REST UP –
Real Sensations
Le Cèpe
Records / Exag Records
On ne va pas
cacher très longtemps que Rest Up est l’une des nouvelles sensations sur
la scène indé française. Le jeune groupe Angevin, à peine sorti de l’adolescence,
s’est déjà fait remarquer il y a deux ans avec son deuxième EP It Was
Summer dont le mixage avait été réalisé par Daniel Fox
(Bassiste de Gilla Band). Peu après, le trio intègre l’Équipe Espoir du
Chabada (Angers), un tremplin qui lui offre expérience et mentorat - notamment
auprès Arnaud Fournier (Hint). Cet ensemble, couplé à leurs
performances scéniques, séduit Exag Records, label Belge sur lequel on
retrouve notamment La Flemme ou Druugg, et du Cèpe Records,
dont on connaît aussi très bien les groupes présents (Clavicule, We
Hate You Please Die, Gros Cœur, Servo…).
Un double sceau de qualité, qui dans le paysage musical actuel, vaut toutes les
recommandations.
Avec Real
Sensations, Rest Up signe un premier album d’une maturité
déconcertante. Onze titres en 38 minutes, une durée classique pour un album qui
est loin de l’être. La pochette, signée Marie Lesieur et Ivan
Chamaillard, assemble collages et éclats de verre en une mosaïque sobre et
intrigante, parfaitement à l’image de l’album : un collage d’influences et d’émotions.
L’enregistrement a été confié à Daniel Fox qui venait tout juste de
produire l’album explosif des Lambrini Girls et qui offre à ce disque un
son chirurgical.
Harmattan débute parfaitement avec une tension et une atmosphère qui
montent en puissance, un vrai morceau introductif et immersif vite repris par Too Late To Call qui rappelle l’énergie d’un
Lysistrata des débuts avant d’explorer un univers post-rock plus aérien
et de finir en défouloir punk. Un morceau vraiment détonnant. Et c’est Accutane qui s’impose comme le tube de l’album,
derrière les sons issus de machines qui deviennent vite oppressants, on sent l’urgence,
la tension et la fureur qui se dégagent. Le trio Angevin prouve qu’il maîtrise
l’art du contraste et sait se faire aussi mélodique comme en témoigne Damage qui démontre une belle maturité et
une écriture déjà aboutie
Cette
maturité qui permet à Rest Up d’explorer de nombreux paysages ce qui est
étonnant pour un premier album, je pense à Hold
Me Tight et son univers très marqué, très aérien, très beau. Les
vagues de guitare et les synthés appuient fort et leur musique est puissante et
touchante.
Là où la
plupart des premiers albums se laissent souvent guider par l’instinct, Rest
Up ose prendre son temps et poser ses morceaux : ils sont réfléchis et
structurés. Le trio puise chez ses références qu’elles s’appellent Blonde
Redhead ou Sonic Youth pour proposer des morceaux complexes mais aboutis
(Pol’s Guitar) ou Lysistrata
pour des défouloirs électriques (Real
Sensations). Se dégage aussi de Rest Up une face shoegaze
très maîtrisée sur des morceaux comme Weekend
Girlfriend, langoureux et poétique
ou Stall dangereusement
envoûtant.
Avec
Real Sensations, Rest Up livre un premier album d’une précocité rare et d’une
aisance qui force l’admiration. Un jeune groupe qui transforme ses influences
et les synthétise en un album remarquable aux multiples. Une vraie réussite.
J. NeWSovski
https://restuplads.bandcamp.com/album/real-sensations-2
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