qu’on n’a pas le temps.

Manon : On y pensait avec Johnny Mafia. Ça arrivera peut-être un jour mais ce n'est pas dans les priorités.

Bastien : ce n’est pas dans les priorités c’est sûr et même, on n’y pense très rarement à ce concept de split, ce n’est pas un truc qui est dans notre culture.

Manon : Non il faudrait que quelqu'un soit à l'origine de ça peut-être. Quelqu'un qui nous pousse, soit un label qui dise « j'ai trop envie de faire un split avec tel ou tel groupe, faîtes un morceau ». De nous-mêmes on n’a pas le réflexe.

 



Quelque chose m'intéresse c'est les Setlists. Est-ce que vous changez à chaque concert ou est-ce que vous avez une liste déjà établie ?

Maxime : On ne joue que les meilleures donc on joue tous les morceaux !

Manon : Non, on travaille beaucoup les setlists.  Actuellement on en a deux selon la durée du concert (45 ou 60 minutes). Mais une fois qu'elles sont fixées et qu'on les a bien travaillées alors on ne les change pas souvent parce qu'on a beaucoup réfléchi aux enchaînements et que c'est bien d'avoir des automatismes.

Il y a des morceaux que vous ne jouez jamais sur scène ?

Maxime : Oui, des morceaux qu’on ne joue plus.

Bastien : tous les morceaux qu’on a enregistrés on les a, à un moment, joués sur scène. À la base c'est que des trucs qui sont pensés pour la scène.

Maxime : Mais c'est vrai qu'il y en a qui disparaissent au fil du temps. Quand on a commencé le groupe on faisait des concerts de 21 minutes et, après, on nous a demandé trente, on faisait vingt-huit. Et là on nous a demandé quarante-cinq, on faisait trente-neuf. Et à chaque fois, c'était en rajoutant cinq morceaux. Maintenant on a le choix, c'est-à-dire qu'on nous donne soixante minutes et en vrai ça serait compliqué de faire beaucoup plus. On a le choix et on ne joue pas certains morceaux parce qu’on ne peut pas tout jouer.

Bastien : Il faut que la setlist soit cohérente. Et il y a des morceaux qui nous parlent peut-être moins aujourd’hui donc on a plus envie de les jouer.

 

Vous avez eu des très bons échos dans la presse…

Maxime : C'est un peu égoïste, mais la musique on l'a fait pour nous aussi à la base pour que ça nous plaise et après je pense que la démarche est bonne de faire quelque chose qui nous plaît et que ça parle à des gens. On ne peut pas plaire à tout le monde. Si ça plait déjà à quelques personnes, c'est super. Ça nous plaît à nous à la base. Franchement, après ce n'est que du bonus.

 

 

Est-ce qu'il y a un album coup de cœur ou un groupe qui voilà que vous avez hein Pas si,

Bastien : Facile, moi, ma réponse sans hésitation c'est 2024, année du dragon de Johnny Mafia, je l'ai trouvé incroyable, je l'ai poncé. Vraiment c’est énorme. Il y a vraiment un tournant dans le son, ils sont à leur top je trouve.

Maxime : Désolé les Johnny Mafia, mais moi j'ai j'aime tellement Johnny Mafia qu'à chaque fois qu'ils sortent un nouvel album, je suis tellement attaché à ce qu'ils ont fait avant que je n’arrive pas à aimer leur nouvel album. Et, 6 mois plus tard, je me dis c'est toujours aussi bien, c'est incroyable. C'est un sentiment bizarre d’accueillir à chaque fois leur nouvel album.

Manon : Avec Maxime on trouve que l’album de SIZ (Blind) est vraiment très bon. On l'a vu en live cet album il y a quelques jours et, franchement, c'était incroyable, prodigieux, magnifique, fabuleux, superbe !

Bastien : Fontanarosa, c’est un super groupe. En venant, on a écouté l’album d’Alvilda qui est super aussi.

 

 

Interview réalisée le 23 novembre 2024 par Mr Caribou et J. Newsovski


https://johnniecarwash.bandcamp.com/album/no-friends-no-pain

https://www.facebook.com/johnniebecool

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