Nous avons eu la chance, avec Mr Caribou, de rencontrer Lysistrata au Chabada (Angers) il y a quelques jours. On parle de chance car le confinement a imposé l'arrêt des concerts dès le lendemain. La rencontre nous a permis de découvrir ce jeune groupe très simple et sans prise de tête qui prend les choses comme elles viennent et notamment dans l'urgence comme vous pourrez vous en rendre compte dans l'interview. La prestation scénique qui a suivi était tout simplement magique.
Il y a quelque chose
qui m’épate chez Lysistrata c’est que vous avez commencé à jouer super jeunes et dans un style très marqué…
Ben : Avec Théo on a commencé quand on
avait 15 ans. A l’époque c’était différent on était davantage dans un délire Trance
/ dub avec beaucoup de wah wah. On a découvert plein de choses depuis et on
s’est vraiment trouvé.
Et
quelles sont vos influences au départ pour que vous en arriviez aussi
rapidement à jouer ce que vous jouez ?
A l’époque
on avait découvert un groupe irlandais qui s’appelait And So I Watch You From Afar, on n’écoute
plus vraiment ça maintenant mais ce groupe nous a amené à découvrir plein
d’autres groupes et on s’est pas mal inspiré de ces sons-là Un peu
indirectement. On faisait des concerts et les gens nous disaient que notre
musique leur faisait penser à un autre groupe et ça nous a amené à découvrir
des groupes comme Don
Caballero, Drive like Jehu et la scène des
années 90.
Chaque groupe en amenant un autre, on s’est fait notre culture comme ça.
Chaque groupe en amenant un autre, on s’est fait notre culture comme ça.
Vous aviez la possibilité de jouer facilement sur
Saintes ?
En fait
quand on a commencé il y a 10 ans, ça bougeait plus culturellement, il y avait
plein d’assos, de subventions et, depuis quelques années, il n’y a plus
grand-chose. On a donc eu la chance de commencer avec cette aide-là, ce coup de
pouce.
On a aussi eu l’aide d’une fille qui s’appelle Blandine, qui avait un bar à Vénérand juste à côté de Saintes qui
s’appelle l’Ogre Rouge, un bar associatif
qui faisait jouer des groupes d’un peu partout en France, elle travaillait avec
Charles de Jerkov, qui est devenu depuis notre tourneur.
Vous
aviez gagné un tremplin aussi à vos débuts ?
On avait
fait une première démo quand on n’avait même pas un an d’existence, ça s’écoute
encore sur Bandcamp c’est rigolo. Ensuite on a enregistré une sorte de premier
album/EP et là on n’avait pas signé avec qui que ce soit : label,
tourneur… On a enregistré un autre EP ensuite car on a gagné un tremplin. En
fait on n’aime pas trop parler de ce truc là … A la base on ne voulait pas le gagner.
Max :
On a même demandé à ne pas le gagner pour ne pas que ça nous colle à la peau.
C’est aussi le truc de la compétition, on n’est pas trop dans cet esprit-là,
c’est de la musique qu’on fait.
Comment s’est faite la rencontre avec Vicious Circle ?
On a rencontré
Philippe aux Transmusicales en 2016,
il est venu nous voir à la fin du concert pour nous dire qu’il adorait ce qu’on
faisait. Il nous a dit qu’il était chaud pour faire un album avec nous. Donc
avant même qu’on gagne le tremplin Ricard on devait déjà faire un disque avec Vicious.
La
vitesse de diffusion a été très rapide, on a entendu parler de vous
partout !
Nous, on n’a
pas cette impression parce qu’on est dedans. Ce qui est plutôt bienveillant
c’est d’être avec des gens comme ça, très humains, on a aucune pression et une
liberté totale.
Le duo Guillaume / Philippe, ils sont
adorables, ils kiffent le son, ils ont sorti des groupes comme Chokebore, Shannon Wright, Girls against Boys… C’est un peu le Subpop français.
Ce qui est
marrant c’est qu’ils n’avaient pas sorti grand-chose avant de nous rencontrer,
ils étaient sur une période de pause, de démotivation, et suite à ça il y a eu
l’album de Shannon Wright, Troy Von Balthazar, Slift… ça les a
remotivés.
Quand on a
enregistré le deuxième album, Philippe
s’est déplacé, il a fait 4 heures de route pour nous voir et il est reparti
derrière. C’est pas le patron de label comme on peut l’imaginer avec ses
lunettes noires, c’est juste le mec cool et on avait besoin de ça.
D’ailleurs
où s’est passé l’enregistrement ?
Au black Box, pas loin d’ici
(NdDLR Angers), où
on avait fait aussi le premier avec Michel qui fait notre son aussi ce soir. Le prochain on ne
sait pas encore où on le fera, on a le projet de changer mais vraiment c’était
trop cool, au black box on s’y sent trop bien !
Quand tu
fais deux albums dans un même endroit tu as du mal à te dire que tu feras le 3ème
ailleurs. Pourtant il le faut pour évoluer.
Vous
pensez déjà au troisième album ?
On ne pense
pas à faire un album, on crée un peu tout le temps sans se donner d’échéances.
On ne se dit qu’on va faire un album pour telle date par exemple. C’est juste
qu’on a toujours des trucs qui traînent, en fait, on a du mal avec le fait de
stagner, de faire toujours les mêmes choses. Là, on arrive dans une période où
on se dit qu’il faut changer un peu la recette, c’est assez excitant, tu as
envie de tenter de nouvelles choses.
Avant on
tournait beaucoup et faire trop de concerts, on aime beaucoup ça mais c’est
quelque chose qui peut presque nuire à la façon de penser, à la façon d’être. En
étant sur la route tu as l’impression de n’être que là-dedans.
Par rapport
au dernier album qu’on a fait au Black Box, il a été fait dans l’urgence, on n’a
pas eu le temps de se poser, c’était vraiment extrême. Et on a maintenant envie
d’être davantage maîtres de ce qu’il se passe. L’idée c’est vraiment de
composer différemment. Et puis il y a tellement de trucs à faire, il faut se
renouveler.
Si je
comprends bien Breathe In / Breathe out a été composé sur la route
Il y a
beaucoup d’idées qui sont venues en balances et sur la route. On n’a pas
composé beaucoup de morceaux entiers, en fait, on n’a jamais eu le temps de se
poser et quand on est rentré on a tout assemblé et ça a fait l’album.
L’album est
sorti et, aussitôt après, on a rechangé les morceaux en concerts. On en parlait
récemment mais pourquoi pas faire un album live ? Avec des morceaux qui
ont bien évolués, certains sur albums font 6 min et en live 24, je crois que l’album
live pourrait bien nous représenter.
Ce qui
serait intéressant ce serait de composer les morceaux, les jouer en live et
ensuite les enregistrer parce qu’il se passe souvent beaucoup de temps et qu’il
y a ce truc un peu salaud de jouer des morceaux qui ne ressemblent plus
vraiment à l’album que les gens écoutent.
Est-ce
que vous attachez beaucoup d’importance aux visuels ? Les pochettes par
exemple ?
Il n’y a pas
de codes spécifiques hormis se laisser inspirer. Je sais que le premier je l’ai
un peu fait dans l’urgence avec Théo.
On a fait des croquis, des collages et puis à un moment donné je n’avais plus d’idées
du tout. J’écoutais l’album en boucle et mon père m’a dit "viens on va aller
faire un tour", on est allé dans un silo à Saintes, c’est un endroit où il y a
plein de de fenêtres brisées et j’ai pris plein de photos. Le soir même j’ai
fait un truc, c’est sorti d’un coup. On s’est dit que c’était spontané que ça
représentait bien l’album.
Pour le
deuxième c’est pareil, c’est ma copine qui a pris la photo et je lui faisais
écouter les mises à plat et c’est sorti de façon très spontanée.
La pochette
du dernier album, elle est vraie parce que je l’associe à cette période du
studio, c’était à l’arrache, on suffoquait réellement et, quand avec Max on a vu la photo que
Ben nous avait envoyé, ça a pris vraiment du sens. L’urgence, la suffocation, des
personnes qui sortent la tête de tout ça pour respirer.
Le nom est
venu de lui-même, à l’arrache aussi, tout comme les paroles qui sont venues dans
le stress.
Entre
les deux albums vous avez monté votre label Grabuge Records…
Max :
On croisait beaucoup de groupes sur la route et l’idée est venue avec les tRucKKs. On était assez
proches d’eux, on les a invités sur notre release party à Bordeaux. On a pris
une grosse claque quand on les a vus, musicalement et humainement. Ils n’avaient
ni tourneur ni label. On s’est dit qu’on allait essayer de les aider, on les a
rapprochés de notre tourneur mais ça n’a pas pris alors on s’est dit qu’on
sortirait leur EP.
Moloch, c’est venu par hasard. On avait une page facebook pour le
label et Mike, qui
est aussi le batteur d’Equipe
de Foot, a commenté notre
page en disant qu’il avait un album sur son disque dur depuis 2 ans. On lui a
dit vas-y envoie ! L’album est hyper beau et on a pris une grosse claque.
Guru Guru
c’est en coprod avec Luik
Records, le label
des It It Anita avec qui on est
super potes et on est super heureux d’avoir participé à cet album.
Vous
avez beaucoup tourné, l’endroit le plus fou où vous êtes allés ?
On a
beaucoup tourné en Europe, en Allemagne notamment, Au Canada aussi. Après c’est
tellement différent partout… En Asie c’était fou, on a joué dans un festival de
musique traditionnelle au Vietnam, deux jours plus tard on était à Djakarta
puis à Kuala Lumpur et là-bas c’est surprenant mais ils sont à fond Fugazi. En
Chine tu sens les gens coincés, une peur générale. Plus le régime est violent
et plus la réaction musicale l’est aussi.
C’est
quoi votre format de concert préféré ?
On est
plutôt Clubs, ce qu’on aime c’est de ne jamais faire la même chose. On a joué
aux Vieilles Charrues et quelques
jours avant on était dans un petit village dans le sud sur une place en plein
après-midi avec des gens assis autour. C’était deux expériences totalement
différentes et on aime bien ce contraste, ça aide à garder les pieds sur terre.
On a
entendu parler d’une collaboration avec François d’Atlas Mountain…
Oui on
travaille sur un projet ensemble.
Dans
quel style ?
C’est un peu
de la chanson, un peu un mélange des deux… On ne veut pas révéler le contenu
pour l’instant.
Ça fait un
truc qui n’a presque rien à voir, on change même les instrus.
En fait on
vient de la même ville avec François,
lui avait plein de morceaux. Au final il y a des idées qui viennent de nous, de
lui
C’est
quelqu’un qui a beaucoup voyagé notamment en Afrique et qui s’en inspire.
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