Après douze années d'attente arrive enfin ce 21ème numéro des Rêveries. Je ne peux qu'être admiratif des confrères qui arrivent à sortir régulièrement des zines. Le travail est long et parfois fastidieux mais amène du plaisir à son final.
J'espère qu'à travers ce nouveau numéro vous pourrez découvrir des artistes qui m'ont marqué et influencé cette année.
La version papier est en cours d'impression et devrait arriver début septembre, limitée à une cinquantaine d'exemplaires, les trente premiers seront accompagnés de la compilation
.
Il sera disponible sur Angers gratuitement (ou contre une bière) et mise dans des points relais (Jokers Pub, Exit Music, Homewax, Le chabada...).
Disponible par correspondance moyennant frais de port (autour de 5€) en m'envoyant un mail à :
Dix années séparent Tales From The Pit de Go Ahead, Make My Day, Punk !
Entre temps de nombreuses playlist saisonnières sont apparues mais l'envie de refaire une compile avec mes coups de cœur est revenue !
Le thème est axé sur les contes de la cryptes. Artwork par Vinz Undergraph. Elle est disponible en cd avec les 30 premiers exemplaires du fanzine papier dont la sortie est prévue cette semaine.
Plus d'informations sur les groupes présents et les morceaux dans le livret dont le lien est présent ci-dessous.
Après deux
EP prometteurs, PENICHE, le pêchu trio basé sur Angers, se lance dans la grande aventure du LP
avec le bien nommé "Triplé". Toujours fidèle à sa
formule 100% instrumentale, PENICHE mélange à merveille math-rock, post-rock ou encore envolées noise.
Embarquer avec PENICHE ce n'est clairement pas s'adonner au slow tourisme fluvial. Bien au
contraire, les trois compères foncent souvent à la vitesse d'un hors-bord et
livrent une musique tonique à l'énergie communicative, comme en atteste la
petite bombe qui ouvre l'album "Treize à
la Douzaine". Batterie infatigable, riffs bien tranchants,
changements de rythme en pagaille, ce titre constitue une entrée en matière
tonitruante. "Nono168" calme un peu le jeu avec sa
délicieuse intro à la basse. Avec ses guitares mélodieuses et sa structure
complexe, ce morceau évoque le math-rock lumineux de TOTORRO. PENICHE remet un coup d'accélérateur sur
l'entame saturée de "CoolossCooloss". Un titre
d'obédience post-rock flirtant avec les 5 minutes qui voit alterner avec
réussite des sonorités plus noisy et des passages plus délicats dominés par la
basse musclée de Léa.
"K10" laisse chaque
instrument prendre progressivement sa place : des percussions inspirées aux
guitares harmonieuses en passant par la basse. Puis, la tension se fait sentir
jusqu'au puissant final qui monte clairement dans les décibels. L'absence de chant
ne lasse jamais et ce n'est pas "Grotsunami"
qui prouvera le contraire. Assez dansant avec sa basse groovy et sa batterie
infernale, ce titre jalonné de saccades soniques évoque notamment les
excellents LAJUNGLE. Après une telle débauche d'énergie, PENICHE calme le jeu et offre une
respiration avec "QLF"
qui s'inscrit dans une veine post-rock sans les longueurs inhérentes au style.
Le trio brouille ensuite les pistes avec le schizophrène "GuérandeBZH",
morceau aux changements de tempo aussi inattendus qu'efficaces. Une sorte de
titre "2 en 1",
alternant passages dynamiques et moments plus contemplatifs. Après la
presqu'Ile guérandaise, cap sur le Choletais avec "Ribou". Porté par une rythmique très
post-punk, ce titre se fait progressivement plus tendu grâce notamment à la
guitare incisive de Lucas.
Après l'expéditif "LaPéniche", le voyage avec PENICHE touche à sa fin sur "LaVareuse",
imparable pépite post-rock de 6 minutes aux ambiances contrastées.
Avec
"Triplé "PENICHE passe haut la main le cap du premier album et prouve
que le rock instrumental a encore de beaux jours devant lui. A découvrir
d'urgence sur scène !
Mike Noegraf, guitariste sur le premier album de The Traders, a choisi, il y a de nombreuses années, de se consacrer à son projet solo. Son quatrième album vient tout juste de sortir sur le label autrichien Sbäm Records. L'occasion d'en apprendre plus sur ce très sympathique artiste.
Ton
nouvel album Polarities vient tout juste de sortir, peux-tu
nous donner des informations sur son titre ?
L’idée
première au travers de ce titre d’album était pour moi de réussir à
imager la manière dont le mouvement fait partie de nos vies, dont la polarité,
le sens du mouvement s’intègre dans nos vies de manière générale mais aussi
dans la musique et l’écriture.
L’artwork
se démarque des autres albums dont le style était plutôt axé sur le graphisme
et les tatouages. Celui-ci est plus technique, numérique. Il relie le cœur au
cerveau. Peux-tu nous en dire plus ?
Oui je
voulais cette idée de cœur relié à un cerveau pour souligner une réalité qui
est la suivante :
Lorsqu’on
écrit une chanson, il y a une alchimie entre le cœur et le cerveau qui pousse à
écrire, à composer une chanson. Lorsque celle-ci est jouée, elle sort de notre
corps pour, au travers d’ondes sonores, arriver aux oreilles de l’auditeur,
pour au final se redispatcher dans le cœur et l’esprit de celui qui la reçoit.
Pour le
graphisme, je voulais quelque chose de différent mais qui garde une petite
touche de tatoo, d’où le fait que le cœur ressemble à un sacré cœur (qu’on peut
retrouver dans le tatouage traditionnel). J’ai demandé de l’aide à mon pote
Pample, puis j’ai fini de mettre tout ça place. Comme je suis très mauvais dans
l’utilisation de Photoshop, ça m’a pris un petit moment :)
C’est
ton deuxième album sur Sbäm records, comment s’est fait le lien avec eux
et comment cela se passe dans vos relations ?
Écoute,
ça se passe très bien et la signature chez Sbam s’est faite de manière
on ne pleut plus simple et naturelle. Je leur ai envoyé Outrospection
qu’ils ont décidé de sortir. J’ai réitéré avec polarities, ça
leur a plu et hop. C’est d’autant plus flatteur de sortir un deuxième album
chez eux quand on voit le joli catalogue qu’ils proposent :) C’est une chouette
équipe qui s’occupe très bien de ses artistes. C’est très agréable de les
laisser gérer un max de choses autour de l’album.
J’ai
cru comprendre que l’écriture de l’album avait été compliquée au départ mais
que tu as su retrouver l’inspiration. Comment cela s'est passé ?
En fait
après la sortie d’Outrospection, je me suis mis une espèce de
pression pour tenter de faire un prochain album qui serait mieux que son
prédécesseur (j’ai toujours eu un peu cette idée en tête que chaque album se
doit d’être meilleur que le précédent). J’ai passé 3 ans et demi donc à écrire
et composer un tas de chansons sans réussir à les finir. J’ai enregistré
énormément de mémos (plusieurs centaines) avec cette problématique de ne pas
réussir à vraiment écrire les textes autour. Je crois qu’on appelle ça
communément le syndrome de la page blanche.
Puis un
événement extérieur pas très fun est arrivé dans ma vie mais surtout dans celle
d’amis proche et a relancé la machine. J’ai eu envie d’écrire autour de cette
polarité et de tenté de construire un album autour du chemin de nos vies et de
ce qu’il en restera après. Les deux sujets sont pas mal en lien, la vie a, en
quelque sorte, une forme de polarité aussi similaire à chacun (avec
malheureusement des parcours plus ou moins longs et cabossés)
Tu as
mis en images le titre Under an Oak, c’est mon morceau préféré, peux-tu
nous dire ce qu’il raconte ?
Merci
beaucoup, ce morceau me tient beaucoup à cœur aussi, il retrace 15 ans de vie
commune avec ses déboires, ses erreurs mais surtout l’idée qu’au travers la
distance, les liens qu’on tisse sont plus fort que tout.
Il
y a une chanson qui s’appelle Malone, dans tes remerciements tu remercies
justement Malone, s’agit-il de ton fils ?
Ouais j’ai
deux garçons Malone et Scott. Je vais te raconter une petite anecdote que je
raconte parfois en live :
J’ai écrit
une chanson pour Malone au tout début du projet (ceux et celles qui ont pu déjà
écouter le tout premier split avec mon pote Roma Wreckman de Russie la
connaissent)
C’est une
chanson cool mais c’est une chanson de début de projet quoi… puis Malone lui-même
m’a demandé d’écrire une chanson pour son frère Scott il y a quelques années.
Donc j’ai écrit Scott, Malone avait 6 ans. Je l’ai sortie sur Outrospection.
Puis à force
d’entendre la chanson de son frère et pas la sienne, il est revenu vers moi en
me disant : « dis donc papa tu joues plus ma chanson ? »
Ce à quoi je
lui ai répondu : « ben mec elle n’est pas folle, je vais t’en réécrire une que
je pourrai jouer en live et dont nous serons tous les deux fiers »
Voilà :)
As-tu
une tournée de prévue pour promouvoir l’album ?
J’ai eu pas
mal de dates en France et en Corse depuis Juin, je dirais pas loin d’une
quinzaine.
Je pars
jouer en Italie du 18 au 20, j’ai été invité sur un festival que j’adore à
Rimini consacré entre autres à Bruce Springsteen.Puis j’enchaîne avec 10 jours en Belgique.
En
parallèle, on a démarré une formule trio avec mes compères Ed Wood à la
basse et Tommy Rizzitelli à la batterie sous le nom de Mike Noegraf
and the Outlaws. On a déjà fait quelques dates et quelques festivals. L’idée
est de faire une tournée fin octobre début novembre en Europe en passant par le
Sbäm Fest. Et de tourner ensuite un maximum avec ce projet. J’en suis
assez fier pour être honnête. C’est un set combinant électrique et acoustique
(ça me permet de retrouver mon premier amour qu’est la guitare électrique).
J’aimerais aussi développer plus le projet au travers de cette formule. Des
vidéos live sessions doivent sortir d’ici fin août / mi-septembre. C’est un
bonheur de revisiter les titres une troisième fois (solo, album et live)
Il y a
de nombreuses années tu jouais de la guitare dans The Traders, joues-tu
dans d’autres groupes que ton projet solo ?
On a attaqué
en parallèle depuis des années un projet avec mon ami Trint ex-Umfm sous
le nom de Minte. Mais on est pas mal occupé avec nos projets et c’est
pour l’instant en stand by. Je fais aussi de la production et des
enregistrements. On a notamment bossé sur l’ep de trint qui s’appelle Almost
Minte où on a composé, enregistré et produit des chansons ensemble
ainsi que des reprises d’unco.
J’ai bossé
cette année aussi avec Ed Wood sur son Ep. J’adore cette partie-là :
l’arrangements de chansons. Si d’ailleurs vous voulez bosser avec moi là-dessus…
Sinon non,
j’essaie vraiment de me consacrer à ce nouvel album et de finir l’écriture du
prochain sur les mois à venir.
Voici un
groupe dont le nom interpelle et ne peut laisser indifférent. Une mornifle c’est
une bonne vieille baffe des familles. Aussi on peut s’attendre à ce que le
groupe d’Annecy cartonne niveau son. Formé en 2017, Egratignures
est le deuxième EP du trio. Mornifle,
EP éponyme est sorti en 2020 et était totalement instrumental.
Avant de me
lancer dans l’écoute de ce six titres, juste en voyant la pochette et le nom du groupe, je pensais entendre du
punkrock rapide façon Nina’school avec le chant en français, mais quelle surprise d’entendre un son lourd
façon noise des années 90. Ainsi sur Piqûre,
Mornifle me rappelle les Montpelliérains de Tantrum avec un combo basse / batterie
puissant et omniprésent. L’ambiance est prenante et on sent une grosse énergie.
Griffure joue davantage dans la finesse si je puis dire, un morceau pouvant
rappelant Totorro avec des belles mélodies qui s’étalent
sur plus de six minutes, encore une fois le morceau est bien porté par la
section rythmique alors que la guitare amène une touche très aérienne. L’intensité
monte progressivement alors que le chant apparaît par bribes pour un texte
assez poétique.
Toujours
cette sensation de lourdeur sur Coupure,
avec une puissance bien maîtrisée avec des riffs hardcore, le chant se veut
cependant un peu répétitif par rapport aux morceaux précédents, et c’est
peut-être le point qui me gêne le plus sur cet EP avec un manque de diversité
sur cette partie.
Ce n’est certainement
pas un hasard mais tous les morceaux d’égratignures se finissent
en URE, et parmi ceux-ci Morsure
est certainement mon favori avec ses riffs à la Helmet et sa grosse rythmique qui emporte
tout avec elle. Fracture balance
un texte très actuel sur notre contexte politique actuel. Brûlure est aussi un bon morceau avec des
refrains assez lents tandis que les parties intermédiaires jouent la carte de
la vitesse, et, au sortir de cet album je peux aussi lui trouver quelques
points communs avec le son lourd et puissant des déjantés anglais d’Headcleaner.
Encore
une belle découverte, Mornifle fait partie de ces groupes qui peuvent passer
sous les radars mais qui offre une musique originale dans notre scène actuelle.
Déjà vingt
ans d’existence pour Nothing For Free qui vient de Maubeuge dans le nord de la France. Il s’agit seulement
de leur deuxième album (Speeches are useless date de 2013), le
groupe a changé de formule il y a deux ans avec l’arrivée de Max au chant alors que cette section
était auparavant tenue par Lio et Lut.
Crimson
Sky est composé
de 10 titres avec une grosse influence punkrock mélodique des années 90
tendance Epitaph. Il a été enregistré par le groupe
lui-même et mixé par Max, Clément du BossHogStudio s’est juste chargé du master et le
tout sort en autoproduction, total DIY. J’aime bien le chant qui offre un joli
grain, musicallement rien de vraiment original mais c’est très efficace. Dans
le registre mention spéciale pour CrimsonSky très mélodique et
accrocheuse. L’ensemble est aussi très propre sans être lisse, ça joue vite
comme sur PhilipBetter avec des changements de chants sur
chaque couplet ce qui rend l’ensemble très intéressant, tandis que ManOf
The Day sonne un peu Pennywise avec des breaks bien sentis. J’aime beaucoup HealingPath
qui amène une belle intensité avec les chants et la ligne de basse, il me fait
un peu penser à certains jolis morceaux de DieselBoy. Red Sofa est sorti en
clip en début d’année, c’est un titre plus accessible, qui ouvre le spectre
punkrock.
Sans
révolutionner le style, Nothing For Free vient de sortir un très bon deuxième
album, solide et efficace.
Derrière un
nom bien étrange qui pourrait laisser penser que le trio serait fan de la
petite voiture italienne se cache un groupe manceau qui a bouleversé la fin
2023 avec un trop court EP.
Ayant habité
un temps sur Le Mans, je sais que les groupes ne sont pas légion mais ont
toujours eu un petit truc qui les différenciait. Je me rappelle NoTimeToLose et son hardcore-punk revendicatif, Outrage et son ska-punk explosif, Powell et ses mélodies puissantes. Aussi,
il n’est pas étonnant de retrouver des points communs entre ce dernier et TurboPanda.
TurboPanda joue vite mais surtout TurboPanda joue fort. Julia
qui débute l’EP commence de façon très dure avec une belle énergie, un son très
noise et une grosse rythmique. Je ne cache pas que c’est mon morceau préféré, j’aime
beaucoup le chant qui sent l’urgence. On retrouve cet attrait pour les mélodies
sur NoHeroe à l’intro qui fait très Dischord, notamment Fugazi. Pas si facile d’accès TurboPanda semble sortir d’une autre époque, les 90’s. Check tape fort avec sa grosse basse
redondante qui emmène tout le morceau avec elle tandis que RemoveTheReject balance des lignes mélodiques
qui ne sont pas sans me rappeler les Thugs.
Le trio s’offre
même le luxe d’une pause instrumentale avec Jellyfish,
moment aérien et suspendu, calme avant la tempête qu’est Curse et son énergie bien mise en avant
par cette basse diabolique et inquiétante, le morceau a un côté Unsane voire HumanImpact très intéressant.
Grosse
sensation que ce nouvel EP de Turbo Panda, leur 4ème, que je
découvre tout juste. Un son noise tout droit sorti des années 90 qui sent bon
la scène hardcore de Washington. Plus qu’un groupe à suivre Turbo Panda est un
groupe à ne surtout pas lâcher !