mercredi 30 juillet 2025

LIMBOY – II

 


LIMBOY – II

Stolen Body Records

Le premier album du « super-groupe » angevin avait eu le malheur de sortir juste avant le confinement bloquant toute possibilité de tournée. Quand enfin l’idée de relancer le projet germe, Maxime (San Carol, Big Wool, Sandwich…) étant trop occupé c’est Florent (Tiny Voices), ami de longue date, qui prend le relais au micro, et derrière on retrouve toujours Elliot (Bermud) et Stw (San Carol, Eagles Gift) aux guitares et Hugo (Eagles Gift) à la batterie.

 

Sobrement intitulé II, ce nouvel album de LIMBOY démarre très fort avec un son acéré dès les premières notes de Lifting Weights, shifting Right, on prend une belle décharge d’énergie avec un morceau dans la veine Dischord des années 90, je pense notamment à Fugazi. Le son de guitare est incisif tandis que la voix de Flo, si particulière fait son effet avec son petit côté éraillé. Véritables défouloirs, des titres comme Arrested Development et Poison amènent une grosse sensation de puissance tout en proposant des riffs simples. On pourrait s’étonner de l’absence de basse, mais l’équilibre est finement pensé : la guitare baritone d’Elliot est accordée très bas ce qui donne ce son dense et compact.

Puis les Angevins cassent les codes et s’aventurent dans le post-punk voire même le cold-wave sur Nightman ou Black Block Trail Series sans jamais perdre d’intensité et de tension. Le groupe ne cherche pas à plaire mais juste se faire plaisir et explorer. Et c’est plaisant. Ainsi on peut retrouver un morceau comme WI, qui allie mélodies rythmiques aux frontières de l’électro et une puissance tout juste contenue. C’est puissant et fort.

 

Enregistré à La Cuve, leur propre studio, par leur soin, le son est puissant et c’est aussi impressionnant que mérité de retrouver cet album directement dans le catalogue de Stolen Body Records, label anglais de Bristol réputé dans la scène noise/psyché/garage.

 

Avec II, LIMBOY creuse ses racines hardcore punk tout en injectant des textures noise et post-punk. C’est direct et sincère. Un véritable défouloir pour les quatre garçons issus de formations différentes. Dix titres pour trente minutes de tension, d’urgence où l’énergie prime avant tout.

 

J. NeWSovski

 

https://limboy.bandcamp.com/album/ii-2

https://www.facebook.com/limboy666



vendredi 25 juillet 2025

THE CHRIS ROLLING SQUAD – Damn you all… to hell

 


THE CHRIS ROLLING SQUAD – Damn you all… to hell

Cimex Records / Ghost Highway Recordings

 

On connaît Chris Rolling depuis près de 10 ans et son premier EP, et c’est avec plaisir qu’on retrouve le trio de la Roche-Sur-Yon pour un troisième album composé de 15 morceaux pour 38 minutes.

 

Passée la courte introduction, le premier morceau, qui donne son nom à l’album, annonce très vite la couleur : vitesse et puissance. Tout comme sur le précédent opus, on peut trouver des affinités avec des groupes comme Peter Pan Speedrock ou Zeke. C’est du gros rock’n’roll qui tape fort (loaded gun) mais qui sait aussi se poser sur des mélodies plus douces aux faux airs de grand ouest comme sur A van To Load. Le trio vendéen semble avoir trouvé sa voie avec des morceaux très rapides, des rythmiques déjantées et avec comme appui un chant qui semble parfois s’inspirer de la scène métal (Blind). Dans le même esprit Drive Me mad sort du lot : j’aime beaucoup comment le chant est posé sur la mélodie et, ça me rappelle, toute proportion gardée, Volbeat. Franchement, c’est très efficace et on ne peut qu’admirer les progrès depuis le premier EP.

 

Headshoy 1st mixe Bo Diddley et Motörhead : du rock’n’roll un peu gras mais toujours percutant. Tandis que l’instrumental Canonball Holocaust, qui reprend donc le nom de l’album précédent, sert d’interlude et invite au voyage. Chris Rolling sait aussi proposer autre chose, un morceau mid-tempo très très accrocheur, Night Got Me Runnin’ qui s’annonce comme le tube de l’album et qui fera certainement des ravages en concert. Let’s go and action se démarque aussi par un côté presque pop, assumé… ou pas ? Je suis moins fan de ce morceau tandis que Til The Day I Die explore une face plus obscure, très punkrock avec un chant très sombre.

 

On notera aussi la pochette originale et globalement j’aime bien leurs visuels de concerts, dessinés avec soin dans un esprit The Preacher du plus bel effet. On est très loin de l’horrible pochette du premier EP ! Enregistré par Fabien Guilloteau au Nomad Studio, le son est puissant et précis.

 

 

Chris Rolling nous offre un nouvel album brut et puissant qui offre un rock’n’roll rapide et direct. C’est pour moi leur meilleur disque à ce jour.

 

J. NeWSovski

 

 

https://chrisrolling.bandcamp.com/album/damn-you-all-to-hell

https://www.facebook.com/thechrisrollingsquad/

 

dimanche 20 juillet 2025

Les Rêveries : Numéro 22

 


Voici le nouveau numéro des Rêveries. Le 22ème, il sort en plein été et vous permettra peut-être de croiser certains des groupes sur scène. Ce nouveau numéro fait la part belle à la scène angevine (Bermud, Daria, Limboy, Christian Ravel, Maxime du Joker's, Festival Levitation) et ce sera aussi le cas sur le prochain avec une scène en pleine effervescence (Rest Up, Fragile, Gondhawa...).



La version papier sortira en septembre, elle sera disponible sur Angers dans certains points stratégiques (Le Chabada, Exit Music, Joker's Pub...) ou sur simple demande.



mardi 15 juillet 2025

THE MERCENARIES – Turn It Up

 


THE MERCENARIES – Turn It Up

Autoproduction

 

The Mercenaries a déjà deux EPs et un album au compteur, pourtant je les découvre seulement avec Turn It Up. Le groupe parisien, de Montreuil plus précisément, balance depuis 2014 un cocktail bien dosé de rocksteady, de punk et de ska. Une tambouille chaude et rugueuse à la fois, qui aurait toute sa place sur Hellcat Records aux côtés de Rancid ou des Interrupters, d’ailleurs ces derniers les ont déjà embarqués en première partie sur leurs dates en France, c’est dire si les points communs ne sont pas anodins.

 

Chez The Mercenaries le chant est partagé entre Bad Ness et Loki, et cette alternance entre voix féminine et masculine est super intéressante et amène un dynamisme constant. La grande nouveauté par rapport aux précédents enregistrements c’est l’arrivée d’une section cuivre (Nico au trombone et Léo à la trompette) qui amène de la profondeur et du coffre à leur musique.

Dès l’ouverture avec Zion, le ton est donné : un reggae abrasif, dense, presque militant, qui pose l’ambiance. Plus tard on se délectera aussi de Paradise, porté par une basse qui groove à souhait avec une bonne vibe roots. Mais Turn It Up ne s’endort jamais longtemps : Take It To The Streets arrive en embuscade avec la voix éraillée de Bad Ness, qui n’a rien à envier à Aimee Allen de The Interrupters (oulala cette fin sur Time to party !!!) pendant que Like There Is No Tomorrow vient nous chercher avec un piano irrésistible et un refrain plus accrocheur qu’une bande de velcro. Les Parisiens sont aussi très bons sur le côté roots (Far From The Troubles) mais ils n’oublient pas non plus le ska avec un titre instrumental (Madness). Puis quand ils mixent toutes leurs influences et les ressortent à leur sauce ça donne des morceaux hybrides comme antisocial ou Bad Girl qui partent dans toutes les directions mais de façon tellement coordonnée que ça fonctionne parfaitement ! On parle de Bad Ness depuis le début parce qu’on aime bien les groupes avec des chanteuses ici, mais la voix de Loki est tout aussi intéressante avec son grain si particulier.

 

On notera la très jolie pochette réalisée au stylo Bic par l’artiste Beus, le recto est magnifique mais le verso vaut tout autant le détour.

 

Bande son idéale pour l’été, Turn It Up est un album surprise qui amène une grosse dose de fraîcheur à l’aide de sonorités diversifiées qui mettent en avant une belle ouverture. Un chouette album !

 

J. NeWSovski

 

 

https://the-mercenaries.bandcamp.com/album/turn-it-up

https://www.facebook.com/themercenariespunkrock/?locale=fr_FR



jeudi 10 juillet 2025

TH DA FREAK - Negative Freaks

 


TH DA FREAK - Negative Freaks

Howlin Banana Records

Les prolifiques TH DA FREAK nous ont inquiétés. Deux ans sans nouvelle, c'est rarissime pour le projet de Thoineau Palis. Car celui-ci enquille les albums depuis une petite dizaine d'année. Quatorze au compteur pour être précis pour l'homme à tout faire du combo bordelais. On commençait à se dire que la machine lo-fi s’était enrayée. Que nenni, un quinzième album "Negative Freaks" a débarqué au printemps, toujours aussi libre, toujours aussi dense et influencé par les années 90. Et il s'agit peut-être de l'œuvre la plus collective de TH DA FREAK puisque l'album a été enregistré en 15 jours en conditions live, avec les membres habituels présents sur les tournées du groupe. On y retrouve notamment Sylvain, le frère de Thoineau, la tête pensante de SIZ.

"Was Made" démarre sur un faux rythme. TH DA FREAK semble vouloir prendre son temps avant de balancer un refrain fédérateur très grungy. La marque de fabrique du groupe. Les Bordelais nous gratifient lors cette entame de petites dissonances et bizarreries sonores bien pensées. En parfait équilibre entre mélodie et intensité, TH DA FREAK n'a pas perdu la main. Plus power-pop, "Kelso" oscille entre la lourdeur (les guitares) et la légèreté (le chant). La pression baisse d'un cran sur "7 Pairs of Keys". Mais ce calme apparent ne dure guère longtemps. La saturation et la puissance des Girondins reprennent vite le dessus. L'usage des synthés est très pertinent sur ce morceau. Ils s'imposent discrètement à plusieurs reprises tout au long de l'album et nappent les morceaux d’une couleur un peu plus rêveuse, parfois plus anxieuse. On retrouve les claviers sur le bondissant "Rage is Consuming" qui fait preuve d'une belle énergie punk. Malgré sa productivité, TH DA FREAK ne s’enferme jamais dans la redite comme le prouve "Infinite Love", très mid-tempo. L'album prend ensuite une tournure un plus noisy. Le gros riff introductif de "Dont' Leave the Town" en atteste. "I'm Still" est une petite bombe grunge bien heavy d'une redoutable efficacité. Guitares cradingues, synthé un peu barré, batterie infatigable et hurlements font bon ménage. TH DA FREAK ne faiblit pas sur les tonitruants "Family Time" et "Snooby", deux titres courts électrisants. Il fallait bien une balade un peu perchée pour calmer le jeu. "Shut It" et sa tournure un peu psychélique développent des sonorités qui peuvent évoquer les FLAMING LIPS. Un peu de répit avant de conclure magnifiquement "Negative Freaks". Tout d'abord, "Lost In the Kids", titre qui balance entre indie-rock, power-pop et shoegaze. Assez pop malgré les guitares fuzz, "White Punk Ass" sent bon les nineties et termine en beauté ce quinzième opus de nos Bordelais préférés.

 

Une énième production qui n'entame en rien la fraicheur de TH DA FREAK qui reste un de mes meilleurs ambassadeurs du grunge à la française. 

Mr Caribou

 

Titre préféré :                    Rage is consuming

 

https://thdafreak.bandcamp.com/album/negative-freaks

https://www.facebook.com/thdafreak



 

dimanche 6 juillet 2025

PUNK PARADOX de Greg Graffin

 



PUNK PARADOX de Greg Graffin

Kicking Records

 

Bad Religion est l’un des groupes les plus influents dans l’histoire du punk-rock. Sortie il y a quelques années, leur biographie, intitulée Do What You Want, permettait de connaître la création du groupe, ses hauts et ses bas, et de comprendre dans quel contexte chaque album a été créé. Un superbe ouvrage, très riche et bien documenté.

Cette année Kicking Records a encore eu l’excellente idée de traduire l’autobiographie de Greg Graffin, chanteur et leader du groupe américain.

 

Graffin n’est pas un personnage simple car le récit oscille entre sa vie de famille, son groupe et ses études universitaires. C’est le point important du livre, de comprendre la dualité entre le musicien et le scientifique. Il est important de rappeler qu’il est titulaire d’un doctorat en zoologie et paléontologie de l’évolution et qu’il a aussi fait une thèse sur la religion et l’évolution. Dans Punk Paradox il a à cœur de développer certains concepts et d’expliquer comment il pu mener de front ses deux passions devenues au fur et à mesure des années, ses activités. Il fait de nombreux parallèles entre ses deux carrières, parlant régulièrement de la Graffin University, un nom pour représenter l’école de la vie, qui lui a permis d’être autodidacte dans son groupe et de l’autre côté être épaulé par ses formateurs en sciences.

 

 

Mais ce livre est surtout une nouvelle plongée fascinante dans l’évolution du punk-rock de puis le début des années 80 jusqu’à maintenant. J’avais tout de même quelques craintes de répétitions mais les deux livres se complètent parfaitement. Graffin comble de nombreuses zones d’ombre sur la carrière de Bad Religion. Notamment un point très important et crucial dans la carrière du groupe : le passage sur Atlantic Records en 1994. En pleine montée de la seconde vague punk, alors que Brett Gurewitz explose avec son label Epitaph, le groupe signe sur une major. Considéré comme une trahison par les fans le groupe sortira quatre albums dont Stranger Than Fiction qui verra Mr Brett quitter le groupe après son enregistrement. Il aborde aussi la nouvelle génération de groupes, le côté léger et superficiel des paroles, loin de l’esprit punk des débuts. J’aime son regard sur la première vague punk du début des années 80 et son déclin. J’aime ses détails comme le fait d’évaluer le côté sain de la scène à la présence rare des filles qui met en avant le côté fermé et violent de certains groupes et fans. J’aime les anecdotes sur les autres groupes, évidemment il revient inlassablement vers Circle Jerks mais je suis encore très surpris de ne voir aucune mention vers les Descendents et Milo Aukerman, californien aussi, actif entre 78 et 84 et aussi titulaire d’un doctorat en sciences.

 

Greg Graffin aborde aussi des sujets douloureux comme le divorce de ses parents, son déménagement à Los Angeles puis plus tard la difficulté de la vie de famille alors qu’il passe des mois sur la route puis son divorce.

 

Un livre à lire, à dévorer même, bien aidé par une traduction précise de Révérend Seb d’Hateful Monday. Ceux qui ont été adolescents dans les années 80-90 se sentiront évidemment très concernés mais il est tout important et passionnant de comprendre la complexité de la vie et l’explosion médiatique et commerciale du groupe.

 

« On peut dire qu’aucun d’entre nous ne savait ce qu’était le punk, même à l’époque où nous étions si sûrs de l’incarner »

 

« La vie m’a appris son caractère inéluctable ; il faut accepter certaines réalités âpres et sévères, et utiliser son intelligence pour s’adapter et continuer d’apprendre. »

 

J. NeWSovski

mardi 1 juillet 2025

BASIC PARTNER – New Decade

 


BASIC PARTNER – New Decade

À Tant Rêver Du Roi

 

C’est le premier long format des Nantais après un EP prometteur (Insomnia’s Road en 2023) et c’est sous une pochette sobre mais intrigante que New Decade débarque.  Attention à ne pas se fier aux apparences car les deux personnages mis en avant cachent en fait un quatuor qui manie l’art de la tension comme peu savent le faire aujourd’hui.

 

Dès les premières secondes de New Decade on comprend qu’on va devoir retenir notre souffle car Basic Partner s’appuie sur le chant aérien et grave de Clément qui pourrait rappeler le timbre de Fabrice Gilbert de Frustration mais avec une grosse veine noise héritée des années 90 – je pense bien sûr à Shellac ou Unwound. Pas de superflu : la batterie cogne sec, la guitare sculpte des riffs anguleux, la voix – mi-chantée mi-récitée – navigue entre détachement et urgence, le tout dans un son très brut. Them se révèle bien plus mélodique, plus pop dans son traitement, notamment sur le refrain mais se révèle vraiment intéressant et accrocheur. Mother has no time conserve ce côté mélodique bien appuyé par les sons de claviers. Avec Unfinished puis Buy And Sell, le groupe appuie fort sur la touche New Wave / Post Punk, qui est décidemment incontournable en ce moment. Je ne suis pas toujours fan des sonorités électroniques mais force est de constater que l’ensemble est non seulement bien fait mais aussi très cohérent.

 

J’aime beaucoup She cares for me, la voix de Clément y est énorme, pleine de profondeur et d’âme. On imagine aisément un chanteur bien plus âgé qui aurait écumé les scènes enfumées des pubs dans les années 70.

 

Le point d’orgue arrive avec Wasting Time qui clôt l’album en beauté et dont je vous conseille aussi le visionnage sur leur live on KEXP (https://www.youtube.com/watch?v=vzwyYHsUTuE), ce titre résume tout l’album avec son côté rock débridé plein d’énergie, son intensité latente puis les mélodies post-punk qui arrondissent les angles. Le passage vaporeux sur la deuxième partie rappelle évidemment les cultissimes HINT avec le saxo aérien qui en fait un excellent morceau.

 

Basic Partner fait une entrée fracassante avec ce premier album. Le label À Tant Rêver du Roi ne déroge pas à sa règle des groupes talentueux et atypiques. Un album incontournable de cette nouvelle scène en pleine ébullition.

 

J. NeWSovski

 

 

https://atantreverduroi.bandcamp.com/album/basic-partner-new-decade

https://www.facebook.com/p/Basic-Partner-100087152217345/?locale=fr_FR