mardi 26 novembre 2024

ONZE ANS DU JOKER’S PUB

 



 

On se souvient de l’année dernière, les dix ans du Joker’s Pub, fêtés en grandes pompes au Chabada avec une affiche au petits oignons (Frustration, Crows, Howlin’Jaws, Fragile, Tempomat…). Le lieu magique de tout amateur de musiques indés sur Angers a décidé de remettre les couverts pour un onzième anniversaire fêté sur trois jours avec sept groupes et 2 DJs.

 

Jour 1 par Sébastien

 

12 ans après leur passage au Chabada, Crocodiles revient en Anjou armés de leurs lunettes de soleil et d'une furieuse envie de partager leur rock psyché shoeagaze avec le public.

Emmenés par leurs deux leaders à la guitare énervée et au chant énergique, les amplis envoient forts.

Une petite heure et c'est déjà le rappel avec l'excellente reprise de Plastic Bertrand façon Ramones pour clôturer cette soirée sous le signe de la fête.


Jour 2 par Mr Caribou

La 2ème soirée de célébration des 11 ans du Joker's Pub conviait à la fois une jeune pépite locale (REST UP) et un groupe américain plus établi venu tout droit de Los Angeles (DUMMY). Une programmation audacieuse pour une soirée réussie. Le trio Angevin ouvrait le bal dans un Joker's rempli et acquis à sa cause. Et force est de constater que REST UP a confirmé son statut de groupe prometteur qui monte. Leur mélange de post-punk, de post-rock et de noisy-pop s'avère très efficace sur scène. Piochant notamment dans leur dernier EP mixé par Daniel Fox de GILLA BAND, REST UP alterne passages bruyants et moments plus atmosphériques. Les riffs tranchants sont contrebalancés par des parties vocales le plus souvent douces. Le tout est porté par une section rythmique inventive. Un cocktail explosif qui rappelle certains groupes britanniques comme BLACK MIDI. Le final très bruyant déclenche une jolie séance de pogo dans la salle. On attend l'album avec impatience. 

https://restuplads.bandcamp.com/album/it-was-summer

 

Après ce déluge sonore, changement d'ambiance avec les Californiens de DUMMY. Distillant un shoegaze / drone pop de haute volée, le quintet a notamment reçu les louanges de plusieurs médias américains spécialisés tels que Pitchfork ou Stereogum. Il faut dire que leur 2ème album "Free Energy" est une perle. L'ambiance qui règne sur cette dernière production est parfaitement reproduite sur scène. Enrichi d'un jeu de lumières psychédéliques, le set des Américains est parfaitement maitrisé. Alternant titres plus immédiats comme "Soonish", "Minus World" et "Nine Clean Nails" et passages plus ambient et bidouillés comme "Dip In the Lake", DUMMY convie donc avec réussite STEREOLAB, MY BLOODY VALENTINE et DEERHUNTER. Le chant vaporeux et détaché qu'il soit féminin (Emma Maatman) ou masculin (Alex Ewell) fait également le charme du groupe. Au final, et dans un registre différent, un deuxième bon concert pour cette deuxième soirée anniversaire. On ne remerciera jamais assez le Joker's Pub d'exister. Alors, bon anniversaire et longue vie à lui.  

https://notdummy.bandcamp.com/album/free-energy

 

Jour 3 par J.Newsovski

La soirée de clôture de cet anniversaire était délocalisée au Quart Ney, une salle plus grande à l’acoustique irréprochable. Comme à l’habitude le bar propose des bières locales (La Florencière) vraiment bonnes ce qui permet de se rafraîchir pendant que Marc Minelli tente de chauffer la salle. La programmation de cette dernière journée est assez étonnante et il est parfois difficile de suivre le lien qui lie les quatre artistes mais force est de constater que même tout seul Marc Minelli tient bien la scène. Entre morceaux hommages à Nick Cave et compos perso, il parvient à emmener le public, peu nombreux en début de soirée, avec lui, prenant même le soin de répondre à son téléphone sur scène. Un personnage atypique avec un bon set à la clé.


Marc Minelli



Sandwich enchaîne avec un style tout aussi atypique : mélange de noise, de punk et de sonorités électro qui pourraient facilement rappeler La Jungle. Le groupe propose une prestation XXL en partie grâce au lâcher-prise de son chanteur, Maxime, dont on connaît la savoureuse voix dans San Carol et Big Wool. Ici il pousse et use de son vibrato rappelant par moments Serj Tankian de System Of A Down voire même le maître Mike Patton dans Mr Bungle. Mais le trio derrière lui n’est pas en reste et on ne peut rester que bouche bée devant une telle dextérité. Musicalement je ne cache pas que les sonorités electro ne m’ont pas accrochées mais quel plaisir à écouter des morceaux comme Mazel tov ou Linkin Park. Qu’on aime ou pas, Sandwich a fait une très grosse prestation ce soir et a certainement proposé le meilleur show de la soirée.


Sandwich


Sandwich

Beastly enchaîne avec un set de 40 minutes parfaitement maîtrisé, le groupe qui annonce aussi fêter ses dix ans, amène une énergie et une virtuosité impressionnantes. Entre morceaux issus du dernier album, mayabunder, mais aussi du court EP numérique (Private cocktails Glossary) dont ils jouent Lubriziol Juice et Appendix Trip, Beastly aura su conquérir son public.


Paul de Beastly



La tête d’affiche était le trio lyonnais Johnnie Carwash, dont le deuxième album sorti avant l’été est juste magique. Leur set, très maîtrisé a révélé un groupe très fun, solaire qui aura su parfaitement faire remuer son public. On appréciera la setlist pleine de tubes : I’m a mess, What A life, Stuck In My Head, Sunshine, U’re a dog, Nothin’… Derrière son costume de scène Bastien affiche le slogan More Women On Stage sur sa basse mais c’est aussi dans le public qu’on retrouve un public très féminin et vraiment hétéroclite, et c’est appréciable de voir un groupe qui rassemble autant dans la bonne humeur.

 

Manon de Johnnie Carwash

Johnnie Carwash

 



Ce onzième anniversaire est encore une belle réussite dans un esprit et une démarche différente de l’an passé mais on ne peut que rester admiratifs de ce lieu qui nous offre tant de découvertes musicales. Longue vie au Joker !

 

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