dimanche 1 décembre 2019

Interview - BIRDS IN ROW


C’est au Chabada d’Angers que nous avons pu rencontrer Birds In Row alors que l’on imaginait davantage les voir tourner à quelques dizaines de mettre de là, à l’Etincelle, un lieu associatif et engagé. Le trio Lavallois a su nous offrir une magnifique prestation, bien mise en avant par l'excellent son de la salle ainsi que par leurs envoûtants visuels. 

Le temps est passé vite mais, avec l’ami Denis, nous avons pu poser quelques questions à ce groupe intègre qui véhicule des messages forts.



Pouvez-vous nous parler des origines de Birds In Row ?
C’est un groupe qui est né, comme beaucoup d’autres de la fin de précédents projets et qui avait pour but, quand on l’a créé en 2009, de beaucoup partir en tournée et faire de la route. C’est ce qu’on a fait. On a créé le groupe et un mois après on enregistrait notre premier morceau et deux mois après on faisait notre premier concert. C’est allé très vite. Et notre première tournée européenne c’était moins d’un an après. On a commencé avec des gens avec qui on était tout le temps ensemble, ça faisait complètement du sens.




Déjà à l’époque de Sling 69, vous étiez investis dans la culture DIY, vos labels aussi…

En étant honnête quand tu commences un groupe tu n’as pas d’autre choix que d’être en DIY. Le choix du DIY se fait quand tu commences à être un peu plus gros ou que tu as des offres. Mais au début n’importe quel groupe est DIY sans le savoir. Au début comme on traînait beaucoup avec les gars de Free Edge ou Guerilla Asso on avait le background politique aussi. C’est vraiment devenu un choix à partir du moment où on est devenu plus gros, il a fallu choisir ce qu’on voulait faire et ne pas faire, de quelle façon…

A la création du groupe on s’était mis des règles strictes, des trucs qu’on voulait faire différemment de nos précédents groupes ou même des autres groupes en général, histoire de créer des alternatives. On ne voulait pas hiérarchiser les choses, les valeurs, on s’était dit qu’il y avait moyen de faire différemment alors on a essayé.






Vous êtes toujours en contact avec les gars de Free Edge ?

Oui certains. On se crée un réseau et on le garde, on reste toujours en contact avec les gens. Ça fait partie de notre démarche.

Vous êtes sur Deathwish, à ma connaissance le seul groupe français dessus, comment s’est fait le contact ?

Aussi un des rares groupes européens. Ce sont des enchaînements de chance. On a beaucoup tourné ce qui a fait que des gens ont entendu parler de nous. On a une amie qui a donné notre démo à un label américain qui s’appelle Vitriol et cette personne là nous a sorti un peu par hasard. A la base il voulait juste prendre des disques dans la distro mais on n’avait pas de label et il a voulu nous aider, il se trouve que cette personne est un très bon ami de Jérémy de Touché Amoré, il lui a filé notre démo qui l’a lui-même donné aux gens de Deathwish en leur disant « Ecoutez c’est plutôt cool ». Et donc un des deux patrons de Deathwish nous a connus comme ça, pour le second c’est en cherchant sur Internet qu’il est tombé sur nous. Comme dans n’importe quel projet tu as des moments de chance, tu as des gens qui te repèrent. Après si on n’avait pas autant tourné ça n’aurait jamais créé cette dynamique. Mais il y a beaucoup de groupes qui tournent et qui n’ont jamais accès à ça , ce n’est pas de la méritocratie.




Vous êtes sur un rythme de tournées très élevé qui vous emmène un peu partout…

C’est la base du truc déjà et puis c’est une des raisons pour laquelle on fait de la musique. Je ne pense pas qu’on soit du genre à faire de la musique pour rester chez soi. Ce n’est pas vital de tourner autant c’est plus que c’est hyper cool de pouvoir le faire quand tu sors un album et d’avoir la sensation que tu l’as joué vraiment. Quand tu as mis de l’énergie dans les compos, dans ton instrument avoir l’opportunité de le jouer devant autant de gens dans des pays différents c’est toujours intéressant car la vie de l’album s’étend. On n’avait pas besoin de jouer autant, c’est juste qu’on n’allait pas dire non aux opportunités qu’on avait.

Y ‘a-t-il des pays ou des villes où vous n’avez jamais joué et vous voudriez aller ?

Plein, l’Amérique du Sud, l’Afrique, la Chine… Il y a plein de plans mais il faut savoir le faire bien. Par exemple pour la Chine on a des plans mais si tu n’as pas de label personne ne te connaît du tout. Ce n’est pas que c’est un pays reclus sur lui-même c’est juste que les gens n’ont pas accès à la même culture que nous avons genre deathwish. Donc il faut plutôt avoir un label chinois pour pouvoir y aller.  Ça on le sait par des potes qui ont tourné là-bas.

Il y a toujours plein d’endroits où tourner le problème c’est qu’au début on ne tournait qu’en Europe, on l’a fait de fond en comble, on allait dans des petits villages en Bosnie, mais quand tu as plus ou moins le même nombre de dates à allouer à ton groupe par an (environ une centaine) et que tu commences à avoir des opportunités aux USA, en Australie ou au Japon ça fait que pour l’Europe tu es obligé de te concentrer sur les grandes villes.

Après on a des amis qui ont joué en Mongolie, c’est la beauté de ce style-là, c’est que tu peux jouer partout, tu n’as pas d’attente particulière, t’attends pas 3000 personnes par soir donc tu n’es pas déçu si tu en as que cinquante et il y a toujours vingt personnes à venir même au fin fond de la Mongolie.

Ça fait partie du message du groupe, si ton attente n’est pas trop élevée et que tu kiffes jouer devant peu importe le nombre de personnes devant toi alors tu peux tourner n’importe où et ça c’est plutôt cool.



Quelle est la meilleure formule pour un concert de Birds In Row ?

Nous on s’en fout un peu, on aime bien jouer par terre parce que t’es vachement proche des gens mais en même temps tu as la moitié des gens qui ne te voit pas jouer et qui est frustrée. Cet été on avait un rythme à jouer toujours vers 22-23h et sur un festival en Espagne on a joué vers 2h du matin et on se disait que ça allait être nul, que les gens seraient soit bourrés soit déjà partis et en fait c’était mortel, un des meilleurs de la tournée. Tu peux jamais vraiment savoir.
En termes de groupes, on aime bien jouer avec tout le monde du moment que politiquement ça colle, je dis ça de façon très ouverte quoi, en gros du moment que c’est pas des néo-nazis… !! On a toujours été dans l’ouverture, on vient d’un milieu qui n’aime pas nécessairement le genre de salle comme le Chabada (NDLR : où a lieu le concert et l’interview) et qui est en dehors de ce système là et, nous, on est plutôt à dire que ce qu’on apprend dans notre milieu c’est intéressant de l’amener ici à des gens qui n’ont pas forcément conscience de l’underground. Les messages qu’on a appris dans notre milieu et qu’on véhicule c’est important pour nous. On aime bien aller en dehors de notre zone de confort, on est allé au festival de Dour, c’est pas le genre d’endroit où tu pourrais nous attendre, les gars te découvrent et te disent qu’ils n’écoutent pas du tout ce genre de musique mais qu’ils ont aimé, ça m’a vraiment touché.






Vos artworks sont très soignés avec souvent de la photographie…

Le premier on avait fait une photo, on l’avait fait nous-même. Pour Personnal War on ne pouvait pas faire les photos car on était en tournée en Australie donc on a demandé à un pote en qui on avait entièrement confiance et qui est un pur photographe de le faire. Et pour le dernier c’était une personne qu’on connaissait moins du coup (Juliette Bates) mais qui est un photographe de talent dont on connaissait le travail depuis un moment. Ça s’est fait naturellement mais avec une idée de continuité. On a trouvé ça cool d’avoir une cohérence sur les albums. Là récemment, on parlait justement de peut-être changer des trucs pour le prochain.

Le groupe à un côté esthétique travaillé entre les artworks, t-shirts, clips…

Nous on a toujours cherché à contrôler notre esthétique c'est-à-dire que normalement nous faisons tous les visuels sauf pour les photos, le layout c’est nous, les t-shirts c’est aussi nous, etc… Au final le visuel d’un groupe c’est aussi comme la musique, ça compte pour moitié. La scénographie, comment tu te présentes sur scène, ça joue sur l’ambiance de ton groupe. Il faut que tout rappelle le message que tu as envie d’envoyer. Par exemple le dernier clip que l’on a fait (I Don’t Dance) c’est la première fois qu’on faisait un clip vraiment poussé, en mode pro. On a contacté Craig Murray, on est tombé par hasard sur son travail sur Instagram puis on a appris qu’il avait travaillé avec Mogwaï et Converge, on n’était même pas au courant. En fait je l’ai rencontré à Londres et il a eu la même de concept que ce qu’on avait eu. On s’était dit qu’on n’allait pas lui parler de cette idée de danse en slow motion et lui, il a eu exactement la même idée. Trop bien ! A chaque fois je vois qu’on a eu de la chance de tomber sur des gens avec qui on pouvait avoir confiance sur l’esthétisme et qui avaient le même feeling que nous sur ce point.










Merci à Birds In Row, Denis, et le Chabada.

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