PAIN MAGAZINE – Violent God
Humus
Records
L’année
dernière, Birds In Row nous avait fait la surprise d’un split avec les
suisses de Coilguns dans lequel les deux groupes fusionnaient leurs
univers pour créer un triptyque intense. Pour moi, Birds In Row reste un
groupe à part, d’une précision chirurgicale et d’une grande exigence ; toujours
intègre, il se montre ainsi ouvert à de nouvelles expériences, des prises de
risque. Je trouve tous leurs albums très bons pour ne pas dire tout simplement
excellents, je suis heureux et je me sens privilégié de pouvoir les voir
régulièrement en concert.
Aussi l’annonce
de cette nouvelle collaboration avec Maelstrom et Louisahhh, deux
artistes devenus un duo techno/indus, est une jolie surprise. Une association
de deux formations aux sonorités éloignées mais aux univers finalement assez
proches car ils aiment la noirceur, et la dureté de leur musique la transcrit
parfaitement.
La genèse du
projet vient de la collaboration de Joris qui officie en tant que
batteur lors des tournées de Louisahhh & Maëlstrom. L’idée de faire
un morceau ensemble a germée et ce projet a finalement poussé pour s’étoffer et
donner 11 titres.
Si l’on
évoque une expérimentation, le résultat sonne étrangement abouti car Violent
God se révèle d’une cohérence parfaite et d’une harmonie
impressionnante, surtout pour un premier album. D’emblée, le titre éponyme, Violent God, plonge vers l’électro gothique sous des vagues de synthés,
on perçoit la touche du duo et le chant tout en douleur de Louisahhh, si
entêtant sur ce refrain magique : « Do I Believe in A Violent
God ? ». Bart prend le relais sur Weak and predatory qui sonne comme un morceau de Gris Klein
(le dernier album de
BIR) dont la
rythmique aurait pris une tournure électronique. Le genre de morceau qui me dit
que, finalement, je ne suis pas si fâché que ça avec les sonorités électro. Dead Meat accélère le tempo et c’est ici que la fusion des deux
groupes explose vraiment, on sent aussi qu’on s’approche de quelque chose. Le
côté electro-punk éclate en plein jour avec Magic, un morceau brutal et dansant. Les chants sont scandés et saccadés, puis
la tension retombe clairement avec Nice Guy qui me fait penser à Heartworms
avec une ambiance inquiétante et un chant entêtant. L’influence Chelsea
Wolfe transpire à travers Like A Storm, balade gothique, un peu trip-hop
Bristolienne. De la même manière on peut penser à Björk, période Homogenic,
sur A good Hunter. Pain Magazine enchaîne les morceaux sans
jamais se répéter tout en maintenant une qualité impressionnante. Alors certes
j’ai davantage de difficultés avec un titre comme Choke Points trop électro mais par contre je suis tombé sous le charme de
Horse Song, chanté par Quentin Sauvé pour un morceau qui
se trouve finalement entre son projet solo et ce que peut faire Louisahhh.
Le lourd tempo associé à la voix amène avec lui son lot d’émotions.
Cette collaboration contre-nature s’avère être une réussite. Car on s’y plonge par curiosité et on en ressort captivé. Pain Magazine réussit à marier l’esprit punk et le côté sombre de Birds In Row à l’électro-indus de Maëlstrom et Louisahhh. Reste à voir désormais comment ce projet de studio prendra vie sur scène.