Matador
7,5 sur 10
Étonnant parcours que
celui de SPOON. Déjà 20 ans que les
Texans distillent avec classe leur rock rêche et déstructuré, sans rencontrer
la moindre reconnaissance dans l'hexagone. Heureusement pour eux, les trois
dernières livraisons ont sorti les Américains de l'anonymat dans leur pays. Au
fil des années, le son s'est fait plus poli, plaçant les guitares plus en
retrait. Hot Thoughts, leur
9ème sortie, confirme cette tendance et prolonge les expérimentations entrevues
lors du précédent album, They want my
soul. Les arrangements, les couches sonores, les claviers,
l'électronique prennent une place plus importante. SPOON a toujours eu horreur du surplace et de la ligne claire, ses
morceaux d'apparence conventionnelle surprennent toujours avec l'arrivée par
exemple d'un piano foutraque au milieu d'un titre.
Mais SPOON, c'est avant tout la voix nasillarde et braillarde de Brett Daniel. Et sur "Hot Thoughts",
le titre d'ouverture, elle fait toujours autant merveille. Ce titre à la
structure classique repose sur un riff entêtant, du SPOON pur jus. Le 2ème morceau, plus ambitieux, met avant
l'évolution du groupe. "Whisperi'lllistentohearit"..."
tout en crescendo, fourmillent de petits sons bien produits. L'album forme un
bloc homogène, difficile de sortir un titre phare même si "Can I sit next to you", "First Carress"
et "Shotgun" sont les plus
efficaces et accrocheurs.
Les Texans baissent
parfois de régime (voilà pourquoi HOT
THOUGHTS n'atteint pas les sommets de GA GA GA GA GA et KILL
THE MOONLIGHT) : "Pink
up", en partie instrumental, ne
décolle pas vraiment. Sur leur album le plus expérimental, SPOON termine par un
"Us" déroutant et jazzy
: cuivre et bruit de klaxons.
Les américains, trop rares
en France, prennent toujours un malin plaisir à sortir des sentiers battus pour
clôturer leurs albums.
Une
chronique de Mr Caribou
Morceau préféré : Hot Thoughts