En fin d’année dernière, avec Mr Caribou nous rencontrions l’un de nos coups de cœur en la personne de Johnnie Carwash. Le groupe était en tête d’affiche de l’anniversaire des 11 ans du Jokers. Rencontre avec ce trio très sympathique pour parler de leur dernier opus, de Johnny Mafia, de More Women On Stage, de Lyon, de la Chine… De tout plein de choses !
Hello les Johnnie
Carwash, pouvez-vous nous présenter le groupe ?
Bastien : On vient de Lyon, le
groupe existe depuis 2018. On jouait déjà dans d’autres groupes ensemble avant
mais, notre manager, qui jouait avec nous aussi, ne veut pas qu’on le dise
(rires). Ce n’était pas des groupes qui ont tourné, plutôt des projets
amateurs. Avec Johnnie Carwash on a deux EPs et donc, deux albums.
Vous êtes sur
Howlin’ Banana, comment ça s'est fait ?
Manon : On avait repéré depuis un
moment qu'ils faisaient des groupes qu'on aimait bien, donc forcément on
s'était dit ça serait super. Je crois qu’on avait envoyé un mail mais sans
réponse. Et après, on a rencontré les Johnny Mafia, Fabio a
envoyé un message directement à Tom et aussi à Touano de Th Da
Freak. Donc c’est du copinage ! (rires)
Vous êtes proches
de Johnny Mafia ?
Manon : Oui on est fan, c'est une
petite scène, on se sent affiliés, en tout cas proches d’eux et de plein
d’autres groupes de la scène française. Tout ce qui n'est pas sur Howlin
Banana, on ne recommande pas ! (rires)
Vous jouez
d’ailleurs ensemble la semaine prochaine à la soirée de Johnny à Tours !
Cette idée de nom
de groupe c'est venu d'où ?
Bastien : Parce que ça sonnait
bien surtout, puis à l’époque on répétait dans un petit local à côté d’un
carwash (une station de lavage) sur un terrain vague.
Par rapport aux
deux albums, on a l'impression que le deuxième est un peu un petit frère, il
est dans la continuité je trouve, mais en mieux. C'était un parti pris d'être
dans la continuité ?
Bastien : C'est naturel. Il y
avait zéro calcul. Il a été composé sur une période de temps vachement plus
ramassée que le premier. Il y avait juste un morceau qu'on n'avait pas eu le
temps d'enregistrer pour le mettre dans le premier album, mais sinon c'était
que des nouveaux morceaux.
Manon : C'était très rapide en
fait. On sortait le premier album, et, en fait, on tournait un an puis juste un
an après on enregistrait déjà le deuxième. Et je pense qu’on était encore
dedans.
Il est peut-être
un peu plus nerveux encore…
Maxime : On joue plus vite, plus
rock et on chante plus haut ! (rires)
Vous l'avez
enregistré où ?
C'était à Vega Studio qui est à Carpentras.
On y est allé avec notre ingé son Romain qui avait fait l'album
précédent et le EP.
Et comment s’est
fait ce choix de studio ?
Bastien : C'était justement Romain
qui avait fait une liste. On avait quelques exigences : qu'il puisse venir
avec nous, qu’il y ait une belle pièce pour pouvoir prendre une belle room pour
la batterie, qu'on puisse enregistrer tous les trois dans la même pièce aussi
et un peu de backline. Qu’on puisse y dormir aussi.
On y a passé dix jours et c'était
vraiment que pour les prises. On n'a même pas commencé à mixer un tout petit
peu. Le mix on l'a fait hors du studio.
Tous vos morceaux
étaient prêts en arrivant ?
Manon : Ouais. Prêts mais très
frais. On a juste changé quelques paroles au dernier moment. Pour le premier
album on avait déjà joué des chansons sur scène. Certaines dataient depuis longtemps.
Alors que là, celui-là, on l'a composé et on l'a enregistré direct derrière. Du
coup, c'est vrai que c'était frais, on n'avait jamais joué certaines chansons
sur scène. Donc c'était… différent parce qu'on avait moins de maîtrise sur ces
morceaux quand on les a enregistrés.
Maxime : Et on avait très peu de
recul et, du coup, après pour le live, on a même réarrangé quelques morceaux en
se disant « ouais mais là en fait, il ne fallait pas faire ça, on va
changer des choses » alors qu'on ne faisait pas ça avant parce que les
chansons on les jouaient beaucoup.
Bastien : Mais par contre ce qui
est commun à chaque enregistrement qu'on a fait c'est que quand on arrive on a tout
préparé. On sait à peu près ce qu'on va faire dans les très grandes lignes. On
a très peu de marge de manœuvre parce le temps de studio est très cher. On est
là, on doit interpréter les morceaux au mieux possible.
Bastien : Un petit peu des deux,
on bosse avec Margaux (https://www.instagram.com/margooodino/)
depuis le début du groupe. C’est une
amie à nous. Elle a fait pas mal de pochettes.
Manon : Elle a fait la pochette du
deuxième EP, des deux albums, elle fait tout le merch, elle a fait des clips
animés, les visuels de l'annonce de tournée… C'est toute notre identité
graphique qui repose sur elle. C'est vrai qu'on lui donne souvent carte blanche
et ça matche tout de suite en fait.
Là on avait une idée, juste un truc à
la « où est donc Charlie ? ». Et puis après on l'a laissé faire
et ça été super. Il y avait beaucoup de monde et des petites scénettes.
Il est assez
marqué visuellement en fait on le repère tout de suite.
Bastien : Ça faisait quelques
temps qu'elle s'était mise à la peinture à l'acrylique. La pochette d’avant a
été faite au feutre. On voulait absolument qu’elle le fasse à l’acrylique parce
qu’on trouvait ça trop canon. Elle l’a faite sur une grande toile qu’elle va
d’ailleurs exposer.
Les prochaines
sorties seront avec elle aussi ?
Ah ça on ne sait pas, tout reste
ouvert.
Au niveau des
compositions, comment créez-vous un morceau ?
Bastien : Souvent c'est Manon
qui arrive avec une idée, des paroles, une base.
Manon : après je leur montre en
répète et là chacun pose sa partie, parce que je ne sais pas poser la basse ni
la batterie. Et ensuite on compose le morceau avec les différentes parties, les
ponts. On le crée vraiment à trois.
Et les paroles
sont déjà là ?
Manon : En partie. Sur cet album
on a quand même pas mal coécrit avec Bastien. Souvent J’ai une bonne idée d’une
partie du texte. Parfois j’ai des idées mais je n’arrive plus à aller au bout
et Bastien prend le relais. Je lui explique ce que je veux et il arrive
à l’exprimer, et ça c’est chouette, c’est vraiment une collaboration.
Au niveau des
thèmes qu'est-ce qui t'inspire ?
Manon : Comme tout le monde :
la vie. Sur cet album, c'est beaucoup l'amitié. Je pense que le fait d'avoir
tourné ensemble tous les trois, on avait une nouvelle vie, tes amis que tu as
d'habitude tu les vois beaucoup moins, ils vivent leur vie de leur côté, tu te
sens un peu à part, en décalage. Des trucs comme ça quoi.
Finalement quand
on regarde, ça parle un peu d'anxiété mais c'est en décalage avec la musique
qui est plus fun et enjouée.
Tout à fait. On veut transformer les
choses un peu tristes avec le sourire.
Vous êtes assez
jeunes, mais vous jouez une musique d’inspiration années 90, comment on est
amené à jouer ce style de musique, quelles sont les influences ou est-ce que
c'est la famille, les parents, les amis, internet… ?
Bastien : Moi l'anecdote
personnelle : j'ai découvert le rock avec mes cousins. Il y en avait un
qui était batteur, l’autre était guitariste et ils m'ont joué du ACDC. J'avais
treize piges, j'ai attendu un petit peu et je me suis mis à jouer de la basse.
Le rock c'était une obsession, la saturation, la batterie, tout quoi !
Manon : Moi mes parents ont
toujours écouté du rock, il y avait ACDC mais ils écoutaient moins Nirvana,
alors que moi, j'aimais bien. Alors j'essaie de savoir comment j'ai découvert
mais c’est peut-être par des camarades, des gens à l'école. Je sais que c'est
la musique qui me parlait le plus, je ressentais quelque chose. Plus que
Bernard Lavilliers, que j'aime beaucoup hein (rire), mais que mon père écoute
beaucoup. On salut Bernard d’ailleurs (rire).
Maxime : Mes parents, c’était les
années 80 donc Queen, Scorpions… Mais ce n'est pas ça qui m'a le plus influencé,
en fait, c'est plus mon grand frère qui écoutait Blink 182 et SUM 41. Après,
j'ai fait de la batterie et du coup, pareil mon frère faisait déjà de la
guitare électrique, donc on reprenait tous les ACDC à l'école de musique, je
faisais l'atelier rock et on ne faisait que des reprises des Red Hot ou de
Nirvana. Franchement c'est trop cool de taper, de faire de la batterie, c’est
un défouloir, c'est trop cool, même physiquement.
Manon : Même si le rock a arrêté
d’être mainstream ça ne s’est jamais arrêté non plus. Il y a beaucoup de
groupes qu’on peut citer parfois et que les gens ne connaissent pas parce qu’ils
sont dans un petit cercle mais en fait c'est trop bien. Et ils nous ont
inspirés ces groupes là.
Sur Lyon je pense
qu'il y a pas mal de de salles où vous pouvez jouer.
Bastien : Oui, il y en a plein.
Maxime : Moi, je dénonce, mais je
trouve qu’il y en a de moins en moins je trouve. Sur Lyon ça a tendance à
baisser un peu ces dernières années je trouve. En termes de lieux vraiment
intermédiaires il y a le Farmer qui a fermé, le Groom qui
programme nettement moins…
Manon : Mais est-ce que ce n’est
pas lié parfois aux assos, parce qu’il y a des gens qui créent des assos et ils
aiment le rock, l’Indie-Rock. Ils se bougent et peut-être que, parfois, ces
gens-là ils arrêtent et il faut que ça bouge, que ça revienne.
Et vous tournez
beaucoup avec le groupe ?
Bastien : On joue à peu près tous
les weekends.
Vous avez un
statut d'intermittent ?
Maxime : Oui, on a fait des
grosses années à 70 concerts, ça c'était cool, et des plus faibles à 43
concerts.
Vous avez tourné
en Allemagne d’ailleurs je crois ?
Manon : Oui, on a fait une petite
tournée en Allemagne en octobre dernier et on va y retourner en février. On est
partis en Chine aussi pour quelques dates. Il y avait un partenariat avec l’institut
français. Plusieurs groupes français étaient programmés, Voyou par exemple,
mais on ne les a pas croisés. Nous, on a joué avec des groupes chinois et c’était
vraiment super.
Les réactions du
public étaient les mêmes ?
Manon : C’était plus sage mais
c'était peut-être le contexte aussi.
Bastien : Après, c'était des
scènes de fêtes de la musique donc très familiales, forcément en extérieur avec
beaucoup de passage. Donc pas forcément un public venu pour nous. Par contre il
y avait beaucoup, beaucoup de photos à la fin des concerts, beaucoup de gens
qui voulaient en prendre avec nous.
Les filles dans
la musique, tu es sensible au mouvement More Women On Stage comme Pogo Car
Crash Control ?
Manon : C’est d’ailleurs elle qui
l'a lancé. Je m'identifie totalement aussi, mais pas que moi, eux aussi (en
montrant Maxime et Bastien). C'est super bien ce qu'elle a fait et ce qu'elle a
lancé. Et maintenant ce serait bien que les salles suivent aussi. Dans une
programmation, on met peut-être plus de groupes avec des filles mais peut être
aussi plus de techniciennes parce qu’on n’en voit pas souvent finalement. Il
faut continuer à représenter pour qu'en fait, les filles qui sont dans le
public, elles se rendent compte qu'elles peuvent le faire. Ça, c'est chouette
et j'adore quand une fille me dit que c’est trop bien et qu’elle veut faire ça aussi,
que ça lui donne envie. Et, en fait, c'est vrai que quand tu n’as pas de
représentation, tu ne te dis pas que tu peux le faire, tu n'y penses même pas.
J’aime beaucoup voir des filles avec
des instruments parce que c'est encore plus rare. Encore plus si elles ne
chantent pas.
Maxime : quand j'étais en école
de musique, il y avait autant de batteuses que de batteurs. Et il y a toujours
eu une parité totale dans les élèves. Mais dans les dates que l’on fait, ça ne
s'est pas retrouvé, pas dans le milieu professionnel en tout cas.
Manon : Je milite dans mes
paroles, dans la musique, dans la représentation, dans le fait de souvent en
parler aussi. Je n'ai pas lancé le mouvement, mais je le suis de très près. More
Women On Stage est écrit sur la basse de Bastien. C'est quelque chose qui est
très important pour nous, en tout cas dans les valeurs du groupe.
Est-ce que déjà
vous pensez au troisième album ?
Manon : Il y a des envies déjà, mais
pour l'instant, on est moins pressés que pour les deux premiers. On a envie de
prendre plus de temps et plus de recul. Et on verra bien ce que ça donne.
Bastien : Dès qu'un album est
fini, moi, en tout cas, j'ai besoin de passer à autre chose, on est content et
très rapidement derrière on voit tous les défauts et les trucs qu'on veut faire.
Donc on a hâte de pouvoir reprendre la parole, réenregistrer pour montrer une
autre facette quoi.
Maxime : C'est le reflet d'un
processus aussi, d'un moment. C’est dur de se projeter, on n'est pas du genre à
se dire « bon on va faire comme ça ».
Et l'idée de
faire des split avec d'autres groupes ?
Maxime : On a déjà eu cette idée.
Ça ne s'est jamais réalisé parce qu'on fait tous des albums et qu’on n’a pas le
temps.
Manon : On y pensait avec Johnny
Mafia. Ça arrivera peut-être un jour mais ce n'est pas dans les priorités.
Bastien : ce n’est pas dans les
priorités c’est sûr et même, on n’y pense très rarement à ce concept de split, ce
n’est pas un truc qui est dans notre culture.
Manon : Non il faudrait que
quelqu'un soit à l'origine de ça peut-être. Quelqu'un qui nous pousse, soit un
label qui dise « j'ai trop envie de faire un split avec tel ou tel groupe,
faîtes un morceau ». De nous-mêmes on n’a pas le réflexe.
Quelque chose m'intéresse
c'est les Setlists. Est-ce que vous changez à chaque concert ou est-ce que vous
avez une liste déjà établie ?
Maxime : On ne joue que les
meilleures donc on joue tous les morceaux !
Manon : Non, on travaille
beaucoup les setlists. Actuellement on
en a deux selon la durée du concert (45 ou 60 minutes). Mais une fois qu'elles sont
fixées et qu'on les a bien travaillées alors on ne les change pas souvent parce
qu'on a beaucoup réfléchi aux enchaînements et que c'est bien d'avoir des automatismes.
Il y a des
morceaux que vous ne jouez jamais sur scène ?
Maxime : Oui, des morceaux qu’on ne
joue plus.
Bastien : tous les morceaux qu’on
a enregistrés on les a, à un moment, joués sur scène. À la base c'est que des
trucs qui sont pensés pour la scène.
Maxime : Mais c'est vrai qu'il y
en a qui disparaissent au fil du temps. Quand on a commencé le groupe on
faisait des concerts de 21 minutes et, après, on nous a demandé trente, on
faisait vingt-huit. Et là on nous a demandé quarante-cinq, on faisait
trente-neuf. Et à chaque fois, c'était en rajoutant cinq morceaux. Maintenant on
a le choix, c'est-à-dire qu'on nous donne soixante minutes et en vrai ça serait
compliqué de faire beaucoup plus. On a le choix et on ne joue pas certains
morceaux parce qu’on ne peut pas tout jouer.
Bastien : Il faut que la setlist soit
cohérente. Et il y a des morceaux qui nous parlent peut-être moins aujourd’hui
donc on a plus envie de les jouer.
Vous avez eu des
très bons échos dans la presse…
Maxime : C'est un peu égoïste,
mais la musique on l'a fait pour nous aussi à la base pour que ça nous plaise
et après je pense que la démarche est bonne de faire quelque chose qui nous
plaît et que ça parle à des gens. On ne peut pas plaire à tout le monde. Si ça plait
déjà à quelques personnes, c'est super. Ça nous plaît à nous à la base.
Franchement, après ce n'est que du bonus.
Est-ce qu'il y a
un album coup de cœur ou un groupe qui voilà que vous avez hein Pas si,
Bastien : Facile, moi, ma réponse
sans hésitation c'est 2024, année du dragon de Johnny
Mafia, je l'ai trouvé incroyable, je l'ai poncé. Vraiment c’est énorme. Il
y a vraiment un tournant dans le son, ils sont à leur top je trouve.
Maxime : Désolé les Johnny
Mafia, mais moi j'ai j'aime tellement Johnny Mafia qu'à chaque fois qu'ils
sortent un nouvel album, je suis tellement attaché à ce qu'ils ont fait avant
que je n’arrive pas à aimer leur nouvel album. Et, 6 mois plus tard, je me dis
c'est toujours aussi bien, c'est incroyable. C'est un sentiment bizarre d’accueillir
à chaque fois leur nouvel album.
Manon : Avec Maxime on trouve que
l’album de SIZ (Blind) est vraiment très bon. On
l'a vu en live cet album il y a quelques jours et, franchement, c'était
incroyable, prodigieux, magnifique, fabuleux, superbe !
Bastien : Fontanarosa, c’est
un super groupe. En venant, on a écouté l’album d’Alvilda qui est super
aussi.
Interview
réalisée le 23 novembre 2024 par Mr Caribou et J. Newsovski
https://johnniecarwash.bandcamp.com/album/no-friends-no-pain
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Votre avis :
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.