lundi 1 novembre 2021

Interview - TARDIS

Son premier album, Machines are talking behind your back, sorti il y a 4 ans, nous avait permis de découvrir le nouveau projet de Ben, aussi chanteur et guitariste de Sliver. Le deuxième opus (Never Grow Up) a mis du temps à arriver mais il illumine par la qualité de ses titres. Entretien avec Ben. 





Que s’est-il passé pour Tardis entre Machines are talking behind your back et Never Grow UP ?

 

Pas mal de concerts (en France, Belgique et Luxembourg) dans des salles, des cafés, des péniches, un centre pénitentiaire, une convention de jeux vidéos, une manufacture de miroirs, une école de cinéma, un salon, etc. Et du coup des rencontres avec des groupes, des gens et de nouvelles expériences qui sont parmi les raisons pour lesquelles on fait tout ça je pense. Et puis on a pris un break pour bosser le nouvel album (je compose des ‘démos’ de mon côté et on leur donne vie tous ensemble en répète), on a répété comme des fous, on était prêt à aller au studio et… confinement… littéralement deux semaines avant les dates réservées pour l’enregistrement. On a donc dû patienter comme tout le monde et comme on n’habite pas tous dans le même pays, ça a duré un certain temps… et on tout repris à ”zéro” : répètes, enregistrement, etc. mais l’album est enfin là !

 

 Comment s’est passé la composition de Never Grow Up ?

 

Je compose et j’écris pas mal, du coup on a une méthode de fonctionnement assez ”simple” : j’enregistre des démos de mon côté puis Julie, Anthony et Vincent les écoutent, choisissent celles qu’ils préfèrent et on les bosse ensemble. Puis les morceaux évoluent, passent ou non le test du ‘live’ / de la répète et on voit si on les garde ou pas. D’un point de vue thématique, je vais bientôt passer la barre des 40 ans et je pense que l’album a pas mal été influencé par ça : comment grandir / vieillir (to grow old) sans pour autant devenir un vieux con (to grow up), d’où le titre et certains des thèmes abordés dans l’album. Et d’un point de vue musical, j’ai tendance à m’inspirer de tout ce que j’écoute en boucle tout en y apportant la touche Tardis et entre les deux albums j’ai pas mal fait tourner les Smashing Pumpkins, The Lemonheads, Pearl Jam, Grandaddy, Girls in Hawaii, Springsteen et le groupe australien Sticky Fingers par exemple.

 

Comment l’as-tu enregistré ? Où et dans quelles conditions ?

 

On a enregistré au Holtz Sound Studio, qui est tenu par notre ami Charles Stoltz (qui a déjà enregistré le premier album et l’EP de covers qu’on a sorti entre-temps et avec qui j’avais déjà beaucoup bossé avec mon groupe précédent Sliver). Cela fait plus de dix ans qu’on travaille ensemble et on s’entend et se comprend à merveille et c’est toujours un réel plaisir d’enregistrer chez lui. Il avait bien compris qu’avec le premier Tardis je voulais un son / une production qui se démarquait de ce que j’avais fait avec Sliver et on était allé vers un truc plus lo-fi. Et maintenant que le groupe est devenu une entité à part entière, démarqué de mon projet précédent, il a bien compris aussi que je voulais quelque chose de plus produit. L’idée était d’aller vers quelque chose proche de ce que Butch Vig a fait avec le Nevermind de Nirvana ou le Siamese Dream des Smashing Pumpkins (toutes proportions gardées hein !). Le top c’est que même si j’avais ça en tête on ne s’est jamais posé pour en parler autant que ce que je décris ici, ça s’est fait en deux phrases et tout à fait naturellement… c’est pour ça que je bosse avec lui, tout se fait très facilement. Pour les conditions, ça s’est passé entre une période de confinement et une autre de couvre-feu… et j’avoue qu’on a pas mal risqué les amendes à chaque étape !



 


C’est le deuxième album que tu sors sans label, comment cela se passe ? Tu fais tout tout seul ? (promo, booking….)

 

Et bien non en fait, le disque sort en vinyle sur Les Disques de La Face Cachée, un label de Metz, mais on sort effectivement l’album aussi en CD et en cassette par nous-mêmes (tu as reçu le CD pour l’instant, le vinyle arrive !). J’ai déjà eu la chance de sortir des disques sur des labels avec Sliver : Winged Skull records et We Are All Liars records, qui étaient des labels tenus par des amis et quand ils ont arrêté je ne voyais pas l’intérêt de chercher des labels ‘anonymes’ juste pour pouvoir mettre un logo sur les disques… alors on a continué en DIY et on a commencé Tardis de la même façon. Mais il s’avère que Les Disques de La Face Cachée sont aussi tenus par des amis et là OK je voyais l’intérêt alors on leur a proposé Never Grow Up et ils ont accepté. Jennie, qui s’occupe de la com du label, a même fait les photos des nounours pour la cover, Flo qui tient le label nous a trouvé des concerts et Julien qui fait nos mastering fait aussi partie du label. Bref, je ne suis plus tout seul ahah (et même si je vois bien ce que tu veux dire et si c’est vrai que je ‘porte’ pas mal mes projets, il y a toujours pas mal de monde derrière un album en réalité : les autres membres du groupes – et tout le monde participe au booking, etc., notre ingé son Charles, Julien pour les mastering…) mais oui le label aide beaucoup pour tout ce qui est promo par ex et c’est cool !

 

Ce qui m’a frappé à la première écoute de Never Grow Up c’est le fait que le chant de JULIE est de plus en plus présent

 

Elle en parlerait mieux que moi alors je lui ferai lire mes bêtises et elle validera mais je pense qu’on voulait tous dans le groupe que sa voix prenne plus de place (parce qu’elle a une superbe voix, même si ça elle ne validera pas) et je pense que de son côté elle a pris plus de confiance en elle depuis le premier album et elle était prête à chanter plus. Au niveau de la composition j’aime bien l’idée de voix différentes qui se répondent ou se superposent, je suis un grand fan du groupe allemand Monochrome par exemple ou des Pixies, et c’était l’occase d’exploiter au maximum tous les ‘instruments’ du groupe dont la voix de Julie. L’album parle aussi à plusieurs occasions de ne pas cantonner les gens dans des rôles ou des cases et je trouve cela pas mal de représenter ça musicalement parlant aussi : je ne suis pas LE chanteur et elle LA bassiste, les rôles changent en fonction des chansons. J’aimerai bien encore développer ça et même écrire un morceau où chacun.e d’entre nous prendrait l’instrument de l’autre (je sais pas, notre batteur Anthony à la basse, Julie à la guitare, Vincent au piano et moi à la batterie par ex). Ce sera pour l’album 3 !

 

Cet album semble être marqué par ta jeunesse, son titre, sa pochette, quelques morceaux (At the arcade, atomic kids)… c’est une période charnière pour toi ?

 

C’est totalement le concept de l’album en effet avec notamment nos vrais petits nounours d’enfance sur la pochette (un peu hommage au Dirty de Sonic Youth et au Sparkle & Fade d’Everclear aussi) et le titre Never Grow Up, même si c’est plus l’idée de garder une part d’enfance en soi qu’une forme de nostalgie. Grandir oui, mais sans oublier de s’émerveiller, de questionner ce qui nous entoure et de se remettre en question. Ce qui demande parfois de revenir sur son passé (et pas forcément de façon nostalgique : je déteste l’idée que ‘c’était mieux avant’, ou ce genre de trucs) mais pour voir la route parcourue, où on en est et qu’est-ce qu’on veut faire maintenant. Cela colle aussi évidemment avec l’idée du Tardis / de la machine à remonter dans le temps et avec le fait qu’on fait de la musique très 90s.

Et enfin, j’en parle souvent avec des gens de ma génération et tout le monde ne semble pas être du même avis, mais personnellement étant un ado de la génération grunge et Trainspotting, je ne pensais vraiment pas vivre au-delà de 30 ans ! Sauf que si donc qu’est-ce qu’on fout maintenant ? Dans mon cas, je fais de la musique proche de ce que j’écoutais quand j’étais ado et que j’écoute encore maintenant et j’essaie de ne pas trop devenir un vieux con…

 


 

Quels autres sujets abordes-tu dans l’album ?

 

L’album est pas mal centré sur ça : la perspective (ou l’absence de perspective) du futur du point de vue d’un gamin des 80s sur ”1986 (Atomic Kids)”, le fait de garder une part d’enfance en soi sur ”At the Arcade”, mais il y a aussi d’autres thèmes en effet : l’orientation sexuelle sur ”No Alibi”, la tendance qu’on a à vouloir faire rentrer les gens dans des cases sur ”Mad Men In Boxes”, le fait que tout va bien trop vite aujourd’hui en particulier sur les réseaux, etc. sur ”10 Frames Per Second”. Et puis il y a des chansons inspirées de lectures comme ”Ragle Gumm” qui est basée sur un livre de Philip K. Dick (”Time Out of Joint”) ou ”Ignatius” basée sur une rencontre avec Bret Easton Ellis. Et des choses sur le ‘cinéma’ comme ”French Movies Are Cinematic Guano” ou ”Video Nasties” qui parlent d’une période de censure à l’encontre des films d’horreur en Angleterre dans les 80s.  

 


 


As-tu prévu de défendre l’album sur scène ?

 

Yes ! On a déjà commencé au moment où je réponds : on a fait une petite release party une semaine avant la sortie officielle de l’album en première partie de Girls in Hawaii, le groupe préféré de Julie ! Et on a un concert sur Metz aux Trinitaires le 5 Novembre (exactement une semaine après la date de sortie). On compte bien faire d’autres concerts par la suite même si comme on est un groupe amateur, on joue souvent dans des petites structures et que c’est encore un peu frileux avec le Covid, etc. mais cela revient petit à petit et on espère pouvoir reprendre le live de plus en plus.



https://tardis-band.bandcamp.com/

https://www.facebook.com/tardistheband/


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