PROPAGANDHI – At
Peace
Epitaph
Voici certainement l’album le plus clivant de l’année,
il ne peut laisser indifférent dans un sens comme dans l’autre. Et je dois
avouer que je suis passé par plusieurs états d’esprit à son écoute.
Lors des premières, ça a vraiment été une déception.
J’adore les morceaux d’ouverture des Canadiens « Mate Ka Moris » sur Today’s
Empires, Tomorrow’s Ashes ou « A speculative fiction » sur Potemkin
Limits pour n’en citer que deux et, ici, At Peace
démarre avec Guiding Lights
qui amène de l’intensité et une belle tension mais n’explose jamais, il faut
donc attendre At Peace pour que Propagandhi
renoue avec ce que j’aime : ce côté agressif, explosif et une belle
énergie. Cat Guy s’en sort aussi pas mal avec des riffs
abrasifs mais la suite se révèle mièvre et finalement peu emballante. Ces
premières sessions se sont donc révélées décevantes.
Je dirais que Propagandhi
n’est pas un groupe qui a l’habitude de décevoir et de rater un album. Certes
le précédent (victory lap) était un ton en dessous mais il
reste, pour moi, un bon album. Alors on remet le disque encore et encore, et puis
il y a un petit déclic et il me ramène indéniablement vers lui.
Et sur cette deuxième salve d’écoutes à haute dose il
y a énormément de choses qui ressortent. Tout d’abord la première moitié de l’album
est vraiment très bonne si on accepte le fait que les canadiens ne fassent pas
ce qu’ils ont déjà joué par le passé. Le riff sur Guiding Lights
est extraordinaire, At peace est aussi un morceau superbe, peut-être,
et même certainement, dans le top 10 du groupe tandis que Cat Guy
et son intro très martiale fait preuve de mélodies très pointues, ce même côté
mélodique est énormément présent sur No
Longer Young, moins bon peut-être mais non dénué
de charme. Rented P.A. est peut-être moins intéressant mais
la guitare révèle un côté métal super sympa, et puis son pont en plein milieu
est juste magique. Autre point important on trouve des accords, des riffs très techniques
qu’on n’entend pas habituellement dans ce registre de groupes.
Et puis à force d’écoutes je dois avouer que mon jugement s’est affiné. Son
principal défaut est certainement sa longueur car avec 48 minutes et de
nombreux morceaux moins qualitatifs sur sa deuxième partie (Fire season,
day by day)
il perd énormément en impact. Je pense qu’il aurait mérité ne pas dépasser les
35 minutes pour vraiment être percutant.
Mais on ne peut pas que parler de musique avec Propagandhi, il faut absolument aborder les
textes et les thématiques abordées. Et le groupe semble désillusionné voire
même résigné, Le thème des états autoritaires et fachistes est mis en avant sur
Benito’s earlier Work qui tire
son nom de Benito Andrea Mussolini. C’est un peu la même idée sur
Vampires are real mais il
parle de la mainmise des puissants sur les Etats. Tandis que no longer young approche le vieillissement
et le déclin de nos sociétés occidentales. Rented
PA aborde la manipulation de l’opinion public à travers les
discours politiques en lien direct avec le gouvernement Trump. Et puis Guiding Lights met la lumière sur cette
recherche de sens que l’on ressent dans une société qui perd tous ses repères.
Avec 35 années de carrière, Propagandhi signe ici son
album le plus atypique. Le groupe a toujours évolué et At Peace se veut le plus
calme et le plus mesuré. Il reflète l’état d’esprit très résigné des canadiens
en apposant une tension à ses morceaux. Le fait d’avoir ralenti le rythme et
délaissé les titres puissants est audacieux et cela ne plaira pas à tout le
monde mais, pour ma part, avec un très grand nombre d’écoutes, je dois avouer
que j’aime beaucoup certains morceaux et notamment la première partie de cet
album.
J. NeWSovski
https://propagandhi.bandcamp.com/album/at-peace
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