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jeudi 13 octobre 2022

DIE ! DIE ! DIE ! - This Is Not An Island Anymore

 


DIE ! DIE ! DIE ! - This Is Not An Island Anymore

A Tant Rêver du Roi

 

Ces dernières années, plusieurs groupes bruyants venus des antipodes ont fait parler la poudre. On pense notamment à la scène australienne avec the CHATS ou CLAMM. Mais il y a environ deux décennies, les Néo-Zélandais de DIE ! DIE ! DIE ! avaient déjà défriché le terrain en proposant un punk-noise abrasif terriblement efficace. Après cinq ans sans donner signe de vie, le trio d'Auckland est de retour avec un septième album toujours aussi hargneux. Neuf titres bien produits, 25 minutes de haute intensité, "This Is Not An Island Anymore".

 

Toujours aussi agressive et électrique, la musique de DIE ! DIE ! DIE ! repose sur une basse vrombissante et rapide, une batterie infatigable et une guitare stridente. Mais ce qui fait surtout le sel du punk des Néo-Zélandais, c'est la voix haut perchée et criarde de Andrew Wilson. Le morceau éponyme qui ouvre l'album illustre parfaitement cette alchimie. Portée par une rythmique assez lente et répétitive, la guitare tranchante et les hurlements de Wilson donnent un côté très noise à cette première salve. Plus mélodieux malgré une tension persistante, "In Darren There" fait penser un peu aux Canadiens de METZ. Plus frontal et rageur "Losing Sight, Keep On Kicking" est une petite bombe noise-punk dont on ne sort pas indemne. Un titre très électrique à l'énergique débordante. Plus déstructuré mais tout aussi efficace, "8 Months in the Lighthouse" impressionne par ses ruptures et ses variations sonores : alternance de pure bruit et d'accalmies. Expéditif, "15 years" rentre dans le lard avec son riff tranchant. La voix de Wilson donne quant à elle l'impression de sortir d'un porte-voix. "Never Tire Looking At The Sun" amène DIE ! DIE ! DIE ! sur un terrain encore plus expérimental. Un étonnant mélange de larsens et de free-jazz marqué par un saxophone complètement déjanté. DIE ! DIE ! DIE ! n'offre aucun répit et l'album touche déjà à sa fin avec "IMAGINE Spending So Long Making Other Feel Like Shit", titre dévastateur qui se termine, et c'est la moindre des choses, dans un véritable déluge sonore. 



Après 20 ans d'activité, DIE DIE DIE ! reste une valeur sûre sur la scène punk-noise. Son septième album "This Is Not An Island Anymore" est une réussite truffée de pépites qu'il nous tarde d'entendre un jour sur scène. 

 

Mr Caribou

 

Titre préféré :                                   Losing Sight, Keep On Kicking


https://diediedie.bandcamp.com/album/this-is-not-an-island-anymore

https://linktr.ee/diediedie



vendredi 5 août 2022

CHAT PILE - God's Country


CHAT PILE - God's Country

Flenser

Après deux EP auto-produits très prometteurs, CHAT PILE vient confirmer tous les espoirs placés en eux avec un premier album de haute volée. A titre personnel, j'ai découvert le jeune groupe d'Oklahoma City à l'occasion d'un split très réussi avec les angoissants PORTRAYAL OF GUILT.

 

Pour situer le style musical du groupe, il ne faut surtout pas se fier au logo de la pochette de ce premier LP, estampillé death métal. Malgré quelques passages vocaux gutturaux et un son parfois très lourd lorgnant vers le métal, le quatuor s'apparente plutôt au noise-rock, au hardcore et à l'indus. Pour les rattacher à des références cultes, CHAT PILE est un savant mélange entre le métal industriel de GODFLESH (batterie électronique, basse vrombissante) et le post-hardcore de the JESUS LIZARD (mêmes hurlements). Le morceau d'ouverture "Slaughterhouse" illustre parfaitement cette parfaite synthèse et nous plonge rapidement dans une ambiance anxiogène. Construit sur un rythme mid-tempo, le titre fait la part belle aux riffs lourds et aux vociférations effrayantes du frontman Raygun Bush. La machine de guerre CHAT PILE est en route et accélère la cadence sur l'entêtant "Why" dont le slogan "Why do people have to live outside ?" est répété à l'envi. Pour un groupe ayant seulement vu le jour en 2019, CHAT PILE fait preuve d'une sacrée maturité et ne tombe jamais dans la facilité en livrant une musique sauvage et tendue. L'absence de solo sur ce premier album démontre par exemple cette exigence. Le quatuor sait également surprendre l'auditeur. "Pamela" par exemple voit la tension baisser d'un cran et les Américains intégrer quelques sonorités new wave. Mais la menace et les décibels font vite leur retour sur l'explosif "Wicked Puppet Dance". "Anywhere", plus mélodique et progressif, est immédiatement accrocheur avec son petit gimmick de guitare. L'artillerie lourde (grosse basse, batterie métronomique, chant agressif, riffs tranchants) est de retour sur les énergiques "Tropical Beaches Inc." ou "the Mask". Après un interlude un poil stressant "I Don't Care If I Burn", CHAT PILE conclut "God's Country" par une longue pièce de neuf minutes ("grimace-smoking-weed.jpeg") très expérimentale et chaotique.

 

Dans la torpeur de l'été, CHAT PILE vient tout simplement de frapper un grand coup avec ce premier essai. Un excellent premier album de noise-rock, puissant, éprouvant mais passionnant.

 

Mr Caribou

 

Titre préféré :                                   Anywhere

 

https://chatpile.bandcamp.com/album/gods-country

 



vendredi 10 juin 2022

DITZ - The Great Regression

 


DITZ - The Great Regression

Alcopop !

 

Si la scène post-punk anglaise reste très active avec des combos comme IDLES ou FONTAINE DC pour tête de gondole, un troisième larron, DITZ, pourrait mettre tout le monde d'accord avec le très réussi "The Great Album". Premier album de ce quintet venu de Brighton, les leurs premiers EP avaient justement particulièrement retenu l'attention de Joe Talbot, leader des IDLES. Si le phrasé briton du chanteur Cal Francis rappelle les deux groupes cités plus haut, le son abrasif et intense de DITZ fait plutôt écho aux Irlandais de GILLA BAND ou aux Canadiens de METZ. Le premier titre "Clocks" plante le décor. Si les guitares se font d'abord mélodiques, la basse vrombissante et le chant braillard prennent très vite le dessus. Un joli chaos avant une fin très apaisée. "Ded Wurst" mélange quant à lui avec classe boucles industrielles et grosses déflagrations soniques. "Summer Of The Dark" s'inscrit dans une veine plus classique mais demeure un très bon morceau post-punk noisy dans la pure tradition britannique. "Three" calme un peu le jeu avec ses guitares "ligne claire" avant d'exploser en vol en plein milieu avec ses nombreux breaks et ses riffs tranchants. The" Warden" est le parfait contre-pied du titre précédent : d'abord énergique et bruyant, le tempo se fait ensuite plus lent et se clôture par les doux chuchotements de Cal Francis. "I'm Kate Moss" surprend avec son ambiance krautrock et ses sonorités électroniques. Un calme apparent car un gros riff de guitare viendra vite perturber ce petit intermède. L'agressivité et l'esprit punk sont vite de retour sur les sombres "Hehe" et "Teeth". DITZ maintient la pression jusqu'au bout. Leur ultime salve de 7 minutes, "No Thanks, I'm Full" est leur titre le plus tendu et expérimental.

 

Nouveau venu sur la scène anglaise, "The Great Regression" est une pépite post-punk noise d'un groupe à suivre de près et à découvrir d'urgence sur scène où leur intensité électrique et leur sauvagerie font merveille.  

Mr Caribou

 

Titre préféré :                                   the warden

 


dimanche 24 avril 2022

CHRISTIAN FITNESS - Hip Gone Gunslingers

 


CHRISTIAN FITNESS - Hip Gone Gunslingers

 Autoproduction

 

Au début des années 2000, MCLUSKY, trio originaire de Cardiff, avait particulièrement marqué les esprits et enthousiasmé les amateurs de punk-rock foutraque et intense. En trois albums enragés dont le culte "Mclusky Do Dallas", les Gallois ravivaient la flamme de grands groupes américains comme SHELLAC et surtout JESUS LIZARD. Comme ces derniers, la bande d'Andy Falkous avait le chic pour nous servir une musique authentique et énergique reposant sur une basse souvent saturée, des guitares souvent bruyantes, parfois mélodiques, de nombreux breaks et un chant parfois hurlé. Après ce départ en fanfare avec MCLUSKY, les trois énervés sont tombés progressivement aux oubliettes mais sont restés actifs. Et le charismatique leader Andy Falkous n'a jamais baissé les armes et a continué d'enchainer les projets sous différents alias. Il y a quelques mois, il refaisait parler de lui sous le patronyme de CHRISTIAN FITNESS. Et force est de constater que "Hip Gone Gunslingers", album autoproduit, reprend avec succès ce qui faisait le charme de MCLUSKY. "Comic Sans Audience" donne tout de suite le ton avec son rythme saccadé, sa guitare dissonante et les changements de rythme incessants. La fougue d'Andy Falkous est intacte sur le déjanté "Guilford Specific" qui brille par ses nombreuses cassures et par sa palette vocale. Difficile de résister ensuite à l'énergie communicative et au riff imparable et vicieux de "Male Guitarist". Reposant sur une basse bondissante, "Endless North London Police Helicopter" calme un peu le jeu avec le chanté/parlé déformé d'Andy Falkous. CHRISTIAN FITNESS retrouve vite son énergie et les distorsions sur le titre éponyme "Hip Gone Gunslingers". L'album n'offre aucun répit et les titres, vite expédiés (2 minutes pour la plupart) font mouche à chaque fois. Si "Absolute Clarity" est plus expérimentale, "Boutique Festival" est une vraie petite bombe punk-rock : son saturé, batterie speed et voix parfois vacillante. "My Campaign Against The Common Cold" rappelle le groove sale et bruyant de JESUS LIZARD. Le chant de Falkous qu'il soit doux, parlé ou hurlé nous surprend à chaque morceau. Après un "How Do You Schlep ? "plus conventionnel, l'album arrive déjà à son terme avec l'étonnant "Everyone Knows You're a Desperate Man". Assez calme, il est dominé par des nappes de synthé planantes et une batterie à contretemps.

 

Excellent de bout en bout, "Hip Gone Gunslingers" séduit par sa fraicheur et son authenticité. S'il restera probablement très confidentiel, il saura faire patienter les fans de MCLUSKY dont le retour est imminent pour célébrer les 20 ans de "McLucky Do Dallas". 

Mr Caribou

 

Titre préféré :                                   Male guitarist

 

https://christianfitness.bandcamp.com/album/hip-gone-gunslingers



mercredi 2 mars 2022

STUFFED FOXES - Songs/Revolving

 


STUFFED FOXES - Songs/Revolving 

 Yokanta / Reverse Tapes

La scène tourangelle est décidément active en ce début d’année 2022. Après les sautillants RANK-O, c’est au tour de STUFFED FOXES de faire parler de lui. Composé de 6 jeunes musiciens particulièrement doués, STUFFED FOXES n’avait édité jusqu’à présent qu’un seul EP (« No Vacancy ») qui posait les bases du garage-rock psychédélique de la formation de Tours. 


Par rapport à ce premier essai, le son de STUFFED FOXES a gagné en puissance et en radicalité. Il s’est notamment enrichi de sonorités shoegaze et noise, tout en restant relativement accessible et mélodique. Si l’on devait rattacher STUFFED FOXES à d’autres pépites hexagonales, on pourrait évoquer SLIFT, LYSISTRATA ou encore les PSYCHOTIC MONKS (sur le titre « Oh Lord, It Come To Me » notamment pour ces derniers). Mais si ces groupes sont peut-être des influences (ou pas) pour les Tourangeaux, STUFFED FOXES est en train de construire sa propre histoire et d’affiner son style. « Sabotage » qui introduit l’album donne le ton et montre toute la richesse de la musique du sextet. Après une entame synthétique, la batterie s’active, le mur de guitare se met en place et les breaks se multiplient. Finalement, la voix répétant « Sabotage » à l’envi n’intervient qu’au bout de 3 minutes d’un morceau qui gagne au fur à mesure en intensité et en riffs bien inspirés. Après cette entrée fracassante, STUFFED FOXES calme un peu le jeu avec « Luke Glanton » très planant et psychédélique, notamment grâce aux effets au niveau de la voix. 

Une des forces de ces « Renards Empaillés » est de prendre le temps d’installer patiemment ses morceaux en injectant de nombreuses fausses pistes. Plus catchy, « No Sound / Drive » ne s’inscrit pas dans cette lignée : composition relativement courte (moins de 4 minutes), guitares immédiatement accrocheuses, nappes de synthé et chœurs irrésistibles. « Oh Lord, It Came To Me » renoue ensuite avec les ambiances chaotiques et la tension. Après un passage instrumental tonique et contrasté (« First Affront »), STUFFED FOXES nous surprend encore sur le bien nommé « Track 6 ». Lent et planant, le titre prend progressivement de l’ampleur. Après l’incursion de cordes et de sons plus acoustiques, les 3 guitares et la batterie endiablée font monter la pression pour un final noisy. Mais les Tourangeaux en ont encore sous la semelle et livre une dernière composition psychédélique longue de 10 minutes (« Extented ») que nous avons tous hâte d’écouter fort sur scène, comme le suggère le livret qui accompagne cet album.

 

Avec ce premier album puissant et riche d’expérimentations sonores, STUFFED FOXES démontre qu’il est un jeune groupe au fort potentiel qu’il faudra suivre de près à l’avenir.

 

Mr Caribou

 

Titre préféré :                                   No Sound / Drive

 

https://stuffedfoxes.bandcamp.com/album/songs-revolving-2

https://www.facebook.com/stuffedfoxes/



mercredi 16 février 2022

deathcrash - Return

 


deathcrash - Return

Untitled Rds

 

Comme nombre de groupes à l'arrêt en 2021 pour cause de pandémie, deathcrash (avec un d minuscule) en a profité pour travailler sur de nouveaux morceaux et, dans le cas des Britanniques, pour sortir un premier album. Car jusqu'à présent, le jeune groupe venu de Londres n'avait qu'un EP à son actif. Le style des Londoniens s'inscrit dans une veine post-rock estampillé années 90. L'influence de MOGWAI première période ("Young Team" et "Come On Die Young") et de SLINT est manifeste. Car deathcrash maitrise à merveille les codes du genre : long morceau étiré, ambiance sombre, lente montée, déflagration sonore... Ce qui lie deathcrash aux Américains de SLINT, outre le son, est avant tout le chant fragile et murmuré.

Le long titre d'ouverture "Sundown" illustre parfaitement le savoir-faire des Britanniques. Lent et porté par une voix chuchotée, le morceau gagne progressivement en intensité avec l'intrusion de guitares tranchantes et d'une batterie beaucoup plus rapide. Après cette belle entrée en matière, deathcrash continue de nous partager son spleen sur "Unwind", dans un style plus direct et avec un chant plus assumé. Après la courte et délicate ballade "Horses", arrive la pièce maitresse de ce premier album : "American Metal" et ses 8 minutes. Après une entame calme et mélancolique à souhait, le titre marque une rupture à mi-parcours pour prendre une orientation purement instrumentale.  De plus en plus bruyant et répétitif, le morceau s'étoffe au fil des minutes et finit par sérieusement nous émouvoir. Si "Matt's Song" constitue ensuite une petite respiration acoustique, deathcrash retrouve l'électricité sur "Wrestle With Jimmy".

Les Anglais alternent à merveille les longs formats post-rock comme "Métro 1" et les courtes plages musicales assez calmes ("Slowday", "What To Do"). Si "Doomcrash" est marqué par ses vicieux larsens, "Was Living" brille par son introduction lourde et noisy. Sa structure est inversée : attaque pied au plancher, long pont s'apparentant à une accalmie avant l'assaut final à 120 décibels. L'album se termine comme il avait commencé, dans la douceur et la retenue avec le poignant "The Low Anthem".

 

Avec Return, deathcrash frappe fort et sort un premier album riche et intense. Une première livraison qui ravira les fans de post-rock et de slowcore aux sonorités nineties.

 

Titre préféré :                                   American Metal

 

Mr Caribou

 

 

https://deathcrash.bandcamp.com/album/return

 https://www.facebook.com/deathcrashband/