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dimanche 18 mai 2025

//LESS - Crawl in the Blur

 


//LESS - Crawl in the Blur

A Tant Rêver du Roi

 

Nouvelle signature du très inspiré label palois A Tant Rêver du Roi, //LESS va ravir les amateurs de noise-rock qui tabasse. Avec une économie de moyens (2 basses, 1 batterie, et oui la guitare est restée au placard), les Tourangeaux franchissent régulièrement le mur du son. C'est en arpentant les scènes (une centaine de concerts au compteur quand même !) que //LESS a trouvé son style qui navigue entre post-punk rugueux, noise-rock et expérimentations bruitistes. Le trio avait également pu se faire la main en 2023 avec un premier EP prometteur. Il transforme l'essai avec un premier album "Crawl in the Blur" composé de 12 titres dévastateurs. La puissance de feu de //LESS est déjà bien en place sur l'introductif "That Kind of Man". Brutal tout en étant finalement accessible, ce titre fait penser à METZ. Comme chez les Canadiens, on y trouve un riff imparable, un déluge de larsens, un petit penchant indus et un chant parfois hurlé qu'on croirait venir du fond du garage. Tout aussi intense et bruitiste "Bury the Pig est une véritable petite bombe noisy. Le son est tranchant, l'équilibre entre la basse saturée et celle plus groovy est parfait. Le jeu de batterie très physique fait également forte impression. Le combo tourangeau n'offre aucun répit, la 3eme salve arrive très vite. Un son de basse très "bleachien", "Burn" nous ramène effectivement à la fin des années 80 et au début de NIRVANA. 5 minutes de sauvagerie et de hargne qui nous scotchent littéralement. //LESS accélère la cadence et fait preuve d'une belle énergie punk sur l'expéditif "Stress Place". Le noise-rock torturé de "Disappear" fait mouche avec son refrain accrocheur, sa rythmique robotique et son final noisy. On reprend notre respiration sur la douce intro de "My Sentence". Mais très vite le gros son de basse et les décibels font leur retour. Le chant semble parfois sortir d'un porte-voix. Malgré la tension, ce morceau se révèle finalement assez catchy grâce à certaines parties vocales accrocheuses. Les Tourangeaux poussent encore un peu plus loin les expérimentations sonores sur le titre éponyme "Crawl in the Blur" ou sur l'exigeant "The Reason". Un gimmick noisy imparable jalonne le heavy et schizophrénique "Make Them Bleed". Une nouvelle déflagration qui associe cette fois-ci GODFLESH à METZ. Le trio magique ne relâche pas la pression. "The Pill" et "Joy is Sad" semblent gagner encore un peu plus en sauvagerie. "Can't Run Away From Myself", barré et jubilatoire, conclut parfaitement l'album : intense, truffés de changements de rythme et d'explosions de larsens, du //LESS pur jus. 


Avec "Crawl in the Blur", //LESS signe un premier album viscéral, tendu, sans compromis. Un concentré de fureur et de maîtrise qui confirme tout le bien qu’on pensait d’eux après leur EP. Le noise-rock made in Tours a trouvé ses nouveaux ambassadeurs. Il nous tarde de les découvrir sur scène.

Mr Caribou

 

Titre préféré :                    Disappear

 

https://lessmusic.bandcamp.com/album/crawl-in-the-blur

https://linktr.ee/Lesstheband



mercredi 30 avril 2025

marcel - O Fornaiz

 


marcel - O Fornaiz

Luik

marcel (sans m majuscule) est de retour deux ans après son premier album "Charivari". Le quatuor belge semble passer la vitesse supérieure sur "O Fornaiz", grand bordel musical jubilatoire. Ou noisy pot-pourri comme le décrit si justement la page bandcamp du combo wallon. Car marcel a le chic pour sortir son post-punk/noise rock des sentiers battus. Les fausses pistes et embardées sont nombreuses. Les belges ne s'interdisent rien : longue pièce de 10 minutes ou petite bombe ultra courte, intégration de sonorités reggae, drum 'n' bass ou d'ambiance de fête foraine...

La patte de Ben Hampson se fait sentir dès l'inaugural et explosif "Allegro Barbaro". Car on pense immédiatement au son de DITZ, groupe produit par ledit Hampson. La voix éraillée d'Amaury Louis évoque également celle de Dara Kiely, leader du groupe Irlandais GILLA BAND. The EX et JESUS LIZARD semblent également être une source d'inspiration pour le groupe d'Arlon. Ou encore les compatriotes IT IT ANITA sur l'intense "Task For Diane". Porté par une ligne de basse imparable, le teigneux "The Diggger" surprend par ces effets de voix et par ce dénouement très expérimental : piano bancal, larsens et drones y font bon ménage. Plus noisy et frontal, "Basho Basho Basho" est d'une intensité redoutable. Changement d'ambiance sur le déjanté "St Glin Glin". D'abord solaire et dansant avec son rythme funky, ce morceau marque la nouvelle apparition du vocoder. Des notes de piano viennent ensuite brouiller les pistes. On ne l'avait pas vu venir mais le titre prend une tournure jungle avant un final chaotique et bruitiste. L'énergie punk est bel et bien de retour sur le tendu "Innersummer". En tout cas, dans sa première partie car marcel nous prend encore par surprise au milieu du morceau en partant dans une direction plus mélodique et indie-pop. Avant qu'une corne de brume de discothèque et le brouhaha viennent finalement tout saboter. Les bégaiements criards d'Amaury et le riff bien senti nous grisent sur "Sulf". Mais cette belle mécanique est vite interrompue et laisse place à long pont faisant la part belle aux guitares dissonantes. Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises avec nos quatre joyeux drilles qui se lancent en français sur le délirant "Entartete Pop". Rythme groovy et choeurs féminins, on se situe clairement à mille lieux du post-punk/noise rock. Un pas de côté qui se confirme sur "Manu Militari", mélange de dub et de punk façon the CLASH. Retour au basique ensuite sur l'expéditif et nerveux "Spirit of Eden Hazard Kicking Ball-Boy". marcel se permet une dernière fantaisie pour clôturer son deuxième opus avec un long morceau approchant les 10 minutes. Un titre épuré qui nous plonge dans une ambiance de folk acoustique et psychédélique à la Léonard Cohen. Marcel est définitivement un groupe libre. 

 

Ce deuxième album est en tout cas une belle réussite qui réserve son lot de surprises. Pour amateurs de post-punk/ noise rock...Mais surtout de hors-piste. 

 

Mr Caribou

 Titre préféré :                                           Sulf 

 

 

https://vive-marcel.bandcamp.com/album/fornaiz

https://www.facebook.com/vive.marcel



dimanche 16 mars 2025

COFFRET DE BIJOUX - Intablej'U'Ana [EP]

 


COFFRET DE BIJOUX - Intablej'U'Ana [EP]

Et encore un projet enthousiasmant et surprenant venu du Québec ! Aucune fixette sur ce territoire mais force est de constater que la scène locale regorge de pépites, dans des genres bien différents : de POPULATION II à CHOU en passant par FUUDGE et bien d'autres encore... Leur point commun : sortir le plus souvent des sentiers battus et ne pas opter pour l'anglais. COFFRET DE BIJOUX va encore plus loin dans le grand écart musical. Alice Simard, la one-woman-band à la tête de cet étrange projet, réussit le pari de mélanger agressivité et indie-pop. Le plus souvent, au sein d'un même morceau. Le plus incroyable, c'est que ce mariage schizophrène entre agressivité et mélodie fonctionne très bien. 

L'artiste québécoise, très prolifique, a donc sorti un EP de 4 titres nommé "Intablej'u'ana" (est-ce du québécois ?). "Nielpa u mel rei' alsona" commence d'abord comme un bon vieux morceau shoegaze avec un son de basse très indie 90's. Puis, une voix d'outre-tombe typée black métal fait son apparition. Première surprise. Arrivent ensuite un synthé cheap et des harmonies vocales presque enfantines. Puis une enfilade de blast-beats pour un final de black métal atmosphérique. Avec toujours en arrière-plan cette boucle synthétique qui aura d'ailleurs le dernier mot sur ce morceau d'ouverture. Plus speed, "Floranam" mélange noisy pop et black métal, le courant musical dominant sur la première partie du titre. Le chant hurlé et la batterie au tempo élevé sont au diapason. Jalonné de nombreux breaks, "Floranam" prend progressivement une tournure plus pop grâce à ses synthés mélancoliques. Changement d'ambiance sur le planant "Yaj uiqplaine hill cuete gens bahajade". Après une longue intro très ambient (les nappes de synthé filent le bourdon immédiatement), une boucle synthétique lance les hostilités : chant guttural et choeurs juvéniles alternent parfaitement. La guitare, très indie-rock, n'apparait qu'en milieu de piste relayée ensuite par des blast-beats assez discrets et un gimmick de synthé vintage. Un savant mélange d'influences bien diverses pour un résultat assez fluide. "Wy usten alss lasett fay hens jarakelees baha" plus rythmé conclut cet EP ovni en conviant à la fête DARKTHRONE (celui des débuts) et the RENTALS.

COFFRET DE BIJOUX alias Alice Simard est vraiment une artiste inclassable qui se moque des étiquettes. Elle prouve en tout cas que musiques extrêmes, shoegaze et indie-pop peuvent faire bon ménage. Une réussite !

Mr Caribou

 Titre préféré :                                           Niepa u mel rei’alsona

 

 

https://coffretdebijoux.bandcamp.com/album/intablej-u-ana



mardi 4 mars 2025

PALES - Crush

 



PALES - Crush [EP]

 Autoproduit


Parmi les nombreux jeunes groupes prometteurs, les Strasbourgeois de PALES avaient déjà retenu toute notre attention à l'occasion de leur premier EP "In Our Hands" sorti en 2022. Leur post-punk énergique fort bien troussé démontrait déjà qu'on avait affaire à un groupe au gros potentiel. Trois ans plus tard, les jeunes Alsaciens reviennent avec un nouvel EP qui s'éloigne un peu de la ligne musicale de leurs débuts. Plus bruitiste et audacieux, PALES intègre sur ces 5 nouveaux titres des sonorités plus noise et industrielles sans jamais perdre son côté pop. Un savant cocktail particulièrement addictif que l'introductif "Piece of Meat" met en exergue. D'abord dominé par le spoken word de Célia Souarit dont les intonations rappellent, dans des styles bien différents, Laurie Anderson ou la québécoise Marie Davidson, le titre voit s'installer une tension grandissante au fil des minutes. La guitare devient plus noisy alors que la batterie et le chant gagnent en intensité. Ce morceau crescendo est une réussite qui donne parfaitement le ton. Plus tendu dès son entame, "Uppercut" porte son nom à merveille. Les riffs percutants tranchent d'abord avec le chant assez doux. Puis les déflagrations sonores se font plus nombreuses si bien que cet "Uppercut", qui met tout le monde à terre, se termine dans une sorte de transe noise portée par une basse martiale. Changement d'ambiance ensuite avec l'intro assez catchy de "Superstar". Le calme avant la tempête. Car le titre prend ensuite une tournure nettement moins pop. Les guitares deviennent de plus en plus dissonantes avant que le mur du son laisse place à une fin plus dansante et synthétique dans un final évoquant les expérimentations des PSYCHOTIC MONKS. "1518" renoue avec un son plus post-punk et un chant plus affirmé encore de Célia Souarit. Le titre se termine magnifiquement sur un rythme technoïde et dans une ambiance plus indus. Mené sans répit en 25 minutes chrono, le nouvel EP de PALES arrive déjà à son terme avec la pièce la plus longue "Dangerous Dance". Un titre fleuve qui débute tranquillement avec un son de guitare minimaliste. La batterie puissante et la basse font corps ensuite pour lancer la machine PALES. Ce morceau de conclusion est sans doute celui qui met le plus en avant les qualités vocales de Célia Souarit, du chuchotement aux cris. Très expérimental, "Dangerous Dance" alterne les passages très bruyants et les accalmies. C'est d'ailleurs dans la douceur et l'apaisement que se termine ce superbe morceau. 

 

Avec ce nouvel EP, PALES a clairement franchi un cap en étoffant son post-punk originel de sonorités plus rugueuses et aventureuses. Leur musique est encore plus passionnante. On attend l'album avec impatience. 


Mr Caribou


 Titre préféré :                                           Uppercut

 

 

https://pales-band.bandcamp.com/album/crush

https://www.facebook.com/pales.band.pales



vendredi 7 février 2025

The CARP - Knock Your Block Off

 


The CARP - Knock Your Block Off

Total Punk Records


Les traditionnels bilans de fin d'année sont souvent l'occasion de découvrir de belles pépites passées en dehors de nos radars. Et si les sorties musicales ne manquent pas en ce début d'année 2025, il serait dommage de ne pas évoquer certains "oubliés" de l'année écoulée. The CARP, combo de Cleveland dont on ne connait pas grand-chose, fait partie de cette catégorie. Le trio a sorti il y a quelques semaines un excellent album "Knock Your Block Off" sorti sur le label Total Punk Records qui contient dans son catalogue l'artiste ALIEN NOSEJOB.

 

Ce premier album des Américains s'inscrit dans la pure tradition du punk. Marqué par le son de la fin des années 70, the CARP nous livre un savant mélange de DEVO et des BUZZCOCKS. Débutant dans une ambiance de pub avec un chant a cappella qui sent bon la bière, la machine de guerre the CARP se met vite en action sur "Dump the Bosses Off Your Back". La batterie rapide et la guitare robotique se marient à merveille avec une voix qui ne choisit pas vraiment entre chant et spoken words. "Toxic Peace" et son refrain scandé est immédiatement accrocheur. Le timbre du chanteur évoque un peu ici le phrasé de Fred Schneider, leader des B-52's. Le son se fait encore plus brut et minimaliste sur l'expéditif "Will You Be The Freak" dont le rythme ne cesse d'accélérer à mesure que le morceau avance. Le groupe de Cleveland n'y va pas par quatre chemins. L'album ne contient d'ailleurs que 10 titres pour une durée totale qui ne dépasse pas les 20 minutes. La grosse basse et les riffs percutants font leur petit effet sur "Fairview Park Skins". Les trois énergumènes sont toujours aussi pressés sur "The Old Ways" et "Oh No", morceaux qui donnent immédiatement envie de pogoter. La rythmique métronomique et le son plus heavy de "Curt Ups" laissent place ensuite à des sonorités plus surf et à un solo chaotique. Plus calme et nonchalant, "Milk in the Cemetary" fait clairement penser à l'indie-rock/punk-rock des New-Yorkais de PARQUETS COURTS. Après une dernière saillie punk "Everyone I Know is a Snitch", les explosifs the CARP conclut ce premier album par un titre plus étrange et décalé. Reposant sur une répétition de riffs, une boucle de basse et un spoken words noyé dans la réverb', "Folly" est clairement le titre le plus expérimental. Peut-être une piste sur l'orientation musicale du groupe ? Toujours est-il que the CARP a pour l'instant parfaitement ravivé la flamme punk 70's sur un premier album court mais terriblement efficace.

Mr Caribou

 Titre préféré :                                           Cut Ups

 

https://totalpunkrecords.bandcamp.com/album/knock-your-block-off-2


mercredi 29 janvier 2025

Interview - Johnnie Carwash

En fin d’année dernière, avec Mr Caribou nous rencontrions l’un de nos coups de cœur en la personne de Johnnie Carwash. Le groupe était en tête d’affiche de l’anniversaire des 11 ans du Jokers. Rencontre avec ce trio très sympathique pour parler de leur dernier opus, de Johnny Mafia, de More Women On Stage, de Lyon, de la Chine… De tout plein de choses !

 

@_aaronbenjamin



Hello les Johnnie Carwash, pouvez-vous nous présenter le groupe ?

Bastien : On vient de Lyon, le groupe existe depuis 2018, on jouait déjà dans d’autres groupes ensemble avant, pas des groupes qui ont tourné, plutôt des projets amateurs. Avec Johnnie Carwash on a deux EPs et donc, deux albums.

 

Vous êtes sur Howlin’ Banana, comment ça s'est fait ?

Manon : On avait repéré depuis un moment qu'ils faisaient des groupes qu'on aimait bien, donc forcément on s'était dit ça serait super. Je crois qu’on avait envoyé un mail mais sans réponse. Et après, on a rencontré les Johnny Mafia, Fabio a envoyé un message directement à Tom et aussi à Touano de Th Da Freak. Donc c’est du copinage ! (rires)

 

Vous êtes proches de Johnny Mafia ?

Manon : Oui on est fan, c'est une petite scène, on se sent affiliés, en tout cas proches d’eux et de plein d’autres groupes de la scène française. Tout ce qui n'est pas sur Howlin Banana, on ne recommande pas ! (rires)

Vous jouez d’ailleurs ensemble la semaine prochaine à la soirée de Johnny à Tours !

 

Cette idée de nom de groupe c'est venu d'où ?

Bastien : Parce que ça sonnait bien surtout, puis à l’époque on répétait dans un petit local à côté d’un carwash (une station de lavage) sur un terrain vague.

samedi 28 décembre 2024

Le BILAN 2024 de Mr CARIBOU

 



Et voici le bilan bien complet de l'illustre chroniqueur des Rêveries : Mr Caribou.
Il revient sur son année 2024 bien chargée en découvertes.


Meilleurs albums 2024 :

 

1- GODSPEED YOU ! BLACK EMPEROR « No title as of 13 february 2024 28, 340 dead »

 


Les champions du monde du post-rock conservent leur titre

https://godspeedyoublackemperor.bandcamp.com/album/no-title-as-of-13-february-2024-28340-dead

 

2- BLOOD INCANTATION « Absolute elsewhere »


 

Morbid Angel x Pink Floyd x Tangerine Dream

https://bloodincantation.bandcamp.com/album/absolute-elsewhere

mardi 17 décembre 2024

CHOU - Blanc

 


CHOU - Blanc

Folivora

 

Décidément, la scène québécoise regorge de pépites. 2023 avait notamment été marquée par la découverte du stoner démoniaque de FUUDGE ou du psychédélisme inspiré de POPULATION II. Des projets musicalement différents mais chantés dans la langue de Xavier Dolan. Bonne nouvelle, cette belle lignée québécoise se perpétue en 2024. Les énervés CHOU ont en effet déboulé à l'automne avec leur deuxième album "Blanc" (attention jeu de mots). Et pour notre plus grand plaisir. Plus punk dans leur approche que les deux groupes cités plus haut, CHOU joue donc une musique nerveuse intégrant des sonorités stoner, grunge ou encore hardcore. Le groupe de Montréal brille également par son humour grinçant. Il dépeint avec merveille les travers de notre société sans oublier de faire preuve d'autodérision. "Il va y a avoir des morts", et on ne pourra pas reprocher à Charles Laplante qui s'égosille sur ce morceau de ne pas nous avoir prévenu. Tour à tour criarde ou gutturale, son interprétation impressionne sur ce titre d'ouverture débordant d'énergie. CHOU accélère encore un peu plus la cadence sur "Je fais attention" qui évoque un protagoniste paranoïaque. D'abord porté par un gimmick digital très efficace, le son se fait plus brut avec un refrain tendu. Vient ensuite "Rien", un titre punk assez entrainant évoquant la parentalité et un rendez-vous galant foireux. Un poil plus posé, "Tirelire" voit Bruno Bouchard enquiller les riffs. Il est savoureux d'entendre le quatuor québécois sonner parfois comme du McLUSKY ou du HOT SNAKES tout en chantant en français. Après avoir évoqué le quotidien sans le sou, CHOU se fait plus pop sur l'hilarant "Pythons chauds". Il est question de flatteries entre musiciens et de conversation de spécialistes. CHOU continue ensuite de distribuer des bourre-pifs tel que l'expéditif et très punk "Barré du couche tard" ou encore le hardcore survolté de "Ça plombe". Très noisy et intense, "Pain" semble parler de malbouffe et de l'absurdité du monde. Charles Laplante hurle qu'il "mange des croquettes de poulet en forme de dinosaure et je savoure l'ironie". Très drôle, "Doux comme un agneau" mélange riff bien lourd, voix qui s'époumone et refrain catchy avec chœurs féminins. Charles Laplante répète à l'envi lors d'un date qu'"il est doux comme un agneau" sur un ton agressif. Strident, hystérique et imprévisible "Offrande aux dieux de l'indifférence la plus totale" montre un versant plus expérimental, métal, voire indus. On arrive déjà en fin d'album et CHOU n'est pas du genre à clôturer par une ballade sirupeuse. Au contraire, les Québecois délivrent une dernière bombe punk-rock "Vraiment pas pire". 

 

Débordant de bonnes idées, "Blanc" est vraiment un album décapant qui brille autant par son énergie punk que par ses paroles percutantes. On espère une visite de CHOU en France très prochainement. 

Mr Caribou

 Titre préféré :                                           Il va y avoir des morts

 

 

https://lebandchou.bandcamp.com/album/blanc

 


dimanche 10 novembre 2024

WE HATE YOU PLEASE DIE - Chamber Songs

 


WE HATE YOU PLEASE DIE - Chamber Songs

Nouveau Monde Artistes Services / Incisive Records

Il y trois ans, l'excellent 2ème album de WE HATE YOU PLEASE DIE avait particulièrement marqué les esprits. A la fois brutal et catchy, Can't Wait To Be Fine était un album ambitieux qui classait les Rouennais parmi les groupes les plus talentueux du moment. Depuis, de l'eau a coulé sous les ponts. Surtout, le charismatique chanteur Raphael Balzary ne fait désormais plus partie du combo normand. Un départ qui aurait pu couper les ailes de WE HATE YOU PLEASE DIE. Que nenni, les trois autres comparses ont décidé de poursuivre l'aventure et de garder cette belle énergie qui caractérise le groupe. Ce changement de line-up a bien évidemment eu des conséquences sur la couleur musicale du projet. Si le groupe a perdu un peu de sa fantaisie, il a gagné en cohérence et en sauvagerie. Ne pas se fier à la pochette de l'album, le nouveau trio ne fait pas dans la musique de chambre mais bel et bien dans le punk-rock endiablé. Une musique plus frontale et intense comme en atteste le bien nommé "Adrenaline" qui ouvre l'album. Une pépite riot girl dans laquelle la basse musclée, le chant habité de Chloé Barabé et le refrain scandé font des étincelles. Après cette entrée en matière attaquée pied au plancher, WE HATE YOU PLEASE DIE calme légèrement le jeu sur "Stronger Than Ever". En apparence car les paroles se font plus engagées sur ce titre militant au gimmick de guitare imparable. Le trio rouennais poursuit en mode rouleau compresseur sur "Automatic Mode", morceau tendu légèrement grunge. Le son se fait encore plus brut sur "Control", petite bombe punk-rock qui voit WE HATE YOU PLEASE DIE accélérer encore un peu plus le rythme. Une rage que l'on retrouve sur les furieux "Lust" et "Vampirized" marqué pour ce dernier par un drone introductif. Entretemps, le trio rouennais nous gratifie d'un "The Fool" inventif. Débutant telle une ballade apaisée, le morceau devient subitement tendu et agressif. Les nombreux changements de rythme et la part plus importante laissée au chant masculin sur ce titre évoque le WE HATE YOU PLEASE DIE d'avant. La tension reste palpable sur le heavy et grungy "Flesh" marqué par la réverb' et l'écho sur la voix de Chloé. N'offrant aucun répit, le trio repart au charbon et enchaine les brûlots punk-rock déchainés : "Asshole" ou encore "Sorority". WE HATE YOU PLEASE DIE nous propose une fin d'album surprenante. Un nouveau virage musical pour ses prochaines productions ? "Surrender" est un long titre de presque 6 minutes qui voit WE HATE YOU PLEASE DIE évoquer SLOWDIVE dans une ambiance shoegaze atmosphérique du plus bel effet. 

 

Amputé de son leader, WE HATE YOU PLEASE DIE a su parfaitement rebondir en passant à la formule trio. Chamber Songs est un album nerveux et explosif de haute tenue.

 

Mr Caribou

 

Titre préféré :                                            Stronger than ever

 

https://wehateyoupleasedie.bandcamp.com/album/chamber-songs

https://www.facebook.com/whypd/



jeudi 17 octobre 2024

BOUCAN – Deux

 


BOUCAN – Deux

Muzotte  / Araki Records / Vox Project / Day Off Records /  ABreactions Productions / Bigoût Records

Avec BOUCAN et leur album "Deux", une chose est sûre, il n'y a pas tromperie sur la marchandise. De bruit, il est effectivement question avec la musique des énergiques Lyonnais. Et comme le duo sort donc son 2ème album en ce début d'automne, tout se tient.

A partir d'une batterie percutante et d'une basse musclée et inventive, BOUCAN nous livre un math rock/noise instrumental très intense. Une musique physique et exigeante qui fait des étincelles dès "Transhumance", le titre qui ouvre l'album. L'ambiance de pâturage de montagne et de bruits de clochette laissent vite la place à une noise bien rugueuse. Le tandem basse-batterie tape fort, les changements de rythme sont imparables. BOUCAN évoque un autre duo un peu zinzin, les Belges de LA JUNGLE mais dans une version encore plus noisy. Moins frontal et tendu dans son entame, "Cluster" monte quand même vite en pression. La rythmique implacable et les envolées sonores épileptiques du duo finissent par nous emporter. Après une telle débauche d'énergie, la basse groovy et la tranquillité apparente de Sabotage(s) font un bien fou. Une introduction hypnotique très krautrock (on croit entendre un saxophone) à l'ambiance malgré tout pesante. Le calme avant la tempête. L'explosion noise surgit dans le dernier tiers du morceau qui se clôture dans un déluge de décibels. "Jappeur" se révèle ensuite être d'une intensité incroyable. Le titre n'offre aucun répit à l'auditeur et fait l'effet d'une tornade. Ça tabasse fort, la batterie hyper physique de Raphael impressionne. Avec BOUCAN, pas de refrain fédérateur ou d'introduction catchy. Les larsens qui ouvrent "Les Idées Noires" en sont le parfait exemple. Cette introduction bruitiste laisse ensuite place à une rythmique entêtante un poil dansante qui rappelle BATTLES. Sur "Valse, Entorse", titre mystérieux, BOUCAN s'aventure dans des contrées plus post-rock. Mais la lente montée atmosphérique si caractéristique de ce genre musical s'interrompt brutalement à mi-parcours. Le morceau prend soudainement une tournure plus tendue et bruyante. "Atonie" conclut ce deuxième album comme il avait commencé. Dans le vacarme et l'intensité de ce duo basse-batterie au diapason. Et par un cri qui vient du cœur. 

 

BOUCAN prouve qu'à deux, et avec peu de moyens, on peut faire un raffut pas possible. "Deux" est un excellent album de noise-rock instrumental mâtiné de math-rock. 

Mr Caribou

 Titre préféré :                                           Transhumance

 

https://boucanduo.bandcamp.com/album/deux

https://www.facebook.com/boucanduo/